lundi 30 avril 2007

The Nightwatchman - One Man Revolution

Alors que Rage Against The Machine renaît de ses cendres pour un retour que pas mal de monde espère permanent, le guitariste Tom Morello, qu'on ne présent plus, sort son premier album solo, fort différent de son travail de groupe.

Ou peut-être pas tant que ça. One Man Revolution est un album entièrement acoustique, Tom, sa guitare, et quelques discrets remplissages sonores de Brendan O'Brien. Ce qui le rapproche fortement de son ancien/nouveau groupe est la thématique : c'est un album de protest songs, anti-guerre et pro-révolution socialiste. On connaissait les sympathies de Morello pour les théories marxistes (qui ont d'ailleurs souvent dépassé le cadre de la théorie, vers les actes), et il le montre ici, tout au long d'un album dépeignant la société moderne forcément corrompue, la suprématie des médias, l'idiotie caricaturale de son gouvernement, l'inutilité avérée des guerres. Et la possibilité de changer tout ça, avec une guitare, dans la plus pure tradition des protest songs.

Le thème pousse presque à la caricature, et ne laisse pas beaucoup de place aux métaphores. La musique est brute, et les paroles le sont aussi, d'autant plus que Morello n'a pas beaucoup d'expérience dans le domaine. On sera donc assez indulgents, surtout que certains morceaux valent le déplacement, comme la chanson-titre, ou The Road I Must Travel.

On pourra donc être positivement surpris, surtout que la voix de Morello est étonnamment posée, et s'accommode très bien de ce style. On reprochera peut-être certaines longueurs, certes, et une certaine naïveté. Touchante, certes, mais naïveté quand même. Si d'aventure RATM ne devait pas continuer, Morello a sans doute plus d'avenir en tant que Nightwatchman que comme guitariste des très décevants Audioslave.

vendredi 27 avril 2007

Arctic Monkeys - Favourite Worst Nightmare

Je suis censé commencer l'article en parlant du légendaire syndrome du deuxième album, dire qu'il est probable qu'Arctic Monkeys ne tiendra pas la distance, et ensuite peut-être parler d'exceptions d'artistes dont le second était meilleur que le premier. Mais après l'avoir écouté quelques fois, ce n'est absolument pas la peine d'écrire un article formaté : Favourite Worst Nightmare est exactement ce qu'il est censé être. Et même plus.

On ne pourra pas rapprocher au groupe de se la couler douce : à peine plus d'un an séparent les deux albums, et entre temps ils auront sorti deux EP de matériel inédit. Mais une fois encore, après écoute, on se rend compte qu'il aurait été criminel de laisser ces morceaux mourir dans un tiroir (ou plus précisément, un disque dur).

Brianstorm entame l'album tel un coup de massue : le jeu de batterie est ahurissant, et quand les trois minutes se clôturent, on n'a même pas eu le temps de se rendre compte qu'il n'y a pas de refrain. Smells Like Teen Spirit rencontre les Klaxons dans une after enfumée. En parlant de Klaxons, leurs producteurs Simian Mobile Disco sont aux commandes, et ça s'entend : pas vraiment dans un son nu rave (même si quelques éléments apparaissent, notamment des claviers et le break monstrueux de If You Were There, Beware) mais via un son moins léger que le premier album, plus organique et nettement plus agressif.

Comme pour Whatever..., les morceaux s'enchaînent sans répit. Mais là où les tracks du premier album ne brillaient pas pas leur variété, on note ici un réel effort de variété, qui prouve à quel point les trois Monkeys ont évolué en tant que compositeurs. Je dis trois, car l'album présente au monde le nouveau bassiste, Nick O'Malley, qui a apporté énormément au groupe. Son duo avec Matt Helders forme une des rythmiques les plus impressionnantes du rock actuel. Teddy Picker, Balaclava, D Is For Dangerous complètent la première partie de l'album, qui s'avale d'une traite, quasi sans respirer.

Puis arrive ce que toute la presse qualifie déjà de méga-tube, leur Wonderwall, si on veut. Il est vrai que Fluorescent Adolescent a tout pour plaire : plus lent, plus facilement écoutable, avec une mélodie chantable jusque dans les stades de foot. Personnellement, je préfère leurs morceaux frénétiques, mais force est de constater, ici comme ailleurs, qu'Alex Turner est un lyriciste extraordinaire le nouveau Morrissey?), rivalisant les meilleurs MC en terme de flow ("The bloody mary's lacking a Tabasco, remember when he used to be a rascal?" ou encore "Discarded all the naughty nights for niceness"). En tout cas, ce sera le prochain single, et probable soundtrack de l'été, de Camden à Berlin.

Only Ones Who Know est le Riot Van de l'album, un morceau lo-fi mélancolique, qui ne semble pas trop à sa place ici. Je suppose qu'il fallait une pause avant la suite, et l'ambitieux Do Me A Favour, tout en crescendo, comme This House Is A Circus, au coda instrumental impressionnant (vraiment un des points forts du groupe). Que dire de la fin de l'album? J'ai déjà évoqué If You Were There Beware, qui débute là ou Vampires, du premier album, s'arrêtait, mais leurs deux suivants enfoncent le clou, et la concurrence.

Old Yellow Bricks est emmené par une rythmique (encore plus) implacable, des breaks, un final apocalyptique et une mention du Magicien d'Oz. Enfin, 505 conclut, avec une superbe évocation mélancolique de la vie après le succès. Le morceau, qui rappelle évidemment A Certain Romance, débute par des claviers tirés de The Good The Bad And The Ugly, avant que le paroxysme thématique soit aussi le climax musical de l'album, avec un explosion sans précédent, qui laisse sans voix et qui termine l'album, 37 minutes après avoir commencé.

De mémoire, je n'ai jamais connu un groupe avec tant de pression, et l'obligation de sortir un bon second album à avoir réussi un tel pari. D'habitude, les seconds albums sont soit trop proches du premier, et donc nécessairement moins bons, ou alors ils s'y éloignent trop et se perdent en chemin. Favourite Worst Nightmare choisit la voie parfaite, celle du milieu, et sera vraisemblablement encore l'album de l'année. Toute résistance est absolument inutile. Et même si le groupe va quand même bien finir par se reposer un peu, on ne peut s'empêcher d'imaginer la suite, et le challenge du troisième album, qui a été fatal au groupe le plus important du Royaume-Uni avant eux, Oasis. La légende attend.

jeudi 26 avril 2007

Arctic Monkeys - Favourite Worst Nightmare

Je suis censé commencer l'article en parlant du légendaire syndrome du deuxième album, dire qu'il est probable qu'Arctic Monkeys ne tiendra pas la distance, et ensuite peut-être parler d'exceptions d'artistes dont le second était meilleur que le premier. Mais après l'avoir écouté quelques fois, ce n'est absolument pas la peine d'écrire un article formaté : Favourite Worst Nightmare est exactement ce qu'il est censé être. Et même plus.

On ne pourra pas rapprocher au groupe de se la couler douce : à peine plus d'un an séparent les deux albums, et entre temps ils auront sorti deux EP de matériel inédit. Mais une fois encore, après écoute, on se rend compte qu'il aurait été criminel de laisser ces morceaux mourir dans un tiroir (ou plus précisément, un disque dur).

Brianstorm entame l'album tel un coup de massue : le jeu de batterie est ahurissant, et quand les trois minutes se clôturent, on n'a même pas eu le temps de se rendre compte qu'il n'y a pas de refrain. Smells Like Teen Spirit rencontre les Klaxons dans une after enfumée. En parlant de Klaxons, leurs producteurs Simian Mobile Disco sont aux commandes, et ça s'entend : pas vraiment dans un son nu rave (même si quelques éléments apparaissent, notamment des claviers et le break monstrueux de If You Were There, Beware) mais via un son moins léger que le premier album, plus organique et nettement plus agressif.

Comme pour Whatever..., les morceaux s'enchaînent sans répit. Mais là où les tracks du premier album ne brillaient pas pas leur variété, on note ici un réel effort de variété, qui prouve à quel point les trois Monkeys ont évolué en tant que compositeurs. Je dis trois, car l'album présente au monde le nouveau bassiste, Nick O'Malley, qui a apporté énormément au groupe. Son duo avec Matt Helders forme une des rythmiques les plus impressionnantes du rock actuel. Teddy Picker, Balaclava, D Is For Dangerous complètent la première partie de l'album, qui s'avale d'une traite, quasi sans respirer.

Puis arrive ce que toute la presse qualifie déjà de méga-tube, leur Wonderwall, si on veut. Il est vrai que Fluorescent Adolescent a tout pour plaire : plus lent, plus facilement écoutable, avec une mélodie chantable jusque dans les stades de foot. Personnellement, je préfère leurs morceaux frénétiques, mais force est de constater, ici comme ailleurs, qu'Alex Turner est un lyriciste extraordinaire le nouveau Morrissey?), rivalisant les meilleurs MC en terme de flow ("The bloody mary's lacking a Tabasco, remember when he used to be a rascal?" ou encore "Discarded all the naughty nights for niceness"). En tout cas, ce sera le prochain single, et probable soundtrack de l'été, de Camden à Berlin.

Only Ones Who Know est le Riot Van de l'album, un morceau lo-fi mélancolique, qui ne semble pas trop à sa place ici. Je suppose qu'il fallait une pause avant la suite, et l'ambitieux Do Me A Favour, tout en crescendo, comme This House Is A Circus, au coda instrumental impressionnant (vraiment un des points forts du groupe). Que dire de la fin de l'album? J'ai déjà évoqué If You Were There Beware, qui débute là ou Vampires, du premier album, s'arrêtait, mais leurs deux suivants enfoncent le clou, et la concurrence.

Old Yellow Bricks est emmené par une rythmique (encore plus) implacable, des breaks, un final apocalyptique et une mention du Magicien d'Oz. Enfin, 505 conclut, avec une superbe évocation mélancolique de la vie après le succès. Le morceau, qui rappelle évidemment A Certain Romance, débute par des claviers tirés de The Good The Bad And The Ugly, avant que le paroxysme thématique soit aussi le climax musical de l'album, avec un explosion sans précédent, qui laisse sans voix et qui termine l'album, 37 minutes après avoir commencé.

De mémoire, je n'ai jamais connu un groupe avec tant de pression, et l'obligation de sortir un bon second album à avoir réussi un tel pari. D'habitude, les seconds albums sont soit trop proches du premier, et donc nécessairement moins bons, ou alors ils s'y éloignent trop et se perdent en chemin. Favourite Worst Nightmare choisit la voie parfaite, celle du milieu, et sera vraisemblablement encore l'album de l'année. Toute résistance est absolument inutile. Et même si le groupe va quand même bien finir par se reposer un peu, on ne peut s'empêcher d'imaginer la suite, et le challenge du troisième album, qui a été fatal au groupe le plus important du Royaume-Uni avant eux, Oasis. La légende attend.

samedi 21 avril 2007

Patti Smith - Twelve

Quelques semaines après son admission (par Zack De la Rocha) au Rock 'n Roll Hall Of Fame, Patti Smith sort un album de reprises, histoire de garder le contact avec le monde impitoyable de l'industrie du disque. Les albums de reprises ont rarement été fabuleux, alternant entre les photocopies pitoyables et les réimaginations hors de propos. Mais de la part d'une artiste qui avait, en son temps, réinventé Gloria et My Generation, on pouvait imaginer que Smith metterait la barre assez haut.

Malheureusement, non. Twelve n'est pas un mauvais album, la classe naturelle de la poétesse new-yorkaise permet de le sauver, mais on ne peut qu'être surpris par le manque flagrant d'imagination qui parcourt presque chaque reprise. De plus, Are You Experienced, Gimme Shelter, Helpless, Within You Without You sont tellement ancrés dans la culture populaire qu'il est difficile d'avoir le recul nécessaire pour se les réapproprier. On a donc des versions assez bonnes, bien exécutées, mais totalement dispensables. L'exception est Smells Like Teen Spirit, relu en version acoustique avec banjo et ajout de quelques vers de Smith elle-même. Ceci dit, dans la même optique, on préfèrera Strange Little Girls, d'une héritière de Smith, Tori Amos.

vendredi 20 avril 2007

Patti Smith - Twelve

Quelques semaines après son admission (par Zack De la Rocha) au Rock 'n Roll Hall Of Fame, Patti Smith sort un album de reprises, histoire de garder le contact avec le monde impitoyable de l'industrie du disque. Les albums de reprises ont rarement été fabuleux, alternant entre les photocopies pitoyables et les réimaginations hors de propos. Mais de la part d'une artiste qui avait, en son temps, réinventé Gloria et My Generation, on pouvait imaginer que Smith metterait la barre assez haut.

Malheureusement, non. Twelve n'est pas un mauvais album, la classe naturelle de la poétesse new-yorkaise permet de le sauver, mais on ne peut qu'être surpris par le manque flagrant d'imagination qui parcourt presque chaque reprise. De plus, Are You Experienced, Gimme Shelter, Helpless, Within You Without You sont tellement ancrés dans la culture populaire qu'il est difficile d'avoir le recul nécessaire pour se les réapproprier. On a donc des versions assez bonnes, bien exécutées, mais totalement dispensables. L'exception est Smells Like Teen Spirit, relu en version acoustique avec banjo et ajout de quelques vers de Smith elle-même. Ceci dit, dans la même optique, on préfèrera Strange Little Girls, d'une héritière de Smith, Tori Amos.

mardi 17 avril 2007

Nine Inch Nails - Year Zero

Trent Reznor est maintenant débarassé de ses addictions qui ont failli avoir sa peau, et les différences sont notables : d'abord, il ressemble à Henry Rollins, ensuite, voilà qu'il compte nous sortir trois albums en quatre ans (contre seize ans entre le premier, Pretty Hate Machine, et With Teeth). Le dernier, Year Zero, est un album concept introduit par un ARG assez incroyable, fait de dizaines de sites internet et de sticks USB abandonnés dans les toilettes des salles récemment visitées par le groupe. Year Zero, c'est 2022, année qui voit les USA établir un nouveau calendrier après être devenu une entité dictatoriale, qui a atomisé l'Iran et la Corée du Nord. Le gouvernement fait tout pour contrôler la population, via la mainmise sur les médias, l'impossibilité d'exprimer son opinion, et la diffusion d'une drogue calmante via l'alimentation publique en eau. Bref, une projection dans le futur assez pessimiste, mais peu éloignée de la réalité...

De fait, l'album commence avec l'instrumental Hyperpower!, où le son d'une tentative de révolte avortée dans le sang, au son des cris et des armes. The Beginning of the End suit, fidèle à son titre. Évidemment, comme toute utopie classique, on retrouve une abondance de métaphores reliant ce futur à notre présent. On parle des bons soldats dociles (Good Soldier), d'un Dieu omniprésent qui est en fait le président lui-même (Vessel), qui signe son nom d'un G majuscule (Capital G). Le tout est organisé, parce qu'évidemment, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs, et les autorités font tout cela pour le bien du peuple (Greater Good). Toute ressemblance avec des événements et personnes ...

Tout cela est fort intéressant, surtout qu'il paraît que non seulement Reznor nous réserve une suite pour 2008, mais aussi une adaptation sur grand écran. Mais les albums concept, c'est une chose, mais il arrive trop souvent que musicalement, ils se révèlent être une bouillie sonore prétentieuse. Heureusement, c'est loin d'être la cas ici, même si Year Zero n'est pas exempt de critiques.
Year Zero est l'album le plus minimaliste de Reznor, et peut-être le moins aisé. Comme pour The Fragile (évident point de référence), on retrouve quelques morceaux plus taillés pour la radio (le décevant premier single Survivalism, par exemple), mais ces derniers cohabitent avec des distortions bruitistes intenses qui proviennent de guitares et de claviers fortement (mal)traités. Le caractère "industriel" (si ça existe encore) revient en force, après sa relative absence dans With Teeth, comme on peut l'entendre sur My Violent Heart ou The Great Destroyer. Enfin, les mélodies sont aussi bien présentes, comme en témoigne les excellents In This Twilight et Good Soldier, qui comptent parmi les meilleurs morceaux de NIN. Zero Sum et son piano hanté clôture l'album de manière pessimiste, sans donner trop d'espoir aux populations mondiales de 2022, ou plutôt de 0000.

Alors, qu'est-ce qui ne va pas? La longueur, d'abord. OK, c'est un concept, on a bien compris, mais 64 minutes d'assaut sonore, c'est beaucoup. Surtout que les parties plus calmes arrivent en fin d'album. Pour encore y revenir, The Fragile, bien que plus long, était plus digestible. Ensuite, la voix de Reznor. Il ne sera jamais un grand chanteur, et on pourrait parfaitement s'en foutre : il a clairement d'autres talents. Mais sa voix est souvent mise en évidence, et elle est assez étrangement claire la plupart du temps, tant qu'à mettre de la disto partout, pourquoi ne pas traiter la voix aussi? Peut-être un compromis commercial, mais en attendant, on pourrait se demander ce qu'un projet instrumental donnerait, voire des compos de Reznor chantés par d'autres (comme le projet
Tapeworm, malheureusement officiellement mort). Enfin, la nature même de l'album et de Reznor font qu'on se gratte la tête à de nombreuses reprises, génie ou grand n'importe quoi. La ligne de séparation est ténue.

Qu'en penser? Comme d'habitude avec chaque sortie de Nine Inch Nails, l'album est fort personnel, et ne se rattache à rien de connu. Reznor est un artiste unique, et son oeuvre l'est aussi. Presque sans compromis, Year Zero est un nouveau coup d'oeil dans l'atelier d'un maître, génie incontesté mais incapable de faire le tri de ses propres créations. Nous devons donc le faire nous-même, mais la tâche est facilitée par la qualité générale de l'oeuvre. Les défauts doivent être pris avec, tout ou rien, comme depuis 1989. À l'année prochaine, pour de nouvelles pièces de puzzle.

lundi 16 avril 2007

Nine Inch Nails - Year Zero

Trent Reznor est maintenant débarassé de ses addictions qui ont failli avoir sa peau, et les différences sont notables : d'abord, il ressemble à Henry Rollins, ensuite, voilà qu'il compte nous sortir trois albums en quatre ans (contre seize ans entre le premier, Pretty Hate Machine, et With Teeth). Le dernier, Year Zero, est un album concept introduit par un ARG assez incroyable, fait de dizaines de sites internet et de sticks USB abandonnés dans les toilettes des salles récemment visitées par le groupe. Year Zero, c'est 2022, année qui voit les USA établir un nouveau calendrier après être devenu une entité dictatoriale, qui a atomisé l'Iran et la Corée du Nord. Le gouvernement fait tout pour contrôler la population, via la mainmise sur les médias, l'impossibilité d'exprimer son opinion, et la diffusion d'une drogue calmante via l'alimentation publique en eau. Bref, une projection dans le futur assez pessimiste, mais peu éloignée de la réalité...

De fait, l'album commence avec l'instrumental Hyperpower!, où le son d'une tentative de révolte avortée dans le sang, au son des cris et des armes. The Beginning of the End suit, fidèle à son titre. Évidemment, comme toute utopie classique, on retrouve une abondance de métaphores reliant ce futur à notre présent. On parle des bons soldats dociles (Good Soldier), d'un Dieu omniprésent qui est en fait le président lui-même (Vessel), qui signe son nom d'un G majuscule (Capital G). Le tout est organisé, parce qu'évidemment, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs, et les autorités font tout cela pour le bien du peuple (Greater Good). Toute ressemblance avec des événements et personnes ...

Tout cela est fort intéressant, surtout qu'il paraît que non seulement Reznor nous réserve une suite pour 2008, mais aussi une adaptation sur grand écran. Mais les albums concept, c'est une chose, mais il arrive trop souvent que musicalement, ils se révèlent être une bouillie sonore prétentieuse. Heureusement, c'est loin d'être la cas ici, même si Year Zero n'est pas exempt de critiques.
Year Zero est l'album le plus minimaliste de Reznor, et peut-être le moins aisé. Comme pour The Fragile (évident point de référence), on retrouve quelques morceaux plus taillés pour la radio (le décevant premier single Survivalism, par exemple), mais ces derniers cohabitent avec des distortions bruitistes intenses qui proviennent de guitares et de claviers fortement (mal)traités. Le caractère "industriel" (si ça existe encore) revient en force, après sa relative absence dans With Teeth, comme on peut l'entendre sur My Violent Heart ou The Great Destroyer. Enfin, les mélodies sont aussi bien présentes, comme en témoigne les excellents In This Twilight et Good Soldier, qui comptent parmi les meilleurs morceaux de NIN. Zero Sum et son piano hanté clôture l'album de manière pessimiste, sans donner trop d'espoir aux populations mondiales de 2022, ou plutôt de 0000.

Alors, qu'est-ce qui ne va pas? La longueur, d'abord. OK, c'est un concept, on a bien compris, mais 64 minutes d'assaut sonore, c'est beaucoup. Surtout que les parties plus calmes arrivent en fin d'album. Pour encore y revenir, The Fragile, bien que plus long, était plus digestible. Ensuite, la voix de Reznor. Il ne sera jamais un grand chanteur, et on pourrait parfaitement s'en foutre : il a clairement d'autres talents. Mais sa voix est souvent mise en évidence, et elle est assez étrangement claire la plupart du temps, tant qu'à mettre de la disto partout, pourquoi ne pas traiter la voix aussi? Peut-être un compromis commercial, mais en attendant, on pourrait se demander ce qu'un projet instrumental donnerait, voire des compos de Reznor chantés par d'autres (comme le projet
Tapeworm, malheureusement officiellement mort). Enfin, la nature même de l'album et de Reznor font qu'on se gratte la tête à de nombreuses reprises, génie ou grand n'importe quoi. La ligne de séparation est ténue.

Qu'en penser? Comme d'habitude avec chaque sortie de Nine Inch Nails, l'album est fort personnel, et ne se rattache à rien de connu. Reznor est un artiste unique, et son oeuvre l'est aussi. Presque sans compromis, Year Zero est un nouveau coup d'oeil dans l'atelier d'un maître, génie incontesté mais incapable de faire le tri de ses propres créations. Nous devons donc le faire nous-même, mais la tâche est facilitée par la qualité générale de l'oeuvre. Les défauts doivent être pris avec, tout ou rien, comme depuis 1989. À l'année prochaine, pour de nouvelles pièces de puzzle.

jeudi 12 avril 2007

Yourcodenameis:milo - They Came From The Sun

Yourcodenameis:milo continue à sortir des albums à un rythme effréné, et quelques mois après les collaborations Print Is Dead Vol. 1, c'est le second "vrai" album du groupe qui voit le jour, deux petites années après l'excellent Ignoto. On remarque d'entrée de jeu que les trouvailles sonores et bizarreries post-rock sont toujours là (signatures étranges, batterie qui change de tempo sans prévenir, j'en passe et des bien meilleures), mais, il y a un mais, le groupe a cette fois focalisé son énergie, et créé des vraies chansons, avec refrains et tout.

Pacific Theatre ouvre l'album, et est un morceau très accrocheur, sorte d'indiemetal parfait, vraiment parfait. Pour prendre d'autres références, on peut encore citer tout au long de l'album Biffy Clyro (évidemment), Fugazi ou The Mars Volta, mais un Mars Volta moins, disons, masturbateur (pas de hatemail merci). Le groupe ne cherche pas à faire du bruit, et n'hésite pas à lever le pied, même si ce n'est parfois que prétexte pour des explosions à la Mogwai. Les expérimentations ne sont pas non plus totalement absentes, juste plus contrôlées, même si Take To The Floor est sévèrement barré.

Album innovateur et pas trop difficile d'accès, They Came From The Sun devrait, s'il reste un peu de justice dans ce monde, leur apporter un peu plus de succès et d'exposition. C'est tout ce qu'on leur souhaite, parce que Yourcodenameis:milo était, et reste, un des groupes contemporains les plus intéressants, et qui fait preuve d'une rare capacité d'évolution constante.

mercredi 11 avril 2007

Yourcodenameis:milo - They Came From The Sun

Yourcodenameis:milo continue à sortir des albums à un rythme effréné, et quelques mois après les collaborations Print Is Dead Vol. 1, c'est le second "vrai" album du groupe qui voit le jour, deux petites années après l'excellent Ignoto. On remarque d'entrée de jeu que les trouvailles sonores et bizarreries post-rock sont toujours là (signatures étranges, batterie qui change de tempo sans prévenir, j'en passe et des bien meilleures), mais, il y a un mais, le groupe a cette fois focalisé son énergie, et créé des vraies chansons, avec refrains et tout.

Pacific Theatre ouvre l'album, et est un morceau très accrocheur, sorte d'indiemetal parfait, vraiment parfait. Pour prendre d'autres références, on peut encore citer tout au long de l'album Biffy Clyro (évidemment), Fugazi ou The Mars Volta, mais un Mars Volta moins, disons, masturbateur (pas de hatemail merci). Le groupe ne cherche pas à faire du bruit, et n'hésite pas à lever le pied, même si ce n'est parfois que prétexte pour des explosions à la Mogwai. Les expérimentations ne sont pas non plus totalement absentes, juste plus contrôlées, même si Take To The Floor est sévèrement barré.

Album innovateur et pas trop difficile d'accès, They Came From The Sun devrait, s'il reste un peu de justice dans ce monde, leur apporter un peu plus de succès et d'exposition. C'est tout ce qu'on leur souhaite, parce que Yourcodenameis:milo était, et reste, un des groupes contemporains les plus intéressants, et qui fait preuve d'une rare capacité d'évolution constante.

vendredi 6 avril 2007

Silverchair - Young Modern

Silverchair, ils sont tombé dans le rock très tôt. Ils avaient une quinzaine d'années quand leur premier album, Frogstomp, s'est fait emporter par la mouvance grunge, et en a fait des stars du jour au lendemain. Évidemment, la chute fut très rude, surtout pour le chanteur/sex symbol Daniel Johns, qui a connu les douleurs de l'anorexie et d'une puissante forme d'arthrite précoce, ce qui a coïncidé avec un changement très impressionnant d'orientation musicale, qui évolua vers un son gonflé aux cordes, et sans aucun rapport avec leurs débuts. Young Modern arrive cinq ans après l'album du changement, Diorama, et même si Silverchair n'est plus vraiment connu sur ces terres (ils sont toujours énormes dans leur pays d'origine, l'Australie), on attendait cet album avec curiosité, juste pour voir où ils vont aller, alors qu'ils n'ont maintenant que 27 ans.

Ceci dit, même si on en peut qu'admirer le courage du groupe, et leur volonté d'innover, forte est de constater que Young Modern n'est pas terrible. Certes, il est assez varié, avec des morceaux de nouveau dominés par les guitares (Young Modern Station), mais le tout reste trop peu mémorable, malgré leur bonne volonté manifeste.

Parce qu'il faut les faire, ces morceaux emmenés par des claviers de music hall, enrubannés dans des cordes très Disneyland (et arrangés par Van Dyke Parks) et qui dépassent parfois les sept minutes. Mais malgré le caractère personnel de l'album, il semble trop peu mémorable, comme si le groupe voulait essayer de caser le plus d'influences étranges possibles en quarante minutes. Dommage, et deux fois dommage que Silverchair préfère maintenant les comédies musicales au rock.

jeudi 5 avril 2007

Silverchair - Young Modern

Silverchair, ils sont tombé dans le rock très tôt. Ils avaient une quinzaine d'années quand leur premier album, Frogstomp, s'est fait emporter par la mouvance grunge, et en a fait des stars du jour au lendemain. Évidemment, la chute fut très rude, surtout pour le chanteur/sex symbol Daniel Johns, qui a connu les douleurs de l'anorexie et d'une puissante forme d'arthrite précoce, ce qui a coïncidé avec un changement très impressionnant d'orientation musicale, qui évolua vers un son gonflé aux cordes, et sans aucun rapport avec leurs débuts. Young Modern arrive cinq ans après l'album du changement, Diorama, et même si Silverchair n'est plus vraiment connu sur ces terres (ils sont toujours énormes dans leur pays d'origine, l'Australie), on attendait cet album avec curiosité, juste pour voir où ils vont aller, alors qu'ils n'ont maintenant que 27 ans.

Ceci dit, même si on en peut qu'admirer le courage du groupe, et leur volonté d'innover, forte est de constater que Young Modern n'est pas terrible. Certes, il est assez varié, avec des morceaux de nouveau dominés par les guitares (Young Modern Station), mais le tout reste trop peu mémorable, malgré leur bonne volonté manifeste.

Parce qu'il faut les faire, ces morceaux emmenés par des claviers de music hall, enrubannés dans des cordes très Disneyland (et arrangés par Van Dyke Parks) et qui dépassent parfois les sept minutes. Mais malgré le caractère personnel de l'album, il semble trop peu mémorable, comme si le groupe voulait essayer de caser le plus d'influences étranges possibles en quarante minutes. Dommage, et deux fois dommage que Silverchair préfère maintenant les comédies musicales au rock.