lundi 28 avril 2008

The Last Shadow Puppets – The Age Of The Understatement


Troisième album en autant d'années pour Alex Turner, leader d'Arctic Monkeys qui s'associe ici à Miles Kane (Rascals, on en reparlera) pour créer un projet et un album qui ne ressemble non seulement pas aux Monkeys mais non plus à quoi que ce soit de connu actuellement.

La légende dit que nos deux acolytes eurent envie d'explorer de nouvelles directions après avoir découvert (ben oui, ils ont quoi, 20 ans) David Bowie ou Scott Walker. En résulte cet album, qui regorge d'arrangements classieux, de cordes, de trompettes et d'ambiances inattendues. Plus précisément, c'est le London Symphonic Orchestra qui apparaît sur chaque morceau, et qui est dirigé par Owen Pallett, plus connu en tant que Final Fantasy mais surtout comme arrangeur d'Arcade Fire.

Le single/morceau titre exprime tout cela à la perfection : un rythme galopant, des violons mais la voix et les paroles totalement inratables d'Alex Turner. Oh, on peut trouver ça et là des influences venant de son groupe principal, surtout si on tente de faire abstraction des arrangements, et qu'on se rapproche de morceaux atypiques des Monkeys comme 505 ou Despair In The Departure Lounge, mais c'est bel et bien un autre groupe. Toujours en parlant des paroles, Turner s'est encore amélioré, et arrive maintenant à un très haut niveau, sublimant ses anciennes habitudes de poésie urbaine pour arriver à quelque chose de plus englobant, de plus littéraire aussi, sans tomber dans le pédant à la Divine Comedy.

On ne sous-estimera pas l'apport de Miles Kane, dont la voix souvent hargneuse apporte un contrepoids à Turner, comme sur I Don't Like You Anymore, un des points forts d'un album qui en compte beaucoup : on peut ausi rajouter le futur classique Standing Next To Me, qui semble ne pas avoir d'âge, et certainement pas celui des protagonistes. D'ailleurs, on peut presque entendre I Don't Like You Anymore en se remémorant des scènes classiques de vengeance d'un Tarantino.

On a appris récemment que la très chimique Amy Winehouse allait chanter le thème du prochain James Bond, l'intraduisible Quantum of Solace. On aurait préféré Calm Like Me ou In My Room (le début est totalement John Barry). Chaque extrait peut prêter à exégèse, comme Separate And Ever Deadly, évoquant d'étonnantes influences (Jacques Brel via Scott Walker, j'imagine) ou le menaçant Only The Truth.

Mais un grand album, c'est surtout des bonnes chansons. Et la où Favourite Worst Nightmare privilégiait parfois la forme au fond (mais avec brio), on se rend compte que Turner n'a rien à envie aux songwriters anglais classiques. Noel Gallagher a souvent cité Burt Bacharach comme influence, mais aurait-il pu écrire My Mistakes Were Made For You?

Comme Arctic Monkeys nous a habitué, la fin de l'album est stupéfiante. Meeting Place est calme, relaxant et butine de voix en voix, nous laissant avec un sentiment de bonne humeur et de légèreté, malgré le thème (qui se retrouve sur tout l'album) d'amours évidemment contrariées. Enfin, The Time Has Come Again conclut l'opus en deux petites minutes réflexives, comme le dernier morceau d'un film, pendant que les crédits se déroulent et que quelques spectateurs ne veulent pas sortir de l'ambiance, ni revenir dans le monde réel.

Vous l'aurez compris, The Last Shadow Puppets, j'aime bien. Pourtant, j'avais des gros doutes, qui ont été totalement dissipés à l'écoute de l'album, qui prouve toute une série de choses, notamment qu'Alex Turner est clairement le songwriter le plus doué de sa génération. Là où beaucoup prévoyaient une chute Gallagherienne, The Age Of The Understatement est une réussite majeure. Il montre qu'il ne perd pas de sa superbe et est tout à fait capable, déjà maintenant, de tenter des nouvelles choses, de se renouveler. Le futur est ouvert, et terriblement excitant.

The Last Shadow Puppets – The Age Of The Understatement


Troisième album en autant d'années pour Alex Turner, leader d'Arctic Monkeys qui s'associe ici à Miles Kane (Rascals, on en reparlera) pour créer un projet et un album qui ne ressemble non seulement pas aux Monkeys mais non plus à quoi que ce soit de connu actuellement.

La légende dit que nos deux acolytes eurent envie d'explorer de nouvelles directions après avoir découvert (ben oui, ils ont quoi, 20 ans) David Bowie ou Scott Walker. En résulte cet album, qui regorge d'arrangements classieux, de cordes, de trompettes et d'ambiances inattendues. Plus précisément, c'est le London Symphonic Orchestra qui apparaît sur chaque morceau, et qui est dirigé par Owen Pallett, plus connu en tant que Final Fantasy mais surtout comme arrangeur d'Arcade Fire.

Le single/morceau titre exprime tout cela à la perfection : un rythme galopant, des violons mais la voix et les paroles totalement inratables d'Alex Turner. Oh, on peut trouver ça et là des influences venant de son groupe principal, surtout si on tente de faire abstraction des arrangements, et qu'on se rapproche de morceaux atypiques des Monkeys comme 505 ou Despair In The Departure Lounge, mais c'est bel et bien un autre groupe. Toujours en parlant des paroles, Turner s'est encore amélioré, et arrive maintenant à un très haut niveau, sublimant ses anciennes habitudes de poésie urbaine pour arriver à quelque chose de plus englobant, de plus littéraire aussi, sans tomber dans le pédant à la Divine Comedy.

On ne sous-estimera pas l'apport de Miles Kane, dont la voix souvent hargneuse apporte un contrepoids à Turner, comme sur I Don't Like You Anymore, un des points forts d'un album qui en compte beaucoup : on peut ausi rajouter le futur classique Standing Next To Me, qui semble ne pas avoir d'âge, et certainement pas celui des protagonistes. D'ailleurs, on peut presque entendre I Don't Like You Anymore en se remémorant des scènes classiques de vengeance d'un Tarantino.

On a appris récemment que la très chimique Amy Winehouse allait chanter le thème du prochain James Bond, l'intraduisible Quantum of Solace. On aurait préféré Calm Like Me ou In My Room (le début est totalement John Barry). Chaque extrait peut prêter à exégèse, comme Separate And Ever Deadly, évoquant d'étonnantes influences (Jacques Brel via Scott Walker, j'imagine) ou le menaçant Only The Truth.

Mais un grand album, c'est surtout des bonnes chansons. Et la où Favourite Worst Nightmare privilégiait parfois la forme au fond (mais avec brio), on se rend compte que Turner n'a rien à envie aux songwriters anglais classiques. Noel Gallagher a souvent cité Burt Bacharach comme influence, mais aurait-il pu écrire My Mistakes Were Made For You?

Comme Arctic Monkeys nous a habitué, la fin de l'album est stupéfiante. Meeting Place est calme, relaxant et butine de voix en voix, nous laissant avec un sentiment de bonne humeur et de légèreté, malgré le thème (qui se retrouve sur tout l'album) d'amours évidemment contrariées. Enfin, The Time Has Come Again conclut l'opus en deux petites minutes réflexives, comme le dernier morceau d'un film, pendant que les crédits se déroulent et que quelques spectateurs ne veulent pas sortir de l'ambiance, ni revenir dans le monde réel.

Vous l'aurez compris, The Last Shadow Puppets, j'aime bien. Pourtant, j'avais des gros doutes, qui ont été totalement dissipés à l'écoute de l'album, qui prouve toute une série de choses, notamment qu'Alex Turner est clairement le songwriter le plus doué de sa génération. Là où beaucoup prévoyaient une chute Gallagherienne, The Age Of The Understatement est une réussite majeure. Il montre qu'il ne perd pas de sa superbe et est tout à fait capable, déjà maintenant, de tenter des nouvelles choses, de se renouveler. Le futur est ouvert, et terriblement excitant.

jeudi 24 avril 2008

dEUS - Vantage Point


dEUS se trouve dans une période de stabilité : c'est la première fois depuis les débuts du groupe que deux albums successifs sont enregistrés avec le même lineup. Mais c'est évidemment toujours Tom Barman qui est aux commandes de ce qui est sans doute le plus grand groupe belge de tous les temps.

Pocket Revolution marquait autant leur retour qu'une période de transition naturelle, quand on voit ce qui est arrivé au groupe ces dernières années. Ils peuvent maintenant vivre une seconde renaissance, avec une tête d'affiche de Rock Werchter et un nouvel album qui a déjà fait beaucoup parler de lui.

Il est promis à un gros succès commercial : le single The Architect est le premier hit de l'histoire du groupe, et le ton général de l'album est axé sur l'accessibilité. When She Comes Down est transporté par des violons pendant que Barman parle plus qu'il ne chante. Oh Your God rappelle brièvement leurs moments les plus énervés, ce qui fait du bien mais est aussi un peu frustrant : on aimerait que le groupe se lâche un peu plus. On n'avait jamais connu dEUS si évident. Eternal Woman est assez léger, tandis que d'autres morceaux (Favourite Game, The Architect) semblent avoir été influencés par le projet électro de Barman, Magnus.

Quasi tous les morceaux sont des hits en puissance, ce qui est assez inattendu, mais les temps changent. Ceci dit, le ton de voix spoken word choisi par Barman à certains moments peut rappeler Worst Case Scenario, mais à part ça, c'est difficilement possible de se rendre compte que c'est le même groupe. Enfin non : ce n'est justement pas le même groupe. Ne boudons pas trop notre plaisir, aussi évidents et (lâchons-le) commerciaux puissent-ils être, ces morceaux sont souvent loin d'être mauvais. Le gimmick de Favourite Game n'est pas trop convaincant, ceci dit, et The Architect est même assez gênant (tout en étant irrésistible, c'est pour ça). Mais à l'écoute de Popular Culture, qui clôture l'album, on se gratte la tête.

Il reste que Vantage Point peut être un bon album de rock, surtout si on le retire de son contexte. Eclectique, varié, tendre, rythmé, parfois puissant ou intense, il balaye un large spectre, ce qui est en même temps son point fort et son défaut. Qu'on pense ce qu'on veut de l'évolution de dEUS, “c'était mieux avant” et tout ça, une chose est totalement indéniable : Tom Barman est malin, très malin.

dEUS - Vantage Point


dEUS se trouve dans une période de stabilité : c'est la première fois depuis les débuts du groupe que deux albums successifs sont enregistrés avec le même lineup. Mais c'est évidemment toujours Tom Barman qui est aux commandes de ce qui est sans doute le plus grand groupe belge de tous les temps.

Pocket Revolution marquait autant leur retour qu'une période de transition naturelle, quand on voit ce qui est arrivé au groupe ces dernières années. Ils peuvent maintenant vivre une seconde renaissance, avec une tête d'affiche de Rock Werchter et un nouvel album qui a déjà fait beaucoup parler de lui.

Il est promis à un gros succès commercial : le single The Architect est le premier hit de l'histoire du groupe, et le ton général de l'album est axé sur l'accessibilité. When She Comes Down est transporté par des violons pendant que Barman parle plus qu'il ne chante. Oh Your God rappelle brièvement leurs moments les plus énervés, ce qui fait du bien mais est aussi un peu frustrant : on aimerait que le groupe se lâche un peu plus. On n'avait jamais connu dEUS si évident. Eternal Woman est assez léger, tandis que d'autres morceaux (Favourite Game, The Architect) semblent avoir été influencés par le projet électro de Barman, Magnus.

Quasi tous les morceaux sont des hits en puissance, ce qui est assez inattendu, mais les temps changent. Ceci dit, le ton de voix spoken word choisi par Barman à certains moments peut rappeler Worst Case Scenario, mais à part ça, c'est difficilement possible de se rendre compte que c'est le même groupe. Enfin non : ce n'est justement pas le même groupe. Ne boudons pas trop notre plaisir, aussi évidents et (lâchons-le) commerciaux puissent-ils être, ces morceaux sont souvent loin d'être mauvais. Le gimmick de Favourite Game n'est pas trop convaincant, ceci dit, et The Architect est même assez gênant (tout en étant irrésistible, c'est pour ça). Mais à l'écoute de Popular Culture, qui clôture l'album, on se gratte la tête.

Il reste que Vantage Point peut être un bon album de rock, surtout si on le retire de son contexte. Eclectique, varié, tendre, rythmé, parfois puissant ou intense, il balaye un large spectre, ce qui est en même temps son point fort et son défaut. Qu'on pense ce qu'on veut de l'évolution de dEUS, “c'était mieux avant” et tout ça, une chose est totalement indéniable : Tom Barman est malin, très malin.

mercredi 23 avril 2008

Tiens, des nouvelles de Trent

Ce blog ne va pas devenir quasi uniquement dédié aux aventures stéréophoniques de Trent Reznor, mais bon... Hier, ce brave Trent a proposé aux radios un nouveau morceau de Nine Inch Nails, totalement inédit, Discipline. Ce qui est surprenant, vu que le dernier album de NIN date de quelques mois (le fameux Ghosts I-IV), et que c'était son troisième album en quatre ans.

Et ne voilà pas que ce pirate des temps modernes annonce quelque chose pour dans deux semaines, via son blog (nin.com). C'était déjà la même méthode pour Ghosts, donc, va-t-on voir un nouvel album de NIN, en téléchargement gratuit et légal, ou est-ce que Reznor va nous prendre une fois de plus par surprise? Vu le morceau, je parie les 400 mb de l'album en FLAC que ce sera la suite annoncée (mais jamais confirmée) de Year Zero.

On verra dans treize jours, mais en tant que fan de musique et de libertés, je suis impatient. Pour rappel, il a fallu attendre six ans entre The Fragile et With Teeth.

dimanche 20 avril 2008

Thrice – The Alchemy Index Vol 3 Air & Vol 4 Earth


Le post-hardcore n'a jamais sonné aussi post. Après les deux premiers quarts sortis l'an dernier, Thrice conclut son ambitieux projet avec les éléments air et terre, qui comme les deux autres prennent un cd de six morceaux chacun, créant ainsi un tout cohérent, c'est en tout cas le but.

Comme pour le feu et l'eau, les thèmes ne sont pas qu'un prétexte : les morceaux appartiennent tous à leur élément, ce qui se réflète souvent jusque dans le titre (Broken Lungs, Silver Wings, Digging My Own Grave). De plus, l'ambiance musicale correspond : les morceaux de Fire étaient violents, ceux de Earth presque entièrement acoustiques.

On peut forcément être dubitatif face à une telle ambition, qui peut se confondre avec de la prétention démesureée : on est face à un quadruple album de vingt-quatre morceaux qui semble arrangé assez artificiellement. On pourra toujours leur tenir ce reproche, un peu comme on peut critiquer Mars Volta pour leurs titres invraisemblables et morceaux à rallonge. Reste qu'à l'écoute de l'album, on sent une cohérence, et un ensemble fort.

Pour les deux parties qui nous occupent (Fire et Earth étant évoqués ici), AirIllusion Of Safety, The Artist In The Ambulance). Thrice arrive à trouver un bon compromis entre expérimentation (cela peut sembler évident, mais aucun morceau d'Alchemy Index n'est vraiment “facile”) et relative accessibilité. A Song For Milly Michaelson, par exemple, aurait très bien plus se retrouver sur Adore (Smashing Pumpkins), sans la voix geignarde de Billy Corgan, et est un bon exemple du caractère – fatalement – aéré du disque. Ajoutons à ça la force de Broken Lungs ou la mélodie captivante de Daedalus (morceau intégralement passionnant) et on ne serait pas loin de penser qu'Air est le meilleur quart de l'album.

Earth, comme déjà évoqué, est majoritairement acoustique, et rappelle parfois l'atypique Howl, de Black Rebel Motorcycle Club, en plus mélancolique : c'est une autre occasion pour Dustin Kensrue de montrer qu'il sait faire bien plus qu'hurler, sa voix se prête à beaucoup de choses, dont le quasi soul Moving Mountains. Sans trop sombrer dans le pathos, l'ambiance est largement dans l'introspection, ce qui fait de cette partie une autre réussite, encore plus qu'un Fire “simplement” violent et Water un peu trop dissolu.

Après un Vheissu déjà ambitieux, mais finalement en demi-teinte, Thrice a réussi une oeuvre d'une ampleur majeure. Elle a le défaut de ses ambitions, certainement, mais ils ont le grand mérite d'avoir été jusqu'au bout de leurs idées. Il est donc très difficile de voir quelle direction sera suivie dans le futur, mais une chose est sûre : on devra être attentif, car Thrice confirme qu'il est un des groupes actuels les plus intéressants et intrigants.

Thrice – The Alchemy Index Vol 3 Air & Vol 4 Earth


Le post-hardcore n'a jamais sonné aussi post. Après les deux premiers quarts sortis l'an dernier, Thrice conclut son ambitieux projet avec les éléments air et terre, qui comme les deux autres prennent un cd de six morceaux chacun, créant ainsi un tout cohérent, c'est en tout cas le but.

Comme pour le feu et l'eau, les thèmes ne sont pas qu'un prétexte : les morceaux appartiennent tous à leur élément, ce qui se réflète souvent jusque dans le titre (Broken Lungs, Silver Wings, Digging My Own Grave). De plus, l'ambiance musicale correspond : les morceaux de Fire étaient violents, ceux de Earth presque entièrement acoustiques.

On peut forcément être dubitatif face à une telle ambition, qui peut se confondre avec de la prétention démesureée : on est face à un quadruple album de vingt-quatre morceaux qui semble arrangé assez artificiellement. On pourra toujours leur tenir ce reproche, un peu comme on peut critiquer Mars Volta pour leurs titres invraisemblables et morceaux à rallonge. Reste qu'à l'écoute de l'album, on sent une cohérence, et un ensemble fort.

Pour les deux parties qui nous occupent (Fire et Earth étant évoqués ici), AirIllusion Of Safety, The Artist In The Ambulance). Thrice arrive à trouver un bon compromis entre expérimentation (cela peut sembler évident, mais aucun morceau d'Alchemy Index n'est vraiment “facile”) et relative accessibilité. A Song For Milly Michaelson, par exemple, aurait très bien plus se retrouver sur Adore (Smashing Pumpkins), sans la voix geignarde de Billy Corgan, et est un bon exemple du caractère – fatalement – aéré du disque. Ajoutons à ça la force de Broken Lungs ou la mélodie captivante de Daedalus (morceau intégralement passionnant) et on ne serait pas loin de penser qu'Air est le meilleur quart de l'album.

Earth, comme déjà évoqué, est majoritairement acoustique, et rappelle parfois l'atypique Howl, de Black Rebel Motorcycle Club, en plus mélancolique : c'est une autre occasion pour Dustin Kensrue de montrer qu'il sait faire bien plus qu'hurler, sa voix se prête à beaucoup de choses, dont le quasi soul Moving Mountains. Sans trop sombrer dans le pathos, l'ambiance est largement dans l'introspection, ce qui fait de cette partie une autre réussite, encore plus qu'un Fire “simplement” violent et Water un peu trop dissolu.

Après un Vheissu déjà ambitieux, mais finalement en demi-teinte, Thrice a réussi une oeuvre d'une ampleur majeure. Elle a le défaut de ses ambitions, certainement, mais ils ont le grand mérite d'avoir été jusqu'au bout de leurs idées. Il est donc très difficile de voir quelle direction sera suivie dans le futur, mais une chose est sûre : on devra être attentif, car Thrice confirme qu'il est un des groupes actuels les plus intéressants et intrigants.

vendredi 18 avril 2008

Beaucoup de bruit pour rien, suite et fin

Quel magnifique exemple de manipulation... Alors qu'il y a quelques jours l'opinion générale (et la mienne) était de vilipender le clan dEUS pour pratiques mercantiles inacceptables, les tables ont tourné, et c'est maintenant le journal Le Soir (et en particulier l'inénarrable Thierry Coljon) qui est tourné en ridicule. Après toute une série de cafouillages mineurs, qui a culminé avec cette magnifique affaire du gribouillis-qui-n'est-pas-vraiment-une-signature, on apprend via le site du Morgen (journal néérlandophone a aussi brisé l'embargo) qu'une seconde séance d'interviews, non soumises à ces conditions, est organisée le 18, soit ce vendredi.

Je vais donc arrêter d'évoquer cette stupide histoire, qui aura apporté deux enseignements : d'abord, on pouvait le prévoir, une grande partie de l'industrie du disque n'est composée que de marchands de tapis sans scrupule : ces 25 000€ sont quand même scandaleux en soi. Ensuite, le comportement du journal Le Soir (ou plutôt de sa rédaction incapable de gérer correctement la situation), mons prévisible, est inquiétante, car n'obéissant à aucune logique. Ce n'est pas la première fois qu'un média censé être indépendant et de qualité perd les pédales, et ce ne semble pas être un coup de mou momentané : la tendance perdure.

Et ça, ce n'est pas bon non plus.

mercredi 16 avril 2008

Supergrass - Diamond Hoo Ha


C'est un grand classique du hype, tous les éléments sont rassemblés. Un groupe qui a déjà de la bouteille (douze ans depuis leur premier single, quand même), dont le dernier album était très introspectif, et aux antipodes des sensibilités pop-rock auxquelles il nous avait habitué. Ajoutons-y quelques troubles d'ordre privé et inissons avec un morceau s'appellant The Return Of Inspiration, et la conclusion est limpide : Supergrass is back. Alors? Not quite.

Oui, les guitares reviennent en force, et avec elles une envie indéniable d'écrire des morceaux rapides, enlevés et moins sérieux. Pour cela, ils choississent un ton assez seventies, assez glam. Pourquoi pas, mais une fois de plus, la route vers l'enfer est pavée, etc etc. D'abord, les morceaux sont quand même moins solides qu'avant. Oui, le BITE ME de Diamond Hoo Ha Man est jouissif, mais le gimmick s'efface vite, comme les effets de guitare qui deviennent vite répétitifs.

C'est dommage, parce qu'ils sont toujours capables d'écrire de très bons morceaux pop, comme un Ghost Of A Friend dylanesquement chanté, ou le mouvementé Whiskey And Green Tea. Et c'est encore plus dommage, parce que Diamond Hoo Ha (c'est quoi ce titre, en plus?) est le moins bon album du 'Grass jusqu'ici, dans une discographie très recommandable qui a atteint l'excellence (In It For The Money, un des meilleurs albums British des 90s). Ici, on voit juste un groupe qui en a envie, certes, mais qui peine à se renouveler, à (re)trouver sa place. Ce qui n'est pas bon du tout.

Supergrass - Diamond Hoo Ha


C'est un grand classique du hype, tous les éléments sont rassemblés. Un groupe qui a déjà de la bouteille (douze ans depuis leur premier single, quand même), dont le dernier album était très introspectif, et aux antipodes des sensibilités pop-rock auxquelles il nous avait habitué. Ajoutons-y quelques troubles d'ordre privé et inissons avec un morceau s'appellant The Return Of Inspiration, et la conclusion est limpide : Supergrass is back. Alors? Not quite.

Oui, les guitares reviennent en force, et avec elles une envie indéniable d'écrire des morceaux rapides, enlevés et moins sérieux. Pour cela, ils choississent un ton assez seventies, assez glam. Pourquoi pas, mais une fois de plus, la route vers l'enfer est pavée, etc etc. D'abord, les morceaux sont quand même moins solides qu'avant. Oui, le BITE ME de Diamond Hoo Ha Man est jouissif, mais le gimmick s'efface vite, comme les effets de guitare qui deviennent vite répétitifs.

C'est dommage, parce qu'ils sont toujours capables d'écrire de très bons morceaux pop, comme un Ghost Of A Friend dylanesquement chanté, ou le mouvementé Whiskey And Green Tea. Et c'est encore plus dommage, parce que Diamond Hoo Ha (c'est quoi ce titre, en plus?) est le moins bon album du 'Grass jusqu'ici, dans une discographie très recommandable qui a atteint l'excellence (In It For The Money, un des meilleurs albums British des 90s). Ici, on voit juste un groupe qui en a envie, certes, mais qui peine à se renouveler, à (re)trouver sa place. Ce qui n'est pas bon du tout.

lundi 14 avril 2008

Beaucoup de bruit pour pas grand chose : l'”affaire” dEUS vs/& Le Soir

On savait depuis longtemps que Tom Barman avait la grosse tête, mais là on atteint des records. Les médias n'ont pas le droit de révéler la tenue des interviews avec le groupe avant le 15 avril (enfin, Barman, quoi, qui les autres sont n'a plus vraiment d'importance depuis que Trouvé et Carlens sont partis, il y a déjà bien longtemps) sous peine d'une astreinte financière de 25 000€.

C'est le journal Le Soir qui a révélé l'info via son blog Frontstage, en annonçant qu'ils ne parleraient pas du groupe, et juste un peu après la date fatidique. Ils vont même jusqu'à censurer le titre de l'album. Mais un peu plus tard, le même journal change d'avis, et décide de briser l'embargo, au risque de payer cette astreinte. Forcément, l'affaire prend de l'ampleur, certains quotidiens suivent le mouvement (De Morgen) tandis que d'autres refusent (De Standaard).

Qu'en penser? Evidemment, une telle initiative de la part de Barman/dEUS/Universal est inacceptable, et peut clairement mettre en danger la liberté de la presse. Mais ce qui est nettement plus questionnable, c'est le fait que Le Soir annonce un boycott presque total, pour finalement publier l'interview (deux jours avant la date de levée de l'embargo), et donc, contenter tout le monde : ses lecteurs, certes, mais aussi finalement dEUS et Universal. En effet, l'interview est passée, et avec nettement plus de bruit que prévu, ce qui ne devrait pas faire du mal aux chiffres de vente (de l'album et du journal). Et si, en plus, Universal empoche les 25 000€, la situation win-win sera totale. Enfin presque, parce que la crédibilité de certains médias en prend un (nouveau) coup.

La position du Soir manque cruellement – et c'est un comble! - d'honnêteté intellectuelle, alors que le représentant du Télémoustique a, quant à lui, simplement refusé les termes du contrat, et donc l'interview. Même si je n'ai pas souvent été tendres avec eux, je trouve que c'est l'attitude la plus intègre.

Au début de l'histoire, je pensais moi aussi ne pas parler de l'album, mais finalement, ce serait ça, la restriction de la liberté d'expression : ne pas donner son avis sur un disque que je trouve d'ailleurs assez moyen.

Tout cela n'empêchera pas Vantage Point de se vendre, ni à la masse de touristes mal informés d'assister à leur concert de clôture de Rock Werchter 2008, mais, à une époque où certains artistes tentent de trouver une nouvelle direction durable, il est navrant de voir que d'autres considèrent leur public comme des moutons au portefeuille rempli. J'espère qu'il se rendront compte de leur erreur.

Oh, et l'album? Je l'ai écouté “par hasard” (amusant de voir les résultats qu'on peut obtenir en tapant “dEUS + Vantage Point” sur Google), et non seulement on va encore se demander si Barman a abadonné son génie en Espagne en enregistrant The Ideal Crash, mais en plus, ça va se vendre, c'est assez consensuel (pour être poli) pour ça.

Bref, beaucoup de bruit pour pas grand chose, une fois de plus.


Sources et références : le billet original et la justification du changement d'avis (Frontstage), l'assez prétentieux édito de la rédac' chef du Soir, la fort mièvre interview en question et les observations de Serge Coosemans.


Edit : depuis l'écriture de ce billet, un nouvel article a été publié sur le site du Soir. “Il (Thierry Coljon, journaliste) s’exécute dans l’urgence, contraint par le chantage mais en apposant un gribouillis qui n’est ni sa signature ni son paraphe.” Là, on est vraiment dans le ridicule le plus total. Un gribouillis? C'est une blague?

dimanche 13 avril 2008

Vampire Weekend - Vampire Weekend


Qu'est-ce qui est hype en 2008 : le courant vaguement dancerock anglais, Foals et Does It Offend You Yeah? Oui, mais non. On va une fois de plus se tourner vers New York, où les jeunes gens de Vampire Weekend sont prêts à s'asseoir sur le trône de Sir Julian et sa troupe.

Comme Pitchfork le dit assez justement, Vampire Weekend n'est pas un album durant lequel l'auditeur va crier au génie toutes les trois secondes, où va penser être un présence d'un nouveau Surfer Rosa ou OK Computer. Mais il l'écoutera deux fois par jour, sans jamais se lasser, pendant des mois. Ce qui est peut-être encore plus rare.

L'originalité de VW, c'est justement de revêtir une esthétique proche des Strokes, mais en incorportant des éléments qui n'ont pas du tout l'habitude d'être là, notamment des influences africaines : la batterie sort tout droit de l'école Tony Allen, et le ton de la guitare, souvent claire et espacée, renvoie aux traditions sénégalaises, sud-africaines ou maliennes, dont Amadou et Mariam ne sont que les plus connus sous nos nuages.

Mais VW, c'est tout sauf de la world music : ce n'est pas parce que qu'ils citent de nom Peter Gabriel qu'il ont signé chez Real World : la guitare et le refrain de Campus aurait pu se trouver de Is This It. Certains morceaux sont d'ailleurs nettement plus poussés, niveau influences africaines, comme Cape Cod Kwassa Kwassa (même si faire rimer Louis Vuitton et Benetton casse un peu le charme) ou Bryn et la ligne claire. On retrouve aussi des claviers discrets, et une voix qui rappelle parfois Julian Casablancas ou Pete Doherty, tout en gardant sa propre identité, qui se retrouve aussi ou niveau des textes.

L'album est adorable, les cordes de M79 pourraient rendre Hillary Clinton de bonne humeur, et il est soigné de bout en bout, même si quelques petites répétitions se font sentir çà et là : c'est un premier album, il faut s'en souvenir. Il n'est pas parfait non plus, mais l'excellence de I Stand Corrected ou Walcott valent bien un ou deux morceaux de remplissage. De là en découle son principal problème : il va bien falloir le péréniser, et la formule deviendra vite fatigante. Mais ça, c'est pour plus tard, maintenant, réjouissons-nous simplement de ce vent de fraîcheur aussi charmant qu'inattendu.

Vampire Weekend - Vampire Weekend


Qu'est-ce qui est hype en 2008 : le courant vaguement dancerock anglais, Foals et Does It Offend You Yeah? Oui, mais non. On va une fois de plus se tourner vers New York, où les jeunes gens de Vampire Weekend sont prêts à s'asseoir sur le trône de Sir Julian et sa troupe.

Comme Pitchfork le dit assez justement, Vampire Weekend n'est pas un album durant lequel l'auditeur va crier au génie toutes les trois secondes, où va penser être un présence d'un nouveau Surfer Rosa ou OK Computer. Mais il l'écoutera deux fois par jour, sans jamais se lasser, pendant des mois. Ce qui est peut-être encore plus rare.

L'originalité de VW, c'est justement de revêtir une esthétique proche des Strokes, mais en incorportant des éléments qui n'ont pas du tout l'habitude d'être là, notamment des influences africaines : la batterie sort tout droit de l'école Tony Allen, et le ton de la guitare, souvent claire et espacée, renvoie aux traditions sénégalaises, sud-africaines ou maliennes, dont Amadou et Mariam ne sont que les plus connus sous nos nuages.

Mais VW, c'est tout sauf de la world music : ce n'est pas parce que qu'ils citent de nom Peter Gabriel qu'il ont signé chez Real World : la guitare et le refrain de Campus aurait pu se trouver de Is This It. Certains morceaux sont d'ailleurs nettement plus poussés, niveau influences africaines, comme Cape Cod Kwassa Kwassa (même si faire rimer Louis Vuitton et Benetton casse un peu le charme) ou Bryn et la ligne claire. On retrouve aussi des claviers discrets, et une voix qui rappelle parfois Julian Casablancas ou Pete Doherty, tout en gardant sa propre identité, qui se retrouve aussi ou niveau des textes.

L'album est adorable, les cordes de M79 pourraient rendre Hillary Clinton de bonne humeur, et il est soigné de bout en bout, même si quelques petites répétitions se font sentir çà et là : c'est un premier album, il faut s'en souvenir. Il n'est pas parfait non plus, mais l'excellence de I Stand Corrected ou Walcott valent bien un ou deux morceaux de remplissage. De là en découle son principal problème : il va bien falloir le péréniser, et la formule deviendra vite fatigante. Mais ça, c'est pour plus tard, maintenant, réjouissons-nous simplement de ce vent de fraîcheur aussi charmant qu'inattendu.

dimanche 6 avril 2008

The Presidents Of The United States Of America – These Are The Good Times People

Oui, ils sont toujours là. Après un petit succès indépendant dans les années 90 (vous vous rappelez de Lump et Peaches?), ils auront connu une traversée du désert assez longue, mais Love Everybody (2004) leur aura redonné, si pas le succès, une certaine visibilité et la possibilité de continuer à tourner et sortir des albums, celui-ci étant le cinquième.

C'est aussi une belle petite surprise. Il est efficace, reprend tout ce qu'on peut attendre d'un album du groupe tout en étant leur plus varié. Même si le fondateur Dave Dederer a quitté le navire, remplacé par Andrew McKeag, lls gardent leurs instruments à cordes habituelles (guitbass et basitar, wikipedia le fera mieux que moi), mais ajoutent des éléments de ska (Sharpen Up Those Fangs), de music-hall (Flame Is Love) et même un duo soul avec la chanteuse Fysah Thomas (Deleter).

Mais c'est un album des PUSA. Donc, trois accords, simplicité et efficacité mélodique, paroles surréalistes et souvent assez tordues, parlant d'animaux (Ladybug, Poor Turtle) d'amour (Mixed Up SOB, French Girl), ou de ballon d'hélium (Loose Balloon).

Limité, certes, mais efficace et bien exécuté, tout ce qu'on demande. Et je parie que le nouveau Weezer ne sera pas aussi bien, hélas. Cet album au titre trop long d'un groupe au nom trop long est très sympathique à défaut d'être révolutionnaire, et une fois de temps en temps, cela fait un bien fou. Tout en me fichant un nouveau coup de vieux.

The Presidents Of The United States Of America – These Are The Good Times People

Oui, ils sont toujours là. Après un petit succès indépendant dans les années 90 (vous vous rappelez de Lump et Peaches?), ils auront connu une traversée du désert assez longue, mais Love Everybody (2004) leur aura redonné, si pas le succès, une certaine visibilité et la possibilité de continuer à tourner et sortir des albums, celui-ci étant le cinquième.

C'est aussi une belle petite surprise. Il est efficace, reprend tout ce qu'on peut attendre d'un album du groupe tout en étant leur plus varié. Même si le fondateur Dave Dederer a quitté le navire, remplacé par Andrew McKeag, lls gardent leurs instruments à cordes habituelles (guitbass et basitar, wikipedia le fera mieux que moi), mais ajoutent des éléments de ska (Sharpen Up Those Fangs), de music-hall (Flame Is Love) et même un duo soul avec la chanteuse Fysah Thomas (Deleter).

Mais c'est un album des PUSA. Donc, trois accords, simplicité et efficacité mélodique, paroles surréalistes et souvent assez tordues, parlant d'animaux (Ladybug, Poor Turtle) d'amour (Mixed Up SOB, French Girl), ou de ballon d'hélium (Loose Balloon).

Limité, certes, mais efficace et bien exécuté, tout ce qu'on demande. Et je parie que le nouveau Weezer ne sera pas aussi bien, hélas. Cet album au titre trop long d'un groupe au nom trop long est très sympathique à défaut d'être révolutionnaire, et une fois de temps en temps, cela fait un bien fou. Tout en me fichant un nouveau coup de vieux.

jeudi 3 avril 2008

R.E.M. - Accelerate


Á chaque fois qu'un nouvel album d'un groupe majeur et assez ancien sort, on essaie toujours de caler les mots “retour en forme”. Parfois en dépit du bon sens (Pearl Jam), parfois par espoir déçu (Metallica depuis dix ans au moins). Dans ce cas-ci, on parlerait plutôt de retour en puissance : on ne peut pas vraiment dire que les trois derniers albums de R.E.M. étaient mauvais, mais plutôt expérimentaux et pas spécialement faciles à écouter. Ok, ils n'étaient pas non plus à la hauteur du passé. Le temps seul dire si Accelerate l'est, mais il est de loin l'album le plus péchu du groupe depuis Monster.

Malgré quelques bons moments (The Great Beyond, Imitation Of Life, l'album Up), le R.E.M. post-New Adventures In Hi-Fi (qui correspond au départ du batteur irremplacé Bill Berry) a manqué de pertinence, voire de cohérence. Rien de toute cela ici. Une bonne demi-heure de musique, onze morceaux où prédominent les guitares énervées : on sent un... retour en forme.

D'ailleurs, le tout début de l'album rappelle celui de Monster, tant l'intro de Living Well Is The Best Revenge fait penser à What's The Frequency Kenneth? Heureusement, on quitte vite les souvenirs de prétentions maladroites pour entendre un R.E.M. revigoré, qui n'a jamais sonné aussi bien comme trio. Basse très rythmique, guitare puissante et un Michael Stipe inimitable mais précis et décidé. Man-Sized Wreath étonne par sa rapidité d'exécution, alors qu'Angus Young voudra sans doute récupérer le riff de Supernatural Superserious, un classique immédiat du groupe, le genre de morceau qu'ils semblent écrire dans leur sommeil depuis plus de vingt ans.

Même si les six cordes dominent, on retrouve, mais avec plus de pertinence, des claviers rappelant les dernières expériences d'Around The Sun. Houston en est un très exemple, mais on sent que le groupe possède une envie, une volonté qui semblait manquer à l'époque. D'ailleurs, alors que la production récente du groupe était assez mid-tempo, on ne retrouve qu'une seule ballade, qui n'est d'ailleurs pas vraiment le sommet de l'album. Hollow Man, quant à lui, commence tranquillement avec une simple guitare acoustique avant d'offrir le refrain le plus entêtant qu'on ait entendu depuis bien trop longtemps.

Accelerate est rapide, on l'a compris, et se conclut sur le binôme Horse To Water/I'm Gonna DJ. Le premier rappelle étrangement un autre vieux groupe mais qui a très mal vieilli, alors que le second est connu depuis belle lurette car joué depuis 2005. Il termine le tout sur une note positive : “Music will provide the light you cannot resist”, on ne peut qu'acquiescer.

Alors oui, Accelerate est sans trop de doutes le meilleur album de R.E.M. depuis la fin du XXème siècle. Mieux encore, il redonne envie. Envie au groupe de refaire de la musique avec passion, mais aussi envie de réécouter l'ensemble de leur catalogue, d'une grande richesse peut-être inégalée. Accelerate fait tout ça, en plus d'offrir à 2008 un de ses meilleurs albums rock.

R.E.M. - Accelerate


Á chaque fois qu'un nouvel album d'un groupe majeur et assez ancien sort, on essaie toujours de caler les mots “retour en forme”. Parfois en dépit du bon sens (Pearl Jam), parfois par espoir déçu (Metallica depuis dix ans au moins). Dans ce cas-ci, on parlerait plutôt de retour en puissance : on ne peut pas vraiment dire que les trois derniers albums de R.E.M. étaient mauvais, mais plutôt expérimentaux et pas spécialement faciles à écouter. Ok, ils n'étaient pas non plus à la hauteur du passé. Le temps seul dire si Accelerate l'est, mais il est de loin l'album le plus péchu du groupe depuis Monster.

Malgré quelques bons moments (The Great Beyond, Imitation Of Life, l'album Up), le R.E.M. post-New Adventures In Hi-Fi (qui correspond au départ du batteur irremplacé Bill Berry) a manqué de pertinence, voire de cohérence. Rien de toute cela ici. Une bonne demi-heure de musique, onze morceaux où prédominent les guitares énervées : on sent un... retour en forme.

D'ailleurs, le tout début de l'album rappelle celui de Monster, tant l'intro de Living Well Is The Best Revenge fait penser à What's The Frequency Kenneth? Heureusement, on quitte vite les souvenirs de prétentions maladroites pour entendre un R.E.M. revigoré, qui n'a jamais sonné aussi bien comme trio. Basse très rythmique, guitare puissante et un Michael Stipe inimitable mais précis et décidé. Man-Sized Wreath étonne par sa rapidité d'exécution, alors qu'Angus Young voudra sans doute récupérer le riff de Supernatural Superserious, un classique immédiat du groupe, le genre de morceau qu'ils semblent écrire dans leur sommeil depuis plus de vingt ans.

Même si les six cordes dominent, on retrouve, mais avec plus de pertinence, des claviers rappelant les dernières expériences d'Around The Sun. Houston en est un très exemple, mais on sent que le groupe possède une envie, une volonté qui semblait manquer à l'époque. D'ailleurs, alors que la production récente du groupe était assez mid-tempo, on ne retrouve qu'une seule ballade, qui n'est d'ailleurs pas vraiment le sommet de l'album. Hollow Man, quant à lui, commence tranquillement avec une simple guitare acoustique avant d'offrir le refrain le plus entêtant qu'on ait entendu depuis bien trop longtemps.

Accelerate est rapide, on l'a compris, et se conclut sur le binôme Horse To Water/I'm Gonna DJ. Le premier rappelle étrangement un autre vieux groupe mais qui a très mal vieilli, alors que le second est connu depuis belle lurette car joué depuis 2005. Il termine le tout sur une note positive : “Music will provide the light you cannot resist”, on ne peut qu'acquiescer.

Alors oui, Accelerate est sans trop de doutes le meilleur album de R.E.M. depuis la fin du XXème siècle. Mieux encore, il redonne envie. Envie au groupe de refaire de la musique avec passion, mais aussi envie de réécouter l'ensemble de leur catalogue, d'une grande richesse peut-être inégalée. Accelerate fait tout ça, en plus d'offrir à 2008 un de ses meilleurs albums rock.

mercredi 2 avril 2008

AC/DC – Back In Black (1980)

ACDC_Back_in_BlackUn fait pour débuter. Back In Black est, derrière Thriller, l'album original le plus vendu de tous les temps. Et vu que l'album approche de sa fin inéluctable, il le restera. Je ne prends pas ça comme critère de qualité (le disque le plus vendu, toutes catégories confondues est le Greatest Hits des Eagles, ce qui remet les choses en perspective), mais de distribution : énormément de monde a écouté (ou en tout cas possède, ce qui est autre chose) l'album phare d'AC/DC, succès aussi énorme qu'improbable.

En 1980, AC/DC avait déjà un bon paquet de hits derrière eux, avec notamment l'album Highway To Hell, et un vocaliste exceptionnel, Bon Scott. On connaît la suite : Scott meurt, et est remplacé par Brian Johnson. Back In Black est un hommage à Bon Scott, mais beaucoup d'autres choses aussi.

L'intro mythique, pour commencer. Les cloches, simultanément hommage au chanteur mais aussi annonciatrice de chaos. Un riff, lent, lancinant, qui fait à lui tout seul qu'Angus Young a sa page dans l'encyclopédie des tous grands. AC/DC n'a jamais eu besoin de jouer fort (Iron Maiden), vite (Motörhead), ou de manière malsaine (Black Sabbath) : ils ont leur propre genre, mélange de riffs, de la voix, hmm, particulière de Brian Johnson, et les paroles plus double-entendre qu'une conversation ouija entre Freud et sa mère.

Hells Bells, le premier morceau en question est juste un riff, donc, mais quel riff. AC/DC a repris la racine du rock n roll, le blues, en y ajoutant – forcément – l'électricité et un nombre incalculable de métaphore sexuelles (You Shook Me All Night Long, Let Me Put My Love Into You (!!!) voire parfois sexistes (What You Do For Money Honey).

Mais ne reprendre que ça serait assez réducteur : au creux de l'album, un discret morceau traîne son riff monumental : Back In Black. Continuons le thème : le moment où Johnson commence à chanter est carrément un des moments les plus orgasmiques du rock 'n roll. Et c'est bien ce qu'AC/DC a apporté : rien grand chose de complexe, ni de bien sérieux (z'avez déjà vu Angus Young?). Mais une dose maximal de plaisir et d'enthousiasme, combiné avec un sens de l'accroche inouï; et inégalé.

Oh, bien sûr, ils vivent depuis des années sur leur légende (même si on annonce un nouvel album en 2008), on parle plus de l'accessoire que de l'essentiel (les canons et les cloches, n'importe quel jeu de mot avec “balle” dedans – regardez la pochette du leur dernier dvd), mais quelle légende : AC/DC a créé, et continuera à créer, des groupes qui auront plus ou moins compris l'idéal de Angus, Malcolm, bon, Brian et les autres : rock n' roll ain't noise pollution. Back In Black est la référence.


Hells Bells

 

mardi 1 avril 2008

The Raconteurs - Consolers Of The Lonely

On ne s'attendait peut-être pas à ce que Jack White, qu'on imagine peu vérifier Facebook tous les jours, suive les pas de Trent Reznor et Radiohead. Il l'a fait, mais avec un twist évidemment traditionnel. Le second album des Raconteurs a été annoncé une semaine avant sa sortie, qui fut générale : l'album n'était pas seulement disponible sur internet, mais aussi en magasin Des vrais magasins, avec des murs, un vendeur et des prix exorbitants. Mais je m'égare.

The Raconteurs, c'est un groupe formé par le singer-songwriter Brendan Benson, la section rythmique des Greenhornes et Jack White qui a ici le droit de porter des chaussettes bleues et ne pas être le frère du batteur. Le premier album était court mais explosif, et a même permis à White de scorer un autre hit, avec Steady As She Goes.

Etonnamment (ou pas?), The Raconteurs version 2008 n'est pas trop éloigné du boulot principal de White : riffs incisifs, guitare psychopathique, batterie souvent limitée, et hululements déchaînés. Salute Your Solution aurait pu se retrouver tel quel sur Icky Thump. Mais avec une basse, et même si je ne reprocherai jamais à Jack et Meg de ne pas en avoir, autant ici, ça fait du bien. Excellent morceau, même si les voix de Benson sont souvent au second plan : Jack est clairement un natural-born leader et retrouve la place qu'il n'avait pas osé prendre au début.

On sera peut-être moins heureux de retrouver quelques obsessions de Jack White, comme le piano music hall, les mariachis et les éléments de musique traditionnelle celtique. Conquest, c'était fantastique, mais en one shot ç'eût été encore mieux. Ceci dit, les balades tiennent bien la route, justement grâce à Benson, qui apporte une voix un peu moins mélodramatique. Il y a de l'Elliott Smith là-dessous. L'assez kitsch Many Shades Of Black porte la marque de Brendan Benson, et apporte un contrepoids intéressant aux compositions dominées par White, comme le très brut et jouissif Five On The Five qui suit. (une basse c'est quand même bien, je dis ça je dis rien mais bon)

Consolers Of The Lonely est suffisamment varié pour ne jamais ennuyer, malgré qu'il soit plus long que le précédent. Alliant qualité d'écriture et grains de folie, les Raconteurs valent plus que la somme de leurs parts, ce qui est tout à fait exceptionnel. L'album reste passionnant jusqu'au bout, avec le progblues (si!) Rich Kid Blues ou le terrible final Carolina Drama et son histoire tragique d'amours compliquées et de bouteille de lait tueuse.

On concluera de la même manière que pour chaque album de Jack White. Un talent fou, un excellent compositeur et un exceptionnel guitariste, capable de se fondre dans un groupe sans en plomber la raison d'être (on se rappelle de Tin Machine?). On pourra toujours regretter que ce second album se rapproche plus des Stripes que du premier Raconteurs, mais personne ne pourrait vraiment penser que c'est un réel défaut. Et puis, de manière tout à fait personnelle et subjective, j'adore le ton de la guitare de White, sa sonorité crasseuse propre qui est peut-être ma préférée depuis J Mascis.

The Raconteurs - Consolers Of The Lonely

On ne s'attendait peut-être pas à ce que Jack White, qu'on imagine peu vérifier Facebook tous les jours, suive les pas de Trent Reznor et Radiohead. Il l'a fait, mais avec un twist évidemment traditionnel. Le second album des Raconteurs a été annoncé une semaine avant sa sortie, qui fut générale : l'album n'était pas seulement disponible sur internet, mais aussi en magasin Des vrais magasins, avec des murs, un vendeur et des prix exorbitants. Mais je m'égare.

The Raconteurs, c'est un groupe formé par le singer-songwriter Brendan Benson, la section rythmique des Greenhornes et Jack White qui a ici le droit de porter des chaussettes bleues et ne pas être le frère du batteur. Le premier album était court mais explosif, et a même permis à White de scorer un autre hit, avec Steady As She Goes.

Etonnamment (ou pas?), The Raconteurs version 2008 n'est pas trop éloigné du boulot principal de White : riffs incisifs, guitare psychopathique, batterie souvent limitée, et hululements déchaînés. Salute Your Solution aurait pu se retrouver tel quel sur Icky Thump. Mais avec une basse, et même si je ne reprocherai jamais à Jack et Meg de ne pas en avoir, autant ici, ça fait du bien. Excellent morceau, même si les voix de Benson sont souvent au second plan : Jack est clairement un natural-born leader et retrouve la place qu'il n'avait pas osé prendre au début.

On sera peut-être moins heureux de retrouver quelques obsessions de Jack White, comme le piano music hall, les mariachis et les éléments de musique traditionnelle celtique. Conquest, c'était fantastique, mais en one shot ç'eût été encore mieux. Ceci dit, les balades tiennent bien la route, justement grâce à Benson, qui apporte une voix un peu moins mélodramatique. Il y a de l'Elliott Smith là-dessous. L'assez kitsch Many Shades Of Black porte la marque de Brendan Benson, et apporte un contrepoids intéressant aux compositions dominées par White, comme le très brut et jouissif Five On The Five qui suit. (une basse c'est quand même bien, je dis ça je dis rien mais bon)

Consolers Of The Lonely est suffisamment varié pour ne jamais ennuyer, malgré qu'il soit plus long que le précédent. Alliant qualité d'écriture et grains de folie, les Raconteurs valent plus que la somme de leurs parts, ce qui est tout à fait exceptionnel. L'album reste passionnant jusqu'au bout, avec le progblues (si!) Rich Kid Blues ou le terrible final Carolina Drama et son histoire tragique d'amours compliquées et de bouteille de lait tueuse.

On concluera de la même manière que pour chaque album de Jack White. Un talent fou, un excellent compositeur et un exceptionnel guitariste, capable de se fondre dans un groupe sans en plomber la raison d'être (on se rappelle de Tin Machine?). On pourra toujours regretter que ce second album se rapproche plus des Stripes que du premier Raconteurs, mais personne ne pourrait vraiment penser que c'est un réel défaut. Et puis, de manière tout à fait personnelle et subjective, j'adore le ton de la guitare de White, sa sonorité crasseuse propre qui est peut-être ma préférée depuis J Mascis.