dimanche 30 septembre 2007

Pink Floyd – The Piper At The Gates Of Dawn (1967)

PinkFloyd-album-piperatthegatesofdawn_300Pink Floyd. Je n'aime pas Pink Floyd. Les grandiloquences scéniques, les solos qui n'en finissent pas, The Wall, les morceaux connus, ceux qui ne le sont pas, Waters et Gilmour, tout ça, c'est pas mon domaine, vraiment pas. Oh, j'ai rien contre un peu de prog (mais un peu), mais là, non. Ceci dit, je considère Syd Barrett comme un excellent compositeur, qui a réussi à détruire quelques barrières avant de devenir littéralement dingo et passer les trente dernières années de sa vie en réclusion chez sa mère.

Barrett n'a en fait joué que sur le premier album de Pink floyd, avant qu'il soit effectivement remplacé par David Gilmour. The Piper At The Gates Of Dawn est aussi, mais de peu, le plus digeste. Car parfois, derrières les artifices, on trouve quelques chansons, et même des mélodies. Il faut parfois chercher, mais quand on se rend compte des progressions d'accords étranges et novatrices d'Astronony Domine, on n'est pas loin de crer au génie.

Et un génie, ça fait de tout. Y compris trafiquer les sons avec des échos et de la reverb, parler de son chat, balancer des solos de synthé à la masse (Richard Wright) et raconter la vue d'un gnobe s'appellant Grimble Gromble. Mais aussi tirer dix minutes d'un riff efficace mais limité (Interstellar Overdrive) ou faire quand même n'importe quoi (Pow R Toc H). D'un autre côté, Barrett est capable de sortir des pop songs par essence, comme The Gnome, Bike, ou les singles non album Arnold Payne et See Emily Play, deux deux plus grands moments du compositeur. On peut retrouver ces derniers dans la toute récente version 40ème anniversaire, qui comprend l'album en mono original, un mix stéréo et un troisième cd de singles, faces B et raretés.

Mais rien ne me fera changer d'avis : Pink Floyd me semble fort surrévalué, et même si Piper a ses moments, l'album est trop cinglé (et pas dans le bons sens) pour vraiment fonctionner. Dans cette optique, le pire restait à venir, mais je préfère ne pas m'y aventurer, vu le trolling probablement élevé que cet article va provoquer. Mais au moins, j'en aurai parlé.


Astronomy Domine
 

vendredi 28 septembre 2007

Down - Over The Under

Down n'est pas un jeune groupe, loin de là : il s'est formé en 1991, et si Over The Under n'est que le troisième album, c'est parce que les membres étaient tous occupés dans d'autres groupes majeurs, dont Pantera et Corrosion Of Conformity. Entre 2001, année de leur second album, et 2007, beaucoup de choses se sont passées, notamment dans le chef du vocaliste Phil Anselmo.

Pantera, un des grands groupes heavy US, s'est séparé avec douleurs et rancoeurs, qui ont persisté jusqu'au meurtre du guitariste Dimebag Darrell, assassiné sur scène par un malade mental. Anselmo n'a jamais pu enterrer la hache de guerre avec Dimebag, et certains morceaux de l'album reviennent sur la tragédie, même si indirectement. Anselmo a du également faire face, avec succès, à ses addictions, alors que d'un point de vue plus général, la ville où Down est basé, New Orleans, a connu une énorme tragédie aussi bien météorologique que politique. Le contexte était donc malheureusment fécond, et Anselmo et ses comparses en ont profité pour créer un album totalement monstrueux.

Là où Pantera faisait plutôt dans le hardcore, Down suit les pas de Black Sabbath, reprenant leur science du riff et de la rythmique lourde pour créer un sludge/doom metal puissant, violent et très intense. Anselmo confirme facilement qu'il est un des plus grands vocalistes heavy de tous les temps, et le reste du groupe assure, tout en force et retenue. Il est d'ailleurs difficile de sortir des morceaux du lot, tant le lot est virtuellement sans faute. Le riff de Pillamyd est plus puissant que Katrina, en tout cas, alors que certains passages sont plus atmosphériques, comme le presque prog Never Try (leur Planet Caravan?). Pour revenir à la section rythmique imparable, l'intro de Mourn suffit pour prouver le talent au service du groupe de la paire Rex Brown/Jimmy Bower, tandis que Beneath The Tides évoque les marais de Louisiane, à coups de pédale fuzz. Oui, c'est bizarre, mais c'est vrai. Les neuf minutes finales apportent une respiration bienvenue qui permet de mieux digérer ce qui vient de se passer durant l'heure écoulée.

Over The Under sera sans doute vu comme un retour en force pour Anselmo, qui a littéralement été en enfer avant de revenir. On ne pourra que nourrir d'éternels regrets pour Pantera, mais il conserve un groupe excellent, qui pourrait finalement être son meilleur. Over The Under est, en tout cas, un des meilleurs albums de l'année.

Down - Over The Under

Down n'est pas un jeune groupe, loin de là : il s'est formé en 1991, et si Over The Under n'est que le troisième album, c'est parce que les membres étaient tous occupés dans d'autres groupes majeurs, dont Pantera et Corrosion Of Conformity. Entre 2001, année de leur second album, et 2007, beaucoup de choses se sont passées, notamment dans le chef du vocaliste Phil Anselmo.

Pantera, un des grands groupes heavy US, s'est séparé avec douleurs et rancoeurs, qui ont persisté jusqu'au meurtre du guitariste Dimebag Darrell, assassiné sur scène par un malade mental. Anselmo n'a jamais pu enterrer la hache de guerre avec Dimebag, et certains morceaux de l'album reviennent sur la tragédie, même si indirectement. Anselmo a du également faire face, avec succès, à ses addictions, alors que d'un point de vue plus général, la ville où Down est basé, New Orleans, a connu une énorme tragédie aussi bien météorologique que politique. Le contexte était donc malheureusment fécond, et Anselmo et ses comparses en ont profité pour créer un album totalement monstrueux.

Là où Pantera faisait plutôt dans le hardcore, Down suit les pas de Black Sabbath, reprenant leur science du riff et de la rythmique lourde pour créer un sludge/doom metal puissant, violent et très intense. Anselmo confirme facilement qu'il est un des plus grands vocalistes heavy de tous les temps, et le reste du groupe assure, tout en force et retenue. Il est d'ailleurs difficile de sortir des morceaux du lot, tant le lot est virtuellement sans faute. Le riff de Pillamyd est plus puissant que Katrina, en tout cas, alors que certains passages sont plus atmosphériques, comme le presque prog Never Try (leur Planet Caravan?). Pour revenir à la section rythmique imparable, l'intro de Mourn suffit pour prouver le talent au service du groupe de la paire Rex Brown/Jimmy Bower, tandis que Beneath The Tides évoque les marais de Louisiane, à coups de pédale fuzz. Oui, c'est bizarre, mais c'est vrai. Les neuf minutes finales apportent une respiration bienvenue qui permet de mieux digérer ce qui vient de se passer durant l'heure écoulée.

Over The Under sera sans doute vu comme un retour en force pour Anselmo, qui a littéralement été en enfer avant de revenir. On ne pourra que nourrir d'éternels regrets pour Pantera, mais il conserve un groupe excellent, qui pourrait finalement être son meilleur. Over The Under est, en tout cas, un des meilleurs albums de l'année.

mercredi 26 septembre 2007

Blondie – Parallel Lines (1978)

Blondie_-_Parallel_LinesÀ l'heure qu'il est, on doit sans doute être en train de remasteriser/fouiller les archives pour l'édition spéciale 30 ans à venir l'an prochain. Qu'importe, Parallel Lines est un de ces albums qui ne sonnera jamais daté, autant en parler maintenant. Pour des raisons imbéciles et sexistes, Blondie évoque souvent seulement Debbie Harry, et le reste, on devrait s'en foutre pas mal. Ben non, on ne s'en fout pas, parce que non seulement c'est un des meilleurs albums des seventies, mais aussi et surtout un précurseur New Wave qui fera encore des vagues vingt ans plus tard, quand des gosses new yorkais pas encore appelés The Strokes trouvent l'album par hasard.

Il suffit de comparer le premier - et meilleur - album des Strokes à ceci. Même désintéressement apparent et froid du vocaliste, mêmes guitares acérées et minimalistes, même rythme sec, même basse bondissante. Avec des différences, forcément, mais l'influence est telle qu'il est impossible de ne pas la remarquer. La pochette d'Is This It, malgré la tentative, restera nettement moins iconique que celle de Parallel Lines, qui voit la reine de glace, Debbie Harry, devancer ses discrets compères (dont même le look inspirera les Strokes) sera devant un fond de lignes parallèles noires et blanches. Un classique.

Debbie Harry, donc. Sex appeal sur vinyl (ou cassette, ou cd, même sur mp3). Il suffit de l'écouter sur One Way Or Another, et puis se demander ce qu'on a pu trouver à Madonna. Quand elle ne prend pas ce ton détaché, elle subit l'influence des groupes pop 60s (Picture This) ou se lance dans le légendaire falsetto démoniaque de Heart Of Glass. Mais malgré ce dernier, Parallel Lines n'est pas pop pour un sou : même s'il reprend quelques uns des tubes du groupe, on retrouve suffisamment d'innovations étonnantes, comme l'intro synthé/guitare immense de I Know But I Don't Know, 1978 personnifié, les beats (oui, beats) de Fade Away And Radiate ou le heavy metal vs le thème de Batman (série TV) qu'est Will Anything Happen. Ou le rock n roll pur I'm Gonna Love You : pas innovant mais totalement jouissif. Un seul point noir : du au succès en club du 12" Disco Remix de Heart Of Glass, quasi toutes les versions de l'album comprennent ce remix, inutilement alongé. Mais cela tient plus du détail.


Parallel Lines est un album stupéfiant, qui, s'il devait sortir la semaine prochaine, ne perdrait rien de sa fraîcheur, ce qui représente un cas de figure excessivement rare. Définitivement un des meilleurs albums de la période, et dont l'influence ne s'est jamais démentie à ce jour.
 
 
I Know But I Don't Know 

mardi 25 septembre 2007

Foo Fighters - Echoes, Silence, Patience And Grace

Alors qu'il partaient de pas grand chose (le projet solo du batteur de Nirvana) les Foo Fighters sont devenus en une décennie un des plus grands groupes rock du monde. Un tel succès ne va pas sans inconvénients, notamment leur principal reproche : c'est bien, ouais, mais sans plus quoi. Il est vrai que depuis l'excellent The Colour And The Shape, les albums suivants ont été bons, mais... sans plus. Toujours quelques excellents morceaux, mais sans pouvoir assurer sur la durée, et sans arriver non plus à la perfection de l'album précité. Gil Norton, le producteur de TC&TS revient à la barre, et le premier single The Pretender n'est pas mal du tout, en restant très Foo. On tend donc une oreille attentive à ESP&G (ces titres!), en espérant être surpris.

Franchement, je l'ai été. Autant In Your Honour me semblait assez lourd et peu subtil (des deux côtés), autant ici Dave Grohl a réussi à mêler son côté rockeur avec ses talents - indéniables - de créateur de mélodies. Le superbe Let It Die le prouve avec un brio rafraîchissant, tout la rythmique implacable de Erase/Replace. Rien de bien innovant ici, mais un groupe qui semble avoir compris qu'il allaient droit dans le mur, et se sont donc fixé comme louable objectif de faire ce qu'ils font le mieux. Comme Come Alive : 3 minutes 30 calmes avant une explosion sonore prodigieuse. Les ballades, qui sont cette fois réparties sur l'album, et plus coincées sur un second disque oublié, doivent toujours subir le fantôme d'Everlong, mais se débrouillent plutôt bien, comme on peut l'entendre sur Stranger Things Have Happened ou le dernier morceau, Home.

On reprochera peut-être un manque de folie : un titre comme Cheer Up Boys (Your Make Up Is Running) en aurait eu besoin, et une désagréable uniformité. Mais Echoes, Silence, Patience And Grace reste un bon album, non seulement largement au dessus de la médiocrité actuelle, mais aussi sans doute le meilleur FF depuis un petit temps.

On ne devrait pas attendre plus des Foo Fighters, juste des bons albums de rock, délivrés avec puissance et finesse. C'est ce qu'ils savent faire, rien d'autre, et ce n'est sans doute pas plus mal.

Foo Fighters - Echoes, Silence, Patience And Grace

Alors qu'il partaient de pas grand chose (le projet solo du batteur de Nirvana) les Foo Fighters sont devenus en une décennie un des plus grands groupes rock du monde. Un tel succès ne va pas sans inconvénients, notamment leur principal reproche : c'est bien, ouais, mais sans plus quoi. Il est vrai que depuis l'excellent The Colour And The Shape, les albums suivants ont été bons, mais... sans plus. Toujours quelques excellents morceaux, mais sans pouvoir assurer sur la durée, et sans arriver non plus à la perfection de l'album précité. Gil Norton, le producteur de TC&TS revient à la barre, et le premier single The Pretender n'est pas mal du tout, en restant très Foo. On tend donc une oreille attentive à ESP&G (ces titres!), en espérant être surpris.

Franchement, je l'ai été. Autant In Your Honour me semblait assez lourd et peu subtil (des deux côtés), autant ici Dave Grohl a réussi à mêler son côté rockeur avec ses talents - indéniables - de créateur de mélodies. Le superbe Let It Die le prouve avec un brio rafraîchissant, tout la rythmique implacable de Erase/Replace. Rien de bien innovant ici, mais un groupe qui semble avoir compris qu'il allaient droit dans le mur, et se sont donc fixé comme louable objectif de faire ce qu'ils font le mieux. Comme Come Alive : 3 minutes 30 calmes avant une explosion sonore prodigieuse. Les ballades, qui sont cette fois réparties sur l'album, et plus coincées sur un second disque oublié, doivent toujours subir le fantôme d'Everlong, mais se débrouillent plutôt bien, comme on peut l'entendre sur Stranger Things Have Happened ou le dernier morceau, Home.

On reprochera peut-être un manque de folie : un titre comme Cheer Up Boys (Your Make Up Is Running) en aurait eu besoin, et une désagréable uniformité. Mais Echoes, Silence, Patience And Grace reste un bon album, non seulement largement au dessus de la médiocrité actuelle, mais aussi sans doute le meilleur FF depuis un petit temps.

On ne devrait pas attendre plus des Foo Fighters, juste des bons albums de rock, délivrés avec puissance et finesse. C'est ce qu'ils savent faire, rien d'autre, et ce n'est sans doute pas plus mal.

jeudi 20 septembre 2007

Future Of the Left - Curses

La séparation de Mclusky a été, n'ayons pas peur des mots, ressentie comme une vraie catastrophe. J'ai déja suffisamment dit le bien que je pensais d'eux, ici, ici ou encore , il était juste temps pour eux de passer à autre chose, surtout qu'ils se tapaient quand même méchamment sur la tronche, à la fin. Le bassiste légèrement dérangé Jon Chapple a formé Shooting At Unarmed Men avant de s'exiler en Australie, alors que les deux autres tiers, le chanteur/guitariste Andy "Falco" Falkous et le batteur Jack Egglestone ont été rejoint par l'ex Jarcrew Kelson Mathias pour former Future Of The Left.

Ceux qui s'attendaient (étrangement d'ailleurs) à quelque chose de radicalement différent de Mclusky seront sans doute déçus. FOTL porte clairement la marque de fabrique de Falco, à savoir les paroles acerbes et titres étranges, mais aussi la batterie sous amphés d'Egglestone. Mais ils n'ont pas pour autant photocopié leur ancien matériel : FOTL est différent de Mclusky, notamment par une production moins dense (pas d'Albini cette fois) et l'utilisation ingénieuse d'un synthé passé sous distortion.

Ceci dit, la puissance est souvent au rendez-vous, comme on peut le remarquer d'entrée, avec The Lord Hates A Coward ou Plague Of Ounces, même si on ne cherche pas le volume sonore à tout prix, comme démontré dans l'assez upbeat My Gymnastic Past. Les claviers, quant à eux, donnent parfois un aspect plus poppy, meme si des paroles comme "Colin is a very pretty pussy" ne passeront pas vraiment à la radio. Mclusky envoie la sauce quand c'est nécessaire : Small Bones Small Bodies (on vous parlait des titres) tient sur un riff monolithique, alors que le clavier de Team:Seed rappelle les meilleurs scores de série Z italiens. Un morceau au piano clôture l'album, avant qu'on se sente évidemment obligé de le réécouter.

Curses est bon, très bon, et réussit dans tous les domaines : il rappelle Mclusky sans copier, mais tient sur des deux jambes, sans que les références soient nécessaires. Une réussite majeure, qui rappelle l'importance de Falco dans la paysage rock indie. Et, au passage, un des albums de 2007.

Future Of the Left - Curses

La séparation de Mclusky a été, n'ayons pas peur des mots, ressentie comme une vraie catastrophe. J'ai déja suffisamment dit le bien que je pensais d'eux, ici, ici ou encore , il était juste temps pour eux de passer à autre chose, surtout qu'ils se tapaient quand même méchamment sur la tronche, à la fin. Le bassiste légèrement dérangé Jon Chapple a formé Shooting At Unarmed Men avant de s'exiler en Australie, alors que les deux autres tiers, le chanteur/guitariste Andy "Falco" Falkous et le batteur Jack Egglestone ont été rejoint par l'ex Jarcrew Kelson Mathias pour former Future Of The Left.

Ceux qui s'attendaient (étrangement d'ailleurs) à quelque chose de radicalement différent de Mclusky seront sans doute déçus. FOTL porte clairement la marque de fabrique de Falco, à savoir les paroles acerbes et titres étranges, mais aussi la batterie sous amphés d'Egglestone. Mais ils n'ont pas pour autant photocopié leur ancien matériel : FOTL est différent de Mclusky, notamment par une production moins dense (pas d'Albini cette fois) et l'utilisation ingénieuse d'un synthé passé sous distortion.

Ceci dit, la puissance est souvent au rendez-vous, comme on peut le remarquer d'entrée, avec The Lord Hates A Coward ou Plague Of Ounces, même si on ne cherche pas le volume sonore à tout prix, comme démontré dans l'assez upbeat My Gymnastic Past. Les claviers, quant à eux, donnent parfois un aspect plus poppy, meme si des paroles comme "Colin is a very pretty pussy" ne passeront pas vraiment à la radio. Mclusky envoie la sauce quand c'est nécessaire : Small Bones Small Bodies (on vous parlait des titres) tient sur un riff monolithique, alors que le clavier de Team:Seed rappelle les meilleurs scores de série Z italiens. Un morceau au piano clôture l'album, avant qu'on se sente évidemment obligé de le réécouter.

Curses est bon, très bon, et réussit dans tous les domaines : il rappelle Mclusky sans copier, mais tient sur des deux jambes, sans que les références soient nécessaires. Une réussite majeure, qui rappelle l'importance de Falco dans la paysage rock indie. Et, au passage, un des albums de 2007.

mercredi 19 septembre 2007

Alanis Morissette – Jagged Little Pill (1995)

AlanisMorissetteJaggedLittlePillJagged Little Pill n'est pas le premier album d'Alanis Morissette. Elle avait déjà sorti deux albums de dance pop, sortis uniquement au Canada. Mais tout le monde s'en fiche, et pour une fois le monde a bien raison. JLP est carrément le deuxième album le mieux vendu des 90s et le dixième de tous les temps. Étrangement, il est très bon, et c'est aussi un des albums qui me rappellent mon adolescence. Ajouté au fait qu'une fidèle lectrice me l'a suggéré, je ne pouvais qu'en parler.

En 1995, Alanis n'était pas encore suffisamment cinglée pour tourner une vidéo à poil, ou la meilleure parodie de l'histoire connue de l'humanité (si), mais elle était vachement en colère. Si les Spice Girls (vous vous souvenez? Elles reviennent...) revendiquaient le girl power, alors Alanis, c'était Little Boy et Fat Man puissance dix. Les deux premiers morceaux, All I Really Want et le tube You Oughtta Know sont des attaques d'une violence inouïe contre un ex-petit ami.

La suite, et en fait, quasi tout l'album poursuit sur la même thème. Encore fallait-il pouvoir en faire un bon album. Et même si les compositions (d'Alanis et Glen Ballard) ne sont pas très aventureuses, elles sont très efficaces, tout comme le groupe qui l'entoure (et qui comprend un certain Taylor Hawkins, futur Foo Fighter). Alanis montre que le ressentiment et la haine peuvent sonner très sexy, et sa manière d'écrire ses textes était originale et rafraîchissante.

Est-ce pour autant un chef d'oeuvre? C'est sans doute le meilleur album de la Canadienne, qui aura progressivement disparu du spectre pop rock actuel. C'est aussi un album relativement brutal, en tout cas par rapport aux ventes ahurissantes. C'est sans doute l'album le plus bruyant et le plus agressif de pas mal de collections plus habituées à Whitney Houston et Shania Twain. Même si cela reste un album de rock assez basique et peu innovant, il montre toutefois un réel talent. De plus, Jagged Little Pill réussit à garder un niveau appréciable jusqu'à la fin, n'a pas vieilli pour un sou, et la piste cachée Your House est toujours aussi chair de poulante. Ca tombe bien, je n'avais pas envie de dire du mal aujourd'hui.

 

Forgiven

dimanche 16 septembre 2007

Eddie Vedder - Into the Wild Original Soundtrack

On ne peut pas à proprement parler d'album solo mais c'est la première fois qu'Eddie Vedder enregistre un album seul, et donc, forcément, il attire l'attention. Néamoins, avant et pendant l'écoute, il faut tenir compte que les morceaux sont tous faits pour accompagner le film, et plus précisément pour représenter la voix intérieure du héros. Héros qui décida de quitter le monde civilisé tel qu'on le connaît pour vivre de nouvelles expériences, là où le hasard peut l'emmener.

Sean Penn, le réalisateur, connaît Vedder depuis longtemps, et a donc rapidement pensé à lui pour écrire quelques morceaux. Le résultat est cet album, 28 minutes souvent intéressantes, mais frustrantes : presque toutes les chansons sont nécessairement trop courtes, et n'ont donc pas le temps de se développer complètement. On pense à No Ceiling, première expérience de Vedder avec une mandoline et qui s'arrête après avoir à peine commencé, ou encore Far Behind.

L'ambiance est résolument folk et la voix de Vedder, plus calme et posée, surprendra ceux qui connaissent mal Pearl Jam. Rise, jouée à l'ukulele n'étonnera pas les fans, mais les ravira certainement. Même chose pour l'introspectif Long Nights ou le magnifique Society, qui démontrent que le choix de Sean Penn était judicieux. Hard Sun, reprise d'Indio avec Corin Tucker (Sleater-Kinney), détonne par son ambiance un peu plus grandiloquante, et n'est d'ailleurs pas très convaincant, il faudra voir le film pour décider. Deux instrumentaux complètent l'album qui se conclut par l'intime Guaranteed.

Vous l'aurez compris, il est difficile de parler d'un album qui est intimement lié avec le film qu'il accompagne. Néamoins, deux choses sont certaines : d'abord, certains morceaux ici comptent parmi les meilleures ballades écrites et chantées par Vedder, ensuite, un album solo serait très apprécié. Ainsi qu'un nouvel album de Pearl Jam. Et une troisième tournée européenne en trois ans. Et la paix dans le monde.

Eddie Vedder - Into the Wild Original Soundtrack

On ne peut pas à proprement parler d'album solo mais c'est la première fois qu'Eddie Vedder enregistre un album seul, et donc, forcément, il attire l'attention. Néamoins, avant et pendant l'écoute, il faut tenir compte que les morceaux sont tous faits pour accompagner le film, et plus précisément pour représenter la voix intérieure du héros. Héros qui décida de quitter le monde civilisé tel qu'on le connaît pour vivre de nouvelles expériences, là où le hasard peut l'emmener.

Sean Penn, le réalisateur, connaît Vedder depuis longtemps, et a donc rapidement pensé à lui pour écrire quelques morceaux. Le résultat est cet album, 28 minutes souvent intéressantes, mais frustrantes : presque toutes les chansons sont nécessairement trop courtes, et n'ont donc pas le temps de se développer complètement. On pense à No Ceiling, première expérience de Vedder avec une mandoline et qui s'arrête après avoir à peine commencé, ou encore Far Behind.

L'ambiance est résolument folk et la voix de Vedder, plus calme et posée, surprendra ceux qui connaissent mal Pearl Jam. Rise, jouée à l'ukulele n'étonnera pas les fans, mais les ravira certainement. Même chose pour l'introspectif Long Nights ou le magnifique Society, qui démontrent que le choix de Sean Penn était judicieux. Hard Sun, reprise d'Indio avec Corin Tucker (Sleater-Kinney), détonne par son ambiance un peu plus grandiloquante, et n'est d'ailleurs pas très convaincant, il faudra voir le film pour décider. Deux instrumentaux complètent l'album qui se conclut par l'intime Guaranteed.

Vous l'aurez compris, il est difficile de parler d'un album qui est intimement lié avec le film qu'il accompagne. Néamoins, deux choses sont certaines : d'abord, certains morceaux ici comptent parmi les meilleures ballades écrites et chantées par Vedder, ensuite, un album solo serait très apprécié. Ainsi qu'un nouvel album de Pearl Jam. Et une troisième tournée européenne en trois ans. Et la paix dans le monde.

vendredi 14 septembre 2007

Led Zeppelin – II (1969)

600px-LedZeppelinLedZeppelinIIalbumcoverJe le jure, je ne l'ai pas fait exprès, mais le timing est intéressant : je voulais écrire sur Led Zeppelin depuis longtemps, et maintenant que je le fais, ils annoncent une reformation exceptionnelle pour laquelle plus de 20 millions de personnes ont demandé des places, en quelques heures. 20 millions. Écrire sur Led Zep, c'est bien, se décider quel album choisir, c'est autre chose. Je m'occuperai probablement de quelques autres plus tard, mais aujourd'hui, ça sera le second album, II. Pourquoi? Tirage au sort entre les quatre premiers. Ceci dit, le sort est parfois heureux. II est l'album qui a cimenté la place de Led Zeppelin dans l'histoire, et notamment grâce au morceau de pure folie qui entame celui-ci, Whole Lotta Love. 

Le riff de Robert Plant est monumental, la basse de John Paul Jones fait l'effet d'un rouleau compresseur, et la production de Jimmy Page, qui alterne les guitares entre les canaux droit et gauche rendent ce morceau complètement cinglé, mais terriblement mémorable. Encore plus dingue est le pont, où Robert Plant râle et gémit de manière tellement suggestive qu'on a surnommé cette partie "la section de l'orgasme". Orgasme, ça l'a clairement été pour le rock n roll, qui y trouve un de ses meilleurs morceaux. Difficile, voire complètement impossible de suivre un tel monument, mais Led Zeppelin fait mieux qu'essayer.

The Lemon Song envoie quelques références sexuelles subtiles, une des spécialités du groupe (après le "backdoor man" de Whole Lotta Love, Plant propose qu'on presse son citron jusqu'à ce que le jus coule...), mais rien, absolument rien ne pourrait détourner l'attention de la basse de Jones, qui est invraisemblable tout au long du morceau. Et dire qu'il a apparemment tout improvisé. Autre spécialité du groupe, mais pour laquelle on ne peut pas vraiment leur en tenir rigueur, c'est l'emprunt très peu subtil de paroles ou de sections entières d'autres morceaux. Ainsi, le début de Thank You est directement volé à Jimi Hendrix : cela reste une ballade sublime, menée par l'orgue d'un omniprésent John Paul Jones.

Heartbreaker montre le retour du riff mortel, accompagné d'un solo improvisé, rythmé par l'incroyable John Bonham, qui marquera de son empreinte l'instrumental Moby Dick : en concert, son solo de batterie pouvait durer trente minutes et se finissait souvent par un Bonham poings en sang, ayant fini sans ses baguettes lancés dans le public. On a pas ça dans un concert de Fall Out Boy. Quoi encore.. Ramble On raconte le plus simplement du monde l'histoire de Frodo Baggins (à la première personne, rien que ça). Le blues/rock/blues Bring It On Home clôture avec une classe folle un album d'une classe folle.

Led Zep allait encore être plus dingue, plus excessif, jusqu'au point de non retour. Reformation, tournée, nouvel album, qu'importe. Quel est le meilleur album, on s'en fout. Jimmy Page a-t-il vendu son âme à Sean "Satan" Combs, quoi d'autre.

II est un des albums les plus importants de l'histoire de la musique, point. 

 
Whole Lotta Love

 

mercredi 12 septembre 2007

Jonah Matranga - And

Jonah Matranga est l'exemple parfait d'un artiste dont le nom, peu connu du grand public, provoque le respect et la révérence de ceux qui le connaissent. Pionnier de l'emocore début des années 90 avec Far, il évolua petit à petit dans un registre solo plus acoustique, sous l'alias onelinedrawing, et maintenant sous son nom, se rapprochant plus d'Elliott Smith que de son compère Chino Moreno.

And, son premier album solo en tant que Jonah Matranga, est assez varié mais reste assez introverti, et éloigné des proccupations nettement plus bruyantes de ses anciens groupes Far ou Gratitude. So Long, qui entame l'album, peut en effet faire passer à Elliott Smith. Mélodie simple, accompagnement discret et efficace, paroles très poétiques et personnelles. Et tout comme le très regretté Elliott, il possède ce petit quelque chose capable de transcender un simple morceau, en faire une pièce émotionnelle et poignante, comme on le verra un peu plus loin. Heureusement, il ne sombre pas dans la noirceur et le désespoir : musicalement et thématiquement, certains morceaux portent une bonne dose d'optimisme, comme le très touchant Get It Right, ou le carrément upbeat I Want You to Be My Witness. Ceci dit, Matranga peut faire dans le morose, tout en restant profondément touchant : Every Mistake comprend un bonne dose de mélancolie, portée par quelques cordes et un orgue Hammond, I Can't Read Yr Mind est délicieusement suranné, tandis que You Always Said You Hated San Francisco le voit promener sa voix sur la code raide. Puis, un peu plus loin, Matranga nous sort deux tubes indie potientiels, Waving Or Drowning et Not About A Girl Or Place, comme ça, au milieu de l'album, sans prévenir. Quel talent, mais quel talent étrange. Sans compter qu'il est aussi très doué pour les narrations, comme démontré dans le dernier morceau, Lost And Found.

And est éclatant. Oui, il peut sembler assez incohérent et part parfois dans tous les sens, mais il représente ce qu'est Jonah Matranga en 2007, un grand artiste, qui vient de sortir un grand album, fourmillant d'idées et surtout d'excellentes chansons. On ne peut qu'espérer qu'il continue sur cette voie pour qu'il nous apprte encore d'autres albums de cet acabit, et qui sait, connaître un certain succès commercial, réparant ainsi une grossière injustice.

Jonah Matranga - And

Jonah Matranga est l'exemple parfait d'un artiste dont le nom, peu connu du grand public, provoque le respect et la révérence de ceux qui le connaissent. Pionnier de l'emocore début des années 90 avec Far, il évolua petit à petit dans un registre solo plus acoustique, sous l'alias onelinedrawing, et maintenant sous son nom, se rapprochant plus d'Elliott Smith que de son compère Chino Moreno.

And, son premier album solo en tant que Jonah Matranga, est assez varié mais reste assez introverti, et éloigné des proccupations nettement plus bruyantes de ses anciens groupes Far ou Gratitude. So Long, qui entame l'album, peut en effet faire passer à Elliott Smith. Mélodie simple, accompagnement discret et efficace, paroles très poétiques et personnelles. Et tout comme le très regretté Elliott, il possède ce petit quelque chose capable de transcender un simple morceau, en faire une pièce émotionnelle et poignante, comme on le verra un peu plus loin. Heureusement, il ne sombre pas dans la noirceur et le désespoir : musicalement et thématiquement, certains morceaux portent une bonne dose d'optimisme, comme le très touchant Get It Right, ou le carrément upbeat I Want You to Be My Witness. Ceci dit, Matranga peut faire dans le morose, tout en restant profondément touchant : Every Mistake comprend un bonne dose de mélancolie, portée par quelques cordes et un orgue Hammond, I Can't Read Yr Mind est délicieusement suranné, tandis que You Always Said You Hated San Francisco le voit promener sa voix sur la code raide. Puis, un peu plus loin, Matranga nous sort deux tubes indie potientiels, Waving Or Drowning et Not About A Girl Or Place, comme ça, au milieu de l'album, sans prévenir. Quel talent, mais quel talent étrange. Sans compter qu'il est aussi très doué pour les narrations, comme démontré dans le dernier morceau, Lost And Found.

And est éclatant. Oui, il peut sembler assez incohérent et part parfois dans tous les sens, mais il représente ce qu'est Jonah Matranga en 2007, un grand artiste, qui vient de sortir un grand album, fourmillant d'idées et surtout d'excellentes chansons. On ne peut qu'espérer qu'il continue sur cette voie pour qu'il nous apprte encore d'autres albums de cet acabit, et qui sait, connaître un certain succès commercial, réparant ainsi une grossière injustice.

lundi 10 septembre 2007

The Verve – Urban Hymns (1997)

TheVerveUrbanHymnsUrban Hymns est un mythe, une légende, et un des tous grands classiques du rock anglais. Il a été quasi unanimement élu album de l'année 97, malgré qu'OK Computer soit sorti la même année. Le fait que le groupe s'est effondré peu de temps après, et vient d'annoncer se reformation est un bon pretexte pour le revisiter.

Non seulement Urban Hymns est solide en tant qu'album, mais il comprend aussi, et surtout, un hit immense : Bitter Sweet Symphony. Il ouvre l'album, tout le monde le connaît, et dix ans après il n'a pas pris une ride. Le morceau est pourtant très simple : une boucle de violons empruntés à une orchestration des Stones (qui ont scandaleusement voulu l'entièreté des bénéfices), un rythme régulier et la voix de Richard Ashcroft, clamant ses réflexions sur le sens de la vie. Formule parfaite pour morceau parfait. Mais si l'on croit que le groupe es relativement limité, la suite de l'album va prouver le contraire, comme Sonnet, qui est, au risque de me répéter magnifique, dans un mid-tempo poignant. Qui avait besoin, ces années-là, de Liam Gallagher, quand on entend ça?

Les deux premiers albums du groupe étaient moins Britpop et plus atmosphériques, éléments qui se retrouvent tout au long de l'album, surtout dans les morceaux qui ne sont pas sortis en single, et qui sont généralement plus rock, comme The Rolling People, ou Catching The Butterfly. Mais c'est sans doute The Drugs Don't Work qui domine ici, histoire forcément vécue, et qui devrait être un classique au moins aussi intemporel que Wonderwall. L'expression parfaite de l'âme humaine traduite en accords et en mots. Le genre de chanson qui fiche la chair de poule à chaque fois, et qui fait qu'on s'arrête dès qu'elle commence, pour l'écouter jusqu'au bout. Terrible.

Forcément, tout l'album n'atteint pas ce niveau, et ce n'est d'ailleurs pas son but : le groupe aime se complaire dans une certaine ambiance éthérée, aux antipodes de la Britpop de l'époque, comme dans un Neon Wilderness frôlant la rythmique trip-hop. Urban Hymns est l'album le moins tubesque de la période Britpop, contrairement à, par exemple (What's The Story) Morning Glory? ou The Great Escape, chaque morceau n'est pas un single potentiel. Mais c'est aussi le plus dense, peut-être le plus authentique. La seconde moitié est d'ailleurs nettement moins accessible que la première, à l'exception du single Lucky Man, sans doute le moins potent des quatre. One Day continue dans le sublime, et arriverait, si comparaison devait être faite, aisément au dessus des tubes surévalués de U2, par exemple.

Urban Hymns ne comprend pas vraiment de morceau de remplissage, même si les fans des singles ont sans doute été surpris par le reste de l'album. Come On conclut l'album par un déferlement de guitares limite shoegaze, et le fait très bien, comme le meilleur morceau qu'Oasis n'aura jamai eu le talent de créer. Comme évoqué plus haut, le groupe s'est violemment séparé, et à part quelques albums mineurs pour Ashcroft et la pige de Simon Tong chez Damon Albarn, on a plus entendu grand chose des cinq de Wigan, jusqu'à une reformation qu'on espère motivée, pour une fois...

 

The Drugs Don't Work

samedi 8 septembre 2007

Black Francis - Bluefinger


Charles Michael Kittridge Thompson IV, plus connu ces dernières années sous le nom de Frank Black, sort un nouvel album. C'est déjà le quinzième depuis le dernier Pixies, et vu leur qualité très inégale, on devrait s'en foutre pas mal, surtout que tout ce qu'on attend, c'est un nouveau Pixies histoire de se lamenter encore un peu plus. Mais un détail change tout : pour la première fois en quinze ans, Charles reprend son pseudo Pixies : Black Francis. Alors, on se met à rêver d'en retour à la gloire bruyante de ses jeunes années, à tort ou à raison? Un peu des deux, forcément.

Bluefinger tient plus de Pixies que la quasi totalité de ses albums solo, la basse qui débute l'album fait penser tout de suite à Kim Deal, même si le morceau se serait plus aisément retrouvé sur Trompe Le Monde. Et même si la voix de Frank, Black, Charles, n'est plus trop ce qu'elle était, on continue, avec plus d'amusement que d'excitation, vers l'excellentissime Threshold Apprehension, déjà présent sur le récent best of (mais en version raccourcie). Digne de Pixies, le morceau nous fait croire au miracle. Il crie, il recommence à crier, comme si rien ne s'était passé. Surtout qu'on a même des backing vocals féminines, et une basse puissante et vibrante. Malheureusement, on se rend compte que ce n'était pas le but de l'artiste, de secouer les vieux fantômes. Bluefinger, par ailleurs un album apparemment concept sur le Pete Doherty batave Herman Brood, n'est pas le nouveau Pixies, ni même un retour particulièrement brillant de la part de Black. La basse est trop présente, et, pour tout dire, il manque un Joey Santiago. Mais il est tout de même plus appréciable et écoutable que la majorité de sa production solo.

Black Francis - Bluefinger


Charles Michael Kittridge Thompson IV, plus connu ces dernières années sous le nom de Frank Black, sort un nouvel album. C'est déjà le quinzième depuis le dernier Pixies, et vu leur qualité très inégale, on devrait s'en foutre pas mal, surtout que tout ce qu'on attend, c'est un nouveau Pixies histoire de se lamenter encore un peu plus. Mais un détail change tout : pour la première fois en quinze ans, Charles reprend son pseudo Pixies : Black Francis. Alors, on se met à rêver d'en retour à la gloire bruyante de ses jeunes années, à tort ou à raison? Un peu des deux, forcément.

Bluefinger tient plus de Pixies que la quasi totalité de ses albums solo, la basse qui débute l'album fait penser tout de suite à Kim Deal, même si le morceau se serait plus aisément retrouvé sur Trompe Le Monde. Et même si la voix de Frank, Black, Charles, n'est plus trop ce qu'elle était, on continue, avec plus d'amusement que d'excitation, vers l'excellentissime Threshold Apprehension, déjà présent sur le récent best of (mais en version raccourcie). Digne de Pixies, le morceau nous fait croire au miracle. Il crie, il recommence à crier, comme si rien ne s'était passé. Surtout qu'on a même des backing vocals féminines, et une basse puissante et vibrante. Malheureusement, on se rend compte que ce n'était pas le but de l'artiste, de secouer les vieux fantômes. Bluefinger, par ailleurs un album apparemment concept sur le Pete Doherty batave Herman Brood, n'est pas le nouveau Pixies, ni même un retour particulièrement brillant de la part de Black. La basse est trop présente, et, pour tout dire, il manque un Joey Santiago. Mais il est tout de même plus appréciable et écoutable que la majorité de sa production solo.

jeudi 6 septembre 2007

Grandaddy – The Sophtware Slump (2000)

TheSophtwareSlumpCoverAprès une dizaine d'années d'activité, Grandaddy a mis la clé sous le paillasson l'an dernier. The Sophtware Slump est généralement considéré comme leur meilleur album, et est en tout cas un disque attachant et digne d'intérêt.

Le monde de Grandaddy est celui du frontman Jason Lytle et de son univers étrange, ici fait de robots humanoïdes poètes, d'ambiances sci-fi, de guitares lo-fi et d'une voix particulière rappellant Neil Young, à défaut d'une meilleure comparaison. Même si quelques extraits valent clairement le détour, c'est le tout qui fait de The Sophtware Slump un album majeure, et une des pierre d'achoppement de l'indie US des années 2000.

Les choses ne se passent pas facilement, et ce dès le départ : He's Simple He's Dumb He's The Pilot ouvre l'album et dure presque neuf minutes, en passant par différents mouvements, reliés par une ambiance particulière, qui se retrouvera tout au long de l'album. Samples, claviers sortis de Silicon Valley et feedback rêveur en ferait la bande originale parfaite pour un western steampunk (en voilà une idée, tiens). Il est difficile de pointer des influences particulières, mais cette façon de bricoler des morceaux charmants à partir de pas grand chose reste mémorable, comme les deux imparables Hewlett's Daughter et The Crystal Lake, où la voix très touchante de Lytle est mélancolique à souhait.

L'album comprend aussi des ballades qui semblent mener nulle part, et qui content des histoires surréalistes de robots et de nettoyage d'égouts, tout comme des morceaux nettement plus rentre dedans, avec des guitares maltraitées qui sonnent plus lo-fi qu'une démo de Dinosaur Jr. Broken Household Appliance National Forest combine les deux, alliance improbable de pédales fuzz et de micro-ondes dysfonctionnels.

Grandaddy fut un groupe attachant, qui, sans jamais trouver une large audience (et sans la chercher, non plus), aura réussi une bien belle carrière, influençant nombre de formations indie contemporains, tout en restant éminemment écoutable aujourd'hui. Respect.


The Crystal Lake

mardi 4 septembre 2007

Tomahawk - Anonymous

Mike Patton est un homme aux multiples facettes, et est probablement l'artiste qui s'est le plus souvent retrouvé dans ces pages, quasi à chaque fois avec des projets différents. Cette fois, c'est encore plus étrange : le troisième album de Tomahawk, qui reste son projet rock le plus conventionnel, ne ressemble pas du tout aux deux précédents, et tenderait même plus, mais pas exactement, vers l'expérimental Fantômas.

Le concept est simple et étrange, comme souvent chez Patton : Anonymous, fidèle à son titre, reprend des morceaux traditionnels des Indiens d'Amérique, ceux qu'on doit appeler là-bas Native Americans pour faire dans le politiquement correct. Patton vocalise plutôt qu'il ne chante, en scat, en onomatopées vocodées mais parfois aussi presque normalement, mais c'est une fois de plus John Stanier qui casse la baraque.

Non content d'être la force motrice derrière l'album de Battles, un des incontournables de 2007, l'ex-batteur de Helmet imprime tout sa science du rythme parfait, passant de beats simples et constructifs aux rythmes syncopés à couper le souffle. Le tout sans voler la vedette à l'ambiance de l'album, tout en sérénité ambiante profonde, qui rappelle parfois Dead Can Dance. Ou à une occasion, System Of A Down : les sources sont ici, et même si un simple album de reprises ne peut pas permettre d'expliquer la culture musicale de plusieurs peuples pendant des centaines d'années, au moins Tomahawk aura réussi à démontrer son influence.

De plus, malgré une évidente bizarrerie et quelques libertés prises, textuellement et musicalement (le très heavy Sun Dance le prouve), Anonymous reste tout à fait écoutable et est en fait une bonne surprise car moins fermé que ce que Patton a souvent tendance à faire, comme le récent Moonchild. Bonne surprise, et bon album.

Tomahawk - Anonymous

Mike Patton est un homme aux multiples facettes, et est probablement l'artiste qui s'est le plus souvent retrouvé dans ces pages, quasi à chaque fois avec des projets différents. Cette fois, c'est encore plus étrange : le troisième album de Tomahawk, qui reste son projet rock le plus conventionnel, ne ressemble pas du tout aux deux précédents, et tenderait même plus, mais pas exactement, vers l'expérimental Fantômas.

Le concept est simple et étrange, comme souvent chez Patton : Anonymous, fidèle à son titre, reprend des morceaux traditionnels des Indiens d'Amérique, ceux qu'on doit appeler là-bas Native Americans pour faire dans le politiquement correct. Patton vocalise plutôt qu'il ne chante, en scat, en onomatopées vocodées mais parfois aussi presque normalement, mais c'est une fois de plus John Stanier qui casse la baraque.

Non content d'être la force motrice derrière l'album de Battles, un des incontournables de 2007, l'ex-batteur de Helmet imprime tout sa science du rythme parfait, passant de beats simples et constructifs aux rythmes syncopés à couper le souffle. Le tout sans voler la vedette à l'ambiance de l'album, tout en sérénité ambiante profonde, qui rappelle parfois Dead Can Dance. Ou à une occasion, System Of A Down : les sources sont ici, et même si un simple album de reprises ne peut pas permettre d'expliquer la culture musicale de plusieurs peuples pendant des centaines d'années, au moins Tomahawk aura réussi à démontrer son influence.

De plus, malgré une évidente bizarrerie et quelques libertés prises, textuellement et musicalement (le très heavy Sun Dance le prouve), Anonymous reste tout à fait écoutable et est en fait une bonne surprise car moins fermé que ce que Patton a souvent tendance à faire, comme le récent Moonchild. Bonne surprise, et bon album.