dimanche 31 octobre 2010

Neil Young - Le Noise

Aussi cliché que cela puisse paraître, Neil Young, soixante-quatre ans, fait ce qu'il veut, et ce depuis un paquet d'années. Il suffit de jeter un oeil à ses dernières sorties. Un album-concept sur la vie rurale Américaine, accompagné d'une tournée aux tarifs prohibitifs durant laquelle Neil n'a rien joué d'autre que cet album? Un album tout aussi concept sur sa voiture électrique? Une suite à un album jamais sorti? Last but not least, un monumental projet d'archives s'étalant sur plusieurs dizaines de disques, dont seuls quelques uns ont vu le jour jusqu'ici? Neil Young a fait tout ça, et bien plus encore.


La dernière sortie du plus Américain des Canadiens est un album solo, au sens strict du terme : Neil Young est le seul musicien de l'album. Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas du tout d'un album acoustique : la majorité des morceaux est effectivement très électrique. Alors, c'est quoi le truc? Le truc, c'est le mec qui donne son nom à l'album, Daniel Lanois. Surtout connu comme producteur de U2 avant que U2 ne sombre, son importance ici est telle qu'il aurait du avoir son nom à côté de celui de Young (mais c'est le cas, en fait). Lanois a pris la voix et la guitare de Young et a tout passé sous quantité de filtres, d'effets, de délais, de distortion, histoire qu'un processus censé être organique devienne bizarrement artificiel. Le résultat, intéressant, est pourtant mitigé.


Walk With Me et Sign of Love montre Young dans son côté le plus grunge, celui qui aura tant influencé ses fils spirituels de Seattle. Les guitares sont abrasives et denses. Lanois plonge le tout dans un bain de formol, transformant l'immédiateté des accords en expérimentation vaguement électro, comme s'ils (Lanois et Young) avaient voulu expressément détruire la simplicité des chansons, leur ajoutant des effets saugrenus et rallongeant certains passages à l'extrême, parfois à l'aide de drones, comme à la fin de Sign of Love.


La technique employée par Lanois montre vite ses limites, vu que, finalement, il fait toujours la même chose. Prendre un accord, appuyer sur trois boutons de son pro-tools (notamment le bouton "The Edge"), et répéter le tout pendant six minutes. On attendait donc les deux morceaux acoustiques, pour voir ce que ça donnerait. Peaceful Valley Boulevard est en fait traité de la même manière, et n'en finit pas, avec ses histoires d'ours polaires qui voguent sur des morceaux de glace détachés de la banquise, mais Love and War montre un Young plus pur, plus direct, en proie avec une autocritique assez tranchante de ses propres paroles ("When I sing about love and war / I don't really know what i'm singing / I've been in love and I've seen a lot of wars"). Mais cela reste Neil Young acoustique, et il faudrait sans doute être mort pour ne pas être affecté.


Angry World commence comme Kid A, mais Everything In Its Right Place se voit remplacé par un morceau politique sur la crise économique, parce que, voilà, quoi. Heureusement, Hitchhiker rappelle brutalement l'intensité dont peut faire preuve Young, qui revisite ici ses jeunes années et les drogues qui se succédèrent au sein de son organisme. Rumblin' clôture un album court (huit morceaux) et sonne exactement comme son titre.


Alors, qu'en dire? Oui, les trucs employés par Lanois sont assez répétitifs, et même si l'idée de départ pouvait sembler intéressante, on reste dubitatif quant à sa pertinence, surtout quand on se rend compte que les morceaux sont les plus immédiats écrits par Young depuis un petit bout de temps. Néanmoins, certains passages sont fascinants, quand on oppose la voix rustique du vieux Young, et sa guitare simple mais ô combien expressive à certains trucs de studio, sinon d'avant-garde au moins relativement modernes.


Le Noise est donc loin d'être un échec, mais pourrait être considéré comme un point de départ. Le week-end dernier, lors du concert annuel de charité Bridge School Benefit, organisé par Neil Young, Pearl Jam a repris Walk With Me, avec Young à la guitare. Et si on se mettait à imaginer une nouvelle collaboration (Young et Pearl Jam ayant enregistré deux disques ensemble, en 1995), voire une tournée? Les morceaux de Le Noise se doivent de sortir du studio : ils ont besoin d'air.


Spotify : Neil Young - Le Noise

samedi 30 octobre 2010

Playlist Spotify - Music Box 2010, deuxième partie

En attendant (oui, toujours) la suite des chroniques, voici une nouvelle playlist Spotify reprenant un extrait par album chroniqué cette année, à partir du moment où la précédente playlist se terminait. J'y ai également ajouté quelques morceaux sympas d'albums que je ne chroniquerai pas, pour différentes raisons.


En vrac : Queens of the Stone Age, Soundgarden, Weezer, Cypress Hill & Daron Malakian, Best Coast, Korn, Die Antwoord, The Walkmen, et huit autres, seize morceaux, une heure.


Music Box 2010, deuxième partie, sur Spotify.

dimanche 24 octobre 2010

Soundgarden - Telephantasm

L'information a peu circulé, mais elle est pourtant authentique. Quand Chris Cornell a tweeté, le 1er janvier 2010, que "The Knights of the Sound Table ride again", la réunion de Soundgarden n'avait pas dépassé le stade embryonnaire. La déclaration était très prématurée, le groupe s'était juste réuni pour discuter sortie d'un album de raretés, voire d'un coffret. Cornell, dont la carrière était devenue la risée de tous, aura pourtant atteint son but : tout le monde a pris la déclaration comme officielle (Cornell s'est défendu en assurant qu'il parlait juste du fan club de Soundgarden), et petit à petit, le groupe s'est laissé convaincre par l'intérêt d'une reformation.


Soundgarden n'est jamais que, grosso modo, le 137e groupe des nineties à se reformer. Mais presque un an après l'autoscoop de Cornell, la situation de Soundgarden est bien différente de, disons, Stone Temple Pilots ou Faith No More. Trois concerts et rien de concret de prévu, ni sur scène, ni sur disque. La faute au batteur Matt Cameron, qui a rejoint Pearl Jam en 1999 et a prévenu dès le départ qu'il jouerait avec Soundgarden entre les tournées et sessions de Pearl Jam, ce qui laissait donc une douzaine de jours par an. A moins que Pearl Jam entame une longue pause dans leur carrière (ce qui n'est jamais arrivé en vingt ans), il est donc probable que Soundgarden ne se relance pas vraiment. Telephantasm, leur première compilation représentative, est censée nous dire si on doit le regretter. Contrairement à A-Sides (1997), disque hâtivement compilé suite à leur séparation, Telephantasm tend à être un aperçu complet de la carrière d'un des quatre titans de Seattle. Exactement comme A-Sides, Telephantasm n'y arrive que par moments, laissant au final un sentiment de gâchis et de travail mal fait.


Pourtant, ça commence bien, avec carrément un morceau d'histoire : All Your Lies est extrait de ce qui est une de deux compilations fondatrices du grunge (il fallait bien que je sorte "le" mot), Deep Six, sortie en 1986. Le premier morceau de bravoure est Beyond the Wheel : Kim Thayil réinvente Black Sabbath, alors que Chris Cornell sort une performance vocale absolument époustouflante. Beyond the Wheel, comme la majorité des deux premiers albums du groupe (Ultramega OK et Louder Than Love) est résolument anti-commercial, lourd, puissant et terriblement impressionnant. C'est simple : personne n'a jamais chanté comme ça. Malheureusement, Telephantasm n'inclut que quelques morceaux de cette époque, dont le parodique Big Dumb Sex et une version live assez pourrie de Get on the Snake. Ce sont là les deux défauts de la compile, on en parlera.


Badmotorfinger sort en 1991, et là, évidemment, on rigole moins. 1991, c'est en même temps le début du grunge, et sa mort. En quelques mois, outre Badmotorfinger, sort Ten (Pearl Jam) et Nevermind (Nirvana), le grunge passe à la tv, Vedder se suspend aux échafaudages, Cobain devient le symbole d'une génération, Staley attend son heure et Weiland affute sa VHS. Pour Soundgarden, c'était le début de la seconde étape, celle de l'accessibilité. Les deux premiers albums étaient bien trop tordus pour pouvoir se vendre, et Badmotorfinger, probablement leur chef d'oeuvre, allait commencer à changer ça. Room A Thousand Years Wide montre le ton, un son moins brutal, plus mélogique, plus "écrit". La voix de Cornell devient plus enragée, mais le groupe ne quitte pas la bizarrerie pour autant, avec un coda de trompette et saxo, qui fait que, comme souvent, le morceau se traîne en longueur.


Rusty Cage sera le premier hit du groupe, et a même connu les honneurs d'une reprise par Johnny Cash. Thayil n'en avait évidemment pas besoin, lui qui maîtrisait, à ce moment, la science du riff et du son parfait, aussi exprimé dans le sec Outshined et le flamboyant Slaves and Bulldozers. C'est lourd, mais totalement écoutable. C'est aussi fantastique. Malheureusement, Jesus Christ Pose est présent en version live, à son détriment. Pour différentes raisons, Soundgarden n'a jamais sonné aussi bien live qu'en studio, à l'exception possible de Matt Cameron. L'époque Badmotorfinger se termine avec le quasi hardcore Birth Ritual, présent sur la légendaire BO de Singles, et l'"inédit" passable Black Rain, qui clôture le second disque.


On peut donc passer à l'explosion commerciale. MTV, à l'époque, était le media de base pour vendre du disque, il fallait donc faire de beaux clips. Voici donc Black Hole Sun, qu'on ne présente plus. En plein dans la période obsessionnelle Beatles de Cornell, BHS est un morceau passable mais qui décroche la lune à ses auteurs, et leur plus gros hit, leur "belle" chanson. Les autres extraits de Superunknown sont moins soft, mais aussi moins aventureux que ce qui précède, tout en restant tout à fait appréciables, surtout My Wave et Spoonman. On peut quand même se demander pourquoi Let Me Drown a été omis de la compile, mais il faut toujours faire des choix. Comme celui d'avoir pris l'inférieure version vidéo de Fell On Black Days.


Et puis, la merde a atteint le ventilateur. On pouvait déjà le pressentir : le talent de Soundgarden, ce qui les rendait unique (en gros, un guitariste qui faisait passer Tony Iommi pour un jazzman et un chanteur qui pouvait surpavarotter Pavarotti), se diluait petit à petit. Et alors que leurs contemporains connaissaient des fortunes diverses, Soundgarden s'est mis dans le soft rock chiant, avec un chanteur plus proche de Céline Dion que de Robert Plant. Down on the Upside est un chant du cygne indigne de la légende du groupe, et Telephantasm aggrave encore le cas, en choisissant des versions live boîteuses, dont un Pretty Noose carrément horrible. La séparation du groupe était aussi logique qu'inévitable.


Telephantasm donne une impression mitigée, limite désagréable. Oh, les morceaux sont bons (surtout le premier disque), mais les deux gros défauts de la compile (surreprésentation de la seconde période, présence de versions live foireuses) pourraient faire croire que Soundgarden était le groupe surestimé du Big Four de Seattle. Pendant ce temps, Alice in Chains nous a fait le coup du phénix, Pearl Jam vieillit avec grâce et Nevermind n'a pas pris une ride.


Spotify : Telephantasm

dimanche 17 octobre 2010

Weezer - Hurley

Un album par an, c'est la moyenne actuelle de Weezer. Et encore, c'est sans compter les compiles de démos du leader Rivers Cuomo (deux, avec une troisième à venir), les ressorties deluxe d'anciens albums (le bleu est déjà sorti, Pinkerton arrive début novembre) et même une collection d'inédits (Death To False Metal, le même jour). Tout cela sans doute pour faire oublier un fait : Weezer n'est plus que l'ombre de lui-même, et ce depuis déjà bien longtemps. Oh, à chaque fois, on fait semblant d'y croire. Hash Pipe n'était "pas si mal", Island In The Sun "quand même catchy". Beverly Hills, c'était juste un incident de parcours, et le rouge avait un ou deux trucs chouettes. Mais non. On se leurre, trompé et retrompé par l'espoir, vain, que le groupe retrouve un jour son niveau d'antan. On peut même rester réaliste : on se contenterait aisément d'album corrects, sans génie (comme le vert et Maladroit), mais Weezer a été bien trop loin, atteignant un embarrassant paroxysme avec Raditude, un album tellement mauvais que l'apparition de Lil Wayne en était un highlight. En bon masochiste, Cuomo n'a pas manqué de nous fournir un autre bâton : alors qu'il racontait en interview que le titre de l'album est inspiré par le sympathique personnage de Lost joué par Jorge Garcia, le guitariste Brian Bell a maladroitement avoué qu'il s'agissait en fait d'une référence au sponsor (!) de l'album, une marque de vêtements de skate. Tout était en place pour une démolition en règle de Hurley. Tout? Non, j'oubliais : Cuomo, qui a composé en solo les premiers albums, s'est cette fois adjoint les services de compositeurs extérieurs, on y reviendra. Bref, ça va chier, quoi.


Finalement, on est presque soulagé, un peu surpris : Hurley, grande nouvelle, roulement de tambours, est moins mauvais que Raditude! Comme quoi, signer avec Epitaph (gros lol quand même) aura peut-être servi à quelque chose, comme par exemple, ressortir les geeeetarz. Attention, pas des guitares à la prod lo-fi, non, on a mis plein de gloss dessus pour que le tout saute aux oreilles comme un album de Metallica mal masterisé (oui, je sais). Memories, premier morceau et single envoie du très lourd dans un refrain tout aussi lourd de sous-entendus pas sous du tout, en fait : "memories make me want to go back there, back there". Nous aussi, Rivers, nous aussi. C'est donc bourrin, lourd (oui, encore, mais c'est pour bien enfoncer le clou), pas mélodique pour un sou, et comprend des paroles, euh... disons que Cuomo parle d'une époque "when Audioslave was still Rage". Ce qui est déjà très laid, mais en plus, est-ce que quelqu'un se souvient encore d'Audioslave? Non? Tant mieux.


Memories est assez représentatif de l'album : survitaminé, pas malin du tout, mais quand même assez catchy. Parce que s'il ne fallait retenir qu'une seule chose de la carrière post-Pinkerton de Cuomo, c'est bien ça : 80% des trucs qu'il écrit, aussi douteux soient-ils, restent quand même sérieusement accrocheurs. Hey, j'ai même cru à un moment que (If You're Wondering If I Want You To) I Want You To était décent, c'est dire. Trainwrecks suit le même schéma : progression d'accords de fête foraine, paroles d'ado en détresse parce qu'il ne se retrouve pas dans le nouveau Linkin Park ("we don't update our blogs, we are traaaaaaaaaaaaiiiinwrecks") avec en extrabonus un crédit de composition de Monsieur Desmond Childs, alias le mec qui a écrit plein de morceaux pour Bon Jovi, mais qui n'arrivait pas à conserver une permanente décente. En parlant de crédits de compositions, on retrouve ailleurs Dan Wilson de Semisonic (remember Semisonic? Closing Time? Pas grave.), Ryan Adams en mode non-metal, Tony Kanal de No Doubt (le forcément lourdaud Smart Girls) ou l'évidente et navrante Linda Perry. Tout cela ne vaut franchement pas grand chose, tout comme Where's My Sex : 3 minutes 28 d'un Rivers Cuomo qui trouve absolument hilarant que "socks" et "sex" se ressemblent presque. Qu'est-ce qu'on se marre.


On sortira quand même du lot Unspoken, un des rares morceaux écrits en solo par Cuomo, dont l'intro acoustique touchante fait regretter la tournure bourrine qui n'aurait pas du être imposée au morceau, ainsi que Hang On, toujours aussi bêtement vulgaire, mais vraiment, vraiment entraînant. Mais bizarrement, c'est le dernier morceau de l'album qui en est le plus intéressant. Co-écrit par le chanteur country Mac Davis, Time Flies reprend la formule classique des morceaux de Weezer, mais en version folk/country/lofi rappelant Led Zeppelin mis à jour par Jack White. Malheureusement, Time Flies n'est qu'un rappel cruel de ce dont Cuomo est capable, et on ne sait toujours pas pourquoi il semble - consciemment! - gâcher son talent. Malgré tout, on reviendra donc dans deux semaines (trois albums en un mois, ce mec est vraiment cinglé), pour la version deluxe de ce qui est sans doute son chef d'oeuvre, Pinkerton, et  l'album de chutes de studio provenant de toute la carrière du groupe : l'espoir de trouver quelques perles est donc là, espérons qu'il ne sera pas, une nouvelle fois, déçu. En ce qui concerne Hurley, c'est donc juste un album de Weezer de plus : pas le pire, certes, mais bien loin de ce qu'on pouvait espérer. En vain.


Spotify : Weezer - Hurley (version spéciale avec reprise de Coldplay, rien ne nous est épargné)

jeudi 14 octobre 2010

Single : Miles Kane - Inhaler

En vitesse, en attendant la suite (Weezer, Linkin Park, Kings of Leon, plein d'autres choses encore, mais si), voici le premier single solo de Miles Kane.


Miles Kane, c'était le chanteur des Rascals mais aussi (et surtout) le Last Shadow Puppet qui n'est pas Alex Turner.


Inhaler sort le 22 novembre, avec la reprise de Rainbow Woman de Lee Hazelwood en face B, et c'est très bien, voilà.


Miles Kane - Inhaler by Miles Kane

dimanche 10 octobre 2010

Arcade Fire - The Suburbs

Quel phénomène, Arcade Fire. Un jour, ils seront peut-être dans la liste des plus grands artistes indie de tous les temps. Cette année, ils ont fait la quasi tête d'affiche de très gros festivals en Europe alors que l'album n'était même pas encore sorti, et quand il l'a été, il s'est directement retrouvé n°1 des ventes US. On pourra arguer sans cesse sur les raisons de ce succès, notamment sur le fait que le téléchargement de The Suburbs était très bon marché, cela ne change pas le fait : Arcade Fire, c'est du costaud. Comme souvent, le hype précède l'album, et il est difficile de garder un esprit ouvert après avoir lu quelques critiques dithyrambiques et souvent stupides, du genre "meilleur qu'OK Computer" (Mike Diver, BBC). On peut toujours essayer.


Seize pistes, soixante-quatre minutes pour un album qu'on peut vraiment qualifier de conceptuel : les Canadiens ne font pas dans la dentelle. Et commencent l'album indé le plus attendu de l'année par deux morceaux qui les placent exactement là où on pensait qu'ils seraient. Excellent refrain, montées en puissance, voix inimitable de Win Butler : The Suburbs et Ready to Start comptent directement parmi les plus grands morceaux du groupe, et on se met à espérer : et si le groupe pouvait retrouver le niveau inouï atteint sur les meilleurs moments de Funeral?


The Suburbs est effectivement un album concept, explicité dès le titre. Mais un album concept fin et intelligent, ce n'est pas American Idiot, non plus. C'est un voyage dans les faubourgs, mais aussi dans le passé. Un passé vu de manière mélancolique, à travers des yeux d'enfants : Ready to Start comprend le vers "all the kids have always known", qui renvoie directement au premier EP du groupe, Us Kids Know. Modern Man parle de gosses qui vont au centre-ville (hors des Suburbs, donc) et qui observent, un peu plus tard, les gens "modernes" (Rococo). Suburban War porte le concept à son paroxysme, exhortant une guerre contre les faubourgs, parce que, de toute façon, "the past won't last". Et puis, dans le passé (idéalisé), pas de crise financière, pas de businessmen qui boivent notre sang (Ready to Start). C'était donc mieux avant.


Tout cela est délivré avec la puissance d'un groupe à dix têtes (ou plus) comme peut parfois l'être Arcade Fire. Percussions et guitares multiples, les arrangements de cordes d'Owen Pallett et les voix de Butler et de Régine Chassagne, généralement assez discrète mais qui prend le surprenant Sprawl II (alias Arcade Fire goes Blondie) à son compte. Comme concept, cela marche du tonnerre, et certains morceaux sont effectivement grandioses sans être grandiloquents. Butler raconte des histoires, ce qui est assez rare, de nos jours. Mais comme on pouvait le craindre, l'album est trop long, et donc inégal. Pour un superbe We Used to Wait à la vidéo extraordinairement innovante, on a un morceau qui parle de simulateur de jeu d'échecs (Deep Blue), pour un très Springsteenesque City with No Children une face B de Queens of the Stone Age dont on se demande vraiment ce qu'elle y fait (Month of May). Qui aime bien châtie bien (c'est vraiment très, très con, comme proverbe, mais soit), mais il fallait quand même garder un minimum de raison et de bon sens, sinon l'album finira comme Be Here Now (Oasis, 1997 : critiques fabuleuses à sa sortie, nettement moins quelques mois après).


The Suburbs est très ambitieux, et n'arrive que partiellement à ses fins, surtout à cause d'une relative lourdeur d'exécution. Mais quand Arcade Fire décolle, ils volent plus haut que quiconque. Même si Funeral ne sera sans doute jamais égalé, ils restent un des groupes les plus passionnants du paysage musical contemporain, et occupent une place étonnante : celle de groupe indépendant de stade.

Spotify : malheureusement, Arcade Fire n'a pas licencié ses morceaux pour l'écoute sur Spotify.

samedi 9 octobre 2010

Playlist Spotify – Manic Street Preachers

Je n'ai pas encore, loin de là, utilisé le potentiel de Spotify sur Music Box. Un jour, que j'espère proche, tout le monde pourra profiter des services de Spotify, gratuitement ou pour un montant mensuel qui sera modique par rapport aux services rendus par cette application totalement révolutionnaire. En attendant, il faut parfois bricoler pour en profiter : Spotify, même en version payante, n'est pas disponible en Belgique. Je vais essayer de concocter régulièrement des playlists sur différents thèmes, et voici le second, centré sur un groupe qui va bientôt fêter ses vingt ans de carrière et vient de sortir un excellent dernier album : Manic Street Preachers.


La playlist (ou le? j'écrirais bien liste d'écoute, mais ça fait trop québecois), en ordre chronologique, comporte quelques incontournables (Motown Junk, You Love Us, Design For Life) mais pas systématiquement leurs singles, histoire de peut-être faire découvrir d'autres choses, qui ne sont pas les morceaux les plus connus du groupe. J'y ai donc ajouté quelques morceaux d'album de choix (Sleepflower, Die In The Summertime, Nobody Loved You, ou encore le mégatube disco Miss Europa Disco Dancer), des faces B et raretés (Donkeys, 4Ever Delayed, Judge Yrself) ou des reprises, comme la version slide guitar de Been a Son, fascinante, ou, euh, Umbrella.


J'essaierai d'en refaire régulièrement, enjoy this one.


Playlist Spotify : Manic Street Preachers.

samedi 2 octobre 2010

Flattr après un mois

Il y a environ un mois, j'ai rejoint le programme Flattr, sorte de mix entre les boutons de type Twitter/Facebook Like et les donations à la Paypal. Le post explicatif avec vidéo se trouve ici, mais maintenant qu'on a basculé en octobre, j'ai le bilan des quelques clics faits sur mes articles en septembre.


Bien entendu, il ne faut pas s'attendre à une grosse somme d'argent : non seulement Flattr n'est encore qu'à ses débuts (il est toujours officiellement en bêta), mais de toute façon, le concept de donner de l'argent pour des articles sur internet est bien trop récent pour vraiment donner de gros résultats. Cependant, je suis assez satisfait : les quatorze clics effectués sur Music Box en trois semaines m'ont rapporté 5,14€, avec une valeur/clic allant de 0,70€ à 0,01€ (0,37€ de moyenne).


Je suppose que beaucoup de monde pensera que 5,14€ est un montant ridicule, et de fait, je ne saurais pas en faire grand chose. Mais pour moi, qui écrit depuis une bonne douzaine d'années, avec un blog actif depuis septembre 2003, c'est assez étonnant et très positif de me dire qu'on me donne de l'argent parce qu'on apprécie ce que je fais.


Je continue évidemment l'aventure, même si j'ai conscience que les premiers jours de Flattr ont été les meilleurs : certains utilisateurs m'ont "flatté" pour m'encourager, cette période-là est maintenant révolue. Qu'importe de quoi le futur sera fait, je continuerai à supporter Flattr, et vous encourage à faire de même.