mercredi 26 décembre 2007

Rolling Stones – Rolled Gold +

stonesRolled Gold + n'est pas une compile de Noël en plus. C'est LA compile. Originellement sorti en 75 mais jamais édité en cd, il se voit augmenté de 12 morceaux (d'où le +) pour voir sa durée dépasser les 150 minutes. Il fait suite au précédent best of du groupe, Forty Licks, mais est nettement supérieur à celui-ci, pour deux raisons majeures. D'abord, le son est plus authentique, au dessus de la bouillie de Forty Licks. Ensuite, et surtout, même si on ne parle que de dix ans de Stones, tout était dit. Alors que, pour Forty Licks, il fallait accomoder les différentes époques du groupe et même caser quatre inédits, ici on ne doit juste que reprendre les meilleurs morceaux datant de 63 à 72, soit, en fait, de leur carrière. Bon, on pourrait peut-être, en tirant la corde, regretter It's Only Rock 'n Roll ou Start Me Up, mais Jump Back (la compile qui reprend 71-93) suffit amplement. Et le moins on parle d'Angie, le mieux c'est.

Comme leurs illustres pairs de l'époque, les Stones ont débuté avec des reprises de standards rock 'n roll : Chuck Berry, Buddy Holly, et même un original de Lennon/McCartney. Peu de temps après, le premier original signé Jagger/Richard (Keith n'avait pas encore ajouté le "s") voit le jour. C'est à partir de 64 que la grande majorité des morceaux des Stones seront originaux. Même si Jagger a bien appris ses leçon : le double sens de Little Red Rooster sera repris tout au long de sa carrière, jusqu'au récent A Bigger Bang.

Les choses sérieuses ne commencent qu'avec le dixième morceau, The Last Time. Puis, la déferlante de morceaux exceptionnels. (I Can't Get No) Satisfaction, forcément, mais aussi Get Off Of My Cloud, Paint It Black (sérieusement une des meilleures chansons de tous les temps, rien à dire), Mother's Little Helper et ses traits acide de critique sociale chère à Jagger. Under My Thumb, s'il fallait le prouver, montre les talents de Charlie Watts, batteur d'une grande finesse avant que l'excellent Have You Seen You Mother Baby, Standing In The Shadows clôture le premier disque. On l'a déjà dit, le riff de Satisfaction pourrait déplacer des montagnes, et les différentes significations du texte ne font que renforcer son status d'icône. Mais je le répète, Paint It Black est vraiment un morceau exceptionnel, la voix de Jagger est légendaire, menaçante, terrifiante. Le premier crash de batterie de Watts vaut bien tout le heavy metal du monde.

Pas grand chose à dire, évidemment. Des débuts hésitants et forcément peu originaux, mais le rock 'n roll était si jeune. La paire d'auteurs/compositeurs Jagger/Richards ne fera que monter en puissance, ce que le second disque montre parfaitement. Ruby Tuesday, She's A Rainbow, Jumpin' Jack Flash, Sympathy For The Devil, et un final ébourriffant : Gimme Shelter, You Can't Always Get What You Want, Brown Sugar, Honky Tonk Woman et Wild Horses. Les mots ne suffisent pas, il faut se taire et écouter. Mais Gimme Shelter... Difficile, après tout ça, ne ne pas considérer le Stones, ces Stones, comme le plus grand groupe de rock du monde. Ils l'étaient.

Alors, forcément, ça a méchamment dégénéré. La paire Jagger/Richards vire au pathétique, entre concerts privés pour détenteurs de carte de fidelité de supermarché suisse et chute de cocotier, en passant par des albums dont personne n'a quoi que ce soit à foutre. Les Beatles n'ont eu que dix ans de carrière, Nirvana huit, les Stones quarante-cinq, et ce n'est pas fini. Alors, forcément, on perd de sa puissance, de son intensité, de son utilité. Ils auraient définitivement du raccrocher il y a bien longtemps, mais ce n'est pas notre décision. Notre décision, c'est de se souvenir des Stones par, et pour, Rolled Gold, qui compile leurs plus grands moments. On pourra toujours s'attaquer aux albums après Pirates des Caraïbes.
 
 
Paint It Black
 
 
Gimme Shelter

mardi 25 décembre 2007

Pour enterrer 2007, suite et fin

The_White_Stripes_Icky_ThumbLes grosses machines ont un peu boudé 2007. En attendant REM, U2 et Metallica pour 2008, on a quand même eu Nine Inch Nails et le très électro Year Zero, Foo Fighters avec un album très, euh, Foo Fighters et Queens Of The Stone Age, qui, a défaut se se rapprocher de l'extraordinaire brillance de Songs For The Deaf, essaie de se renouveler, avec un certain succès. Jack & Meg White, quant à eux, ont repris leur panoplie de Page/Plant/Mo Tucker pour un album incendiaire, le plus intense de leur discographie déjà très riche. On notera aussi un très bel album de Ben Harper, dont l'émotivité à fleur de peau se rapproche de plus en plus d'un Elliott Smith, dont la compilation de raretés New Moon est aussi très recommandable. Pearl Jam étant en pause méritée après une superbe tournée européenne, Eddie Vedder transforme avec brio son premier essai cinématographique : la BO du dernier Sean Penn, Into The Wild. Déjà nominé aux Golden Globes, Ed pourrait enfiler un smoking et aller chanter aux Oscars. Dans un même registre folk/qui vient du coeur, And, de Jonah Matranga, est une réussite totale : l'ancienne légende de la scène hardcore de Sacramento démontre sa sensibilité et ses talents de songwriter.

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La surprise/découverte de l'année? Battles, sans aucun doute. Formé autour de l'ex-Tomahawk/Helmet John Stanier, Battles est un nouveau groupe de rock. Ou plutôt un groupe de nouveau rock. Un rock trafiqué, loopé, filtré mais qui reste organique et très intéressant. Ils détiennent le futur entre leurs mains, et on peut leur faire confiance. On citera aussi Reuben, pas une découverte en soi mais un trésor caché d'un groupe qui restera sans doute maudit toute sa carrière. À l'inverse, les deux albums de Korn auront déçu. Untitled est parfois décent, mais le Unplugged pousse très loin la barre du ridicule absolu. Heureusement que Unsane et Down étaient là pour lever bien haut l'étendard du metal gras qui tache et qui fait plein de bruit. Down qui prouve d'ailleurs que Phil Anselmo est un des plus grands vocalistes de tous les temps, même si on ne peut pas s'empêcher de penser à un certain gâchis. Toujours dans le registre métallique, Serj Tankian nous a présenté Elect The Dead, premier album solo entre SOAD et Danny Elfman, et débarassé de l'embarassante présence de Daron Malakian. Inclassable, Oceansize impressionne encore et toujours, avec l'implacable Frames. On notera aussi l'ovni bruyant Pyramids.

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J'aurai aussi, à titre personnel, découvert l'impressionnante scène punk française, gravitant autour de Guerilla Productions. Dolorès Riposte, Justin(e) et surtout Guerilla Poubelle sont les principaux représentants d'un mouvement qui n'a rien à envie à son vieil ancètre californien, Punk=Existentialisme valant bien les meilleurs Bad Religion. Et toujours dans l'hexagone, j'ai été conquis par le live de Daft Punk, qui transcende les albums studio pour en faire la plus grande fête de l'univers.

On a aussi beaucoup parlé de nouvelles technologies et de téléchargement, avec, entre autres, une loi française très sarkozyste, la fermeture illégale et finalement pathétique du plus grand tracker musical BitTorrent et, surtout, les entreprises de Trent Reznor et Radiohead. L'avenir nous dira si c'est vraiment la voie du futur, mais on va vers la bonne direction, celle où les artistes, et leur art peuvent enfin être considérés.

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Mais évidemment, c'est In Rainbows qui a surpris et conquis 2007. On savait que Radiohead avait terminé l'album, et allait bien finir par le sortir, mais avoir l'annonce officielle dix jours avant sa sortie, c'était absolument inouï. On passera bien vite sur les quelques ratés inhérentes à une entreprise si novatrice pour retenir que l'album lui-même est splendide, plus un pas sur le côté qu'une évolution à la Kid A, mais avec quelques morceaux magnifiques.

Je n'ai absolument pas la prétention de parler de tout ce qui était bien en 2007, je vais encore découvrir plein d'albums dont j'aurais du parler, et tant mieux, d'ailleurs. Cette collection d'albums est très loin d'être exhaustive, mais je comptais simplement développer un peu plus que d'habitude, et sortir du carcan des longues listes impersonnelles. Oh, et pour la question qui serait fatalement tombée, mon album préféré de 2007? Beyond ou Lust Lust Lust, selon les jours. Sans doute Beyond, en fait.

Bonnes fêtes, ne gaspillez pas, et à l'année prochaine.

mardi 18 décembre 2007

Pour enterrer 2007, première partie

J'ai pensé plusieurs fois à la manière de présenter ma rétrospective 2007. Clairement, je ne voulais pas de classement, parce que c'est juste complètement stupide : une année de rock n'est pas un championnat de football. Un top 10 amélioré et commenté sera publié chez Pinkushion, je vais donc écrire quelques lignes ici sur ce qui m'a intéressé cette année. (ma propre définition de "quelques lignes").

TheGoodtheBadandtheQueen
L'année a commencé vite et fort, confirmant Kaiser Chiefs comme plus grand groupe bourrin actuel : leur performance à Werchter était plus indigeste que quatre jours de bouffe de festival. Idlewild et The Cooper Temple Clause, deux des meilleurs groupes britons de cette décennie ont sorti deux albums pas fort terribles, ce qui a d'ailleurs entraîné le split des seconds, alors qu'Idlewild, récemment coupable d'un mauvais best of, ne semble pas mieux se porter. Klaxons a enflammé début 2007 avec le meilleur album nu-rave d'une année où on était censer danser avec tout. Mais avec un Enter Shikari peu subtil et Justice quand même bien lourd, le soufflé est vite, trop vite retombé. Damon Albarn a, une fois de plus, sorti un grand album avec The Good The Bad And The Queen, alors qu'on s'interroge toujours sur la survie de Blur. Quant à Bloc Party, le jury ne s'est toujours pas mis d'accord, comme pour Arcade Fire, d'ailleurs.

BotT-Proper
On est d'accord pour Kings Of Leon, par contre, qui a sorti un troisième album très solide et qui pourraient avoir une très belle carrière devant eux, qui force le respect de leurs pairs et du public. Du respect, Nick Cave en a à revendre, et le risque pris par son projet très vicieux Grinderman paie, surtout si on le compare avec le médiocre Stooges, sorti en même temps. 2007 aura d'ailleurs connu son lot de reformations, certaines excitantes (Rage Against The Machine, My Bloody Valentine, Jesus And Mary Chain) d'autres carrément sans intérêt (Billy Corgan et son groupe dont je refuse de citer le nom). La meilleure nouvelle venant encore d'une Kim Deal qui refuse de détruire la légende de Pixies, tout en préparant un nouveau Bredeers pour 2008. Ce qui n'empêche que Frank Black, rebaptisé Black Francis, a enfin sorti un solo semi-décent. Maynard James Keenan aurait pu garder son Puscifer pour lui, ceci dit, et continuer à se moquer d'Axl Rose (Chinese Democracy sort le 12/02/08, c'est même Amazon qui le dit. On y croit, on y croit...)

DinosaurBeyond
Mais le retour de l'année, et peut-être son meilleur album, c'est Dinosaur Jr. J Mascis, légendaire brûleur de cordes, avait continué l'aventure solo après les départs de Lou Barlow et Murph, mais sans atteindre les sommets des late-eighties, où Bug et You're Living Over Me étaient des manuels de parfait petit grunger. La famille s'est reconstituée et le nouvel album est totalement ahurissant de réussite. Par contre, Mclusky ne se reformera sans doute jamais, Jon Chapple s'étant exilé en Australie. Falco, quant à lui, a formé un nouveau groupe, qui s'est bien vite rendu responsable d'un des meilleurs albums de l'année, rien que ça. On entendra parler de Future Of The Left, tout à fait digne de son glorieux ancêtre.


Fwn_large
2007 fut aussi, et encore, une année Arctic Monkeys. Favourite Worst Nightmare s'est moins bien vendu que le premier album (dont le record a déjà été battu) mais il est plus aventureux et plus personnel. De plus, des rumeurs parlent déjà d'un nouvel album pour mi-2008, ce qui en ferait trois en un peu plus de deux ans. S'ils arrivent à passer le syndrome Be Here Now, ils rentreront définitivement dans la légende. Outre les Monkeys, quelques groupes qui avaient connu beaucoup d'intérêt ces dernières années ont sorti un petit nouveau : Black Rebel Motorcycle Club, qui prouve qu'ils sont là pour durer, ou encore Biffy Clyro : plus classique mais tout aussi bon qu'avant.

Lust_Lust_LustOn est aussi fort surpris du Manic Street Preachers : Send Away The Tigers est carrément leur meilleur album depuis dix ans. Pas trop difficile, c'est vrai, mais parfois, on se contente de peu. Par ailleurs, The Hives prouvent qu'ils sont capables de survivre sur le long terme, avec déjà une quinzaine d'années de carrière. The Black And White Album voit des productions de Jacknife Lee et Pharrell Williams amplifier leur son, sans le renier. The Raveonettes, connus auparavant pour leurs exercices de style et la dette qu'ils ont envers la pop des fifties ont carrément sorti un des meilleurs albums shoegaze jamais enregistré, pure merveille de bruit ultra mélodique, et un de mes albums préférés de cette année.

(suite et fin dans quelques jours...)

jeudi 6 décembre 2007

Muse – Origin Of Symmetry (2001)

MuseoriginofsymemtryalbumcoverMuse, de manière assez surprenante, est devenu un groupe majeur en Europe, et a même réussi à s'exporter avec succès. Cela peut s'expliquer par le caractère assez... mou du dernier album, mais en 2001, ils ont sorti un très bon opus, un des meilleurs des années 00, du rock british, etc etc, le tout en sortant de l'ombre de Radiohead, dans lequel s'était enfermé le premier album, Showbiz.

Origin Of Symmetry ne fait pas de concessions, contrairement au Muse que l'on connaît actuellement (Starlight???). Deux des trois premiers morceaux durent plus de six minutes, et comprennent, dans le désordre, des voix élastiques, des claviers tordus, un jeu de guitare très intrigant ainsi qu'une section rythmique très puissante. New Born commence calmement, avec un piano, avant de littéralement exploser avec une guitare filtrée bruyantissime. La basse de Chris Wolstenholme, arme secrète de Muse, enfonce le clou très fort. Le morceau est complexe, mais moins que Space Dementia qui sonne exactement comme son titre le fait croire. Avec les effets spéciaux des vieilles séries de SF. Et, évidemment, un break de piano music-hall. Forcément...

La première moitié de l'album est une usine à hits (enfin, hits, dans un monde utopique). Hyper Music est porté par un riff machiavélique plus lourd que Sabbath, alors qu'on pardonnera facilement l'emprunt de la ligne de basse de Sexy Boy (Air) : Plug-In Baby est parfait, le riff vaut bien le top 10 des meilleures intros de tous les temps. En plus, même si le morceau parle d'une guitare, les Freudiens ont quelque chose à se mettre sous la dent. Citizen Erased? On recommence, riff de folie, ligne de basse qui tue, batterie puissante, et ce n'était que l'intro : quand le morceau démarre, la terre tremble. Mais comme ça dure 7 minutes 19, elle a le temps de se refaire une santé, avant de définitivement s'écrouler sur elle-même. Jouissif, et un des rares albums où les claviers sont supportables. Les voix aigües, c'est limite, mais bon, on passe. Quoique Micro Cuts, c'est un petit peu over the top quand même.

Il faut attendre le neuvième morceau pour avoir un peu de calme, avec le flamenquesque Screenager. Le bizarre continue, avec Darkshines qui pourrait sortir d'un western façon Robert Rodriguez, avant que l'inattendue reprise de Feeling Good, euh, surprenne. Megalomania finit l'album dans le calme, mais un calme menaçant.

Peu, très peu de déchets dans Origin Of Symmetry qui sera très certainement toujours la quintessence de Muse, tout en étant vraiment un très bon album. Alors, que Muse devienne n'importe quoi, fasse des shows à la U2 période Pop, cela n'a pas trop d'importance, quand on sait que quoi qu'il arrive, on aura toujours Origin Of Symmetry pour se souvenir. Leur BloodSugarSexMagik, en quelque sorte.
 

Plug-In Baby
 

dimanche 2 décembre 2007

The Pyramids - The Pyramids

Parfois, on tombe sur des albums qui semblent venir de nulle part. The Pyramids, deux tiers de Archie Bronson Outfit, en ont fait un. Très bruyant, très sec et cru, The Pyramids est une bombe immédiate, qui allie l'urgence des éphémères Death From Above 1979 à la vitesse malsaine des Sonics, avec les accroches psycho-mélodiques de Clinic chantées par un Win Butler echappé de l'asile. En tout cas, c'est l'impression qu'on peut avoir au début de l'album, où chaque instrument semble venir d'un différent cercle de l'enfer. A White Disc Of Sun, même s'il traîne un peu en longueur, est emmené par un riff monolithique destructeur, et ça fait du bien où ça passe.

Hunch Your Body Love Somebody enfonce le clou, avec un rythme effrené, frénétique alors que Gala In The Harbour Of Your Heart réussit même à ajouter une mélodie. Ceci dit, l'album ne dure que 31 minutes, et réussit à compter un peu de déchet, comme Guitar Star, 3 minutes 30 assez inutiles, mais la densité est là, jusqu'au dernier morceau, Glue You, noyé dans un sublime feedback.

Court, imparfait, inégal, mais quel album.

The Pyramids - The Pyramids

Parfois, on tombe sur des albums qui semblent venir de nulle part. The Pyramids, deux tiers de Archie Bronson Outfit, en ont fait un. Très bruyant, très sec et cru, The Pyramids est une bombe immédiate, qui allie l'urgence des éphémères Death From Above 1979 à la vitesse malsaine des Sonics, avec les accroches psycho-mélodiques de Clinic chantées par un Win Butler echappé de l'asile. En tout cas, c'est l'impression qu'on peut avoir au début de l'album, où chaque instrument semble venir d'un différent cercle de l'enfer. A White Disc Of Sun, même s'il traîne un peu en longueur, est emmené par un riff monolithique destructeur, et ça fait du bien où ça passe.

Hunch Your Body Love Somebody enfonce le clou, avec un rythme effrené, frénétique alors que Gala In The Harbour Of Your Heart réussit même à ajouter une mélodie. Ceci dit, l'album ne dure que 31 minutes, et réussit à compter un peu de déchet, comme Guitar Star, 3 minutes 30 assez inutiles, mais la densité est là, jusqu'au dernier morceau, Glue You, noyé dans un sublime feedback.

Court, imparfait, inégal, mais quel album.

samedi 1 décembre 2007

Jeff Buckley – Grace (1994)

Jeff_Buckley_-_GraceLa carrière de Jeff Buckley fut courte. Un seul album, et une mort accidentelle (?) trois ans plus tard, alors qu'il venait juste d'atteindre la trentaine. On passera sur l'exploitation fort commerciale, pour être gentil, de sa discographie post-mortem (huit disques jusqu'ici) pour ne s'attarder que sur Grace, album important s'il en est, car il aura influencéé toute une série de chanteurs jusqu'à ce jour, le dernier en date étant le totalement toxique Mika.

Grace, qui est sorti en plein boom alternatif, montre un chanteur exceptionnel, de la trempe des plus grands. Capable de passer d'un murmure inaudible à des aigus Mercuriens, il habite littéralement chaque morceau, des originaux Grace et Last Goodbye aux reprises Lilac Wine et Corpus Christi Carol, hymne du quinzième siècle. Il aurait pu être un vocaliste rock extraordinaire, et c'est finalement le seul reproche qu'on peut faire à Grace. C'est un album AOR, adult-oriented rock, qui ne prend pas de risques, et qui sonne très classique. En somme, des bonnes chansons, effectivement élevées par une prestation vocale hors du commun, mais qui restent relativement apprivoisées, à l'exception peut-être du Led Zeppien Eternal Life.

Reste que pour ne pas être ému par sa version d'Hallelujah, il faut être mort.

Hallelujah