jeudi 25 décembre 2008

Times New Viking - Rip It Off

2009, l'année de la production pourrie. Les crimes contre l'humanité commis par Rick Rubin et Metallica (victimes consentantes et confirmées en interview) ont fait beaucoup parler d'eux dans le mauvais sens, alors que les très lo-fi No Age et Times New Viking se retrouvent dans toutes les listes indie de fin d'année. Avec quelques semaines/mois de retard, je m'attaque donc à Times New Viking qui allient mélodies assez catchy à un mur sonore totalement radio-unfriendly.

Le shoegaze, Jesus & Mary Chain, My Bloody Valentine, Raveonettes, Vivian Girls (bientôt sur MB) c'est bien, mais parfois, point trop n'en faut. Ici, ce n'est même plus de la lo-fi, mais de la no-fi. Tout a été fait pour pourrir l'enregistrement le plus possible, surtout sur les voix, souvent ultradéformées au point d'être totalement incompréhensibles. Ce n'est pas mauvais pour autant : un groupe sans concession mérite le respect, surtout quand, finalement, les morceaux sont bien foutus, mélodies classiques dans une esthétique grungy à mort. TNV connaît les limites de son oeuvre, et un seul morceau dépasse les trois minutes, tandis que dix autres ne font pas plus de deux minutes. Grâce à cela, Rip It Off le bien nommé reste appréciable, mais Times New Viking devra faire attention, et commencer un jour à regarder autre chose que leur propre nombril, pour être poli.

Rip It Off reste intéressant, mais assez loin de la dithyrambe pitchforkiste de cette fin 2009. Mais on a entendu bien pire aussi.

Times New Viking - Rip It Off

2009, l'année de la production pourrie. Les crimes contre l'humanité commis par Rick Rubin et Metallica (victimes consentantes et confirmées en interview) ont fait beaucoup parler d'eux dans le mauvais sens, alors que les très lo-fi No Age et Times New Viking se retrouvent dans toutes les listes indie de fin d'année. Avec quelques semaines/mois de retard, je m'attaque donc à Times New Viking qui allient mélodies assez catchy à un mur sonore totalement radio-unfriendly.

Le shoegaze, Jesus & Mary Chain, My Bloody Valentine, Raveonettes, Vivian Girls (bientôt sur MB) c'est bien, mais parfois, point trop n'en faut. Ici, ce n'est même plus de la lo-fi, mais de la no-fi. Tout a été fait pour pourrir l'enregistrement le plus possible, surtout sur les voix, souvent ultradéformées au point d'être totalement incompréhensibles. Ce n'est pas mauvais pour autant : un groupe sans concession mérite le respect, surtout quand, finalement, les morceaux sont bien foutus, mélodies classiques dans une esthétique grungy à mort. TNV connaît les limites de son oeuvre, et un seul morceau dépasse les trois minutes, tandis que dix autres ne font pas plus de deux minutes. Grâce à cela, Rip It Off le bien nommé reste appréciable, mais Times New Viking devra faire attention, et commencer un jour à regarder autre chose que leur propre nombril, pour être poli.

Rip It Off reste intéressant, mais assez loin de la dithyrambe pitchforkiste de cette fin 2009. Mais on a entendu bien pire aussi.

vendredi 12 décembre 2008

Kanye West - 808s & Heartbreak

Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de parler de "musique urbaine", pour diverses raisons dont, clairement, un certain manque d'intérêt. Mais Kanye West, c'est un personnage. Je n'ai quasi jamais entendu son oeuvre (le manque d'intérêt mentionné plus le fait que je n'écoute jamais la radio, et encore moins les chaînes musicales qui, d'ailleurs, ne diffusent plus vraiment de musique), mais il me fait marrer, quand il insulte George Bush en live, et qu'il monte sur scène aux MTV Awards réclamant un prix qu'il n'a pas gagné. Bref, le type même de tête à claque qu'on adore démonter. Et quand j'apprends que le roi du bling bling sort un album minimaliste, inspiré par une rupture sentimentale et la mort accidentelle de sa mère (dont Kanye se dit responsable, c'est sa vie clinquaillante qui l'aurait poussée à faire une opération de chirurgie esthétique qui lui fut fatale), et sur lequel Kanye ne rappe pas mais chante à travers un auto-tune, je ne pouvais décemment pas passer à côté.

L'auto-tune, tiens, parlons-en. Vous vous rappelez peut-être de Roger Troutman, qui avait popularisé l'usage du vocoder, "instrument" déformant de manière marrante les voix. Troutman avait été repris dans le tube mondial de Tupac Shakur, California Love. L'auto-tune part sur les mêmes bases, mais est en fait (d'où son nom) un programme permettant aux chanteurs de chanter juste, moyennant quelques modifications légères de la voix. Le chasseur d'ours de Metallica, James Hetfield, en a usé et abusé pour Death Magnetic : sans cela, Lars Ulrich arait sans doute du chanter. Mais l'auto-tune a surtout été détourné par quelques rappeurs/RnBistes US, dont le plus fameux est T-Pain. Trafiquer les réglages de l'auto-tune permet d'obtenir un effet semblable au vocoder, et donc un élement de novelty dans certains morceaux. Eh bien, West fait ça durant tout l'album. Tout l'album. Déjà, le type chante mal, et pourquoi pas, ce n'est pas trop son job. Mais là, non seulement ça n'arrange rien, mais c'est en plus totalement ridicule. Il aurait chanté gonflé à l'hélium, ça n'aurait pas été pire. Et comme en plus, il écrit très mal, alignant les rimes faciles comme un Tim Wheeler prépubère, on ne demande qu'à le voir retourner au rap, ou à prendre plus de guests.

Et à part ça? 808s and Heartbreak est très minimaliste niveau production, avec beaucoup de morceaux midtempo. Kanye semble sincère, quand il se rend compte que ses amis ont des gosses, alors qu'il n'a que des grosses bagnoles (Welcome to Heartbreak). Mais il retombe dans l'excès lors de plusieurs morceaux imbécilement sexistes (Robocop, ou Love Lockdown :"I can't keep myself and still keep you too", pas changé tant que ça, hmm, Kanye?) et une longueur lassante : une heure de logorrhée auto-tunée, non, quoi. Le pire est pour la fin, un freestyle live à Singapour qui devait être une pause pipi parfaite. Heureusement on peut en ressortir quelques beats ravageurs (Paranoid), et une production froide et efficace, hélas dominée par un grand sentiment d'ennui.

Certains critiques US, toujours premiers sur la balle, ont parlé de cet album comme le Kid A de Kanye : un album difficile, mais reconnu comme terriblement novateur. Certaines personnes n'ont pas aimé Kid A, c'est vrai, mais je ne sais pas comment il pourrait être possible de ne pas trouver 808s chiantissime. Alors, s'il s'agit vraiment d'un album catarthique (et pas seulement un gros caprice de gosse pourri), Kanye aurait sans doute du le garder privé. Hélas, la "voix de sa génération" pense que le monde est sa vie privée, ou inversément. Pendant ce temps, le monde soupire, et pense à autre chose.

Kanye West - 808s & Heartbreak

Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de parler de "musique urbaine", pour diverses raisons dont, clairement, un certain manque d'intérêt. Mais Kanye West, c'est un personnage. Je n'ai quasi jamais entendu son oeuvre (le manque d'intérêt mentionné plus le fait que je n'écoute jamais la radio, et encore moins les chaînes musicales qui, d'ailleurs, ne diffusent plus vraiment de musique), mais il me fait marrer, quand il insulte George Bush en live, et qu'il monte sur scène aux MTV Awards réclamant un prix qu'il n'a pas gagné. Bref, le type même de tête à claque qu'on adore démonter. Et quand j'apprends que le roi du bling bling sort un album minimaliste, inspiré par une rupture sentimentale et la mort accidentelle de sa mère (dont Kanye se dit responsable, c'est sa vie clinquaillante qui l'aurait poussée à faire une opération de chirurgie esthétique qui lui fut fatale), et sur lequel Kanye ne rappe pas mais chante à travers un auto-tune, je ne pouvais décemment pas passer à côté.

L'auto-tune, tiens, parlons-en. Vous vous rappelez peut-être de Roger Troutman, qui avait popularisé l'usage du vocoder, "instrument" déformant de manière marrante les voix. Troutman avait été repris dans le tube mondial de Tupac Shakur, California Love. L'auto-tune part sur les mêmes bases, mais est en fait (d'où son nom) un programme permettant aux chanteurs de chanter juste, moyennant quelques modifications légères de la voix. Le chasseur d'ours de Metallica, James Hetfield, en a usé et abusé pour Death Magnetic : sans cela, Lars Ulrich arait sans doute du chanter. Mais l'auto-tune a surtout été détourné par quelques rappeurs/RnBistes US, dont le plus fameux est T-Pain. Trafiquer les réglages de l'auto-tune permet d'obtenir un effet semblable au vocoder, et donc un élement de novelty dans certains morceaux. Eh bien, West fait ça durant tout l'album. Tout l'album. Déjà, le type chante mal, et pourquoi pas, ce n'est pas trop son job. Mais là, non seulement ça n'arrange rien, mais c'est en plus totalement ridicule. Il aurait chanté gonflé à l'hélium, ça n'aurait pas été pire. Et comme en plus, il écrit très mal, alignant les rimes faciles comme un Tim Wheeler prépubère, on ne demande qu'à le voir retourner au rap, ou à prendre plus de guests.

Et à part ça? 808s and Heartbreak est très minimaliste niveau production, avec beaucoup de morceaux midtempo. Kanye semble sincère, quand il se rend compte que ses amis ont des gosses, alors qu'il n'a que des grosses bagnoles (Welcome to Heartbreak). Mais il retombe dans l'excès lors de plusieurs morceaux imbécilement sexistes (Robocop, ou Love Lockdown :"I can't keep myself and still keep you too", pas changé tant que ça, hmm, Kanye?) et une longueur lassante : une heure de logorrhée auto-tunée, non, quoi. Le pire est pour la fin, un freestyle live à Singapour qui devait être une pause pipi parfaite. Heureusement on peut en ressortir quelques beats ravageurs (Paranoid), et une production froide et efficace, hélas dominée par un grand sentiment d'ennui.

Certains critiques US, toujours premiers sur la balle, ont parlé de cet album comme le Kid A de Kanye : un album difficile, mais reconnu comme terriblement novateur. Certaines personnes n'ont pas aimé Kid A, c'est vrai, mais je ne sais pas comment il pourrait être possible de ne pas trouver 808s chiantissime. Alors, s'il s'agit vraiment d'un album catarthique (et pas seulement un gros caprice de gosse pourri), Kanye aurait sans doute du le garder privé. Hélas, la "voix de sa génération" pense que le monde est sa vie privée, ou inversément. Pendant ce temps, le monde soupire, et pense à autre chose.

dimanche 7 décembre 2008

The Raveonettes - 4 EPs

J'aime bien les Extended Plays, ces « disques » d'entre deux albums, mais qui ne sont pas nécessairement construits autour d'un morceau. Et j'aime bien The Raveonettes, dont Lust Lust Lust était un de mes préférés de 2007. J''ai donc été ravi d'apprendre que le duo danois allait en sortir quatre en autant de mois, fin 2008. Le premier est une collection de quatre remixes de Lust Lust Lust, mais je ne m'intéresserai ici qu'aux trois EP d'originaux, même si on peut y trouver quelques sons intéressants.

Sometimes They Drop By est présenté comme étant uniquement électro, et s'ouvre effectivement sur un déluge sonore synthétique. La guitare de Sune Rose Wagner a tellement l'habitude d'être maltraitée par des pédales d'effets elles-même martyrisées qu'il n'y a pas tant de différence, même si certains morceaux, comme Blood Red Leis sont nettement plus dansants que d'habitude. On le ferait volontiers passer dans une soirée new/no/postwave, son beat entêtant ferait des ravages, avant, évidemment, que le feedback ne fasse son entrée. Les voix, par contre, sont toujours aussi posées et deadpan. Ce virage électro est une chouette déviation de leur norme parfois un peu contraignante, et s'applique parfaitement au concept EP, ni trop court, ni trop long. On pourrait quand même regretter qu'ils n'ont pas vraiment été au bout de leurs idées, Sometimes They Drop By est simplement Raveonettes + synthés, alors que Vintage Future comporte quand même une guitare.

Beauty Dies, le numéro trois, a un titre typiquement Raveonettes et revient à une logique plus basique, même si on retrouve quand même un peu d'electro. Tant mieux, rien de plus emmerdant que les étiquettes contraignantes. Young And Beautiful est carrément un des meilleurs morceaux du groupe. Gardant les influences shoegaze qu'on leur connaît, il s'en affranchit notamment en accélérant le tempo. Sharin Foo fait sa Sharin Foo, et c'est fantastique comme ça. Black/White est emmené par une basse motown, prouvant une fois de plus que Wagner et Foo mélangent les influences, les époques pour en faire leur propre genre. The Thief commence par un déferlement de percussion et de piano, montrant que le duo n'a pas de limites dans son imagination, contrairement à ce qu'on aurait pu croire. La prochaine fois, ils sont capable de sortir un album entièrement acoustique, et encore le réussir.

Enfin, le quatrième et dernier EP est de saison, puisque Wishing You A Rave Christmas est évidemment composé de quatre morceaux de Noël, à la sauce Raveonettes. On parle donc de neige et de sapin mais aussi de sous-entendus (on parle quand même d'un groupe qui chantait, il y a quelques années, « My girl is a little animal, she always wants to fuck »). Sympa, parfois dispensable mais ça fera un excellent effet lors de votre repas en famille. Et une bonne idée de soundtrack si le prochain Sofia Coppola se passe en hiver.

Après quatre albums et autant d'EPs, le duo danois n'est plus une surprise, mais simplement un des meilleurs groupes de pop avant-gardiste contemporaine. Il faut parfois faire des efforts et passer outre l'exercice de style, mais le jeu en vaut largement la chandelle.

The Raveonettes - 4 EPs

J'aime bien les Extended Plays, ces « disques » d'entre deux albums, mais qui ne sont pas nécessairement construits autour d'un morceau. Et j'aime bien The Raveonettes, dont Lust Lust Lust était un de mes préférés de 2007. J''ai donc été ravi d'apprendre que le duo danois allait en sortir quatre en autant de mois, fin 2008. Le premier est une collection de quatre remixes de Lust Lust Lust, mais je ne m'intéresserai ici qu'aux trois EP d'originaux, même si on peut y trouver quelques sons intéressants.

Sometimes They Drop By est présenté comme étant uniquement électro, et s'ouvre effectivement sur un déluge sonore synthétique. La guitare de Sune Rose Wagner a tellement l'habitude d'être maltraitée par des pédales d'effets elles-même martyrisées qu'il n'y a pas tant de différence, même si certains morceaux, comme Blood Red Leis sont nettement plus dansants que d'habitude. On le ferait volontiers passer dans une soirée new/no/postwave, son beat entêtant ferait des ravages, avant, évidemment, que le feedback ne fasse son entrée. Les voix, par contre, sont toujours aussi posées et deadpan. Ce virage électro est une chouette déviation de leur norme parfois un peu contraignante, et s'applique parfaitement au concept EP, ni trop court, ni trop long. On pourrait quand même regretter qu'ils n'ont pas vraiment été au bout de leurs idées, Sometimes They Drop By est simplement Raveonettes + synthés, alors que Vintage Future comporte quand même une guitare.

Beauty Dies, le numéro trois, a un titre typiquement Raveonettes et revient à une logique plus basique, même si on retrouve quand même un peu d'electro. Tant mieux, rien de plus emmerdant que les étiquettes contraignantes. Young And Beautiful est carrément un des meilleurs morceaux du groupe. Gardant les influences shoegaze qu'on leur connaît, il s'en affranchit notamment en accélérant le tempo. Sharin Foo fait sa Sharin Foo, et c'est fantastique comme ça. Black/White est emmené par une basse motown, prouvant une fois de plus que Wagner et Foo mélangent les influences, les époques pour en faire leur propre genre. The Thief commence par un déferlement de percussion et de piano, montrant que le duo n'a pas de limites dans son imagination, contrairement à ce qu'on aurait pu croire. La prochaine fois, ils sont capable de sortir un album entièrement acoustique, et encore le réussir.

Enfin, le quatrième et dernier EP est de saison, puisque Wishing You A Rave Christmas est évidemment composé de quatre morceaux de Noël, à la sauce Raveonettes. On parle donc de neige et de sapin mais aussi de sous-entendus (on parle quand même d'un groupe qui chantait, il y a quelques années, « My girl is a little animal, she always wants to fuck »). Sympa, parfois dispensable mais ça fera un excellent effet lors de votre repas en famille. Et une bonne idée de soundtrack si le prochain Sofia Coppola se passe en hiver.

Après quatre albums et autant d'EPs, le duo danois n'est plus une surprise, mais simplement un des meilleurs groupes de pop avant-gardiste contemporaine. Il faut parfois faire des efforts et passer outre l'exercice de style, mais le jeu en vaut largement la chandelle.

vendredi 5 décembre 2008

Scott Weiland - Happy In Galoshes

C'est peut-être une coïncidence, mais elle est amusante. Deux personnes ne s'appréciant guère, Scott Weiland et Axl Rose, sortent leur album solo en même temps ou presque (oui, je sais, mais non). Pour rappel, Scott Weiland est le chanteur des Stone Temple Pilots, groupe sympathique ayant passé les années 90 dans l'ombre de Pearl Jam et l'ex de Velvet Revolver, où les musiciens étaient en majorité issus de Guns 'N Roses. Mais Scott Weiland est surtout quelqu'un qui n'est pas fort pote avec la vie, et inversément. Ses problèmes d'addictions variées sont légendaires, et ne semblent jamais s'arranger. Il a récemment perdu son frère (accident), sa femme (divorce), son groupe (le reste de VR l'a viré) pour retrouver STP le temps d'une lucrative tournée de réunion qui sera peut-être éphémère.

Malgré tout, Weiland est toujours là, contrairement à ses anciens collègues Cobain, Staley et Cornell (oui, je sais, mais non). Happy In Galoshes est son second album solo mais arrive dix ans après le premier. Quel est son but? Probablement de gagner un peu de fric, même si les 10 000 ventes de la première semaine sont particulièrement cruelles. On gardera donc l'impression que Weiland, comme la majorité des artistes qui s'émancipent de leur groupe, voulait faire autre chose.

Malgré tout, Happy In Galoshes commence avec un morceau qui pourrait facilement se retrouver dans les derniers STP, Missing Cleveland. Morceau rock assez simple, il nous rappelle que Scott Weiland peut toujours réussir à faire passer une grande émotion avec sa voix. C'est juste dommage qu'il y arrive une fois sur quatre, et que son exceptionnelle voix ne tient plus la distance, les excès se payant cash, à son âge. Initialement, l'album se laisse écouter : sans être exceptionnel, il ne semble pas être la catastrophe prévue. Même l'influence Killers de Blind Confusion ne gâche pas la fête.


Parce que Scott Weiland, la fête, il la gâche bien tout seul. Notamment par des expérimentations électro foireuses, un morceau grandiloquant sans queue ni tête, un autre où il se prend pour Jeff Buckley ou pire, une horrible reprise du Fame de Bowie (déjà pas terrible pour commencer) avec Paul Oakenfold. Tout n'est pas à jeter, on retiendra, outre le début de l'album, l'ambitieux Beautiful Day et ses harmonies Beach Boysiennes, mais sinon, trop de ballades, trop de n'importe quoi qui part dans tous les sens, et une voix qui n'est plus ce qu'elle était. Ce qui me rappelle quelque chose sorti il n'y a pas bien longtemps...

Scott Weiland - Happy In Galoshes

C'est peut-être une coïncidence, mais elle est amusante. Deux personnes ne s'appréciant guère, Scott Weiland et Axl Rose, sortent leur album solo en même temps ou presque (oui, je sais, mais non). Pour rappel, Scott Weiland est le chanteur des Stone Temple Pilots, groupe sympathique ayant passé les années 90 dans l'ombre de Pearl Jam et l'ex de Velvet Revolver, où les musiciens étaient en majorité issus de Guns 'N Roses. Mais Scott Weiland est surtout quelqu'un qui n'est pas fort pote avec la vie, et inversément. Ses problèmes d'addictions variées sont légendaires, et ne semblent jamais s'arranger. Il a récemment perdu son frère (accident), sa femme (divorce), son groupe (le reste de VR l'a viré) pour retrouver STP le temps d'une lucrative tournée de réunion qui sera peut-être éphémère.

Malgré tout, Weiland est toujours là, contrairement à ses anciens collègues Cobain, Staley et Cornell (oui, je sais, mais non). Happy In Galoshes est son second album solo mais arrive dix ans après le premier. Quel est son but? Probablement de gagner un peu de fric, même si les 10 000 ventes de la première semaine sont particulièrement cruelles. On gardera donc l'impression que Weiland, comme la majorité des artistes qui s'émancipent de leur groupe, voulait faire autre chose.

Malgré tout, Happy In Galoshes commence avec un morceau qui pourrait facilement se retrouver dans les derniers STP, Missing Cleveland. Morceau rock assez simple, il nous rappelle que Scott Weiland peut toujours réussir à faire passer une grande émotion avec sa voix. C'est juste dommage qu'il y arrive une fois sur quatre, et que son exceptionnelle voix ne tient plus la distance, les excès se payant cash, à son âge. Initialement, l'album se laisse écouter : sans être exceptionnel, il ne semble pas être la catastrophe prévue. Même l'influence Killers de Blind Confusion ne gâche pas la fête.


Parce que Scott Weiland, la fête, il la gâche bien tout seul. Notamment par des expérimentations électro foireuses, un morceau grandiloquant sans queue ni tête, un autre où il se prend pour Jeff Buckley ou pire, une horrible reprise du Fame de Bowie (déjà pas terrible pour commencer) avec Paul Oakenfold. Tout n'est pas à jeter, on retiendra, outre le début de l'album, l'ambitieux Beautiful Day et ses harmonies Beach Boysiennes, mais sinon, trop de ballades, trop de n'importe quoi qui part dans tous les sens, et une voix qui n'est plus ce qu'elle était. Ce qui me rappelle quelque chose sorti il n'y a pas bien longtemps...

mercredi 3 décembre 2008

MGMT - Oracular Spectacular

C'est l'évidence même : je ne saurais jamais chroniquer tous les albums (que je juge) intéressants, par manque de temps, simplement. L'album de MGMT est sorti depuis déjà quelques mois, mais j'en parle seulement maintenant, pour je ne sais plus quelle raison. Au moment où les (web)zines vont commencer à publier leurs traditionnellement emmerdantes listes de fin d'année, il est probable qu'Oracular Spectacular s'y retrouvera, donc, pourquoi ne pas en parler. Surtout qu'il possède son lot de fulgurances.

Sous leurs apparats branchouilles, vetêments débiles et nom très zeitgeist (MGMT est la contraction de leur ancien nom, The Management - une référence à Carnivale?), MGMT cache deux gars clairement influencés par une décade (les 70s du prog, des Bee Gees, d'Elton et des claviers Korg) durant laquelle ils n'étaient peut-être même pas nés. Mais heureusement, ils ne sont pas uniquement passéistes. Time To Pretend entame l'album d'une bien belle manière. C'est d'abord une profession de foi semi-ironique ("Let's make some music, make some money, find some models for wives"... "We were fated to pretend") mais surtout un morceau vraiment très bon, propulsé par une basse monstrueuse et des synthés étranges (étrange dans le genre "faut oser ressortir ces vieux trucs"). Cheesy, cliché, mais aussi efficace et étonnant : rien de tout cela n'est original en soi, mais un mélange glam-electro réussi, ça fait plaisir à entendre, et ça fait bouger. On pouvait dès lors s'attendre à ce qu'Oracular Spectacular soit une succession de tubes, tous calqués sur le modèle. Ce qui ne sera pas le cas, fort heureusement.

Le truc de MGMT, c'est de tout enfouir sous des couches de guitare, de synthés, de basse vrombissante (sans doute la plus puissante lead bass depuis Death From Above 1979). Ce qui n'est pas une mauvaise chose, mais montre assez vite les limites du chant, assez faible, et qui plombe certains morceaux (Weekend Wars, The Youth). Mais le one-two punch dévastateur Electric Feel (le morceau disco de l'année, sans aucun doute)/Kids (le second Time To Pretend) fait de la première partie de l'album une réussite, surtout pour un premier album (même si le groupe n'est pas si récent). L'important, c'est que MGMT ose. Même si cela ne marche pas toujours (le solo de synthé "flûte de Pan" d'Electric Feel est vraiment too much), ils essaient. Malheureusement, comme on pouvait le craindre, l'album ne tient pas trop sur la durée. On retrouve les mêmes ingrédients, mais le produit fini devient lourdingue, et parfois vraiment dispensable, tout en restant parfois complètement cinglé.

Oracular Spectacular n'est pas Is This It, mais il est prometteur. Et même là où il échoue, il vaut toujours la peine d'y jeter une oreille, tant les idées lancées un peu partout par le duo Goldwasser/VanWyngarden sont intéressantes. il faudra juste un peu organiser tout cela, y ajouter un peu de substance et de constance, et on risque d'avoir un bien bon album dans le futur.

MGMT - Oracular Spectacular

C'est l'évidence même : je ne saurais jamais chroniquer tous les albums (que je juge) intéressants, par manque de temps, simplement. L'album de MGMT est sorti depuis déjà quelques mois, mais j'en parle seulement maintenant, pour je ne sais plus quelle raison. Au moment où les (web)zines vont commencer à publier leurs traditionnellement emmerdantes listes de fin d'année, il est probable qu'Oracular Spectacular s'y retrouvera, donc, pourquoi ne pas en parler. Surtout qu'il possède son lot de fulgurances.

Sous leurs apparats branchouilles, vetêments débiles et nom très zeitgeist (MGMT est la contraction de leur ancien nom, The Management - une référence à Carnivale?), MGMT cache deux gars clairement influencés par une décade (les 70s du prog, des Bee Gees, d'Elton et des claviers Korg) durant laquelle ils n'étaient peut-être même pas nés. Mais heureusement, ils ne sont pas uniquement passéistes. Time To Pretend entame l'album d'une bien belle manière. C'est d'abord une profession de foi semi-ironique ("Let's make some music, make some money, find some models for wives"... "We were fated to pretend") mais surtout un morceau vraiment très bon, propulsé par une basse monstrueuse et des synthés étranges (étrange dans le genre "faut oser ressortir ces vieux trucs"). Cheesy, cliché, mais aussi efficace et étonnant : rien de tout cela n'est original en soi, mais un mélange glam-electro réussi, ça fait plaisir à entendre, et ça fait bouger. On pouvait dès lors s'attendre à ce qu'Oracular Spectacular soit une succession de tubes, tous calqués sur le modèle. Ce qui ne sera pas le cas, fort heureusement.

Le truc de MGMT, c'est de tout enfouir sous des couches de guitare, de synthés, de basse vrombissante (sans doute la plus puissante lead bass depuis Death From Above 1979). Ce qui n'est pas une mauvaise chose, mais montre assez vite les limites du chant, assez faible, et qui plombe certains morceaux (Weekend Wars, The Youth). Mais le one-two punch dévastateur Electric Feel (le morceau disco de l'année, sans aucun doute)/Kids (le second Time To Pretend) fait de la première partie de l'album une réussite, surtout pour un premier album (même si le groupe n'est pas si récent). L'important, c'est que MGMT ose. Même si cela ne marche pas toujours (le solo de synthé "flûte de Pan" d'Electric Feel est vraiment too much), ils essaient. Malheureusement, comme on pouvait le craindre, l'album ne tient pas trop sur la durée. On retrouve les mêmes ingrédients, mais le produit fini devient lourdingue, et parfois vraiment dispensable, tout en restant parfois complètement cinglé.

Oracular Spectacular n'est pas Is This It, mais il est prometteur. Et même là où il échoue, il vaut toujours la peine d'y jeter une oreille, tant les idées lancées un peu partout par le duo Goldwasser/VanWyngarden sont intéressantes. il faudra juste un peu organiser tout cela, y ajouter un peu de substance et de constance, et on risque d'avoir un bien bon album dans le futur.