lundi 31 décembre 2012

Top albums 2012 : 40-21

Music Box 2012/3Petit changement de programme, comme je n'aurai (évidemment) pas terminé à temps, on aura un top 20 dans quelques jours plutôt que le top 10 prévu au départ. Sans plus attendre, voici les albums que j'ai (futilement) classé de 40 à 21.


40 Kendrick Lamar - good kid m.A.A.d city. On risque encore de dire que je “n’aime pas le rap”, parce que c’est censé être numéro 1 partout, ce truc. Et oui, c’est un album plein de trouvailles sonores, avec assez souvent un ton autobiographique fort intéressant et parfois autocritique (l’alcoolisme social sur Swimming Pools, la dynamique criminelle de groupe sur The Art of Peer Pressure). Mais faire un morceau se rapprochant bien trop près d’une glorification du viol, ce n’est pas une très bonne idée. Inviter Dr Dre qui va évidemment parler de 2Pac, de son casque pourri et de Compton (en 2012!), pas une très bonne idée non plus. Mais il est vrai que Kendrick Lamar suit une certaine tradition, en se comparant à un roi (ou à Lebron James?) ou encore à Martin Luther King, rien que ça. Alors, peut-être qu’il fallait envoyer un album hip-hop dans le mainstream, vu les relatives déceptions apportées par le camp Odd Future (à une gigantesque exception). Mais aussi intéressant puisse-t-il être, cet album à la typographie aussi irritante que son auteur ne mérite pas tant de louanges.


39 Crocodiles - Endless Flowers. Tiens, encore un groupe qui aurait bien aimé serrer les pinces de Ian Curtis et de Kevin Shields (pardon, on me dit que la pince de Shields est toujours en train d’appuyer sur une table de mixage à l’heure qu’il est) tout en discutant de girl pop 60s avec les frères Reid. Un peu déjà vu, encore plus quand on sait que le chanteur est marié avec une autre revivaliste, Dee Dee Dum Dum. Mais avec des chansons comme My Surfing Lucifer, on pardonne.


38 Baroness - Yellow and Green. Terminant d’exploser complètement la barrière entre le metal et le reste des genres, le troisième album de Baroness est certes parfois très heavy, mais aussi étrangement  accessible et mélodique. Ils ont réussi à créer un tout qui sublime la somme de leurs influences : prog mais pas chiant, heavy mais mélodique, stoner mais focalisé. Et ceci tout au long d’un double album de 75 minutes. Très impressionnant.


37 Toy - Toy. Psyché, sombre, avec plein de flanger et des voix vaguement shoegaze, Toy a pris la place laissée vacante par The Horrors (en plus drogué). Et franchement, pas certain qu’on ait envie qu’ils la quittent, la place.


36 Paws - Cokefloat. Vous vous rappelez de Yuck l’an dernier? Cette année, on a Paws, grands admirateurs des pédales fuzz, des Fender Jaguar et des enregistrements lo-fi. Dérivatif sans être un plagiat, Cokefloat est un album de rock sale bien réalisé, qui peut aussi être une madeleine de Proust selon l’âge de l’auditeur.  Et comme j’ai trente-deux ans...


35 The Menzingers - On the Impossible Past. Dans la catégorie “groupe punk virant dans le classic rock”, The Menzingers restent du bon côté de la Force. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde.


34 The Raveonettes - Observator. Après un Raven in the Grave en demi-teinte, le duo danois affine leur son en y ajoutant parfois un piano presque (ha) rave (Observator) et réalise leur meilleur album depuis Lust Lust Lust.


33 Jack White - Blunderbuss. Après trois groupes et pas mal de choses sur le côté, Jack White sort enfin son premier album solo. Et il faut reconnaître qu’il est assez différent de tout ce qu’il a fait auparavant, avec une importance accrue au clavier et au gospel. Cependant, il peut faire parler la poudre quand il le veut (Sixteen Saltines) et est toujours capable de jouer de la guitare comme personne (I’m Shakin’). On pardonnera la relative inégalité des morceaux et le manque de punch sur la fin, parce que finalement, ce n’est que son premier album.


32 Bob Mould - Silver Age. Mais si, Bob Mould, vous voyez, le type qui traîne avec Dave Grohl. Et qui sort un des meilleurs albums de “rock” de l’année. Attaque frontale sans répit, sans artifice ni distraction, très (trop?) carré. Gros refrains, grosses guitares, Dave aime bien, moi aussi.


31 DZ Deathrays - Bloodstreams. 2013 verra sans doute un nouvel album de Death From Above 1979, en attendant, leur ersatz australien vaut bien mieux qu’une simple copie, étant moins furieux et plus mélodique que l’original canadien.


30 Grimes - Visions. Ok, on a quelques morceaux énormes, et la (horrible double jeu de mot à venir) vision de Claire Boucher est assez prodigieuse. Mais Visions comprend un peu trop de fillers qui sonnent parfois comme un preset de clavier resté bloqué en place trop longtemps, tout comme son vocoder en mode chipmunk. Ou pour être moins sévère, l’effet de surprise et l’attrait de l’originalité passe un peu trop vite. Mais j’écris peut-être ça juste pour tempérer la dithyrambe lue ailleurs.


29 Disappears - Pre-Language. Hey, du rock alternatif avec des guitares, comme avant. On a parfois l’impression d’écouter un cours tant la musique semble technique, mais cela reste très bon, avec une rythmique parfaite et une voix no wave.


28 Alt-J - An Awesome Wave. Un bon album follement original, mais je reste un peu dubitatif quant à sa véritable importance, surtout de la part de certains qui le voient déjà comme un nouveau Kid A. On verra si Alt-J n’a juste pas trouvé un créneau très particulier qu’ils utilisent plus qu’ils ne devraient. En attendant, c’est un album qui ne ressemble à aucun autre.


27 Off!. De 42 secondes à 1 minute 37 par morceau pour un album intense de vieux types qui refusent de vieillir. Même la casquette d’Anthony Kiedis ne leur a pas porté préjudice, c’est dire qu’ils sont bons.


26 Ty Segall & White Fence - Hair. Ty Segall se retrouve trois fois dans le top 100, et c’est uniquement parce qu’il n’en a sorti que trois cette année. Sa collaboration avec White Fence mêle mélodies beatlesiennes et psyché moderne à la Tame Impala. A moins que ce soit le contraire. Plein de guitares fuzz, j’adore.


25 Jeff the Brotherhood - Hypnotic Nights. Potes de Jack White, ex-Be Your Own Pet, produits par Dan Auerbach, pas facile d’assumer de telles références. Pourtant, les frères Orrall y arrivent, avec un album rappelant parfois les meilleures heures pop-punkesques de Weezer (celles avec la pédale d’effet qui donne un son délicieusement pourri après quelques accords clairs) mais avec plus d’ambition, un peu de psyché par-ci, quelques cuivres par-là et un sens mélodique avéré. Nettement plus intéressant que le groupe principal du producteur.


24 Frank Ocean - Channel Orange. Je ne sais pas si tout ce qu’on dit ailleurs est vrai, mais Frank Ocean est un énorme talent, à la voix merveilleuse et à la vision stupéfiante. Pyramids est un monument, mais je ne peux m’empêcher de penser que l’album est parfois inégal, ce qui n’est vraiment pas un problème pour un artiste au tout début d’une carrière qui sera probablement immense. Laissons-lui juste le temps, et surtout, l’espace et l’air.


23 Ty Segall Band - Slaughterhouse. Ty et son groupe de scène. Plutôt rock n roll / garage, il confirme que Ty est le talent de 2012.


22 DIIV - Oshins. Beaucoup de groupes ont tenté de sortir le meilleur album dreamy/shoegazy de l’année, mais un seul a réussi. Ils traitent la voix comme un élement comme les autres, avec beaucoup de passages instrumentaux réussis tant techniquement qu’émotivement. Un très bel album.


21 Godspeed You! Black Emperor - Allelujah! Don't Bend! Ascend! Retour (in)attendu de 2012, ils n’ont rien perdu de leur puissance et encore moins de leur pertinence. Mais deux morceaux, aussi fantastiques puissent-ils être ainsi que deux drones, c’est trop court, pour une si longue période.


Suite et fin dans quelques jours...

jeudi 27 décembre 2012

Top albums 2012 : 70-41

Music Box 2012/2

Seconde partie du top albums 2012 Music Box, avec les disques (enfin, si possible) placés entre les places 70 et 41. La prochaine partie nous emmènera aux portes du top 10, avant de terminer (plus ou moins) en beauté. Il y a des omissions et j'ai déjà envie de changer certains albums placés trop haut et inversement, mais bon, il fallait bien s'arrêter quelque part. Comme mentionné précédemment, un playlist Spotify reprendra un extrait de chaque album disponible ainsi que d'autres morceaux qui m'ont marqué cette année.


70 The Evens - The Odds. Ian MacKaye et Amy Farina aiment les jeux de mots comme titres d’album mais aussi la musique sèche, minimale et intense. Deux voix, une guitare et une batterie en font un album qui sait ce qu’il veut, mais qui s’enferme peut-être dans un schéma restrictif. Mais c’est Ian MacKaye, il fait ce qu’il veut.


69 Mark Lanegan - Funeral Blues. Après des tonnes de collaborations généralement très réussies, Mark Lanegan sort son premier album solo en huit ans. Assez réussi, il surprend par sa variété et ses influences parfois improbables (Ode to Sad Disco porte bien son titre). Peut-être un peu long, Funeral Blues rappelle que Lanegan n’est pas que la voix à mi-temps de Gutter Twins ou à temps partiel de Soulsavers ou Queens of the Stone Age.


68 Future of the Left - The Plot Against Common Sense. Ou le moment où la musique est vraiment passée au second plan, derrière la plume acerbe d’Andy Falkous, les mélodies et rythmiques implacables derrière les titres des morceaux (Robocop 4 - Fuck Off Robocop, Sorry Dad I Was Late for The Riots). Pas que l’album soit mauvais, loin de là : il est puissant, intense et aussi dérangé que prévu, mais j’ai l’impression qu’ils sont un peu passé à côté. C’est peut-être pour cela qu’ils viennent de sortir un EP de cinq nouveaux morceaux. Ceci dit, il sera toujours difficile pour Falco de vivre dans l’ombre de son ancien groupe, ce qui est aussi malheureux qu’injuste.


67 Swearin’ - Swearin’. Punk lofi mélodique assez bordélique, souvent catchy et occasionnellement brillant. Les suspects habituels se retrouvent ici, Superchunk, Built to Spill, Dinosaur Jr, mais c’est la voix d’Allison Crutchfield qui confère à ces douze morceaux (dont un seul dépasse les trois minutes) une certain authenticité.


66 Gaz Coombes - Here Come the Bombs. Premier album solo pour l’ex-Supergrass, et essai réussi. Suffisamment différent du quatuor d’Oxford sans être aliénant, il confirme Coombes dans ses habits de songwriter anglais inventif et discret. On peut attendre encore un peu avant l’inévitable reformation.


65 Paul Weller - Sonik Kicks.  Quand on vieillit, on s’écoute parler et on fait de la merde. Sauf Paul Weller, qui n’a jamais cessé de se remettre en question, et de bien s’entourer (Graham Coxon, Noel Gallagher). Bon, ok, il s’écoute parfois parler, mais avec suffisamment de talent.


64 Poliça - Give You The Ghost. Intéressant mélange entre R&B contemporain, electronica limite witch house et rock indé, le tout chanté sous vocoder par Channy Leaneagh et, pour deux morceaux, avec le Bon Iver Mike Noyce. Déroutant au départ, l’album se révèle attachant et étrangement intime.


63 Hot Water Music - Exister. Les maîtres du genre reviennent aux affaires, avec un album totalement digne de leur énorme influence. L’intensité de Chuck Ragan peut parfois fatiguer, mais on peut difficilement ne pas les admirer.


62 Jake Bugg - Jake Bugg. Totalement différent du paysage musical actuel, le très jeune Jake Bugg (18 ans) allie gouaille typiquement working class à la Liam Gallagher (et donc, une voix unique mais potentiellement irritante) à des étonnantes influences blues/country/folk. La suite de sa carrière sera très intéressante à suivre.


61 King Tuff - King Tuff. King Tuff est l’alias de Kyle Thomas, un autre dévôt du vieux rock ‘n roll, à classer dans la même catégorie que Ty Segall ou Jack White, même s’il est peut-être un peu moins frénétique que ses illustres condisciples.  Sorti chez Sub Pop, King Tuff est parfait dans son genre.


60 Bat For Lashes - The Haunted Man. Presque aussi dépouillé que sa pochette, The Haunted Man voit Natasha Khan se concentrer sur l’intensité de ses morceaux, avec un accompagnement plus limité que dans le passé tout en restant varié et réfléchi. Mais paradoxalement, l’album manque un peu de personnalité. “Thank God I’m alive”, dit le premier morceau, Lillies. Je ne sais pas qui remercier, mais oui, merci.


59 Beach House - Bloom. Dream pop. Duo. Accords simples, jolie voix. Style over substance?


58 2:54 - 2:54. Nous renvoyant à une époque où “alternatif” voulait dire quelque chose, les soeurs Hannah et Colette Thurlow allient moments de fulgurante brillance à d’autres malheureusement plus oubliables. Mais ce n’est qu’un début.


57 St. Vincent & David Byrne - Love This Giant. Collaboration aussi inattendue que réussi, l’album montre des facettes des deux artistes qu’on ne connaissait même pas, comme s’ils se transcendaient mutuellement. Intéressant et très joli. Le talent d’Annie Clark n’a pas fini de faire user du clavier.


56 Pond - Beard Wives Denim. Premier des trois albums produits par Kevin Parker présents dans ce top 100, Beard Wives Denim est plutôt rock indé/garage teinté de psyché, ce qui est plus ou moins le contraire de Lonerism, qu’on retrouvera (beaucoup) plus haut.


55 Trash Talk - 119. L’EP Awake (2011) était devastateur, mais son successeur longue durée (enfin, façon de parler, en 22 minutes c’est plié) déçoit un peu, cul entre les deux chaises de l’accessibilité et le pur hardcore qui gueule et qui joue fort. Leurs collaborations tant musicales que commerciales avec Odd Future pourraient relancer un courant rapcore qui ne nous manque pas du tout.


54 Merchandise - Children of Desire. Beaucoup de groupes post-punk-no-wave-shoegaze-machin, cette année. Merchandise a une approche différente : leurs albums sont disponibles gratuitement sur leur site. Children of Desire ne comprend que six morceaux, dont deux dépassent les dix minutes, sans une seconde d’ennui mais des rythmes quasi tribaux, des mélodies lancinantes et un excellent vocaliste, aux inflexions proches de Morrissey.


53 Death Grips - The Money Store/No Love Deep Web. Placement groupé pour deux albums relativement similaire, même si NLDW va encore plus loin dans la folie. Avec une instrumentation cinglée mais pas autant que le MC, Death Grips est probablement le groupe le plus punk de l’année, tant sur la scène qu’en dehors, de vrais esprits libres.


52 Graham Coxon - A&E. Le monde de Graham Coxon ne semble pas avoir beaucoup changé depuis que son groupe principal a (un peu) repris du service. A&E revient à une veine plus expérimentale/bizarre après quelques albums assez classiques. Probablement libérateur pour l’extrêmement talentueux Coxon, mais l’album reste assez inégal. Ceci dit, Coxon est un des quelques génies en activité actuellement. Et ça doit être étrange d’en avoir deux dans le même groupe.


51 Converge - All You Love You Leave Behind. Apparemment le meilleur groupe hardcore dans tout le monde entier, moi je trouve qu’ils lorgnent un peu trop vers le metalcore. Mais c’est une démonstration de force très efficace.


50 Blood Red Shoes - In Time To Voices. Un des albums les plus frustrants de l’année. On sent, on sait que le duo Laura Mary Carter/Steven Ansell peut aller plus loin, plus fort et devenir un grand groupe. Ici, ils ne sont que très bons. La prochaine fois?


49 The Shins - Port of Morrow. Pop indé intelligente, parfois dansante et fun, parfois intime et raffinée. Excellent de bout en bout, mais peut-être parfois trop détaché.


48 White Lung - Sorry. Vingt minutes intense de punk efficace, avec les proportions parfaites de violence, vitesse, mélodie et attitude. Parfait, en attendant l’éventuel et improbable retour des Distillers.


47 Cat Power - Sun. Sun est le premier album de matériel original de Chan Marshall, alias Cat Power, en six ans, et fait évoluer ses folk songs mélodiques dans une ambiance résolument électronique. Cela surprend, mais on s’y fait très vite, Marshall réussissant une fois de plus à créer un univers très personnel, que ce soit à l’aide d’une boîte à rythmes, d’un piano ou d’une guitare acoustique. Peu d’auteurs / compositeurs / interprètes peuvent s’en targuer.


46 POS - We Don’t Even Live Here. Kendrick Lamar et les gars d’Odd Future sont peut-être les grandes stars de l’année, mais personne n’incarne l’esprit hip-hop indé mieux que POS. Collaborations avec Justin Vernon (et son autotune), une vision politique bienvenue et une production inventive, si seulement le hip-hop mainstream pouvait s’en inspirer.


45 Mission of Burma - Unsound. Avec celui de Dinosaur Jr., c’est certainement le comeback le plus réussi de notre époque. Non seulement ils ont réussi à composer du nouveau matériel pour ne pas tourner avec les mêmes vieux morceaux (hi, Pixies!), mais en plus, leurs albums post-reformation dont ce fantastique Unsound sont déjà deux fois plus nombreux que ceux de leur première carrière. 2012 fut une année faste pour eux, car ils ont également ressorti leurs deux premiers albums (cultes!) ainsi qu’une double compile d’introduction. Dissonant, puissant, sans compromis (notamment en ce qui concerne la production), Unsound n’a rien à envier à l’album qui leur a donné un statut de quasi-légende (et le titre du second album de Pearl Jam, d’ailleurs).


44 Spiritualized - Sweet Heart Sweet Light. Le septième album de J Spaceman m’a rendu assez perplexe. Parfois transcendant, parfois au bord de l’auto-parodie, il semble avoir un pied de chaque côte de la frontière de l’acceptable, entre beaux morceaux grandioses (Hey Jane, Too Late) et prières trop longues voire carrément chiantes (les deux derniers). Un album de Spiritualized, quoi.


43 Grizzly Bear - Shields. Trois ans après Veckatimest, ces habitués des classements de fin d’année s’y retrouvent forcément encore, grâce à leur rock indé léger, aérien, intelligent et facilement complexe.


42 Titus Andronicus - Local Business. Punk indé à influences prog ou le contraire, TA ne fait rien comme les autres et choisit des thèmes cinglés dans des morceaux qui ne le sont pas moins, empruntant parfois au punk à la Ramones, parfois au hard FM à la je-ne-citerai-personne. New Jersey oblige, on a même un hymne. Pas toujours réussi, mais quand ça l’est, c’est fantastique.


41 Amanda Palmer - Theatre Is Evil. Avec les controverses, le Kickstarter à 1,1 million de $ et Neil Gaiman, on en avait oublié la musique. On avait tort. Theatre Is Evil est la BO d’un spectacle burlesque inexistant et cinglé. Trop long, un mix trop in your face, avec des synthés trop Cure et Amanda “Fucking” Palmer trop partout en même temps, Theatre Is Evil est fascinant et unique.


Trente de plus dans quelques jours!

dimanche 23 décembre 2012

Top albums 2012 : 100-71

Music Box 2012 1A défaut d'avoir écrit beaucoup cette année, je me rattrape avec le plus long top (commenté!) de fin d'année de l'histoire de Music Box, cent albums. La publication se fera en quatre étapes, avec pour commencer les trente derniers. Un très long playlist Spotify reprendra un extrait de chaque album ainsi que d'autres morceaux.


100 Bloc Party - Four. Après des mois de drama concernant leur séparation, la sortie du quatrième album de Bloc Party n’a finalement pas intéressé grand monde. Malheureusement, il n’est pas très bon, tentant maladroitement de récupérer la fougue du premier album en y ajoutant des grosses guitares qui ne leur vont pas du tout. Leur temps est écoulé.


99 Therapy? - A Brief Crack of Light. Juste parce qu’ils sont là depuis très longtemps, refusent d’être mauvais et encore plus de se répéter.


98 A Place To Bury Strangers - Worship. Une grande déception personnelle tant leur album précédent était percutant. Ici, on a la même chose en moins bien, en moins inspiré, en plus mou. Et ce n’est même pas une bonne pub pour l’atelier de pédales d’effets DIY d’Oliver Ackermann.


97 Django Django - s/t. On essaie de nous forcer à croire qu’il y a une sorte de mouvement de nouvelle pop/rock indé, mené par Alt-J et comprenant quelques seconds couteaux comme Egyptian Hip-Hop ou Django Django, probablement l’équivalent de Menswear dans les années 90.


96 Breton - Other People's Problems. Electro-math-rock claustro intrigant et intéressant.


95 Tribes - Baby. Vu qu’il faut inévitablement voir un peu partout les signes d’un retour de la Britpop, on sort de nulle part (enfin si, Camden, évidemment) un groupe à chansons de stade, qu’on qualifiera sans doute de post-Libertines et pré-Palma Violets. Pour l’originalité, on repassera, mais au moins ce ne sont pas les Vaccines.


94 Bad Brains - Into the Future. Pionniers du hardcore de DC ‘77, ils sont au moins autant reggae que punk. Trente-cinq ans après, la recette marche étonnamment toujours aussi bien (j’aime pas le reggae), surtout les voix stoned et psychocinglées de HR.


93 The Datsuns - Death Rattle Boogie. Parce qu’on les avait oublié, et que les néo-zélandais rockent toujours aussi fort qu’avant. Aucun génie, peu d’originalité, mais beaucoup de coeur et d’enthousiasme, alors que leurs rivaux de l’époque ne sont plus du tout au même endroit.


92 The Hives - Lex Hives. C’est un album des Hives. Il n’apporte rien, n’arrive pas à la cheville des premiers, mais cela suffit amplement pour le placer dans un top 100. Merci Randy Fitzsimmons d’écrire de bonnes chansons et de réussir à nous faire tomber dans les gimmicks à chaque fois.


91 Billy Talent - Dead Silence. Punk post-hardcore, rageux, efficace et ample,. même si un peu trop long. Merci d’être revenus parmi nous.


90 The Cast of Cheers - Family . Ne vous trompez pas, Bloc Party a juste changé de nom et s’est inspiré de Battles plutôt que de Soundgarden. Par contre, l’inspiration n’est pas toujours là non plus.


89 Lana Del Rey - Born To Die. Derrière les controverses et les coups marketing, on a une chanteuse qui s’est révélé, tout au début, touchante. Malheureusement, après Video Games/Blue Jeans, le reste est mauvais, médiocre et tellement plat qu’elle se sent obligée de raconter des conneries pour qu’on parle d’elle. Ce qui n’arrivera bientôt plus.


88 Soundgarden - King Animal. Personne n’en avait besoin, mais ils sont revenus quand même. Et bien que l’album de réunion n’arrive pas au niveau du modèle du genre (Dinosaur!), il est suffisamment décent pour ne pas être embarrassant, et compte tenu du passif du chanteur, c’était pas gagné.


87 Green Day - Uno/Dos/Tré. Exemple encyclopédique de quantité vs qualité. Les 14 meilleurs morceaux sur un simple album, et il aurait été bon, dans la première moitié de la disco du groupe. Mais là, on se retrouve avec trois albums tous trop longs, et souvent trop similaires. Uno est punkpoppesquement sympa, et au moins, on n’a que très peu de trucs prétentieux à la Jesus of Machinchose, mais on a dépassé l’indigestion.


86 The Smashing Pumpkins - Oceania. J’ai beaucoup de respect pour la vision intransigeante de Billy Corgan (et le fait qu’il est responsable d’au moins deux des meilleurs albums des 90s), mais c’est assez symptomatique de remarquer qu’on a accordé plus d’attention cette année aux ressorties de Pisces Iscariot et (surtout) de Mellon Collie and the Infinite Sadness. Ceci dit, Oceania est le meilleur album de Corgan depuis quelque temps, peut-être depuis Machina II. Mais cela ne veut pas dire grand chose...


85 Sleigh Bells - Reign of Terror. Tellement surévalué que même Pitchfork n’en parle plus. Il reste juste encore un peu de nouveauté et d’originalité pour qu’on lui laisse une chance.


84 Best Coast - The Only Place. Bethany Cosentino tente par tous les moyens de prouver qu’elle a plus d’un tour dans son sac, et elle y arrive de justesse. En virant alt-country.


83 Jessie Ware - Devotion. Chaque top de fin d’année se doit d’avoir son truc pop “différent”. Je ne trouve pas que Devotion soit vraiment extraordinaire, mais Wildest Moments = tube.


82 Alabama Shakes - Boys and Girls. De la soul music au plus pur sens du terme. Rock teinté de blues et porté par la voix fantastique de Brittany Howard.


81 Neil Young - Psychedelic Pill. Parce que Neil Young est le seul type de 67 ans capable d’appeler un album Psychedelic Pill et de mettre une grosse tablette d’ecstasy en pochette. Mais aussi parce qu’il comprend quelques excellents morceaux, notamment les 16 minutes de Ramada Inn ou de Walk Like a Giant. Il a toujours quelque chose à dire.


80 Passion Pit - Gossamer. L’équilibre entre pop, indé, hype mais pas trop hipster n’est pas facile à réaliser. Pourtant, Passion Pit l’a fait, dans un album pourtant un peu fatigant.


79 Sigur Rós - Valtari. Les islandais n’auront sans doute plus jamais la même aura qu’il y a quelques années, mais cela ne les empêche pas de sortir des albums d’une beauté subjugante.


78 Imperial Teen - Feel The Sound. Indie pop positive, harmonies vocales, chouettes chansons simples. Parfois, on n’a besoin de rien de plus.


77 Of Monsters and Men - My Head Is An Animal. Les comparaisons avec Arcade Fire sont assez justifiées, celles avec Mumford and Sons heureusement moins. Plus légers que leurs inspirations de Montréal, les islandais sortent un album aérien, positif et tout à fait recommandable, même si légèrement dérivatif.


76 The Gaslight Anthem - Handwritten. J’ai sérieusement lu qu’on les considérait comme le futur du rock ‘n roll. Si le futur du rock ‘n roll passe par Bruce Springsteen et faire croire aux gens que Hot Water Music n’a jamais existé, personellement, je ne suis pas d’accord. Heureusement, ce n’est sans doute pas leur intention du tout, ils sont trop occupés à faire sonner leur rock en col bleu le mieux possible, ce qui est tout à leur honneur.


75 Motion City Soundtrack - Go. Le fameux album de la maturité, mais qui n’est pas chiant pour autant, juste plus sérieux et maîtrisé. Frais, intelligent et agréable.


74 Glen Hansard - Rhythm and Repose. Après un Oscar et des tournées interminables (notamment en ouverture de dizaines de concerts d’Eddie Vedder), l’ex-busker dublinois sort son premier vrai album solo, qui reste en deçà de ses albums avec The Frames ou le duo mélancolique The Swell Season. Restent quelques perles parfois sublimes.


73 The K. - My Flesh Reveals Millions of Souls. Noise rock habité, puissant et très dynamique, frôlant parfois le hardcore contemporain. Pas une seule baisse d’intensité tout au long d’un premier album excellent en soi, et très prometteur.


72 Trailer Trash Tracys - Ester. Les groupes dream pop/shoegaze se comptent par dizaines cette année, et il leur faut un petit quelque chose en plus pour se faire remarquer. Dans le cas de TTT, c’est la voix sublime de Suzanne Aztoria, qui sonne intemporelle d’entrée de jeu.


71 Guided By Voices - Let's Go Eat The Factory/Class Clown Spots a UFO/The Bears for Lunch. Après la reformation du lineup dit classique, Robert Pollard reprend sa vitesse de croisière, trois albums cette année. Comme toujours, on aurait gagné à plus de contrôle, mais on retrouve encore quelques perles indiepunk toujours trop courtes, surtout sur le troisième album.