mercredi 22 novembre 2006

Blur - Blur (1997)




En 1997, la guerre de la Britpop est terminée, remportée par Oasis. Blur pouvait donc se concentrer sur la qualité de leur musique, plutôt que sur un éventuel succès commercial, sachant que leurs futurs ex-rivaux mancuniens ne seront plus battus. Le cinquième album de Blur, éponyme, est aussi de loin le plus intéressant depuis le début, grâce à une variété étonnante, et à l'ajout de nouvelles influences.


Avant cela, Blur était le groupe anglais quintessentiel, celui qui parlait de la vie middle-class comme nul autre (quoique, Pulp...). Mais quelqu'un n'était pas d'accord avec tout cela, et ne se retrouvait plus dans l'image créé par Blur. Ce quelqu'un, c'est bien sûr Graham Coxon, guitariste de génie, et principal instigateur du virage musical pris par le groupe. Là où Damon Albarn (chanteur, principal compositeur et idole) puisait son insipration chez les Beatles, Faces, Jam et tout ce que l'Angleterre comptait comme pionniers, Coxon était plus intéressé par ce qui se passait outre Atlantique. Le grunge, les guitares (mal)traitées, c'était son truc.


Même si le morceau d'ouverture (Beetlebum) fait immanquablement penser aux Beatles (malgré un solo de Coxon qui donne le vertige), Song 2 montre clairement des influences bruitistes plus proche de Seattle (via Pixies) que du West End. Song 2 est peut-être leur morceau le plus connu, grâce à son refrain, mais il ne faut pas sous-estimer la crasse pure de la guitare de Coxon ainsi qu'une basse phénoménale (Alex James est un des bassistes les plus bruyants qu'il m'aie été donné de voir live). Ensuite, chaque morceau est une nouvelle exploration sonore, comme un Country Sad Ballad Man qui lorgne vers Pavement, M.O.R inspiré (et plus) de Bowie, ou encore l'instrumental très claviers retro Theme From Retro (évidemment). La première moitié du disque sur clôture sur un morceau solo de Graham Coxon (son premier) : le très lo-fi mais néanmoins époustouflant You're So Great. Coxon allait sortir son premier album solo, tout aussi lo-fi, quelques mois plus tard.


Ensuite, l'auditeur commence un peu à se perdre, dans les lignes de synthé tout droit tirée des Specials de Death of a Party au postpunk de Chinese Bombs, en passant par les expérimentaux I'm Just A Killer for Your Love et Strange News For Another Star. Seul Look Inside America fait référence à leur passé Britpop, mais les paroles ne laissent plus de doute quant à la nouvelle orientation de Blur. L'album se conclut sur un spoken word trip-hop qui déborde de partout, sans laisser aucune concession.


Blur version 2 était né, et allait donner quelques années plus tard l'excellent mais étrange 13, avant que la tension, déjà palpable ici, entre Albarn et Coxon arrive à son paroxysme : lors de l'enregistrement de Think Tank, Coxon claque la porte, préférant sa carrière solo (quatre albums à l'époque, six maintenant) à celle d'un groupe dans lequel il ne se retrouve plus du tout. Il n'est toujours pas revenu sur sa décision, malgré des appels du pied d'Albarn (par ailleurs occupé avec Gorillaz et son nouveau projet The Good The Bad and The Queen).


Blur ne sera donc sans doute plus jamais comme il était, et Blur est le meilleur moyen de s'en souvenir, juste après les excès Britpop et avant la bizarrerie totale de 13. La différence avec Oasis n'aura alors jamais été aussi claire.



PS : le jour où je publie cet article, Graham Coxon a évoqué pour la première fois un éventuel retour... Affaire à suivre.

U2 – 18 Singles


Les habitués de Music Box savent que U2 n'est pas mon groupe préféré, ce qui ne m'empêche pas de les respecter, et même d'apprécier une bonne partie de leur carrière (pour tout dire, le début). Au niveau des compilations, ils en ont sorti deux jusqu'ici, logiquement arrangés : The Best of 1980-1990 et The Best of 1990-2000. Il faut croire qu'ils n'avaient pas envie d'attendre 2010 (ou qu'ils n'avaient pas confiance en leurs morceaux?) pour continuer, car voici un best of très concis (26 ans de carrière en 18 titres), et très particulièrement destiné à être acheté en masse et déposé sous le sapin.

On ne retrouve que du gros, les plus immenses tubes du groupe s'y trouvent, dont les derniers (avec une certaine importance donnée à leur carrière récente, sans doute pour profiter des acheteurs potentiels à la mémoire courte) et les suivants : la fameuse reprise de The Saints Are Coming, avec Green Day, et l'inédit Window In The Skies. 18 Singles ne fait donc pas dans l'original, on cherchera en vain les morceaux osés du groupe (j'ai encore en tête la phénoménale vidéo de Discothèque, c'était quand même quelque chose, dans le genre), et on peut donc se demander à qui est destiné cet album. Le fan de U2, même occasionnel, a soit les albums soit au pire les 2 best of précités.

Je n'oserai pas dire que le but de cette sortie est uniquement mercantile (Bono n'est pas comme ça, lui, mais enfin que croyez-vous), et j'imagine aisément le père de famille prétendument branché qui offre, sourire aux lèvres, l'album à son fils de 16 ans qui ne jure que par Klaxons et CSS. Ca sent le sapin, tout ça...

U2 - 18 Singles


Les habitués de Music Box savent que U2 n'est pas mon groupe préféré, ce qui ne m'empêche pas de les respecter, et même d'apprécier une bonne partie de leur carrière (pour tout dire, le début). Au niveau des compilations, ils en ont sorti deux jusqu'ici, logiquement arrangés : The Best of 1980-1990 et The Best of 1990-2000. Il faut croire qu'ils n'avaient pas envie d'attendre 2010 (ou qu'ils n'avaient pas confiance en leurs morceaux?) pour continuer, car voici un best of très concis (26 ans de carrière en 18 titres), et très particulièrement destiné à être acheté en masse et déposé sous le sapin.

On ne retrouve que du gros, les plus immenses tubes du groupe s'y trouvent, dont les derniers (avec une certaine importance donnée à leur carrière récente, sans doute pour profiter des acheteurs potentiels à la mémoire courte) et les suivants : la fameuse reprise de The Saints Are Coming, avec Green Day, et l'inédit Window In The Skies. 18 Singles ne fait donc pas dans l'original, on cherchera en vain les morceaux osés du groupe (j'ai encore en tête la phénoménale vidéo de Discothèque, c'était quand même quelque chose, dans le genre), et on peut donc se demander à qui est destiné cet album. Le fan de U2, même occasionnel, a soit les albums soit au pire les 2 best of précités.

Je n'oserai pas dire que le but de cette sortie est uniquement mercantile (Bono n'est pas comme ça, lui, mais enfin que croyez-vous), et j'imagine aisément le père de famille prétendument branché qui offre, sourire aux lèvres, l'album à son fils de 16 ans qui ne jure que par Klaxons et CSS. Ca sent le sapin, tout ça...

jeudi 16 novembre 2006

Deftones - Saturday Night Wrist


On les croyait morts, les Deftones, minés par le conflit interne imposé par le chanteur, l'imposant (il a triplé de volume en 10 ans) Chino Moreno. Après le semi-échec commercial et critique de l'éponyme quatrième album, Chino décida de quitter le groupe, sans prévenir, durant les sessions d'enregistrment du cinquième. En résulta une grosse tension qui a failli faire éclater le groupe, mais aussi le projet parallèle de Chino (Team Sleep) et une compilation de raretés des Deftones. Quelques mois plus tard, après moults retards, Saturday Night Wrist voit le jour, et surprise : c'est peut-être leur meilleur album à ce jour.

Les Deftones ont toujours compté sur deux éléments pour rendre leur musique unique : la voix de Chino, murmure habité, et les atmosphères musicales, pouvant aller du (très) bruyant au calme, quasi ambient. Et c'est évidemment le cas ici, dès le morceau d'ouverture et premier single Hole In The Earth. L'album est homogène, mais compte sur quelques modificaitons de la formule pour ne pas céder à la facilité : Rapture et Rats! Rats! Rats! comptent parmi les morceaux les plus violents jamais enregistrés par le groupe, Mein voit la collaboration réussie de Serj de System of a Down, et on retrouve même un superbe instrumental dont le titre fera sourire ceux qui comprennent la (semi) private joke (U,U,D,D,L,R,L,R,A,B,Select,Start).

On peut toutefois se demander ce qui Pink Cellphone vient faire au beau milieu de l'album : ce monologue borderline ridicule de Annie Hardy (Giant Drag) n'a pas sa place dans l'album (mais la fin est tordante, si vous avez la version non censurée), mais heureusement la suite vient confirmer ce qu'on pensait déjà : SNW est un des meilleurs album s del'année, tous genres confondus, et se retrouve avec White Pony au panthéon des meilleurs albums métal contemporains. Etonnant, mais vrai.

Deftones - Saturday Night Wrist


On les croyait morts, les Deftones, minés par le conflit interne imposé par le chanteur, l'imposant (il a triplé de volume en 10 ans) Chino Moreno. Après le semi-échec commercial et critique de l'éponyme quatrième album, Chino décida de quitter le groupe, sans prévenir, durant les sessions d'enregistrment du cinquième. En résulta une grosse tension qui a failli faire éclater le groupe, mais aussi le projet parallèle de Chino (Team Sleep) et une compilation de raretés des Deftones. Quelques mois plus tard, après moults retards, Saturday Night Wrist voit le jour, et surprise : c'est peut-être leur meilleur album à ce jour.

Les Deftones ont toujours compté sur deux éléments pour rendre leur musique unique : la voix de Chino, murmure habité, et les atmosphères musicales, pouvant aller du (très) bruyant au calme, quasi ambient. Et c'est évidemment le cas ici, dès le morceau d'ouverture et premier single Hole In The Earth. L'album est homogène, mais compte sur quelques modificaitons de la formule pour ne pas céder à la facilité : Rapture et Rats! Rats! Rats! comptent parmi les morceaux les plus violents jamais enregistrés par le groupe, Mein voit la collaboration réussie de Serj de System of a Down, et on retrouve même un superbe instrumental dont le titre fera sourire ceux qui comprennent la (semi) private joke (U,U,D,D,L,R,L,R,A,B,Select,Start).

On peut toutefois se demander ce qui Pink Cellphone vient faire au beau milieu de l'album : ce monologue borderline ridicule de Annie Hardy (Giant Drag) n'a pas sa place dans l'album (mais la fin est tordante, si vous avez la version non censurée), mais heureusement la suite vient confirmer ce qu'on pensait déjà : SNW est un des meilleurs album s del'année, tous genres confondus, et se retrouve avec White Pony au panthéon des meilleurs albums métal contemporains. Etonnant, mais vrai.

mardi 14 novembre 2006

Foo Fighters - Skin And Bones


Cela peut paraître surprenant que le premier album live des Foo Fighters, groupe peu connu pour faire dans la dentelle live, ait été enregistré lors de leur petite tournée semi-acoustique, destinée à promouvoir la seconde partie de In Your Honour. Les quatre Foo Fighters étaient alors accompagnés de la violoniste/choriste Petra Haden, du clavieriste Rami Jaffee et de l'ex-Nirvana et Foo Pat Smear à la guitare.

On ne doit donc pas s'attendre à des brûlots punk genre Monkey Wrench, mais plutôt à des morceaux calmes, comme ceux qui forment la majorité du setlist, les extraits du second CD de In Your Honour, comme l'excellent Friend of a Friend, écrit par Dave Grohl lorsqu'il était encore batteur de Nirvana. Nirvana dont les Foo reprennent Marigold, écrité et interpretée déjà à l'époque par Grohl. Mais c'est néanmoins les classiques du groupe qui fonctionnent le mieux ici, comme Times Like These, Big Me, Walking After You, et surtout, évidemment, Everlong (qui se retrouve systématiquement dans les listes des meilleures chansons des années 90).

Les arrangement sont classieux sans être lourds, et sont toujours au service de la musique, joué par un groupe qui a parfois un peu de peine à se retenir, sans doute un manque d'habitude (Best of You acoustique, pas une bonne idée). Il reste que Skin and Bones est un bon album, qui montre une autre facette de ce très bon groupe, qui petit à petit devient un des classiques du rock contemporain. Il faut juste faire attention de ne pas comparer Skin and Bones avec un autre album acoustique où apparaissait également Dave Grohl...

Foo Fighters - Skin And Bones


Cela peut paraître surprenant que le premier album live des Foo Fighters, groupe peu connu pour faire dans la dentelle live, ait été enregistré lors de leur petite tournée semi-acoustique, destinée à promouvoir la seconde partie de In Your Honour. Les quatre Foo Fighters étaient alors accompagnés de la violoniste/choriste Petra Haden, du clavieriste Rami Jaffee et de l'ex-Nirvana et Foo Pat Smear à la guitare.

On ne doit donc pas s'attendre à des brûlots punk genre Monkey Wrench, mais plutôt à des morceaux calmes, comme ceux qui forment la majorité du setlist, les extraits du second CD de In Your Honour, comme l'excellent Friend of a Friend, écrit par Dave Grohl lorsqu'il était encore batteur de Nirvana. Nirvana dont les Foo reprennent Marigold, écrité et interpretée déjà à l'époque par Grohl. Mais c'est néanmoins les classiques du groupe qui fonctionnent le mieux ici, comme Times Like These, Big Me, Walking After You, et surtout, évidemment, Everlong (qui se retrouve systématiquement dans les listes des meilleures chansons des années 90).

Les arrangement sont classieux sans être lourds, et sont toujours au service de la musique, joué par un groupe qui a parfois un peu de peine à se retenir, sans doute un manque d'habitude (Best of You acoustique, pas une bonne idée). Il reste que Skin and Bones est un bon album, qui montre une autre facette de ce très bon groupe, qui petit à petit devient un des classiques du rock contemporain. Il faut juste faire attention de ne pas comparer Skin and Bones avec un autre album acoustique où apparaissait également Dave Grohl...

dimanche 12 novembre 2006

Ramones - Ramones (1976)

On passera sur la question sans aucun intérêt de qui a inventé le punk, pour s'attarder sur un des albums majeurs de la genèse du mouvement (ils seront tous chroniqués ici tôt ou tard). Les quatre Ramones ont réinventé le monde musical d'une manière que peu de monde l'a fait depuis, et pour deux raisons majeures : d'abord, ils ont eu le génie de mélanger musique "dure" et pop, refrains mémorables sur riffs métalliques. Ensuite, vu leur légendaire limitation technique (qui n'était d'ailleurs pas si grande), ils ont montré que n'importe qui pouvait prendre une guitare et former un groupe, ce qui a évidemment permis de créer des centaines de groupes, dont certains tout à fait majeurs (il suffit de regarder la liste des artistes qui ont participé à l'album hommageWe're a Happy Family).

L'album éponyme est le premier d'une terrible série de huit albums excellents (la suite fut moins glorieuse), et peut-être le meilleur (Leave Home et Rocket To Russia ne sont pas loin). Rien n'est à jeter ici, que ce soit les morceaux punk prototypiques (Blitzkrieg Bop, Now I Wanna Sniff Some Glue, Beat On The Brat) à ceux plus lents (I Wanna Be Your Boyfriend, qui aurait pu être une production Spector pour les Ronettes).

Tenter de décrire ce disque est inutile, il faut l'écouter pour comprendre, car l'alchimie entre les regrettés Johnny (guitare), Joey (chant) et Dee Dee (basse) est unique dans l'histoire du rock n roll, et a permis d'en faire un de ses meilleurs représentants.

Pendant ce temps, à New York, le jeune Ian MacKaye préparait, casque sur les oreilles, l'étape suivante alors qu'à Londres, Joe Strummer et Malcolm McLaren avaient leurs propres idées... J'y reviendrai.

The Datsuns - Smoke And Mirrors


Qui se souvient encore des Datsuns, ce groupe neo-zélandais qui était au coeur du mouvement revival hard rock d'il y a quelques années? Clairement plus grand monde, et c'est peut-être dommage, vu leur excellent second album qui était passé inaperçu presque partout (sauf ici). Ceci dit, le troisième est nettement plus douteux, vu qu'ils ont décidé de virer le son plus varié et ambitieux du second pour tenter de revenir à la sobriété rock n roll du début. C'est généralement raté, et très vite oubliable. Les meilleurs morceaux sont presque des auto-parodies (Maximum Heartbreak est le jumeau de Harmonic Generator) et puis, c'est marrant de voler Led Zep, mais à la fin, ça fatigue. Et ce n'est pas les morceaux acoustiques maladroits qui relèvent le niveau. Il faudra vraiment un exploit pour qu'on entende de nouveau parler du groupe un jour.

The Datsuns - Smoke And Mirrors


Qui se souvient encore des Datsuns, ce groupe neo-zélandais qui était au coeur du mouvement revival hard rock d'il y a quelques années? Clairement plus grand monde, et c'est peut-être dommage, vu leur excellent second album qui était passé inaperçu presque partout (sauf ici). Ceci dit, le troisième est nettement plus douteux, vu qu'ils ont décidé de virer le son plus varié et ambitieux du second pour tenter de revenir à la sobriété rock n roll du début. C'est généralement raté, et très vite oubliable. Les meilleurs morceaux sont presque des auto-parodies (Maximum Heartbreak est le jumeau de Harmonic Generator) et puis, c'est marrant de voler Led Zep, mais à la fin, ça fatigue. Et ce n'est pas les morceaux acoustiques maladroits qui relèvent le niveau. Il faudra vraiment un exploit pour qu'on entende de nouveau parler du groupe un jour.

jeudi 9 novembre 2006

Metallica - Master of Puppets (1986)


En trois ans de rédaction pour Music Box (entre autres), j'ai remarqué que si je venais à dire du mal de Metallica, je me prends à chaque fois plein dans la gueule dans les commentaires. Ce qui malheureusement confirme un cliché, mais je tenais à affirer ici que je ne déteste pas Metallica, au contraire. Ce n'est pas parce les membres du groupe sont des abrutis de première (Some Kind of Monster, le film et l'affaire Napster suffisent), qu'ils ont sorti trois (voire quatre, mais là je m'expose à l'anthrax dans ma boîte aux lettres) albums très pénibles et que les deux nouvelles chansons jouées en 2006 sont ridicules que le groupe n'a jamis rien valu, bien au contraire.


Master of Puppets, qui fête ses 20 ans cette année (c'est le premier album que je chronique dont je n'ai pas vécu la sortie - j'avais 6 ans) est le meilleur album du groupe, il est difficile de le nier (même pas la peine de mettre les mots "black" et "album" dans un commentaire). Le groupe lui a d'ailleurs rendu hommage lors de leur petite tournée 2006, en le jouant dans son intégralité.


L'album commence par la fameuse intro flamenco de Battery, qui est tellement connue aujourd'hui que son effet de surprise est passé, mais reste que le morceau qui la suit est un archétype d'offensive trash metal, emmené par ce qui est sans doute le principal point fort de Metallica, la guitare rythmique extraordinaire du chasseur d'ours blanc James Hetfield. Le tout aussi classique morceau titre le confirme, avec son intro légendaire qui ne permet heureusement pas encore de montrer les lacunes du batteur Lars Ulrich. On peut dire, sans doute à raison, que ce genre musical est aujourd'hui suranné, et les morceaux de 8 minutes sans trop de variation seraient maintenant risibles, mais il reste que la puissance de ces morceaux est indéniable.


Un peu plus loin, Welcome Home (Sanitarium) suit la formule de Fade To Black (sur Ride The Lightning, personnellement mon préféré), à savoir une intro mid-tempo suivi d'une suite plus dynamique. Quelques années plus tard, Metallica sortira un album entier sur ce principe, même si le tempo lent sera prévalent. Disposable Heroes accèlere les choses, et reste, avec le dernier morceau ici, Damage Inc., un de leurs morceaux les plus rapides. On doit aussi retenir le splendide instrumental Orion, dominé par la basse du très regretté Cliff Burton.


Master of Puppets ne possède plus la même puissance aujourd'hui (même si une bonne remasteristation arrangerait les choses), mais il reste un album majeur pour la carrière de Metallica et pour le metal en général, vu que tout ce qui va suivre sera lourdement influencé par cet album. Un classique, par définition.

mardi 7 novembre 2006

Pearl Jam - No Code (1996)

Nécessairement, il faut se remettre dans le contexte. Pearl Jam, alors plus gros groupe du monde, vendait des albums par avions cargo (le second, Vs., a détenu le record de meilleure vente pour un second album), mais ne voulait pas que ça dure. En découla Vitalogy, pas vraiment anti-commercial mais bizarre et ambitieux. Les ventes commencèrent à décliner, et tout était mis en oeuvre pour que le groupe entame sa seconde vie, parfaitement exemplifiée par cet album, leur quatrième (Pearl Jam, le huitième, est sorti cette année).


Il est peu probable que le groupe aie délibérément voulu exclure une partie de son public par No code, même si c'est effectivement ce qui s'est passé : cet album est celui de la césure entre ceux qui sont restés (et qui suivent toujours le groupe aujourd'hui, dans des salles de 20 000 places partout dans le monde) et ceux qui ont laissé tomber, préférant les hymnes adolescents (Alive, Jeremy, et ce n'est pas une insulte) à l'évolution artistique et personnelle.


Dès le départ, on comprend que l'expérience No Code sera radicale. Á mille lieues du style plus agressif des précédents premiers morceaux (Once, Go et Last Exit), Sometimes ouvre l'album très calmement, comme une première occasion offerte à Eddie Vedder de montrer la vraie étendue de sa gamme vocale. Quelques minutes plus tard, on sursaute (vraiment), à cause des accords punk de Hail Hail, un des rares morceaux ici stylistiquement proches de Vitalogy. C'est aussi une des rares excursions en terrain connu : Who You Are (étonnant choix de single) et In My Tree (littéralement porté par la batterie tout en finesse de Jack Irons) n'ont vraiment plus rien à voir avec le grunge, qui est alors définitivement enterré. Pearl Jam se réclame d'un héritage musicale très varié, même si No Code est un album fortement américain (dans le sens americana, comme le prouve Smile, qui aurait pu être un morceau de Tom Petty, avec harmonica. La face A se termine en douceur, avec Off He Goes, ballade apaisante et chargée émotionnellement.


Le retour au (hard) rock se fait avec Habit et un peu plus loin Lukin, mais la face B est dominée par des morceaux innovants pour le Pearl Jam de 1996 : Red Mosquito, construit autour d'un jam blues et de paroles introverties mais pleines de sense ("If I had known then, what I know now"), l'exceptionnel Present Tense et son crescendo maîtrisé, pour ensuite conclure l'album avec un morceau expérimental (I'm Open) centré sur un spoken word de Vedder et une berceuse (si si), Around The Bend.


Évidemment, No Code a été, et est toujours, détesté par pas mal de fans de la première heure, qui n'ont d'ailleurs plus vraiment apprécié Pearl Jam depuis, vu que tout ce que le groupe a sorti depuis est influencé par cet album. No Code n'est sans doute pas leur meilleur album (mais je ne me risquerai pas à en sortir un du lot), mais c'est certainement leur plus important : sans lui, le groupe n'aurait jamais pu se sortir de la crise existentielle qu'ils vécurent à l'époque (et qui prendra encore quelques années pour se résoudre entièrement). No Code a fait grandir Pearl Jam, et les fans qui l'apprécient à sa juste valeur également.

The Fratellis - Costello Music


Nous sommes maintenant officiellement dans l'ère post-Doherty, et, bien que le NME veut nous faire bouffer un nouveau mouvement ("nu-rave", dont le porteur de drapeau est Klaxons), certains s'évertuent encore à suivre les pas des Libertines. Ceci dit, même si cela marche rarement, The Fratellis ont peut-être réalisé le meilleur album du "mouvement".

Intelligemment, ils ajoutent à la formule classique des éléments trouvés ailleurs, comme un soupçon de glam (Chelsea Dagger) et des instruments à vent (voir Henrietta), qu'on avait plus entendu à pareille fête dans de la Britpop depuis Supergrass. Mais surtout, comme leurs glorieux aînés, ils ont un sens inné de la mélodie et du joyeux bruit. Mélodies, comme dans Flathead, qui compte plus de tunes que le coffre-fort de Chad Hugo. Bien sûr, ils n'ont rien inventé, comme on peut le constater avec l'intro de Chelsea Dagger, empruntée à l'illustre My Sharona ou Baby Fratelli, qui ressemble étrangement à Smells Like Teen Spirit. Tant qu'à faire, les morceaux plus calmes sont aussi très réussis, comme le très joli Whistle For The Choir.

Mais c'est Creepin' up The Backstairs, peut-être le single le plus catchy de l'année, qui sort du lot : Doherty, Barat, Borrell vendraient leur âme (s'il leur en reste) pour un tel morceau. On regrettera peut-être une fin d'album moins percutante, mais Costello Music reste excellent pour un premier album et sans doute un des meilleurs de 2006.

The Fratellis - Costello Music


Nous sommes maintenant officiellement dans l'ère post-Doherty, et, bien que le NME veut nous faire bouffer un nouveau mouvement ("nu-rave", dont le porteur de drapeau est Klaxons), certains s'évertuent encore à suivre les pas des Libertines. Ceci dit, même si cela marche rarement, The Fratellis ont peut-être réalisé le meilleur album du "mouvement".

Intelligemment, ils ajoutent à la formule classique des éléments trouvés ailleurs, comme un soupçon de glam (Chelsea Dagger) et des instruments à vent (voir Henrietta), qu'on avait plus entendu à pareille fête dans de la Britpop depuis Supergrass. Mais surtout, comme leurs glorieux aînés, ils ont un sens inné de la mélodie et du joyeux bruit. Mélodies, comme dans Flathead, qui compte plus de tunes que le coffre-fort de Chad Hugo. Bien sûr, ils n'ont rien inventé, comme on peut le constater avec l'intro de Chelsea Dagger, empruntée à l'illustre My Sharona ou Baby Fratelli, qui ressemble étrangement à Smells Like Teen Spirit. Tant qu'à faire, les morceaux plus calmes sont aussi très réussis, comme le très joli Whistle For The Choir.

Mais c'est Creepin' up The Backstairs, peut-être le single le plus catchy de l'année, qui sort du lot : Doherty, Barat, Borrell vendraient leur âme (s'il leur en reste) pour un tel morceau. On regrettera peut-être une fin d'album moins percutante, mais Costello Music reste excellent pour un premier album et sans doute un des meilleurs de 2006.