lundi 28 janvier 2008

Radiohead – In Rainbows CD2


On aurait tendance à s'y perdre, et ce serait dommage, remettons donc un peu les choses en place. In Rainbows est d'abord sorti en téléchargement à prix choisi par l'utilisateur, quelques semaines avant sa sortie physique, le 31 décembre dernier. On ne peut maintenant plus le télécharger de cette manière, il faut passer par des services payants de download, de type iTunes. Mais entre les deux modes de diffusion, Radiohead a proposé aux fans le discbox, édition luxueuse comprenant l'album en cd et double vinyl, de l'artwork tangible et virtuel, et aussi - surtout? - un second album avec huit morceaux inédits. Vu que le box est sold out, il n'y a plus de moyen légal de se procurer les morceaux (si ce n'est l'évident ebay), et c'est d'autant plus dommage qu'ils valent très largement le déplacement.

Il ne faut pas parler de second album, car il est court : 27 minutes, 8 pistes dont deux courts instrumentaux. Ce ne sont pas non plus des "faces B" dans les différents sens du terme, mais plutôt des morceaux aboutis, joués en concerts, qui ne collaient cependant pas avec le concept In Rainbows, ce qui se vérifie à l'écoute. MK1 ouvre le disque, une courte intro basée sur les notes de Videotape. D'ailleurs, si l'on écoute numériquement les deux disques l'un après l'autre, il n'y a pas de pause, comme si le deuxième disque était la suite de In Rainbows, ce qui est une théorie discutable, mais qui peut tenir la route.

Si c'est la suite, alors, c'est une suite nettement plus expérimentale. IR, on le sait, est un album relativement classique, et plutôt positif en terme d'ambiance. Down Is The New Up, premier vrai morceau ici, aurait pu s'y retrouver, mais son ambition (et son titre) aurait attiré trop d'attention. Carrément cinématographique, il prend toute son ampleur épique avec l'arrivée des cordes, avant que Thom Yorke se mette à chanter très haut. Certainement un des meilleurs morceaux sortis par Radiohead en 2007, mais qui aurait effectivement sonné bizarre sur l'album. Last Flowers aurait pu aussi y être, mais en concurrence probable avec l'immense Videotape. Oui, c'est encore une lamentation classique piano/guitare de Yorke, mais qui reste notable par sa simplicité et son absence totale de programmation. De l'autre côté du spectre, Bangers 'n Mash est menaçant, et démontre les talents de batteur de Phil Selway ainsi que l'inventivité toujours incontournable de Jonny Greenwood. Et pour faire encore plus différent, Up On The Ladder, quant à lui, est totalement trippant, grâce (ou à cause?) d'un beat hypnotique et des claviers ensorcelants.

Le dernier morceau dénote aussi de l'ambiance d'In Rainbows : 4 Minute Warning dépeint les actions et pensées d'un être humain, quatre minutes avant une catastrophe de type nucléaire. Pas bien drôle, mais au moins, on retrouve autre chose que le Radiohead de All I Need. Pas qu'All I Need soit mauvais, bien sûr...

Le statut de ces morceaux reste donc étrange, et toujours en suspens en attendant une éventuelle sortie officielle. Reste que quiconque est un peu intéressé par Radiohead ou In Rainbows se doit de les dénicher, car passer à côté serait une erreur.

mercredi 23 janvier 2008

British Sea Power - Do You Like Rock Music?

Ce début d'année 2008 est assez calmes en sorties majeures, et même mineures d'ailleurs. Mais il n'aura fallu attendre que deux petites semaines avant qu'un des meilleurs disques de 2008 ne voie le jour, et ceci quelle que soit la qualité de la production de cette année. British Sea Power a toujours été considéré comme un secret bien gardé, un très bon groupe peut-être un peu trop enfermé sur lui-même. Do You Like Rock Music? ne va pas changer ce second point, mais son excellence pourrait leur valoir une plus grande reconnaissance.

Arcade Fire. Le groupe qui mouillait toutes les culottes des journalobloggers indie il y a deux-trois ans, vous voyez? En 2 minutes 11 secondes, l'intro de l'album fait plus que Neon Bible. Et ce n'est pas une critique facile d'Arcade Fire, qui reste un groupe tout à fait décent, mais ici, on est carrément dans une autre ligue. Les morceaux ne sont jamais évidents, car complexes et intelligents, mais ils restent toujours basés sur des mélodies pop parfois phénoménalement imparables.

Lights Out For Darker Skies est justement assez proche d'Arcade Fire, mais un Arcade Fire qui ne voudrait simplement que jouer dans la salle du coin, et pas au Madison Square Garden avec Bono et Springsteen. Le morceau est intense, et transporté par une guitare en crescendo démoniaque. 6 minutes 36, mais on ne s'ennuie pas une seule seconde. No Lucifer pourrait être carrément pop, mais dans un monde assez malsain, dangereux. BSP reste un groupe rock avant tout, et les instruments classiques dominent. La section rythmique est irréprochable, et on n'est pas surpris d'assister à quelques vrais explosions sonores, peut-être que la présence d'un Godspeed You! Black Emperor aux manettes en est une des causes.

Mais les comparaisons avec le groupe de Montréal s'arrêtent assez vite. Down On The Ground est plus direct, limite adorable, et The Great Skua est aussi prog que son nom indique. Mais un prog eminemment écoutable. Atom, premier extrait (via l'EP Krankenhaus) en est peut-être le morceau le plus immédiat, mais il reste complexe. La preuve qu'une grande chanson dépend souvent d'une grande mélodie. L'album se clôture comme il a débuté, ou plutôt avec la suite de All In It : We Close Our Eyes.

Ces deux signets englobent parfaitement une oeuvre complète, dense, intense mais immédiate, qui n'a certainement pas livré ses secrets. Dans onze mois, il ne faudra oublier janvier sous aucun prétexte, et 2008 va devoir faire fort, très fort.

mardi 22 janvier 2008

British Sea Power - Do You Like Rock Music?

Ce début d'année 2008 est assez calmes en sorties majeures, et même mineures d'ailleurs. Mais il n'aura fallu attendre que deux petites semaines avant qu'un des meilleurs disques de 2008 ne voie le jour, et ceci quelle que soit la qualité de la production de cette année. British Sea Power a toujours été considéré comme un secret bien gardé, un très bon groupe peut-être un peu trop enfermé sur lui-même. Do You Like Rock Music? ne va pas changer ce second point, mais son excellence pourrait leur valoir une plus grande reconnaissance.

Arcade Fire. Le groupe qui mouillait toutes les culottes des journalobloggers indie il y a deux-trois ans, vous voyez? En 2 minutes 11 secondes, l'intro de l'album fait plus que Neon Bible. Et ce n'est pas une critique facile d'Arcade Fire, qui reste un groupe tout à fait décent, mais ici, on est carrément dans une autre ligue. Les morceaux ne sont jamais évidents, car complexes et intelligents, mais ils restent toujours basés sur des mélodies pop parfois phénoménalement imparables.

Lights Out For Darker Skies est justement assez proche d'Arcade Fire, mais un Arcade Fire qui ne voudrait simplement que jouer dans la salle du coin, et pas au Madison Square Garden avec Bono et Springsteen. Le morceau est intense, et transporté par une guitare en crescendo démoniaque. 6 minutes 36, mais on ne s'ennuie pas une seule seconde. No Lucifer pourrait être carrément pop, mais dans un monde assez malsain, dangereux. BSP reste un groupe rock avant tout, et les instruments classiques dominent. La section rythmique est irréprochable, et on n'est pas surpris d'assister à quelques vrais explosions sonores, peut-être que la présence d'un Godspeed You! Black Emperor aux manettes en est une des causes.

Mais les comparaisons avec le groupe de Montréal s'arrêtent assez vite. Down On The Ground est plus direct, limite adorable, et The Great Skua est aussi prog que son nom indique. Mais un prog eminemment écoutable. Atom, premier extrait (via l'EP Krankenhaus) en est peut-être le morceau le plus immédiat, mais il reste complexe. La preuve qu'une grande chanson dépend souvent d'une grande mélodie. L'album se clôture comme il a débuté, ou plutôt avec la suite de All In It : We Close Our Eyes.

Ces deux signets englobent parfaitement une oeuvre complète, dense, intense mais immédiate, qui n'a certainement pas livré ses secrets. Dans onze mois, il ne faudra oublier janvier sous aucun prétexte, et 2008 va devoir faire fort, très fort.