jeudi 28 août 2008

Bloc Party - Intimacy

Hop là, encore un! Quelles que soit les opinions individuelles sur le filesharing, difficile de ne pas être d'accord sur ce point : des artistes qui annoncent la sortie de leur nouvel album trois jours après, c'est fantastique. C'est donc au tour de Bloc Party de s'y lancer, quelques jours après leur single Mercury. Ce dernier annonçait des influences assez dance (comme Flux avant lui), Intimacy va permettre de les vérifier. Ares commence puissamment, avec une programmation électro implacable, et la voix de Kele Okereke qui joue au ping-pong entre nos oreilles. C'est puissant, dansant, entêtant, et cela ne ressemble ni à l'indie-rock-acéré Silent Alarm ni au plus atmosphérique A Weekend In The City. Bloc Party nous prépare encore un album très spécial.

On connaissait donc déjà Mercury, et force est de constater qu'avec sa basse ronflante et son rythme endiablé, il fonctionne mieux dans le contexte de l'album qu'en single solitaire, surtout quand les cuivres font leur étrange entrée. Mais j'entends déjà la grosse question post-Kid A : elles sont où, les guitares? Pas loin. Halo rappelle les heures de Silent Alarm, mais en nettement, nettement plus puissant. Voilà un groupe qui a grandi, et qui s'est terriblement amélioré, entre autres grâce au fameux difficile second album.

Okereke conserve ses habitudes au niveau des paroles : assez cryptiques, elles demandent assez clairement qu'on leur foute la paix, comme le titre de l'album peut le confirmer. Okereke a déclaré dans une interview qu'Intimacy était son break-up album, et on peut supposer que les supputations aussi incessantes que futiles sur sa sexualité l'ont également inspiré. Bloc Party a toujours laissé la musique parler d'elle-même, et c'est tant mieux : Biko rappelle la mélancolie sous fond de delay de guitares de So Here We Are, accentuant la variété impressionante du début d'album. Les éléments électro continuent à être présents, et on peut parfois craindre qu'ils déforcent un peu le propos, les beats de Biko sont peut-être un peu trop appuyés.

Trojan Horse, quant à lui, fait la parfaite synthèse entre l'atmosphère aérée du second album, les guitares du premier (quoiqu'ici sérieusement déformées) et la touche dance de leurs dernières productions. On notera aussi une insistance à refuser les constructions classiques : on se perd parfois au sein d'un morceau pour ne pas toujours s'y retrouver, ce qui n'est pas un défaut pour autant. One Month Off ressemble à un étrange mélange entre AC/DC et eurohouse, mais ça marche, très bien même. Intimacy est clairement un album dansant (dans sa majorité), et même si cela semble bizarre, c'est tout à fait réussi.

La fin de l'album est épique. Better Than Heaven commence par rappeler Depeche Mode mais se termine dans un maelstrom sonore totalement jouissif alors que Ion Square est peut-être le meilleur morceau de leur phase (si l'on peut dire) électro, en plus d'incorporer un poème de e.e. cummings.

Bloc Party réussit ici un troisième album impressionnant, rappellant l'énergie des débuts, y ajoutant des accents électro sans perdre leur pertinence. Ils ne sont pas encore arrivés à produire leur chef d'oeuvre, mais ils peuvent le faire, ils l'ont en eux. Encore un peu de patience...

Bloc Party - Intimacy

Hop là, encore un! Quelles que soit les opinions individuelles sur le filesharing, difficile de ne pas être d'accord sur ce point : des artistes qui annoncent la sortie de leur nouvel album trois jours après, c'est fantastique. C'est donc au tour de Bloc Party de s'y lancer, quelques jours après leur single Mercury. Ce dernier annonçait des influences assez dance (comme Flux avant lui), Intimacy va permettre de les vérifier. Ares commence puissamment, avec une programmation électro implacable, et la voix de Kele Okereke qui joue au ping-pong entre nos oreilles. C'est puissant, dansant, entêtant, et cela ne ressemble ni à l'indie-rock-acéré Silent Alarm ni au plus atmosphérique A Weekend In The City. Bloc Party nous prépare encore un album très spécial.

On connaissait donc déjà Mercury, et force est de constater qu'avec sa basse ronflante et son rythme endiablé, il fonctionne mieux dans le contexte de l'album qu'en single solitaire, surtout quand les cuivres font leur étrange entrée. Mais j'entends déjà la grosse question post-Kid A : elles sont où, les guitares? Pas loin. Halo rappelle les heures de Silent Alarm, mais en nettement, nettement plus puissant. Voilà un groupe qui a grandi, et qui s'est terriblement amélioré, entre autres grâce au fameux difficile second album.

Okereke conserve ses habitudes au niveau des paroles : assez cryptiques, elles demandent assez clairement qu'on leur foute la paix, comme le titre de l'album peut le confirmer. Okereke a déclaré dans une interview qu'Intimacy était son break-up album, et on peut supposer que les supputations aussi incessantes que futiles sur sa sexualité l'ont également inspiré. Bloc Party a toujours laissé la musique parler d'elle-même, et c'est tant mieux : Biko rappelle la mélancolie sous fond de delay de guitares de So Here We Are, accentuant la variété impressionante du début d'album. Les éléments électro continuent à être présents, et on peut parfois craindre qu'ils déforcent un peu le propos, les beats de Biko sont peut-être un peu trop appuyés.

Trojan Horse, quant à lui, fait la parfaite synthèse entre l'atmosphère aérée du second album, les guitares du premier (quoiqu'ici sérieusement déformées) et la touche dance de leurs dernières productions. On notera aussi une insistance à refuser les constructions classiques : on se perd parfois au sein d'un morceau pour ne pas toujours s'y retrouver, ce qui n'est pas un défaut pour autant. One Month Off ressemble à un étrange mélange entre AC/DC et eurohouse, mais ça marche, très bien même. Intimacy est clairement un album dansant (dans sa majorité), et même si cela semble bizarre, c'est tout à fait réussi.

La fin de l'album est épique. Better Than Heaven commence par rappeler Depeche Mode mais se termine dans un maelstrom sonore totalement jouissif alors que Ion Square est peut-être le meilleur morceau de leur phase (si l'on peut dire) électro, en plus d'incorporer un poème de e.e. cummings.

Bloc Party réussit ici un troisième album impressionnant, rappellant l'énergie des débuts, y ajoutant des accents électro sans perdre leur pertinence. Ils ne sont pas encore arrivés à produire leur chef d'oeuvre, mais ils peuvent le faire, ils l'ont en eux. Encore un peu de patience...

dimanche 24 août 2008

No Age - Nouns

Tout le monde en a déjà parlé, il était donc temps que je m'y mette... Une des sensations pitchforkiennes de l'année (9.2!) provient d'un duo multiinstrumentaliste de LA, signé chez Sub Pop, et totalement passionnant. Nouns, leur premier vrai album après une succession d'EPs et une compile de ceux-ci, réussit l'exploit d'être novateur, intéressant tout en étant (relativement) accessible. Mais il faut comprendre la logique particulière et propre à l'album.

On oublie les structures classiques : seuls deux morceaux sur quatorze dépassent les trois minutes, et malgré leur relative brièveté, il faut souvent attendre un petit temps avant que la voix se fasse entendre, et même à ce moment, elle est généralement mixée en retrait. On doit aussi s'attendre à un son puissant, part My Bloody Valentine, part Mogwai, toujours intense : les mélodies sont là, mais enfouies sous des couches lofi de puissance sauvage. Teen Creeps, par exemple, débute de manière mélodique et tranquille avant de surprendre l'auditeur brusquement, sans aucune concession. Ca fait mal, mais c'est vachement bon.

Tout l'album se passe dans une constante incertitude, oscillant entre le calme et la tempête, la mélodie et le chaos. Parfois, on peut regretter un relatif manque de focus, Keechle n'apportant pas grand chose de plus que trois minutes de feedback. Mais cela ne dure pas, car Sleeper Hold éclate de brillance punk irrésistible. Peu après, c'est une guitare acoustique qui entame l'instru ambient Impossible Bouquet : la diversité de l'album est énorme. Quand Brain Burner conclut par 1'51 de bonheur électrique, on ne peut que relancer l'album, et se laisser envahir de nouveau.

Nouns sera fatalement un des albums de 2008, par son caractère ovni mais aussi par un profond (et inhabituel) respect du public : l'album est accompagné d'un livre d'art de 68 pages. Même sans suppléments, il aurait de toute façon été acclamé, de la même manière que leurs collègues bruitistes Times New Viking dont je n'ai même pas encore parlé. 2008 ne sera donc pas que l'année du retour de My Bloody Valentine, mais aussi (surtout) de l'avènement d'un de leurs plus talentueux successeurs.

No Age - Nouns

Tout le monde en a déjà parlé, il était donc temps que je m'y mette... Une des sensations pitchforkiennes de l'année (9.2!) provient d'un duo multiinstrumentaliste de LA, signé chez Sub Pop, et totalement passionnant. Nouns, leur premier vrai album après une succession d'EPs et une compile de ceux-ci, réussit l'exploit d'être novateur, intéressant tout en étant (relativement) accessible. Mais il faut comprendre la logique particulière et propre à l'album.

On oublie les structures classiques : seuls deux morceaux sur quatorze dépassent les trois minutes, et malgré leur relative brièveté, il faut souvent attendre un petit temps avant que la voix se fasse entendre, et même à ce moment, elle est généralement mixée en retrait. On doit aussi s'attendre à un son puissant, part My Bloody Valentine, part Mogwai, toujours intense : les mélodies sont là, mais enfouies sous des couches lofi de puissance sauvage. Teen Creeps, par exemple, débute de manière mélodique et tranquille avant de surprendre l'auditeur brusquement, sans aucune concession. Ca fait mal, mais c'est vachement bon.

Tout l'album se passe dans une constante incertitude, oscillant entre le calme et la tempête, la mélodie et le chaos. Parfois, on peut regretter un relatif manque de focus, Keechle n'apportant pas grand chose de plus que trois minutes de feedback. Mais cela ne dure pas, car Sleeper Hold éclate de brillance punk irrésistible. Peu après, c'est une guitare acoustique qui entame l'instru ambient Impossible Bouquet : la diversité de l'album est énorme. Quand Brain Burner conclut par 1'51 de bonheur électrique, on ne peut que relancer l'album, et se laisser envahir de nouveau.

Nouns sera fatalement un des albums de 2008, par son caractère ovni mais aussi par un profond (et inhabituel) respect du public : l'album est accompagné d'un livre d'art de 68 pages. Même sans suppléments, il aurait de toute façon été acclamé, de la même manière que leurs collègues bruitistes Times New Viking dont je n'ai même pas encore parlé. 2008 ne sera donc pas que l'année du retour de My Bloody Valentine, mais aussi (surtout) de l'avènement d'un de leurs plus talentueux successeurs.

mardi 19 août 2008

Albert Hammond Jr. - Como Te Llama?

Toujours pas de nouvelles d'un retour des Strokes, et on ne peut pas dire que cela nous empêche de dormir, surtout quand on peut avoir les albums solo d'Albert Hammond Jr en échange. Yours To Keep, sorti en 2006, sonnait effectivement fort Strokes, mais montrait surtout la qualité de compositeur de Hammond, même si Julian Casablancas est le songwriter officiel des new-yorkais. Son successeur et tout aussi stupidement titré Como Te Llama? continue dans la même veine, mais s'ouvre à d'autres univers, plus personnels et tout aussi intéressants.

On l'a déjà dit, et on le remarque fort vite, Albert Hammond Jr est le guitariste des Strokes, et donc envoie quelques riffs qui semblent (et même plus) directement sortis de Hard To Explain et autres Last Nite. De même, il tend à souvent déformer sa voix, donnant un aspect lo-fi rappelant ... enfin, vous avez compris. Bargain of a Century, In My Room ne surprennent pas, et canalisent les influences classiques des new-yorkais, comme Guided By Voices.

Ceci dit, tout n'est pas, et de loin, une copie du job principal (?) d'Albert : The Boss Americana serait la meilleure chanson de Weezer en dix ans, Rocket fait penser à Frank Black quand il ne se faisait pas encore appeler Frank Black, et Victory At Monterey rappelle les Breeders (la basse de Cannonball, évidemment). Le point commun de presque tous les morceaux de l'album, c'est le fait qu'ils sont vachement bien écrits : GFC tient très bien tout seul, sans qu'on se sente obligé de rappeller le background de son auteur. Ailleurs, Hammond se la joue twee (Miss Myrtle), reggae (Borrowed Time) ou expérimental (un hypnotique instrumental avec Sean Lennon au piano).

Varié, parfois inégal, Como Te Llama n'est pas nécessairement meilleur que les Strokes (quand ils sont bons, ce qui n'est pas toujours le cas, ils sont imparables), mais Albert Hammond Jr n'est pas les Strokes non plus, mais un artiste solo qui mérite l'attention par sa propre oeuvre, et s'il continue à sortir des morceaux d'une telle qualité, on se fichera encore plus de la date de sortie de leur quatrième album.

Albert Hammond Jr. - Como Te Llama?

Toujours pas de nouvelles d'un retour des Strokes, et on ne peut pas dire que cela nous empêche de dormir, surtout quand on peut avoir les albums solo d'Albert Hammond Jr en échange. Yours To Keep, sorti en 2006, sonnait effectivement fort Strokes, mais montrait surtout la qualité de compositeur de Hammond, même si Julian Casablancas est le songwriter officiel des new-yorkais. Son successeur et tout aussi stupidement titré Como Te Llama? continue dans la même veine, mais s'ouvre à d'autres univers, plus personnels et tout aussi intéressants.

On l'a déjà dit, et on le remarque fort vite, Albert Hammond Jr est le guitariste des Strokes, et donc envoie quelques riffs qui semblent (et même plus) directement sortis de Hard To Explain et autres Last Nite. De même, il tend à souvent déformer sa voix, donnant un aspect lo-fi rappelant ... enfin, vous avez compris. Bargain of a Century, In My Room ne surprennent pas, et canalisent les influences classiques des new-yorkais, comme Guided By Voices.

Ceci dit, tout n'est pas, et de loin, une copie du job principal (?) d'Albert : The Boss Americana serait la meilleure chanson de Weezer en dix ans, Rocket fait penser à Frank Black quand il ne se faisait pas encore appeler Frank Black, et Victory At Monterey rappelle les Breeders (la basse de Cannonball, évidemment). Le point commun de presque tous les morceaux de l'album, c'est le fait qu'ils sont vachement bien écrits : GFC tient très bien tout seul, sans qu'on se sente obligé de rappeller le background de son auteur. Ailleurs, Hammond se la joue twee (Miss Myrtle), reggae (Borrowed Time) ou expérimental (un hypnotique instrumental avec Sean Lennon au piano).

Varié, parfois inégal, Como Te Llama n'est pas nécessairement meilleur que les Strokes (quand ils sont bons, ce qui n'est pas toujours le cas, ils sont imparables), mais Albert Hammond Jr n'est pas les Strokes non plus, mais un artiste solo qui mérite l'attention par sa propre oeuvre, et s'il continue à sortir des morceaux d'une telle qualité, on se fichera encore plus de la date de sortie de leur quatrième album.

mardi 12 août 2008

Black Light Burns – Cover Your Heart


Les émules de Trent Reznor se font de plus en plus nombreux. Cette fois, c'est Black Light Burns, groupe centré sur le guitariste/vocaliste Wes Borland, qui sort son nouvel album (d'abord) via internet. Comme Nine Inch Nails, différentes versions de l'album sont disponibles, allant de mp3 gratuits au coffret luxueux à 100$.

Cover Your Heart, comme son nom pourrait l'indiquer, est un album constitué majoritairement de reprises. Elles sont traitées dans un style industriel, mais plus hard que le premier album, plus sauvage. So Alive (Love And Rockets) est intense, l'étonnant Forkboy (Lard) destructeur, On The Bound (Fiona Apple) méconnaissable. Les morceaux repris sont parfois obscurs, mais d'autres sont plutôt mainstream : comme les Deftones, BLB s'essaie à une version d'un morceau de Duran Duran (Hungry Like The Wolf), et la partie « reprises » de l'album se conclut avec Search And Destroy. Ailleurs, Borland reprend brillamment (et parfois étrangement) Sisters Of Mercy, PJ Harvey, Jesus Lizard ou même son premier projet solo, l'étrange et hilarant Big Dumb Face.

L'album pourrait s'arrêter là (douze reprises), mais les sept derniers morceaux sont des instrumentaux, généralement très intéressants, extraits des sessions de Cruel Melody, et qui oscillent entre l'ambient-ish (Drowning Together Die Alone), l'indusmetalelectrotrucmachin et le schizo total (Zargon Morfoauf)

Varié, souvent puissant, parfois inattendu, Cover Your Heart est plus qu'un album d'attente entre deux albums. Il montre que la formation de Borland se diversifie, et est une force sur laquelle il faudra compter à l'heure du (vrai) second album. Histoire qu'on ne parle définitivement plus du passé.

Black Light Burns – Cover Your Heart


Les émules de Trent Reznor se font de plus en plus nombreux. Cette fois, c'est Black Light Burns, groupe centré sur le guitariste/vocaliste Wes Borland, qui sort son nouvel album (d'abord) via internet. Comme Nine Inch Nails, différentes versions de l'album sont disponibles, allant de mp3 gratuits au coffret luxueux à 100$.

Cover Your Heart, comme son nom pourrait l'indiquer, est un album constitué majoritairement de reprises. Elles sont traitées dans un style industriel, mais plus hard que le premier album, plus sauvage. So Alive (Love And Rockets) est intense, l'étonnant Forkboy (Lard) destructeur, On The Bound (Fiona Apple) méconnaissable. Les morceaux repris sont parfois obscurs, mais d'autres sont plutôt mainstream : comme les Deftones, BLB s'essaie à une version d'un morceau de Duran Duran (Hungry Like The Wolf), et la partie « reprises » de l'album se conclut avec Search And Destroy. Ailleurs, Borland reprend brillamment (et parfois étrangement) Sisters Of Mercy, PJ Harvey, Jesus Lizard ou même son premier projet solo, l'étrange et hilarant Big Dumb Face.

L'album pourrait s'arrêter là (douze reprises), mais les sept derniers morceaux sont des instrumentaux, généralement très intéressants, extraits des sessions de Cruel Melody, et qui oscillent entre l'ambient-ish (Drowning Together Die Alone), l'indusmetalelectrotrucmachin et le schizo total (Zargon Morfoauf)

Varié, souvent puissant, parfois inattendu, Cover Your Heart est plus qu'un album d'attente entre deux albums. Il montre que la formation de Borland se diversifie, et est une force sur laquelle il faudra compter à l'heure du (vrai) second album. Histoire qu'on ne parle définitivement plus du passé.

vendredi 8 août 2008

David Bowie – Live Santa Monica ’72


Après plusieurs vies en tant que bootleg plus ou moins reconnu, le live à Santa Monica '72 sort officiellement, pour le grand bonheur des fans qui vont donc enfin pouvoir obtenir une version de bonne qualité, du moins pour un enregistrement live de 1972.

David Bowie était à l'époque dans sa phase Ziggy Stardust, la setlist est donc logiquement centrée sur l'album en question, débutant par le proto-Ramones Hang On To Yourself juste avant le morceau titre. C'est d'ailleurs amusant de ne pas entendre de réaction du public lors du lancement du morceau, qui débute par un des riffs les plus célèbres du rock 'n roll.

Musicalement, le groupe est excellent. Basse ronflante, guitare pré-glam et un Bowie relativement discret mais qui sonne très juste (The Supermen). Le son relativement moyen empêchera l'album de rentrer au panthéon des (rares) grands albums live, mais comme témoignage d'une période fantastique, ça marche.

C'est sans doute un des grands intérêts de l'album : entendre Bowie avant sa méga-starification, à une époque où Changes était « juste » une chanson. Maintenant, on pourrait aussi dire qu'après ça, on peut carrément faire l'impasse sur les trente années suivantes de la carrière de l'Anglais, et on n'aurait sans doute pas tort. Rétrospectivement, on se rend compte du caractère invraisemblable du concert : dans les cinq premiers morceaux, Bowie nous sert Ziggy Stardust, Changes et Life On Mars?, sans savoir que trente-cinq ans après, is seront célébrés comme quelques uns des moments les plus fameux de la période.

Bowie ne se cantonne pas à Ziggy Stardust, mais revisite aussi Major Tom (Space Oddity, envoûtant) en passant par les références culturelles classiques (Andy Warhol, la reprise de Waiting For The Man et même une version de La Mort de Jacques Brel) avant un final dévastateur The Jean Genie (qui était encore inédit) / Suffragette City. Rock 'n Roll Suicide conclut le concert de manière réflexive et émotionnelle.

Malgré la qualité de l'enregistrement, Live Santa Monica '72 est un témoignage crucial pour quiconque s'intéresse à Bowie, aux seventies ou tout simplement au rock. On pourra disserter sans cesse sur la pertinence de l'oeuvre de Bowie dès les années 80, mais personne ne contestera l'importance de David Jones, en 1972.

David Bowie – Live Santa Monica '72


Après plusieurs vies en tant que bootleg plus ou moins reconnu, le live à Santa Monica '72 sort officiellement, pour le grand bonheur des fans qui vont donc enfin pouvoir obtenir une version de bonne qualité, du moins pour un enregistrement live de 1972.

David Bowie était à l'époque dans sa phase Ziggy Stardust, la setlist est donc logiquement centrée sur l'album en question, débutant par le proto-Ramones Hang On To Yourself juste avant le morceau titre. C'est d'ailleurs amusant de ne pas entendre de réaction du public lors du lancement du morceau, qui débute par un des riffs les plus célèbres du rock 'n roll.

Musicalement, le groupe est excellent. Basse ronflante, guitare pré-glam et un Bowie relativement discret mais qui sonne très juste (The Supermen). Le son relativement moyen empêchera l'album de rentrer au panthéon des (rares) grands albums live, mais comme témoignage d'une période fantastique, ça marche.

C'est sans doute un des grands intérêts de l'album : entendre Bowie avant sa méga-starification, à une époque où Changes était « juste » une chanson. Maintenant, on pourrait aussi dire qu'après ça, on peut carrément faire l'impasse sur les trente années suivantes de la carrière de l'Anglais, et on n'aurait sans doute pas tort. Rétrospectivement, on se rend compte du caractère invraisemblable du concert : dans les cinq premiers morceaux, Bowie nous sert Ziggy Stardust, Changes et Life On Mars?, sans savoir que trente-cinq ans après, is seront célébrés comme quelques uns des moments les plus fameux de la période.

Bowie ne se cantonne pas à Ziggy Stardust, mais revisite aussi Major Tom (Space Oddity, envoûtant) en passant par les références culturelles classiques (Andy Warhol, la reprise de Waiting For The Man et même une version de La Mort de Jacques Brel) avant un final dévastateur The Jean Genie (qui était encore inédit) / Suffragette City. Rock 'n Roll Suicide conclut le concert de manière réflexive et émotionnelle.

Malgré la qualité de l'enregistrement, Live Santa Monica '72 est un témoignage crucial pour quiconque s'intéresse à Bowie, aux seventies ou tout simplement au rock. On pourra disserter sans cesse sur la pertinence de l'oeuvre de Bowie dès les années 80, mais personne ne contestera l'importance de David Jones, en 1972.

lundi 4 août 2008

The Hold Steady - Stay Positive


On n'aime généralement pas les groupes qui ont tendance à se répéter (« on » étant cet ensemble hétéroclite de gens frustrés qui sont parfois appelés critiques rock ;) ), mais il existe des exceptions. Motörhead en est une, comme on le (re)verra dans quelques articles, et Hold Steady une seconde.

Grosso modo, tous les albums du groupe se ressemblent, et les morceaux eux-mêmes ne se différencient que par des détails. Mais tout cela est prémédité, et annoncé dès le début : « our songs are singalong songs ». Et on a tous besoin de singalong songs, destinées être scandés dans un pub, si possible irlandais, et dans un état d'ébriété suffisamment avancé pour faire disparaître les inhibitions, tout en conservant un minimum de conscience pour apprécier de très bons morceaux, qui rappellent l'influence citée par virtuellement tous les articles parlant de Hold Steady : Bruce Springsteen.

Bonnes grosses guitares (Stay Positive, aux accents REM), claviers cinglés (Navy Sheets), narrations de chansons à boire (One For The Cutters), chant no-nonsense et ambiance mélancolico-festive font que Stay Positive ne peut qu'être fidèle à son nom. Parfois, dans un monde en constante (d)évolution, on peut avoir besoin d'un minimum de stabilité, de choses qui ne changent pas. Sans chercher à tous prix le jeu de mots, The Hold Steady est le groupe qui tient bon, contre vents et marées.

The Hold Steady - Stay Positive


On n'aime généralement pas les groupes qui ont tendance à se répéter (« on » étant cet ensemble hétéroclite de gens frustrés qui sont parfois appelés critiques rock ;) ), mais il existe des exceptions. Motörhead en est une, comme on le (re)verra dans quelques articles, et Hold Steady une seconde.

Grosso modo, tous les albums du groupe se ressemblent, et les morceaux eux-mêmes ne se différencient que par des détails. Mais tout cela est prémédité, et annoncé dès le début : « our songs are singalong songs ». Et on a tous besoin de singalong songs, destinées être scandés dans un pub, si possible irlandais, et dans un état d'ébriété suffisamment avancé pour faire disparaître les inhibitions, tout en conservant un minimum de conscience pour apprécier de très bons morceaux, qui rappellent l'influence citée par virtuellement tous les articles parlant de Hold Steady : Bruce Springsteen.

Bonnes grosses guitares (Stay Positive, aux accents REM), claviers cinglés (Navy Sheets), narrations de chansons à boire (One For The Cutters), chant no-nonsense et ambiance mélancolico-festive font que Stay Positive ne peut qu'être fidèle à son nom. Parfois, dans un monde en constante (d)évolution, on peut avoir besoin d'un minimum de stabilité, de choses qui ne changent pas. Sans chercher à tous prix le jeu de mots, The Hold Steady est le groupe qui tient bon, contre vents et marées.

samedi 2 août 2008

One Day As A Lion - One Day As A Lion


Il semble peu probable que la reformation actuelle de Rage Against The Machine donnera naissance à de nouveaux morceaux : selon le groupe, les anciens restent toujours aussi pertinents à l'heure actuelle. Ils n'ont sans doute pas tort, et il faut donc se tourner vers les projets (plus vraiment) parallèles. Tom Morello a son alter ego folk The Nightwatchman, et c'est maintenant Zack De la Rocha qui se lance dans l'aventure.

Un album solo de la part de l'agitateur en chef était attendu depuis longtemps, on parlait d'une collaboration avec DJ Shadow, qui n'aura finalement donné qu'un seul morceau, mis à disposition peu après le 11-Septembre. Zack s'est finalement allié avec le batteur ex-The Mars Volta Jon Theodore pour un projet nommé One Day As A Lion (de l'adage « better live one day as a lion than a thousand days as a lamb »), dont voici la première production, un EP cinq titres.

Deux grandes questions préalables : comment ODAAL va différer de RATM, et comment Zack va-t'il chanter. La réponse aux deux questions est similaire : One Day As A Lion n'est pas si différent. Zack rappe toujours dans son style agressif (à l'exception d'un peu de chant de type reggae), mais toujours aussi efficace : il reste un MC très percutant, tant au niveau texte que flow. Musicalement, la batterie diaboliquement précise de Theodore n'est accompagnée que de synthétiseurs, mais assez étrangement, on n'est pas trop éloigné de Rage.

Tom Morello, on le sait, a développé un son très particulier, du notamment à une technique peu orthodoxe et une utilisation inventive des pédales d'effet. C'est pour cela qu'une mention rappellant le « no synths » des premiers Queen se trouve dans les livrets du groupe : il est difficile de se rendre compte que ces sons étranges proviennent d'une six-cordes. Résultat pervers et inattendu, ici, on a des claviers, mais ils rappellent parfois les morceaux plus « electro » de Rage, comme Ashes In The Fall.

Il reste que l'EP est percutant, les cinq morceaux cinglant comme autant d'assauts sonores dans un monde qui a encore empiré depuis les dernières offensives de De la Rocha. Ce dernier allie puissance vocale aux synthés certes répétitifs mais denses et puissants : lorsqu'il répète « This is my last letter to you », on ressent intérieurement cette force terrible qui animait des brûlots comme Killing In The Name. L'avantage des EP, c'est qu'on n'a souvent pas l'occasion de se répéter, et en effet, l'intensité ne descend pas, jusqu'à la dernière note du morceau éponyme.

Si le projet se pérennise, il sera fort intéressant de voir comment une formule qui semble assez limitée (batterie/synthé/gorge) pourra s'étendre, en attendant, l'EP est plus que prometteur, et tend à démontrer qu'un nouvel album de Rage est dispensable, au contraire de la présence dans le monde musical de Zack De la Rocha.

One Day As A Lion - One Day As A Lion


Il semble peu probable que la reformation actuelle de Rage Against The Machine donnera naissance à de nouveaux morceaux : selon le groupe, les anciens restent toujours aussi pertinents à l'heure actuelle. Ils n'ont sans doute pas tort, et il faut donc se tourner vers les projets (plus vraiment) parallèles. Tom Morello a son alter ego folk The Nightwatchman, et c'est maintenant Zack De la Rocha qui se lance dans l'aventure.

Un album solo de la part de l'agitateur en chef était attendu depuis longtemps, on parlait d'une collaboration avec DJ Shadow, qui n'aura finalement donné qu'un seul morceau, mis à disposition peu après le 11-Septembre. Zack s'est finalement allié avec le batteur ex-The Mars Volta Jon Theodore pour un projet nommé One Day As A Lion (de l'adage « better live one day as a lion than a thousand days as a lamb »), dont voici la première production, un EP cinq titres.

Deux grandes questions préalables : comment ODAAL va différer de RATM, et comment Zack va-t'il chanter. La réponse aux deux questions est similaire : One Day As A Lion n'est pas si différent. Zack rappe toujours dans son style agressif (à l'exception d'un peu de chant de type reggae), mais toujours aussi efficace : il reste un MC très percutant, tant au niveau texte que flow. Musicalement, la batterie diaboliquement précise de Theodore n'est accompagnée que de synthétiseurs, mais assez étrangement, on n'est pas trop éloigné de Rage.

Tom Morello, on le sait, a développé un son très particulier, du notamment à une technique peu orthodoxe et une utilisation inventive des pédales d'effet. C'est pour cela qu'une mention rappellant le « no synths » des premiers Queen se trouve dans les livrets du groupe : il est difficile de se rendre compte que ces sons étranges proviennent d'une six-cordes. Résultat pervers et inattendu, ici, on a des claviers, mais ils rappellent parfois les morceaux plus « electro » de Rage, comme Ashes In The Fall.

Il reste que l'EP est percutant, les cinq morceaux cinglant comme autant d'assauts sonores dans un monde qui a encore empiré depuis les dernières offensives de De la Rocha. Ce dernier allie puissance vocale aux synthés certes répétitifs mais denses et puissants : lorsqu'il répète « This is my last letter to you », on ressent intérieurement cette force terrible qui animait des brûlots comme Killing In The Name. L'avantage des EP, c'est qu'on n'a souvent pas l'occasion de se répéter, et en effet, l'intensité ne descend pas, jusqu'à la dernière note du morceau éponyme.

Si le projet se pérennise, il sera fort intéressant de voir comment une formule qui semble assez limitée (batterie/synthé/gorge) pourra s'étendre, en attendant, l'EP est plus que prometteur, et tend à démontrer qu'un nouvel album de Rage est dispensable, au contraire de la présence dans le monde musical de Zack De la Rocha.