jeudi 30 juin 2005

Billy Corgan - TheFutureEmbrace

Cinq ans après la dissolution des Smashing Pumpkins, deux ans après le très moyen (pour être indulgent) Zwan, Billy Corgan sort son tout premier album solo, qui n’évite pas les clichés. Ceux de l’album solo (paroles introspectives, faiblesses des instruments différents de ceux joués habituellement, artiste nu en pochette et couverture) et ceux de Corgan lui-même (sa voix, même si elle semble parfois se transformer en Bee Gee, les licences orthographiques - Pretty Pretty STAR, thecameraeye, le titre de l’album - et les paroles pitoyables), ce qui fait de cet album un objet difficile à critiquer. D’autant que Corgan a effectué une promo remarquable, appelant publiquement les autres ex-membres des Pumpkins à se reformer.

Malgré tout cela, si on essaie d’écouter TFE plus ou moins objectivement, on trouve une collection assez hétérogène de morceaux vaguement shoegaze (des couches de guitares) et electro (synthés et boîtes à rythmes), avec parfois, quand on a de la chance, une mélodie (comme sur le très bon Mina Loy, miné par des paroles atroces). Billy Corgan invite Robert Smith sur une reprise des … Bee Gees (To Love Somebody), et s’essaie un peu plus loin à la comptine (Sorrow In Blue). Tout cela serait acceptable si le gros de l’album n’était pas fort artificiel, et assez semblable. Pas grand chose ne ressort d’un album qui tend à prouver que Corgan n’a plus grand chose à dire depuis longtemps, sans doute depuis Adore (dont se rapproche parfois TheFutureEmbrace, sans succès).

Même si les fans absolus de Corgan seront convaincus par le « génie absolu » du chauve de Chicago, les autres seront plus que dubitatifs, et le seront encore plus quand les Pumpkins se reformeront (parce que c’est pas avec cet album que Corgan va renflouer son compte en banque). Dommage, mais c’était prévisible.

The Magic Numbers - The Magic Numbers

The Magic Numbers ont réussi a créer un petit hype en Angleterre, grâce à leur single Forever Lost, et son clip d’animation l’accompagnant. Le clip est mignon, la chanson aussi, et l’album… aussi.

Composé de deux duos de frères et sœurs, le groupe se place à contre-courant des musiques actuelles, et s’inspire plutôt des Byrds, de Dylan, ou de Badly Drawn Boy. Ce qui n’est pas une mauvaise chose : leur premier album, éponyme, sonne frais, reposant, et tombe très bien dans cette insupportable chaleur bruxelloise…

Les morceaux sont principalement chantés par Romeo, nounours hirsute à la voix de souris, mais les deux musiciennes viennent aussi ajouter leurs voix agréables, histoire de varier les plaisirs et les rendre encore plus légers. Très doux, limite twee, un peu long quand même (les morceaux se ressemblent un peu trop), cet album reste très sympathique, d’autant plus qu’il n’obéit à aucune contrainte commerciale ou NMEienne. Mais je ne suis pas sûr qu’il se révélera intéressant après plusieurs écoutes, on verra, en attendant, détendons-nous intelligemment.

mercredi 29 juin 2005

The Magic Numbers - The Magic Numbers

The Magic Numbers ont réussi a créer un petit hype en Angleterre, grâce à leur single Forever Lost, et son clip d’animation l’accompagnant. Le clip est mignon, la chanson aussi, et l’album… aussi.

Composé de deux duos de frères et sœurs, le groupe se place à contre-courant des musiques actuelles, et s’inspire plutôt des Byrds, de Dylan, ou de Badly Drawn Boy. Ce qui n’est pas une mauvaise chose : leur premier album, éponyme, sonne frais, reposant, et tombe très bien dans cette insupportable chaleur bruxelloise…

Les morceaux sont principalement chantés par Romeo, nounours hirsute à la voix de souris, mais les deux musiciennes viennent aussi ajouter leurs voix agréables, histoire de varier les plaisirs et les rendre encore plus légers. Très doux, limite twee, un peu long quand même (les morceaux se ressemblent un peu trop), cet album reste très sympathique, d’autant plus qu’il n’obéit à aucune contrainte commerciale ou NMEienne. Mais je ne suis pas sûr qu’il se révélera intéressant après plusieurs écoutes, on verra, en attendant, détendons-nous intelligemment.

mardi 28 juin 2005

Nine Black Alps - Everything Is

Non, Nine Black Alps ne sont pas les nouveaux Nirvana, quoi qu’on dise. Mais il est évident que contrairement aux chéries de la nu new wave, ces jeunes mancuniens ont plus été influencés par le Seattle que par Duran Duran et Joy Division. En fait, j’ai du mal de me souvenir de l’arrivée d’un groupe aux guitares aussi puissantes, à la rythmique claquante tout en conservant des sensibilités pop depuis longtemps.

Ash ? Trop juvéniles, et pas assez impliqués. Idlewild ? Avant qu’ils ne deviennent R.E.M.

Malgré le fait qu’on ne peut pas dire que NBA sonne très original (comme on le verra par la suite), il est assez difficile de les situer dans le contexte rock actuel, et c’est sans doute leur plus grosse performance : réussir à produire un album hors de tout zeitgeist.

Shot Down ouvre l’album, et on se laisse de suite emporter par la voix traînant de Sam Forrest, comparable en intention, mais pas en ton, à celle de Kurt Cobain. Cosmopolitan ajoute un sens lyrique piquant, avant que Not Everyone ne défonce les oreilles de quiconque a eu la bonne idée d’écouter Everything Is.

Un des meilleurs singles de 2005, Not Everyone montre une harmonie des deux guitares assez impressionnante pour un groupe débutant, et un refrain assassin. Ce jeu de guitares très au point traverse l’album, dont le superbe Unsatisfied, qui ajoute une bonne dose d’émotion, bien portée vocalement. Le disque est coupé en deux pas une ballade, mais Behind Your Eyes est très jolie et ne sombre pas dans le cliché, surtout que la puissance sonore revient de suite avec l’immense Ironside et leur premier single, Shot Down. Le ton devient plus léger avec Just Friends, et l’album se conclut sur une note un peu moins mémorable, même si le feedback entourant Southern Cross est un symbole évident.

Nine Black Alps ne compte pas révolutionner le monde, et leur chanteur ne sortira sans doute pas avec Kate Moss. La fin de l’album déçoit par rapport aux huit premiers morceaux, mais c’était aussi le cas pour Bloc Party. Ceci dit, ils jouent avec leur cœur, en jouant la musique qu’ils veulent jouer, avec passion, et avec une fameuse dose de talent. Et quand on zappe mollement entre Bravery, Killers, Ordinary Boys et autres losers emmerdants, on se dit que 2005 est maintenant sauvé.

lundi 27 juin 2005

Nine Black Alps - Everything Is

Non, Nine Black Alps ne sont pas les nouveaux Nirvana, quoi qu’on dise. Mais il est évident que contrairement aux chéries de la nu new wave, ces jeunes mancuniens ont plus été influencés par le Seattle que par Duran Duran et Joy Division. En fait, j’ai du mal de me souvenir de l’arrivée d’un groupe aux guitares aussi puissantes, à la rythmique claquante tout en conservant des sensibilités pop depuis longtemps.

Ash ? Trop juvéniles, et pas assez impliqués. Idlewild ? Avant qu’ils ne deviennent R.E.M.

Malgré le fait qu’on ne peut pas dire que NBA sonne très original (comme on le verra par la suite), il est assez difficile de les situer dans le contexte rock actuel, et c’est sans doute leur plus grosse performance : réussir à produire un album hors de tout zeitgeist.

Shot Down ouvre l’album, et on se laisse de suite emporter par la voix traînant de Sam Forrest, comparable en intention, mais pas en ton, à celle de Kurt Cobain. Cosmopolitan ajoute un sens lyrique piquant, avant que Not Everyone ne défonce les oreilles de quiconque a eu la bonne idée d’écouter Everything Is.

Un des meilleurs singles de 2005, Not Everyone montre une harmonie des deux guitares assez impressionnante pour un groupe débutant, et un refrain assassin. Ce jeu de guitares très au point traverse l’album, dont le superbe Unsatisfied, qui ajoute une bonne dose d’émotion, bien portée vocalement. Le disque est coupé en deux pas une ballade, mais Behind Your Eyes est très jolie et ne sombre pas dans le cliché, surtout que la puissance sonore revient de suite avec l’immense Ironside et leur premier single, Shot Down. Le ton devient plus léger avec Just Friends, et l’album se conclut sur une note un peu moins mémorable, même si le feedback entourant Southern Cross est un symbole évident.

Nine Black Alps ne compte pas révolutionner le monde, et leur chanteur ne sortira sans doute pas avec Kate Moss. La fin de l’album déçoit par rapport aux huit premiers morceaux, mais c’était aussi le cas pour Bloc Party. Ceci dit, ils jouent avec leur cœur, en jouant la musique qu’ils veulent jouer, avec passion, et avec une fameuse dose de talent. Et quand on zappe mollement entre Bravery, Killers, Ordinary Boys et autres losers emmerdants, on se dit que 2005 est maintenant sauvé.

Foo Fighters - In Your Honour

Avec le temps, on tend à oublier le passé de Dave Grohl, et c’est une bonne chose, même s’il revient étrangement nous hanter quelques fois sur In Your Honour, cinquième album du groupe, et double en plus.

Évidemment, on trouve toujours du monde pour critiquer Grohl, que ce soit pour son projet metal Probot (où, comme pour le premier album des Foo Fighters, il joue de tous les instruments) ou pour son ubiquité : ces dernières années, il a joué de la batterie pour Queens of the Stone Age (avec tournée en plus), Garbage, Nine Inch Nails, et sûrement d’autres, tout en préparant ce double album mammouth. Dave crée des jalousies, c’est évident, et comme les deux derniers Foo Fighters n’était pas vraiment géniaux, on pouvait s’attendre à un gros backlash en cas d’échec artistique d’In Your Honour, avec ou sans u selon le pays de vente.

Donc, l’idée de IYH, c’est un cd de morceaux hard, et un second de chansons plus calmes, ce qui semble quand même assez foireux comme idée. Finalement, on se rend assez vite compte que c’est en fait pas bête, et ça évite le premier cd de retomber après quelques morceaux énergiques. Parce que de l’énergie, il y en a : In Your Honour, le premier morceau est très dur, commence sur un mur de guitares, une batterie dévastatrice (le groupe se paye quand même le luxe d’avoir un batteur extraordinaire comme chanteur, tout en conservant un batteur effectif remarquable, Taylor Hawkins), et la voix hurlante et graineuse de Dave : « Can you hear me / Hear me screaming ». Comme intro, on ne fait pas mieux, et le reste est souvent à l’avenant, on connaît le single Best of You, on peut rajouter le glam-rock DOA, No Way Out, aux accents vaguement Queenesques, ou Free Me, qui pourrait même faire penser à un ancien groupe de Grohl.

Ce mur du son sans pitié laisse quand même place aux mélodies, surtout sur The Last Song, un gros single potentiel ou Resolve. End Over End termine un disque apocalyptique, décoiffant et sans aucun doute la collection de morceaux la plus compacte jamais enregistrée par le groupe, et qui ne nous donne pas le temps de respirer une seconde.

Et c’est pour cela que le second disque a été conçu. Problème : le modèle même de l’album acoustique enregistré par un groupe heavy et sans concessions, c’est Nirvana Unplugged in New York… Il est impossible de ne pas faire la comparaison, dès le premier morceau, Still, beau mais triste, emmené par des superbes mélodies, et un Dave Grohl qui montre une grande versatilité dans son chant. Le ton du disque est donné, des couches discrètes de guitares et de cordes, qui donne une impression aigre-douce assez juste. De plus, Friend of a Friend a été écrit lorsque Grohl était encore chez Nirvana, et tout cela ajoute encore plus d’introspection à ces morceaux émotionnellement chargés. Norah Jones (si) allège un peu tout ça sur le jazzy Virginia Moon, mais des morceaux comme Miracle ou Cold Day In The Sun (chanté par Taylor) sont remarquables dans leur cadre.

In Your Honour n’est pas fait pour une écoute de bout en bout, évitant ainsi la malédiction du double album égocentrique (cf The Beatles, Mellon Collie And The Infinite Sadness, entres autres), et rien que pour cela, il mérite d’être recommandé. Il n’y avait pas de chemin facile pour le groupe : ils voulaient éviter l’alternance loud/quiet sur l’album, mais il fallait quand même avoir une dizaine de morceaux sur chaque disque, et 20 morceaux de même qualité, c’est presque mission impossible.

Le projet était ambitieux, et on peut le qualifier de réussi. In Your Honour remet sur groupe sur la bonne voie, et même si The Colour and the Shape reste sans doute leur meilleur album, les Foo Fighters se créent petit à petit un chemin, si pas vers la gloire, au moins vers la reconnaissance publique et professionnelle, est c’est amplement mérité. La grande question est, vu que In Your Honour pousse le concept FF à son paroxysme, où aller maintenant?

dimanche 26 juin 2005

Foo Fighters - In Your Honour

Avec le temps, on tend à oublier le passé de Dave Grohl, et c’est une bonne chose, même s’il revient étrangement nous hanter quelques fois sur In Your Honour, cinquième album du groupe, et double en plus.

Évidemment, on trouve toujours du monde pour critiquer Grohl, que ce soit pour son projet metal Probot (où, comme pour le premier album des Foo Fighters, il joue de tous les instruments) ou pour son ubiquité : ces dernières années, il a joué de la batterie pour Queens of the Stone Age (avec tournée en plus), Garbage, Nine Inch Nails, et sûrement d’autres, tout en préparant ce double album mammouth. Dave crée des jalousies, c’est évident, et comme les deux derniers Foo Fighters n’était pas vraiment géniaux, on pouvait s’attendre à un gros backlash en cas d’échec artistique d’In Your Honour, avec ou sans u selon le pays de vente.

Donc, l’idée de IYH, c’est un cd de morceaux hard, et un second de chansons plus calmes, ce qui semble quand même assez foireux comme idée. Finalement, on se rend assez vite compte que c’est en fait pas bête, et ça évite le premier cd de retomber après quelques morceaux énergiques. Parce que de l’énergie, il y en a : In Your Honour, le premier morceau est très dur, commence sur un mur de guitares, une batterie dévastatrice (le groupe se paye quand même le luxe d’avoir un batteur extraordinaire comme chanteur, tout en conservant un batteur effectif remarquable, Taylor Hawkins), et la voix hurlante et graineuse de Dave : « Can you hear me / Hear me screaming ». Comme intro, on ne fait pas mieux, et le reste est souvent à l’avenant, on connaît le single Best of You, on peut rajouter le glam-rock DOA, No Way Out, aux accents vaguement Queenesques, ou Free Me, qui pourrait même faire penser à un ancien groupe de Grohl.

Ce mur du son sans pitié laisse quand même place aux mélodies, surtout sur The Last Song, un gros single potentiel ou Resolve. End Over End termine un disque apocalyptique, décoiffant et sans aucun doute la collection de morceaux la plus compacte jamais enregistrée par le groupe, et qui ne nous donne pas le temps de respirer une seconde.

Et c’est pour cela que le second disque a été conçu. Problème : le modèle même de l’album acoustique enregistré par un groupe heavy et sans concessions, c’est Nirvana Unplugged in New York… Il est impossible de ne pas faire la comparaison, dès le premier morceau, Still, beau mais triste, emmené par des superbes mélodies, et un Dave Grohl qui montre une grande versatilité dans son chant. Le ton du disque est donné, des couches discrètes de guitares et de cordes, qui donne une impression aigre-douce assez juste. De plus, Friend of a Friend a été écrit lorsque Grohl était encore chez Nirvana, et tout cela ajoute encore plus d’introspection à ces morceaux émotionnellement chargés. Norah Jones (si) allège un peu tout ça sur le jazzy Virginia Moon, mais des morceaux comme Miracle ou Cold Day In The Sun (chanté par Taylor) sont remarquables dans leur cadre.

In Your Honour n’est pas fait pour une écoute de bout en bout, évitant ainsi la malédiction du double album égocentrique (cf The Beatles, Mellon Collie And The Infinite Sadness, entres autres), et rien que pour cela, il mérite d’être recommandé. Il n’y avait pas de chemin facile pour le groupe : ils voulaient éviter l’alternance loud/quiet sur l’album, mais il fallait quand même avoir une dizaine de morceaux sur chaque disque, et 20 morceaux de même qualité, c’est presque mission impossible.

Le projet était ambitieux, et on peut le qualifier de réussi. In Your Honour remet sur groupe sur la bonne voie, et même si The Colour and the Shape reste sans doute leur meilleur album, les Foo Fighters se créent petit à petit un chemin, si pas vers la gloire, au moins vers la reconnaissance publique et professionnelle, est c’est amplement mérité. La grande question est, vu que In Your Honour pousse le concept FF à son paroxysme, où aller maintenant?

mercredi 15 juin 2005

The Tears - The Tears

Derrière le nom un peu limite The Tears, on retrouve deux figures légendaires de la pop anglaise, Bernard Butler et Brett Anderson. Tous deux à l’origine de Suede (deux albums ensemble), ils se sont brouillés il y a une dizaine d’années, ce qui a forcé Butler à quitter le groupe. Suede a continué pendant trois albums (de moins en moins bons), Butler a sorti deux albums avec David McAlmond, et a produit le premier single des Libertines (What A Waster).

Leur réunion, comme celles (qui n’ont pas encore eu lieu) de Morrissey et Marr, de Ian Brown et John Squire était inévitable. Le résultat est cet album, sorti en tant qu’album de The Tears, mais on sait ce qu’il y a derrière, et on s’en rend très vite compte : quand Anderson chante « we’re two creatures on the run », on sait de qui il s’agit. Here Come The Tears réussit le challenge de sonner comme Suede, sans jamais vraiment y ressembler : Anderson ne change pas sa manière de chanter, ni son vocabulaire, fait de « cigarette smoke », de « polystyrene » et de « neon lights » : on n’est pas surpris, mais on ne voulait pas l’être non plus. Butler est plus discret qu’à l’époque glorieuse de Dog Man Star, mais ses arrangements font souvent mouche. L’album est assez hit-and-miss, mais on retrouve suffisamment de bons morceaux pour qu’on soit rassuré quand au potentiel créatif des deux hommes. Here Come The Tears n’est donc pas parfait, loin de là (quelques longueurs, et trop peu de morceaux accrocheurs), mais on doit le considérer comme un premier album.

Pas vraiment Suede, pas vraiment un nouveau groupe, The Tears mérite d’aller plus loin, pour qu’on puisse voir comment Brett et Bernard peuvent encore évoluer.

mardi 14 juin 2005

The Tears - The Tears

Derrière le nom un peu limite The Tears, on retrouve deux figures légendaires de la pop anglaise, Bernard Butler et Brett Anderson. Tous deux à l’origine de Suede (deux albums ensemble), ils se sont brouillés il y a une dizaine d’années, ce qui a forcé Butler à quitter le groupe. Suede a continué pendant trois albums (de moins en moins bons), Butler a sorti deux albums avec David McAlmond, et a produit le premier single des Libertines (What A Waster).

Leur réunion, comme celles (qui n’ont pas encore eu lieu) de Morrissey et Marr, de Ian Brown et John Squire était inévitable. Le résultat est cet album, sorti en tant qu’album de The Tears, mais on sait ce qu’il y a derrière, et on s’en rend très vite compte : quand Anderson chante « we’re two creatures on the run », on sait de qui il s’agit. Here Come The Tears réussit le challenge de sonner comme Suede, sans jamais vraiment y ressembler : Anderson ne change pas sa manière de chanter, ni son vocabulaire, fait de « cigarette smoke », de « polystyrene » et de « neon lights » : on n’est pas surpris, mais on ne voulait pas l’être non plus. Butler est plus discret qu’à l’époque glorieuse de Dog Man Star, mais ses arrangements font souvent mouche. L’album est assez hit-and-miss, mais on retrouve suffisamment de bons morceaux pour qu’on soit rassuré quand au potentiel créatif des deux hommes. Here Come The Tears n’est donc pas parfait, loin de là (quelques longueurs, et trop peu de morceaux accrocheurs), mais on doit le considérer comme un premier album.

Pas vraiment Suede, pas vraiment un nouveau groupe, The Tears mérite d’aller plus loin, pour qu’on puisse voir comment Brett et Bernard peuvent encore évoluer.

Coldplay - X&Y

Évidemment, X&Y va se vendre par camions, encore plus que les précédents. D’ici quelques années, voire quelque mois, Coldplay va remplir des stades de par le monde, exactement comme U2 maintenant. Chris Martin est devenu une personne universellement connue, et qui utilise sa notoriété pour des fins apparemment non-lucratives. Tout ça n’est pas à la portée du premier groupe venu, mais très honnêtement, est-ce que Coldplay le vaut vraiment ?

Au risque d’attirer encore plus de commentaires négatifs, autant le dire tout de suite : X&Y est détestable. Chaque seconde de l’album est formatée pour rentrer insidieusement dans chaque ménage, pour combler chaque membre de la famille, quelque soient ses intérêts. En résumé : les paroles sont atroces, suffisamment générales pour être comprises par tout le monde, et considérées comme *universelles* (pensez Noel Gallagher, avec en plus terribles batailles existentielles, genre qui suis-je, ou vais-je, et est-ce cette pomme est bio ou pas ?), la musique est à tout casser quelconque, entre gros son d’orchestre et ballades acoustiques qui feront pleurer les ados après un chagrin d’amour, et les fans de je ne sais quelle équipe de foot après une nouvelle défaite.

Jonny Buckland, le guitariste, réussit une imitation absolument splendide de The Edge, on a rarement vu l’effet de délai autant abusé dans un album non parodique. Quant à Mr Gwyneth Paltrow, on ne peut pas dire qu’il chante mal, mais bon, il chante, c’est tout. Les quelques rares bonnes idées de l’album sont noyées dans le grand-guignol sous-spectorien (le riff de Talk recyclé du Computer Love de Kraftwerk par exemple), et les morceaux sont bien trop longs (Low commence bien, mais perd très vite son fil). En fait, l’album est calibré et arrangé entre morceaux vaguement enlevés et ballades mielleuses, histoire de varier un peu les singles (pronostic : What if et White Shadows en seront, même si l’album regorge de singles potentiels)

X&Y arrive magistralement à prouver que Coldplay occupe une place importante : celle du groupe sans âme (pourtant, le premier album, Parachutes, n’était pas mal, et A Rush of Blood To The Head avait ses bons moments), qui sort des disques destinés à ceux qui n’aiment pas la musique, et qui suivent la masse, dans un stade de foot, sur eBay, et à Rock Werchter. Au moins, U2 avait quand même sorti quelques bons albums avant de tourner en parodie, Coldplay n’aura même pas tenu plus de deux albums.

lundi 13 juin 2005

Coldplay - X&Y

Évidemment, X&Y va se vendre par camions, encore plus que les précédents. D’ici quelques années, voire quelque mois, Coldplay va remplir des stades de par le monde, exactement comme U2 maintenant. Chris Martin est devenu une personne universellement connue, et qui utilise sa notoriété pour des fins apparemment non-lucratives. Tout ça n’est pas à la portée du premier groupe venu, mais très honnêtement, est-ce que Coldplay le vaut vraiment ?

Au risque d’attirer encore plus de commentaires négatifs, autant le dire tout de suite : X&Y est détestable. Chaque seconde de l’album est formatée pour rentrer insidieusement dans chaque ménage, pour combler chaque membre de la famille, quelque soient ses intérêts. En résumé : les paroles sont atroces, suffisamment générales pour être comprises par tout le monde, et considérées comme *universelles* (pensez Noel Gallagher, avec en plus terribles batailles existentielles, genre qui suis-je, ou vais-je, et est-ce cette pomme est bio ou pas ?), la musique est à tout casser quelconque, entre gros son d’orchestre et ballades acoustiques qui feront pleurer les ados après un chagrin d’amour, et les fans de je ne sais quelle équipe de foot après une nouvelle défaite.

Jonny Buckland, le guitariste, réussit une imitation absolument splendide de The Edge, on a rarement vu l’effet de délai autant abusé dans un album non parodique. Quant à Mr Gwyneth Paltrow, on ne peut pas dire qu’il chante mal, mais bon, il chante, c’est tout. Les quelques rares bonnes idées de l’album sont noyées dans le grand-guignol sous-spectorien (le riff de Talk recyclé du Computer Love de Kraftwerk par exemple), et les morceaux sont bien trop longs (Low commence bien, mais perd très vite son fil). En fait, l’album est calibré et arrangé entre morceaux vaguement enlevés et ballades mielleuses, histoire de varier un peu les singles (pronostic : What if et White Shadows en seront, même si l’album regorge de singles potentiels)

X&Y arrive magistralement à prouver que Coldplay occupe une place importante : celle du groupe sans âme (pourtant, le premier album, Parachutes, n’était pas mal, et A Rush of Blood To The Head avait ses bons moments), qui sort des disques destinés à ceux qui n’aiment pas la musique, et qui suivent la masse, dans un stade de foot, sur eBay, et à Rock Werchter. Au moins, U2 avait quand même sorti quelques bons albums avant de tourner en parodie, Coldplay n’aura même pas tenu plus de deux albums.

The White Stripes - Get Behind Me Satan

C'est déjà le cinquième album pour le duo de Detroit, ex-mari et femme mais frère et soeur pour la version officielle. Fait est difficile à croire quand on sait que le public plus ou moins averti n'a entendu parler du groupe qu'au troisième alors qu'il a fallu attendre un des gros singles de 2003 (Seven Nation Army) pour que les Stripes deviennent un nom relativement familier. Mais le duo existe depuis 1999, distillant un blues-rock-garage intéressant, et allant crescendo en qualité avec chaque album (White Stripes - De Stijl - White Blood Cells), du moins jusque Elephant, sans doute trop peu achevé (mais restant tout à fait valable).

La plus grande particularité musicale du groupe est son minimalisme : en quatre albums, le groupe n'a utilisé que trois instruments différents : la batterie très sommaire de Meg White, une guitare bluesy abrasive et quelques touches de piano pour Jack White. Et c'est tout. Get Behind Me Satan sera donc connu comme l'album qui a ajouté de la variété au groupe : moins de guitares (seuls trois morceaux sont électrisés), plus de piano, de la basse, du marimba et encore d'autres instruments assez mystérieux de prime abord. Le premier single, Blue Orchid, est complètement à l'opposé du reste de l'album, on dirait presque Electric Six (en plus préhistorique). Le reste est plus acoustique, réservant quelques surprises (My Doorbell est limite Michael Jackson, période noire), des morceaux plus habituels (le country Little Ghost, le plus-blues-que-ça-on-ressort-Robert-Johnson Instant Blues) et malheureusement des longueurs (Ugly As I Seem). En fait, on ne retrouve que peu le groupe allumé qu'on connaissait, et alors qu'on râlait du manque de variété musicale du duo, on se rend compte que leur moins bon album est aussi le plus varié.

La question principale est donc, est-ce un album de transition ou est-ce que le groupe va bientôt revenir à ses premières, et habituelles, amours? On le verra assez vite, en attendant, GBMS n'est pas vraiment génial, et souffre en outre de leur précipitation : une semaine pour enregistrer un album, passe encore avec deux instruments, mais quand on a un but plus ambitieux, il faut aussi se donner les moyens. Elephant avait déjà un peu déçu, Get Behind Me Satan (chouette titre, ceci dit) enfonce le clou tout en évitant habilement la question qui fâche : The White Stripes, vrai blues ou pas?

dimanche 12 juin 2005

The White Stripes - Get Behind Me Satan

C'est déjà le cinquième album pour le duo de Detroit, ex-mari et femme mais frère et soeur pour la version officielle. Fait est difficile à croire quand on sait que le public plus ou moins averti n'a entendu parler du groupe qu'au troisième alors qu'il a fallu attendre un des gros singles de 2003 (Seven Nation Army) pour que les Stripes deviennent un nom relativement familier. Mais le duo existe depuis 1999, distillant un blues-rock-garage intéressant, et allant crescendo en qualité avec chaque album (White Stripes - De Stijl - White Blood Cells), du moins jusque Elephant, sans doute trop peu achevé (mais restant tout à fait valable).

La plus grande particularité musicale du groupe est son minimalisme : en quatre albums, le groupe n'a utilisé que trois instruments différents : la batterie très sommaire de Meg White, une guitare bluesy abrasive et quelques touches de piano pour Jack White. Et c'est tout. Get Behind Me Satan sera donc connu comme l'album qui a ajouté de la variété au groupe : moins de guitares (seuls trois morceaux sont électrisés), plus de piano, de la basse, du marimba et encore d'autres instruments assez mystérieux de prime abord. Le premier single, Blue Orchid, est complètement à l'opposé du reste de l'album, on dirait presque Electric Six (en plus préhistorique). Le reste est plus acoustique, réservant quelques surprises (My Doorbell est limite Michael Jackson, période noire), des morceaux plus habituels (le country Little Ghost, le plus-blues-que-ça-on-ressort-Robert-Johnson Instant Blues) et malheureusement des longueurs (Ugly As I Seem). En fait, on ne retrouve que peu le groupe allumé qu'on connaissait, et alors qu'on râlait du manque de variété musicale du duo, on se rend compte que leur moins bon album est aussi le plus varié.

La question principale est donc, est-ce un album de transition ou est-ce que le groupe va bientôt revenir à ses premières, et habituelles, amours? On le verra assez vite, en attendant, GBMS n'est pas vraiment génial, et souffre en outre de leur précipitation : une semaine pour enregistrer un album, passe encore avec deux instruments, mais quand on a un but plus ambitieux, il faut aussi se donner les moyens. Elephant avait déjà un peu déçu, Get Behind Me Satan (chouette titre, ceci dit) enfonce le clou tout en évitant habilement la question qui fâche : The White Stripes, vrai blues ou pas?

mardi 7 juin 2005

Art Brut - Bang Bang Rock'n Roll

Il a fallu un certain temps, mais Art Brut sort enfin son premier album, après les singles Modern Art et Formed a Band, qui ont donné le ton : musique post-punk assez zeitgeist, mais transcendé par le chanteur Eddie Argos. Enfin, chanteur, c'est beaucoup dire, entre slogans criés et spoken word, Argos distille les paroles les plus marrantes entendues depuis la regrettable implosion de Mclusky. Quasi chaque phrase de l'album est mémorable, on retiendra "We're gonna write the song that will make Israel and Palestine get along", Formed a Band ; et Rusted Guns of Milan, le meilleur morceau écrit sur la perte d'érection depuis Soft de Kings of Leon ("We’re gonna try one more time, with me, on top ..."). L'album est sauvé grâce à ça, mais musicalement, ce n'est évidemment pas nouveau, et il est d'ailleurs temps que ça s'arrête, ce revival... Mais le tout reste éminemment écoutable, et on pourrait même essayer de danser dessus, après avoir descendu quelques verres/rails/autres. Ceci dit, Art Brut doit encore être plus intéressant en live, m'en vais voir s'ils n'auraient pas l'excellente idée de venir au Pukkelpop. En attendant, je conseille au moins une écoute de Bang Bang Rock N Roll, après je ne garantis plus rien...

lundi 6 juin 2005

Art Brut - Bang Bang Rock'n Roll

Il a fallu un certain temps, mais Art Brut sort enfin son premier album, après les singles Modern Art et Formed a Band, qui ont donné le ton : musique post-punk assez zeitgeist, mais transcendé par le chanteur Eddie Argos. Enfin, chanteur, c'est beaucoup dire, entre slogans criés et spoken word, Argos distille les paroles les plus marrantes entendues depuis la regrettable implosion de Mclusky. Quasi chaque phrase de l'album est mémorable, on retiendra "We're gonna write the song that will make Israel and Palestine get along", Formed a Band ; et Rusted Guns of Milan, le meilleur morceau écrit sur la perte d'érection depuis Soft de Kings of Leon ("We’re gonna try one more time, with me, on top ..."). L'album est sauvé grâce à ça, mais musicalement, ce n'est évidemment pas nouveau, et il est d'ailleurs temps que ça s'arrête, ce revival... Mais le tout reste éminemment écoutable, et on pourrait même essayer de danser dessus, après avoir descendu quelques verres/rails/autres. Ceci dit, Art Brut doit encore être plus intéressant en live, m'en vais voir s'ils n'auraient pas l'excellente idée de venir au Pukkelpop. En attendant, je conseille au moins une écoute de Bang Bang Rock N Roll, après je ne garantis plus rien...

The Coral - The Invisible Invasion

C'est assez difficile à croire quand on y pense, mais The Invisible Invasion est déja le quatrième album de The Coral, qui semble devoir vivre éternellement avec le souvenir de leur hit Dreaming of You. Ce qui n'est jamais facile, évidemment : leur troisième album, Nightfreaks and The Sons of Becker, comprenait son lot d'excellent morceaux (comme l'hypnotique Grey Harpoon) mais pas assez de cohérence. Le groupe a donc pris plus de temps, et engagé une partie de Portishead pour produire un album important, qui va (ou pas) sortir le groupe de cette image de one-hit wonder psyché.

Et TII n'y réussit qu'à moitié. L'album est assez varié, et les influences plus larges que d'habitude, un peu de Byrds, pas mal d'Inspiral Carpets, et (quand même) toujours de l'Echo and The Bunnymen. Malheureusement, les morceaux sont une fois de plus trop peu constants, pour un superbe She Sings The Mourning, on a un médiocre Far From the Crowd, et le splendide Arabian Sands arrive trop tard (avant-dernier morceau) pour être vraiment efficace. Musicalement, les forces et faiblesses du groupe sont toujours remarquables : 350 instruments en même temps, sans tomber dans la dérive, un chanteur attachant, certes (James Skelly), mais qui ne sait quand même pas trop chanter. Ce qui n'a jamais arrêté personne, mais à certains moments, Skelly devrait se rendre compte de ses limites, et se concentrer sur ses paroles toujours aussi dingues. En somme, TII est un album très décent, mais comme quatrième album, c'est assez limite, et on préférera retourner aux meilleurs moments de The Coral et Magic and Medicine.

dimanche 5 juin 2005

The Coral - The Invisible Invasion

C'est assez difficile à croire quand on y pense, mais The Invisible Invasion est déja le quatrième album de The Coral, qui semble devoir vivre éternellement avec le souvenir de leur hit Dreaming of You. Ce qui n'est jamais facile, évidemment : leur troisième album, Nightfreaks and The Sons of Becker, comprenait son lot d'excellent morceaux (comme l'hypnotique Grey Harpoon) mais pas assez de cohérence. Le groupe a donc pris plus de temps, et engagé une partie de Portishead pour produire un album important, qui va (ou pas) sortir le groupe de cette image de one-hit wonder psyché.

Et TII n'y réussit qu'à moitié. L'album est assez varié, et les influences plus larges que d'habitude, un peu de Byrds, pas mal d'Inspiral Carpets, et (quand même) toujours de l'Echo and The Bunnymen. Malheureusement, les morceaux sont une fois de plus trop peu constants, pour un superbe She Sings The Mourning, on a un médiocre Far From the Crowd, et le splendide Arabian Sands arrive trop tard (avant-dernier morceau) pour être vraiment efficace. Musicalement, les forces et faiblesses du groupe sont toujours remarquables : 350 instruments en même temps, sans tomber dans la dérive, un chanteur attachant, certes (James Skelly), mais qui ne sait quand même pas trop chanter. Ce qui n'a jamais arrêté personne, mais à certains moments, Skelly devrait se rendre compte de ses limites, et se concentrer sur ses paroles toujours aussi dingues. En somme, TII est un album très décent, mais comme quatrième album, c'est assez limite, et on préférera retourner aux meilleurs moments de The Coral et Magic and Medicine.