dimanche 18 janvier 2009

Fucked Up - The Chemistry Of Common Life

En 1998, le groupe suédois Refused sortait The Shape Of Punk To Come, qui deviendra un des albums les plus importants des années 90, mais plutôt hardcore que punk, si l'on veut vraiment catégoriser. Cet album de Fucked Up mériterait encore plus ce titre. Simplement, The Chemistry of Common Life est fantastique, extrêmement original et inventif pour le genre. Vous connaissez beaucoup d'albums punk/hxc qui commencent par une flûte? Son The Father le fait, ajoute instrument sur instrument avant que le chant violent et passionné de Pink Eyes (les autres membres s'appellent 10 000 Marbles, Concentration Camp ou encore Mustard Gas) ne laisse rien debout sur son passage.

Fucked Up pourraît très facilement être un très bon groupe punk hardcore, mais ce n'est clairement pas suffisant pour eux. Non, ils font des morceaux de plus de six minutes (Son The Father mais aussi et surtout le morceau titre, climax fabuleux de l'album), ajoutent des instruments étonnants et des passages atmosphériques. Golden Seal est un morceau ambient (et seulement la troisième piste de l'album!) dominé par les effets électro, mais Days Of Last et Crooked Head doivent être un vrai massacre sur scène. Alors, un peu schizo, Fucked Up? A voir leur comportement sur scène, disons, peu retenu, sans doute. Mais les meilleurs artistes ont toujours eu une félure quelque part.

Fucked Up pense, aussi. Les paroles sont loin des clichés du genre, mais le moment le plus admirable de l'album est Looking For God : pas besoin de paroles, juste du bruit ambient, collant parfaitement à ce qu'ils voulaient dire. Et même si on les voit difficilement passer à la radio, Black Albino Bones pourrait etre repris dans un playlist (assez) alternatif, grâce à un refrain chanté plutôt qu'hurlé. Royal Swan, lui, fait dans le registre electro de fête foraine (pas nécessairement une insulte) avant de dégénérer dans une sorte de chanson à boire irlandaise, animée par les backing vocals des Vivian Girls. Enfin, il faut encore mentionner Twice Born et ses refrains sarcastiques, amplifiant le rôle de commentateur social joué par le groupe.

On l'aura compris, The Chemistry of Common Life est un album inestimable, pour ses qualités intrinsèques, mais aussi et surtout pour l'influence qu'il aura par la suite. Fucked Up a fait comprendre qu'on pouvait faire du punk intelligent (oui, je sais, évidemment ce n'est pas le premier, mais jamais à ce point) et rester relativement accessible. De plus, ils se transforment en monstre inarrêtable et passionné en concert, ce qui n'arrive pas toujours non plus.

Même si j'en parle beaucoup trop tard, The Chemistry Of Common Life est un des meilleurs albums de 2008, et peut-être le plus important.

Fucked Up - The Chemistry Of Common Life

En 1998, le groupe suédois Refused sortait The Shape Of Punk To Come, qui deviendra un des albums les plus importants des années 90, mais plutôt hardcore que punk, si l'on veut vraiment catégoriser. Cet album de Fucked Up mériterait encore plus ce titre. Simplement, The Chemistry of Common Life est fantastique, extrêmement original et inventif pour le genre. Vous connaissez beaucoup d'albums punk/hxc qui commencent par une flûte? Son The Father le fait, ajoute instrument sur instrument avant que le chant violent et passionné de Pink Eyes (les autres membres s'appellent 10 000 Marbles, Concentration Camp ou encore Mustard Gas) ne laisse rien debout sur son passage.

Fucked Up pourraît très facilement être un très bon groupe punk hardcore, mais ce n'est clairement pas suffisant pour eux. Non, ils font des morceaux de plus de six minutes (Son The Father mais aussi et surtout le morceau titre, climax fabuleux de l'album), ajoutent des instruments étonnants et des passages atmosphériques. Golden Seal est un morceau ambient (et seulement la troisième piste de l'album!) dominé par les effets électro, mais Days Of Last et Crooked Head doivent être un vrai massacre sur scène. Alors, un peu schizo, Fucked Up? A voir leur comportement sur scène, disons, peu retenu, sans doute. Mais les meilleurs artistes ont toujours eu une félure quelque part.

Fucked Up pense, aussi. Les paroles sont loin des clichés du genre, mais le moment le plus admirable de l'album est Looking For God : pas besoin de paroles, juste du bruit ambient, collant parfaitement à ce qu'ils voulaient dire. Et même si on les voit difficilement passer à la radio, Black Albino Bones pourrait etre repris dans un playlist (assez) alternatif, grâce à un refrain chanté plutôt qu'hurlé. Royal Swan, lui, fait dans le registre electro de fête foraine (pas nécessairement une insulte) avant de dégénérer dans une sorte de chanson à boire irlandaise, animée par les backing vocals des Vivian Girls. Enfin, il faut encore mentionner Twice Born et ses refrains sarcastiques, amplifiant le rôle de commentateur social joué par le groupe.

On l'aura compris, The Chemistry of Common Life est un album inestimable, pour ses qualités intrinsèques, mais aussi et surtout pour l'influence qu'il aura par la suite. Fucked Up a fait comprendre qu'on pouvait faire du punk intelligent (oui, je sais, évidemment ce n'est pas le premier, mais jamais à ce point) et rester relativement accessible. De plus, ils se transforment en monstre inarrêtable et passionné en concert, ce qui n'arrive pas toujours non plus.

Même si j'en parle beaucoup trop tard, The Chemistry Of Common Life est un des meilleurs albums de 2008, et peut-être le plus important.

vendredi 9 janvier 2009

Vivian Girls - Vivian Girls


Comme prévu, voici un coup d'oeil sur l'album des Vivian Girls, potes de la sensation hardcore de l'année (passée) Fucked Up, et qui partage avec Times New Roman un goût prononcé pour la production, disons, minimale. Les filles reprennent un songwriting directement emprunté des années 50-60 (des girl groups à la Ronettes) avec paroles simples et mélodies répétées, et enfouissent tout cela dans un bon gros bordel, mi-shoegaze mi grunge bruyant et bruitiste, sans aucune gêne ni honte.

Le défaut potentiel de l'album tient en cette formule, nécessairement limitée. Mais c'était évidemment prévu : les morceaux ne dépassent souvent pas les deux minutes et l'album tient en une demi-heure (j'ai l'impression de réécrire l'article précédent), ce qui empêche une trop gros sentiment de déjà entendu. Reste que ce mélange de Pixies (basse ronflante), Raveonettes (popnoise) et Mudhoney (garage) est très efficace, et doit être totalement dévastateur en concert. Mais je persiste à croire que trop de lo-fi tue la lo-fi. Vivian Girls est à écouter pour ceux qui ont été bien déçus de 2008.

Vivian Girls - Vivian Girls


Comme prévu, voici un coup d'oeil sur l'album des Vivian Girls, potes de la sensation hardcore de l'année (passée) Fucked Up, et qui partage avec Times New Roman un goût prononcé pour la production, disons, minimale. Les filles reprennent un songwriting directement emprunté des années 50-60 (des girl groups à la Ronettes) avec paroles simples et mélodies répétées, et enfouissent tout cela dans un bon gros bordel, mi-shoegaze mi grunge bruyant et bruitiste, sans aucune gêne ni honte.

Le défaut potentiel de l'album tient en cette formule, nécessairement limitée. Mais c'était évidemment prévu : les morceaux ne dépassent souvent pas les deux minutes et l'album tient en une demi-heure (j'ai l'impression de réécrire l'article précédent), ce qui empêche une trop gros sentiment de déjà entendu. Reste que ce mélange de Pixies (basse ronflante), Raveonettes (popnoise) et Mudhoney (garage) est très efficace, et doit être totalement dévastateur en concert. Mais je persiste à croire que trop de lo-fi tue la lo-fi. Vivian Girls est à écouter pour ceux qui ont été bien déçus de 2008.