samedi 26 novembre 2011

Pay a Blogger Day + Flattr

Je n'ai plus parlé de Flattr depuis un bout de temps maintenant, et la semaine prochaine, c'est Pay A Blogger Day. L'occasion est donc toute trouvée pour reparler de Flattr et remettre le sujet à jour.


Tout d'abord : l'article dans lequel je présente Flattr est ici, et date déjà du 5 septembre 2010. Comme les choses ont un peu changé depuis, je vais vous refaire un petit tour de la question.


Flattr est un service de micro-donations. Chaque bouton Flattr que vous pouvez voir sur cette page et ailleurs sur le web fonctionne comme un bouton Facebook Like, Twitter, etc mais avec une particularité : si vous le souhaitez, et donc, si vous avez alimenté votre compte Flattr avec de l'argent, chaque clic rapportera une fraction de cette somme d'argent à l'auteur du contenu où se trouve le bouton. Pas clair? Un exemple, totalement pris au hasard : vous avez lu mes articles (merci), vous les appréciez (merci!) et vous désirez montrer cette appréciation en me donnant du vrai argent (merci!?). Avant, la seule solution était Paypal. Mais la procédure était lourde, et les frais importants. De plus, l'image de marque de Paypal a été récemment écornée par l'affaire Wikileaks et plus récemment par le blocage des donations au projet Diaspora*. C'est alors que Flattr entre en piste.


Vous pouvez créer un compte Flattr aussi facilement que n'importe quel compte de forum ou de réseau social, puis vous ajoutez une somme d'argent au choix (via Paypal, Moneybookers, une carte de crédit ou même un virement), et vous décidez d'allouer une partie ou toute cette somme au mois en cours. Ensuite, vous cliquez sur les boutons Flattr des articles qui vous plaisent, ici ou ailleurs sur le web, et en fin de mois, le montant que vous avez choisi de donner est divisé par le nombre de clics, et l'argent se retrouve alors sur le compte Flattr du créateur de contenu.


Exemple chiffré : vous décidez d'allouer 5€ à Flattr pour le mois de décembre. Pendant tout le mois de décembre, vous cliquez sur dix boutons Flattr. À la fin du mois, Flattr retire 10% de frais de fonctionnement : il reste donc 4,5€ divisé par le nombre de clics. Chaque clic effectué rapporte donc 45 centimes à la personne qui a créé le contenu. En imaginant (pourquoi pas!) que vous avez cliqué sur dix de mes articles, et je recevrai, debut janvier, 4,5€ de votre part, via Flattr. Je peux alors utiliser cet argent pour moi-même "flatter" d'autres personnes, ou transférer l'argent sur mon compte bancaire.


Est-ce que ça marche? Question de point de vue. Non seulement la culture internet du "tout gratuit" n'incite pas au paiement (les exemples des paywalls et des abonnements de type Spotify pourraient faire changer la donne, mais cela reste à voir), mais en plus Flattr reste très méconnu en francophonie, contrairement à l'Allemagne, par exemple, où il est fortement développé. Les clics Flattr m'ont environ rapporté 30€ depuis un peu plus d'un an, et je tiens à systématiquement réinjecter au minimum la moitié de la somme qui m'est donnée, voire l'entièreté si elle est inférieure à 2€. Donc, ce n'est évidemment pas beaucoup d'argent, et cela ne couvre même pas les frais de fonctionnement de Music Box, mais cela reste très appréciable.


Depuis mon premier article sur le sujet, Flattr a ajouté deux fonctions utiles. Si (toujours par exemple, bien entendu) mon blog vous plaît, et que vous aimeriez le flatter tous les mois, il existe un système d'abonnement : il suffit de cliquer une fois puis une seconde sur un bouton Flattr (par exemple, celui dans la colonne de droite) pour vous abonner pour 3, 6 ou 12 mois : le clic se fera alors automatiquement, sans risque d'oubli de votre part. Ensuite, il est maintenant possible de donner un montant précis : vous voulez (toujours par ex... ok, on a compris) me donner, allez, 1707€, vous pouvez cliquer ici, faire la transaction, et attendre un remerciement humide et ému de ma part (voire un vieux cd promo en cadeau, j'en ai plein).


Je vous parle de tout cela maintenant, parce que mardi prochain, le 29 novembre, c'est la journée Paie un Bloggeur ("Pay a Blogger Day"). Vu qu'on a des journées pour littéralement n'importe quoi, de nos jours, pourquoi pas pour ça. L'idée est simple : si vous aimez ce que vous lisez, alors, pourquoi ne pas permettre au bloggeur de s'acheter un café, une place de concert, un abonnement mensuel à Spotify ou que sais-je encore (j'en profite pour édicter mes deux principes de base : l'argent récolté par Flattr sera toujours utilisé en rapport avec le site + il n'y aura JAMAIS de pub sur Music Box).


Donc, si jamais l'envie vous prend, n'hésitez pas à vous inscrire sur Flattr (outre Music Box, vous pouvez supporter des centaines de blogs, sites et organisations caritatives, en étant certain à 100% que l'argent, votre argent, arrive à bon port) et à donner un petit peu d'argent (comme vous avez pu voir, cela peut vraiment être un petit peu) aux blogs que vous lisez régulièrement.


Mais surtout, continuez à les lire, à nous lire. Merci.

mardi 22 novembre 2011

R.E.M. - Part Lies, Part Heart, Part Truth, Part Garbage 1982–2011

R.E.M., c'est donc fini. Jusqu'à l'inévitable réunion lucrative, disent déjà les plus cyniques. Peut-être, on verra bien. Mais là, maintenant, R.E.M. a tiré un trait sur trente ans de carrière à l'aide de cette compilation qui se veut, pour la première fois, complète. En effet, les précédentes compiles du quatuor devenu trio d'Athens, Georgia étaient éditées par l'un ou l'autre de leurs deux labels successifs, IRS et Warner. Part Lies ... relie les deux périodes, avec treize extraits IRS et vingt-sept Warner, dont trois inédits.


Forcément, on parle ici d'une compile grand public récapitulative d'une carrière qui a débuté en 1982. Elle se devait donc de reprendre leurs plus grands succès (oui, y compris Shiny Happy People) et se concentrer sur les périodes les plus fructueuses du groupe en termes de succès commercial. On aura donc beaucoup d'extraits de GreenOut of Time et Automatic for the People, mais nettement moins des albums post-1992, dira-t-on. Mais chaque album du groupe est représenté, et si l'on pourra facilement chicaner sur l'absence/présence de l'un ou l'autre morceau, le tracklist semble assez satisfaisant.


L'écoute de l'album, structuré chronologiquement, permet aisément de suivre l'évolution du groupe. Leurs débuts "college rock", où les paroles de Michael Stipe étaient alors absolument incompréhensibles. Leur arrivée chez Warner, et ensuite l'accumulation progressive de hits : Losing My Religion, Shiny Happy People, Everybody Hurts, Man on the Moon. Leur installation dans le rock contemporain comme un des plus gros groupes du monde, et la sortie régulière d'albums qui ne feront plus trop parler d'eux, jusqu'au très musclé Accelerate et le tout dernier, Collapse Into Now. C'est d'ailleurs une des idées préconçues les plus solides sur R.E.M : qu'ils ne font plus rien de bon depuis dix, quinze voire vingt ans. S'il est vrai qu'ils ont connu une période creuse en ce qui concerne la qualité de leurs albums, ils ont à chaque fois réussi à sortir quelques popsongs fantastiques lors de leur troisième décennie, comme le sous-estimé Leaving New York, Imitation of Life ou encore The Great Beyond et Bad Day. Mais on retiendra surtout de R.E.M. cette faculté de créer des atmosphères souvent fort particulières, sans (presque) jamais céder aux modes. L'étrange, inquiétant et méconnu New Adventures in Hi-Fi en est un parfait exemple.


On pourrait aisément parler de chacun des quarante morceaux présents ici, mais analyser R.E.M est aussi futile que tenter de déchiffrer les paroles de Gardening at Night. R.E.M. est incontestablement un des groupes rock les plus importants de l'histoire. Alors, est-ce qu'il a toujours mérité son statut? Est-ce qu'il est un des meilleurs groupes depuis que Les Paul a créé la guitare qui porte son nom? R.E.M. n'a jamais vraiment poussé les limites de la composition musicale, a connu quelques périodes creuses, mais restera toujours, au moins, un bien bon groupe rock. Ceci en est son anthologie. Libre à chacun de pousser la découverte ou l'approfondissement dans les quinze albums studio du groupe, où on trouvera, effectivement, un peu de déchet, mais beaucoup de coeur. Farewell.


Spotify : R.E.M. - Part Lies, Part Heart, Part Truth, Part Garbage 1982–2011

dimanche 6 novembre 2011

Manic Street Preachers - National Treasures : The Complete Singles

Une compilation des singles des Manic Street Preachers ne pouvait qu'être à l'image du groupe : imparfaite, excessive et passionnante. Imparfaite, parce que même si elle est censée être complète, elle ne l'est pas : les deux premiers singles (Suicide Alley et New Art Riot) sont absents, ainsi que deux doubles faces A (Repeat et PCP). Enfin, on ne pourra que regretter l'absence d'extraits du fabuleux Journal for Plague Lovers, mais vu qu'aucun single n'en était extrait, cela se justifie. Excessif, parce qu'on a quand même trente-huit morceaux (Charts UK : 33 consécutifs dans le top 40, dont deux n°1 et quinze top 10) dont huit provenant de la période entourant leur premier album, Generation Terrorists. La littérature racontant l'histoire très troublée du groupe est abondante, on se concentrera donc le plus possible sur la musique. C'est alors qu'on arrive au troisième adjectif : passionnante.


En vingt ans de carrière, il n'y a pas grand chose que les Manics n'ont pas fait. Citons en vrac : déclarer que le groupe se séparera après avoir vendu dix millions d'exemplaires de leur premier album (ni l'un ni l'autre ne se produira), sortir un des albums les plus intenses, sombres et inflexibles du rock contemporain (The Holy Bible) puis perdre (littéralement) un membre du groupe et sortir ensuite un autre album (Everything Must Go) qui leur offrira un succès populaire qui semblait inimaginable un an auparavant. Quoi d'autre? Suivre ce disque d'un autre dans la même veine, choper deux premières places des charts anglais puis partir à Cuba, jouer devant Castro et créer un album long, complexe et tellement inégal que comparé à Know Your EnemyBe Here Now serait du Minor Threat. Le suivre d'une collection de "pop élégiaque", de "Holy Bible pour quarantenaires" qui sera en fait un album embarrassant de maladresse. Et enfin, retrouver un succès commercial de nouveau perdu pour mieux l'enfouir dans un album sans singles, produit par Steve Albini et aussi claustrophobe que The Holy Bible, pour finalement revenir avec "une dernière tentative de communication de masse".


National Treasures suit chronologiquement ce chemin, des débuts surexcités et ambitieux imitant autant Guns 'N Roses (Slash 'n' Burn) que les Clash (You Love Us) avec une première perle : Motorcycle Emptiness, un des classiques du rock anglais des années 90. Le second album (Gold Against The Soul) verra le groupe canaliser ses ardeurs au format radio, en produisant quatre singles alliant qualités commerciales à un son sans trop de compromis, et surtout, aux paroles vraiment différentes de ce que la Britpop de l'époque pouvait fournir. So far so very good, mais le troisième album ne rentrera plus du tout dans le format radio. Ce qui fait que les trois singles extraits de The Holy Bible sont bien loin d'être ses meilleurs morceaux. De toute façon, l'album est une oeuvre majeure qui ne peut pas être réduite à ce qui est présent ici, même si Faster est toujours aussi efficace.


Richey James Edwards disparaît sur les rives de la Severn, et les Manic Street Preachers décrochent leur premier mégahit (le toujours poignant A Design for Life), et deviennent un gros groupe. Les huit singles des albums Everything Must Go et This Is My Truth Tell Me Yours reflètent cette époque, mais avec un certain panache : If You Tolerate This Your Children Will Be Next est sans doute le seul n°1 évoquant la guerre civile espagnole en citant Woody Guthrie, Tsunami raconte une histoire sordide de viols et meurtres sur une musique qui aurait donné un hit à REM alors que Kevin Carter est le dernier single du groupe porté par des paroles de Richey ("The elephant is so ugly / He sleeps his head machetes his bed / Kevin Carter kaffir loves forever"). Mais comme toujours dans l'histoire du groupe, une action crée une réaction : The Masses Against the Classes, single hors album explose à 200 à l'heure le classicisme de This is My Truth, et l'album suivant, Know Your Enemy, marque le début de la troisième (au moins) période de la carrière des Manics : celle où on doit séparer nous-même le grain de l'ivraie. Parce que même si KYE comprend son lot de bons morceaux, ils n'ont pas vraiment été choisis comme single, Let Robeson Sing étant le plus pénible du lot.


On sait donc quoi faire pour la suite : on ignorera Lifeblood (le groupe lui-même l'a ignoré dès sa sortie, en ne reprenant que deux singles), on se dira que Your Love Alone Is Not Enough est "juste" une fantastique chanson pop, on regrettera que Jackie Collins Existential Question Time ne soit jamais officiellement sorti comme single, et on finira par penser que pour un dixième album, Postcards from a Young Man n'est pas mauvais. Même si, une fois de plus, les singles choisis sont discutables, tout comme le choix de l'inédit obligatoire, une reprise dispensable de The The.Naturellement, on n'est pas en présence d'un véritable best of : les morceaux ont été froidement choisis sur un seul critère, qui n'est pas celui de la qualité. Cependant, un véritable best of des Manics serait nécessairement imparfait : comment choisir parmi trois cent morceaux? Au moins, ici, on a l'avantage de l'objectivité, même si un second album de "deep cuts" aurait pu être intéressant et complémentaire. National Treasures et ses impressionantes contradictions doit être une porte ouverte vers un des plus intéressants groupes contemporains. Et pour l'amour de ce que vous aimez le plus, allez écouter The Holy Bible et Journal for Plague Lovers.


Spotify : Manic Street Preachers - National Treasures