jeudi 30 décembre 2010

Ash - A-Z Volume 2

Ash a donc terminé l'expérience A-Z, à savoir sortir un nouveau single toutes les deux semaines pendant un an. Les vinyls se sont vendus comme des petits pains, et il semble que l'opération fut un relatif succès commercial. Ce Volume 2 est donc la seconde compilation, reprenant les treize morceaux singles et trois morceaux bonus, histoire de ne pas flouer les fans, et les pousser à la consommation quand même.


Qu'en penser? Forcément, sortir un morceau tous les quinze jours n'est pas nécessairement une garantie de qualité. En gros, on peut sortir plus ou moins n'importe quoi, surtout qu'ils ne se sont pas arrêté à 26 : pour éviter/limiter le piratage, le groupe a envoyé à leurs abonnés une dizaine de morceaux supplémentaires, et quand on ajoute à tout cela les morceaux bonus des deux compiles, et les éditions japonaises, on arrive carrément à un grand total de 48 morceaux, presque un par semaine, donc.


Pourtant, la qualité est bien souvent au rendez-vous. Ash aura réussi, avec ce projet, à casser leur image de groupe à deux morceaux : la ballade à briquets (ok, iPhones) et le poppunk légèrement furieux. Ils ont rajouté le morceau électro. Ok, je suis un peu vache : même si l'ossature du trio est toujours basé sur cette dynamique quiet/loud, leur palette a été un peu élargie, comme on peut l'entendre, notamment, sur l'instrumental de dix minutes Sky Burial. Sortir les morceaux individuellement à permis au groupe de se lâcher, et ne pas réaliser d'album vaguement thématique comme auparavant. Ce qui fait que la compile est assez incohérente, si on l'écoute en tant qu'album, mais ce n'en est de toute façon pas un. Rien n'est véritablement à jeter, il semble même que ce volume 2 soit meilleur que le premier. On retiendra surtout le riffage post-punk d'Insects, le dancy Binary, le Foo Fighters-rencontre-Queen Embers ou encore le punky Digital World, tout en regrettant les habituels défauts d'Ash, comme la propension de Tim Wheeler à faire rimer chaque ligne, ce qui est vite fatigant.


Même si je suis assez vieux jeu en restant attaché au concept d'album, il faut constater qu'Ash a mené le projet à son terme, et avec d'excellents résultats. Ash n'a pas fait de déclaration quant à leurs projets futurs, mais après avoir mené une telle initiative, il sera difficile de faire plus fort, et on peut imaginer qu'un album classique soit l'étape suivante. Ils auront en tout cas défriché le terrain pour d'autres initatives du genre. En attendant la suite, Ash a mérité de conserver son titre d'un des meilleurs single bands du rock UK, et ceci depuis de longues années.


Spotify : Ash - A-Z Volume 2

lundi 27 décembre 2010

Harlem - Hippies

A voir les tops de fin d'année, on peut se poser une question : Mais où est le fun? Qu'importe les évolutions musicales, et la grande fragmentation de 2010, on aura toujours besoin de trois types qui jouent n'importe comment dans un garage des mélodies à mourir. Cette année, c'est Harlem. Leur premier album, fantastiquement appelé Hippies, est loin d'être parfait : la formule est Ramonesquement basique, et après seize morceaux commençait sérieusement à tourner en rond. De même, leur musique est bien trop fainéante pour se laisser classer quelque part : pas assez lente pour faire partie des chéris de 2010, pas assez roots pour se la jouer Black Keys, pas assez punky pour faire mal aux oreilles.


Qu'importe, Hippies comporte suffisamment de morceaux sympas pour passer un bon moment : Tila and I devrait être un tube avec une bonne production, Three Legged Dog sonne comme un slow de prom des années 60, Torture Me rappelle Nirvana même s'il est probable que les membres d'Harlem ont à peine connu Nevermind, et Someday Soon, avec son refrain qui dure trois minutes, est un de mes préférés de l'année, fun, rock, mélodique et sensiblement marrant ("Someday soon you'll be on fire / And you'll ask me for a glass of water / And I'll say no you can just let that shit burn).


Le rock 'n roll n'est évidemment pas mort, il est juste moins facile à trouver qu'avant. Pour le moment.



Spotify : Harlem - Hippies

vendredi 17 décembre 2010

Sleigh Bells - Treats

Gros coup de poing dans le ventre, quand même. Improbable collaboration entre une chanteuse teenpop et l'ex-guitariste de Poison the Well, Sleigh Bells frappe très fort, avec une alliance eau/feu entre gros beats, guitares hardcore et voix pop mielleuse. Derek E. Miller avait déjà produit un des rares morceaux écoutables du dernier M.I.A., et il fait ici équipe avec Alexis Krauss, dont la voix (généralement) angélique est découpée, refaçonnée, étalée en couches et généralement assez (mal)traitée.


Treats commence très fort, avec la rafale de beats AK-47 de Tell 'Em, dont l'intro sorte de mix entre l'hymne national US de Jimi Hendrix et Refuse/Resist de Sepultura, avant que Krauss ne pose une voix aussi pop que n'importe quel bête groupe teenage interchangeable. Mais il y a évidemment quelque chose derrière tout ça, derrière une alliance apparemment contre nature, et qui fonctionne pourtant très bien. Car Miller ne laisse aucune concession : les morceaux sont durs, très produits, et loin des passages évidents à la radio. Malgré tout cela, on y retrouve une veritable recherche mélodique, et une construction souvent complexe même si on ne cherche pas à être bizarre juste pour être bizarre. Guitares et voix sont accompagnés par toutes sortes d'artifices de studio, comme synthés et boîtes à rythmes, mais sauf exception, c'est la guitare qui domine comme instrument majeur. Cependant, les beats n'ont rien à envier à je ne sais quel producteur hip-hop en vogue dans notre damnée époque.


On passe de "cinglé" à "totalement dingue", comme on le remarque dans la ligne de guitare de Riot Rhythm, et la voix de Krauss qui la suit : l'art du single efficace n'est pas perdu pour tout le monde, dans le monde de l'indie US. Infinity Guitars a besoin de rilatine pour calmer ses pulsions, alors que Run the Heart, plutôt basé synthé, est une sorte de shoegaze du 21ème siècle.


Autre bonne idée : les morceaux sont courts, l'album aussi : pas le temps de s'ennuyer, ou de seulement penser que la formule commence à se répéter. Rill Rill, d'ailleurs, tente de casser le moule, en apportant une sensibilité plus pop, plus douce, avec un sample de Funkadelic, d'ailleurs. Mais l'album reste délirant de bout, comme si on avait laissé deux gosses affamés dans un magasin de jouets avec un McDonalds au sous-sol. Straight As se la joue carrément hardcore tandis que A/B Machines pousse l'expérimentation à son paroxysme, et est le genre de morceau qui, si joué en club, pourrait même presque me faire sortir. Imaginez seulement. Le morceau-titre conclut l'album, avec des gimmicks exubérants (mais c'est un peu le cas partout), des cloches de Noël (clin d'oeil à leur nom) et des effets sonore tordus.


Si on devait trouver un défaut, ce serait justement que Sleigh Bells sonne très fort comme un groupe de studio. Là où d'autres duos (ceux qui ont une couleur dans leur nom) arrivent à assurer sur scène avec peu de moyens, Miller et Krauss n'ont pas la même dynamique, et il serait fort intéressant de voir ce que ça donne sur scène. Mais même s'ils sont à chier, Treats est un des albums les plus originaux et intéressants de 2010, année fragmentée s'il en est. Ils sont aussi une mise à jour contemporaine du mariage entre sensibilité pop et musique plus dure, une sorte de Ramones du vingt-et-unième siècle. Ce qui est une très bonne chose.


Spotify : Sleigh Bells - Treats

mercredi 15 décembre 2010

Track : R.E.M. - Discoverer

R.E.M. nous revient en mars 2011, avec Collapse Into Now. Je ne vais pas répéter ce que chaque site a déjà écrit (à savoir qu'on ne sait rien grand chose d'autre que les présences de Patti Smith, Peaches et Eddie Vedder) mais plutôt proposer en écoute le premier extrait de l'album, qui est aussi son premier morceau, Discoverer. Plus d'infos et la possibilité de télécharger Discoverer contre adresse mail sur le site officiel.

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mardi 14 décembre 2010

Michael Jackson - Michael

On y est. Le premier des sept albums posthumes qui sortiront ces dix prochaines années, après une demi-douzaine de sorties depuis l'assassinat suicide accidentel de la plus grande pop star de tous les temps. Seulement, la plus grande pop star de tous les temps, elle n'avait plus sorti grand chose de valable depuis la fin de la décennie précédente. HiStory marquait le début de la fin, Blood on the Dancefloor comprenait quelques chouettes choses, mais Invicible était juste mauvais. Qu'attendre de ces "inédits"? Probablement pas grand chose sur un plan artistique, mais beaucoup sur celui de la controverse.


Quand Will.I.Am des Black Eyed Peas vous fait un speech sur le manque d'intégrité, ça veut quand même dire que vous êtes vachement dans la merde. Rappelant fort justement le perfectionnisme de MJ, il mit en évidence le fait qu'il n'aurait jamais voulu que ces morceaux sortent, pire, qu'il ne les a simplement pas finis. Ce qui laisse les coudées franches à quelques producteurs peu scrupuleux pour autotuner le bazar, commander une pochette hideuse, et encaisser la monnaie. Passe encore : les inédits des Beatles fin des années 90 ont aussi été fort retravaillés a posteriori. Mais la controverse n'allait pas s'arrêter là : quelques voix concordantes, notamment issues de la famille du défunt, s'accordent à dire que ce n'est simplement pas lui qui chante à certains moments. Et force est de constater que parfois, la voix ne ressemble pas à ce qu'on connaît d'un homme au style vocal éclectique mais toujours reconnaissable. On ne connaîtra peut-être jamais la vérité, mais ce qu'on peut toujours faire, c'est écouter et juger Michael selon ses mérites. Ce qui n'est vraiment pas terrible non plus.


Michael n'est évidemment pas un album cohérent : deux morceaux sortiraient des sessions de Thriller alors qu'un autre aurait été le tout dernier enregistrement de MJ avant sa mort. Ce qui est cohérent, par contre, c'est une production lourdingue : Teddy Riley était à la mode en 1987, et encore. On ne compte plus les tics vocaux encore plus irritants que d'habitude, les choeurs démultipliés et les nappes de synthés dégoulinants de pas si bonnes intentions. Certains morceaux sont tellement pauvres mélodiquement qu'on n'a rien trouvé de mieux que répéter le refrain ad nauseam, histoire de, quand même, tenter (en vain) de le retenir. I Like The Way You Love Me (insert pedo joke here) commence avec MJ qui téléphone la mélodie : on aurait du laisser l'enregistrement d'origine.


Les trois morceaux qui ne seraient pas entièrement chantés par Jackson peuvent effectivement (partiellement) prêter à confusion : soit Jackson a changé de voix pour on ne sait quelle raison, en plein milieu du même morceau, soit Sony n'a pas été foutu de trouver un bon imitateur. On s'en fiche un peu, tant ils sont insipides et anecdotiques. Breaking News pousse même le vice jusqu'à reprendre des extraits sonores de bulletins infos qui relatent quelques scandales ayant impliqué MJ. Original, non? Michael Jackson parle de lui à la troisième personne, mais il semble vraiment probable que ce ne soit pas lui. Sony prend vraiment, vraiment ses fans pour des cons.


Bizarrement, les trois morceaux les plus intéressants clôturent l'album : I Can't Make It Another Day a été écrit par Lenny Kravitz et utilisé sur son album Baptism. La version orginale apparaît ici, et contiendrait une performance à la batterie d'un certain Dave Grohl (qui sonne comme une boîte à rythme). Pas le meilleur morceau rock de Jackson, mais un break salvateur dans cette bouillie sonore. Michael se clôture avec deux outtakes de Thriller, album déjà ressorti deux fois auparavant, mais sans ces inédits : on pouvait décemment douter de leur qualité. Behind the Mask est pourtant facilement le meilleur morceau ici, une réinterprétation des japonais Yellow Magic Orchestra qui prouve que Jackson était (était) un performer vocal exceptionnel. Le solo de saxophone rappelle le mauvais goût de l'époque, mais bon, on restera indulgent. Le McCartnesque Much Too Soon sombre un peu trop dans la saccharose, mais est tout aussi superbement chanté. Faut juste supporter l'accordéon.


Michael est donc un album inégal au mieux, comprenant un ou deux morceaux décents et d'autres qui n'auraient pas passé le cap d'Invincible. Mais malheureusement, il marque le début d'une période de surexploitation commercial de l'artiste le plus exploité de tous les temps. Si les morceaux ici sont les meilleurs du lot, le pire reste à venir.


Si vous aimez Michael Jackson, ou la musique en général, n'achetez pas ceci. Ne le volez même pas, ça lui donnerait une justification imméritée. Allez écouter Off the Wall à la place.


Spotify : Michael Jackson - Michael

samedi 11 décembre 2010

Playlist Spotify - 2010, troisième partie

2010 se finit, et avec elle l'année la moins prolifique pour Music Box. Pas que rien d'intéressant ne soit sorti, juste pour des raisons de temps et de motivation, aussi.


La troisième playlist Spotify - Music Box reprend des morceaux d'albums chroniqués depuis la dernière fois, ainsi que d'autres de chroniques potentielles d'ici la fin de l'année.


Neil Young, NIN, Robyn, Sleigh Bells, Therapy?, Alain Johannes, Harlem, Frankie & the Heartstrings et treize autres artistes, vingt-et-un morceaux, une grosse heure de musique.


Music Box 2010, troisième partie, sur Spotify.

lundi 6 décembre 2010

Alain Johannes - Spark

Alain Johannes est l'exemple parfait d'un excellentissime musicien, connu et reconnu dans un cercle relativement restreint, mais pas du grand public. Qu'importe, un rapide coup d'oeil sur sa page Wikipedia nous apprend que son cv est presque aussi long que la discographie de Buckethead. D'abord un groupe qui allait engendrer les Red Hot Chili Peppers, puis l'influenciel Eleven, mais surtout des longues et fructueuses collaborations avec Josh Homme, au sein de Queens of the Stone Age, Eagles of Death Metal, le groupe de Brody Dalle Spinnerette mais aussi les enregistrements des (regrettées) Desert Sessions (il est aussi ingénieur du son), et plus récemment Them Crooked Vultures, où il jouait un rôle tout aussi important que les mégastars avec qui il partageait la scène.


Johannes est aussi passé par une terrible tragédie : le décès, suite à un cancer, de sa partenaire de longue date, tant amoureuse que musicale, Natasha Shneider. C'est pour lui rendre hommage qu'il organisa un concert, qui fut le point de départ de cet album : son premier morceau, l'émouvant Endless Eyes, fut écrit pour l'occasion. Alain Johannes a réussi à transcender une horrible expérience en morceau limpide de beauté et d'espoir. Multi-instrumentaliste, Johannes a privilégié ici la cigarbox guitar, en y ajoutant parfois l'étrangeté intemporelle du thérémin. Folk, oui, mais une étiquette serait tellement réductrice. Le tout est chanté avec une voix méconnue, mais sous-estimée : pour rester dans la famille, on y trouve tant du Homme que du Lanegan, comme sur le superbe Make God Jealous.


Spark est varié tout en restant fidèle à un univers à part. Spider comprend des subtiles influences orientales, Return to You des harmonies vocales d'un autre temps. Spark n'a pas l'intention d'être immédiat, ni de connaitre un quelconque succès commercial : si Johannes l'avait voulu, il aurait pu composer douze hits (Hanging Tree, c'est lui) et engager quelques uns de ses potes (la dernière fois que j'ai vu Johannes sur scène, il jouait Kick Out The Jams avec Pearl Jam et Dave Grohl). Le surnaturellement éthéré Unfinished Plan clôture un album court (huit morceaux, une bonne demi-heure), mais que seul un battement d'aile d'ange sépare de la perfection.


Après une telle expérience, je regrette d'être cyniquement athée : j'aimerais imaginer que quelque part, dans un endroit nécessairement meilleur, Natasha regarde ici-bas, en paix, les yeux emplis de fierté. Elle le peut : Spark est un chef d'oeuvre.



En écoute sur Spotify : Alain Johannes - Spark

jeudi 2 décembre 2010

N.E.R.D. - Nothing

Cette chronique a d'abord été publiée pour VisualMusic.


Flashback, 2003. 43% des morceaux diffusés à la radio US étaient produits par The Neptunes, alias Pharrell Williams, le roi du monde, et Chad Hugo, l'homme de l'ombre. Leurs beats minimalistes et synthés vintage leur ont ouvert la porte de l'immense succès et de la Playboy Mansion. Sept ans après? Il ne reste plus grand chose. Les productions des Neptunes ne font plus trop parler d'eux, et prétendre que le quatrième album de N.E.R.D. est très attendu serait une légère exagération. Mais bon, les trois précédents avaient leurs bons moments, surtout quand Pharrell & Chad s'en servaient comme cour de récré et pas comme usine à hits.


Cette fois, l'idée est simple et toujours aussi modeste : Pharrell veut faire de Nothing un album qui marquera son époque, au point de s'en souvenir dans dix ans. Moins ambitieux que Beady Eye, mais quand même. Plus intéressant, il a aussi dit que l'album sonnait 1968-1972 America/Crosby, Stills, Nash/Moody Blues. Inattendu de sa part? Peut-être, mais ce n'est pas parce qu'on a produit No Doubt qu'on n'a nécessairement aucune culture musicale, non plus.


En règle générale, on doit lui donner raison : Nothing sonne plutôt organique, classique, plutôt seventies que noughties, et ce n'est sans doute pas une mauvaise chose. Parfois, on se retrouve dans un speakeasy de la prohibition (Help Me) ou au music hall (Victory), en écoutant le thème d'un James Bond avec Sean Connery resté inédit (Perfect Defect). La basse est très présente, probablement grâce à la présence augmentée de Chad Hugo, fort peu impliqué dans Seeing Sounds, et on se met parfois à penser à ce qui est probablement le meilleur backing band de l'histoire du hip-hop, The Roots. Quand on vous disait que ce n'était pas une mauvaise chose.


Bon, évidemment, c'est un album de N.E.R.D., donc la constance n'est pas le point fort. On se surprend souvent à voir le chat noir de Matrix, des trucs déjà entendu, quelque part, un jour. Party People, au demeurant bien sympathique ressemble un peu trop à Wanna Be Startin' Somethin' pour être honnête et I've Seen The Light fait penser à Jethro Tull (demandez à votre grand-père). Pharrell ne peut non plus s'empêcher de raconter des conneries. Il ne veut peut-être plus te filmer toute la nuit, mais raconte (Life as a Fish) Dieu à créé l'univers, du point du vue d'un poisson qui râle parce que les humains ont pollué les océans au lieu d'écouter Jacques Cousteau pendant que des immeubles fédéraux explosent. Authentique. Quant au condescendant God Bless Us All, on n'en dira pas plus.


La principale caractéristique de l'album est sa variété : outre le funk-blues-hop déjà mentionné, I Wanna Jam amène carrément un peu de rock (même si c'est plutôt Lenny Kravitz que Led Zeppelin), Sacred Temple une touche de ce minimalisme qui a rendu Williams multimillonaire en bitches, et Hot n Fun un refrain un poil moins vulgaire que les Black Eyed Peas. Enfin, on se doit de mentionner le morceau produit par Daft Punk, Hypnotise U. Dommage qu'il soit un peu à chier.


Bref, une fois de plus, Pharrell Williams, Chad Hugo et Shay Haley pondent un album sans grande cohérence, mais avec quelques bonnes idées pas toujours retranscrites en bonnes chansons. Mais qu'importe, N.E.R.D. a toujours été leur récréation, et finalement, on continuera à préférer ceci à l'auto-évaluation pénienne de Kanye West, qui a pris la place de Pharrell en tant que producteur zeitgeist, en le faisant plus fort, plus rapide, plus fort, mais pas nécessairement mieux.


Spotify : N.E.R.D. - Nothing (Special Edition)

samedi 13 novembre 2010

Weezer - Pinkerton (1996, Deluxe Edition)

La chronique originale a été publiée sur le webzine Shoot Me Again, cliquez sur le texte ci-dessous pour la lire.

Spotify : Pinkerton Deluxe Edition


jeudi 11 novembre 2010

Single : Beady Eye - Bring the Light

Il l'a fait, finalement. Un an et demi après que son frère Noel se soit cassé d'Oasis, Liam et le reste du groupe (les guitaristes Andy Bell et Gem Archer, le batteur Chris Sharrock et le claviériste Jay Darlington, auxquels on ajoute le bassiste de Gorillaz Jeff Wootton) sort le premier single de Beady Eye, Bring the Light. Le morceau est produit par Steve Lillywhite, et précède un album qui devrait sortir l'an prochain.


Et ça ressemble à quoi? Pas aux Beatles, c'est déjà ça, mais plutôt à un étrange mix entre les Kinks et Status Quo. Plein de claviers, un choeur, et des paroles absolument abyssales. Au moins un point commun avec Oasis. Mais gros bof quand même, on attend la suite.


Le morceau est écoutable ici plus bas, et en téléchargement gratuit sur le site, suffit de cliquer. Il y avait aussi un 7" en édition limitée (4000) avec la face B Sons of the Stage, mais tout est parti, sans doute pour se retrouver sur eBay dans quelques semaines.




lundi 1 novembre 2010

Flattr, deuxième mois

Je ne sais pas si je vais en faire une habitude, mais voici le bilan de mon second mois d'utilisation de Flattr. Si vous n'êtes pas encore familier avec Flattr, vous pouvez lire mon post explicatif et visionner la vidéo qui s'y trouve.


Lors du premier mois, j'avais récolté 5,14€ pour 14 clics (37 centimes par clic, en moyenne), mais comme je débutais, j'ai bénéficié de quelques clics de bienvenue, je me doutais donc que le mois suivant serait moins fructueux. Effectivement, il l'a été, avec 3,84€ pour 7 clics. Cependant, la valeur moyenne par clic a augmenté, passant à 55 centimes. Pourquoi? Aucune idée , il faudra voir si la tendance se maintient. Il faut souligner que Flattr est toujours en beta (même si ouverte) et que la communauté francophone est encore assez discrète.


Mais si on doit réagir en terme de bénéfice (ce qui n'est pas forcément le but premier), c'est quand même assez intéressant, vu que pour 3€ d'investissement de départ, j'ai récolté 8,99€. On verra le mois prochain, mais je vous encourage, une fois de plus, à utiliser le système, qui vient de se munir d'une "wishlist" : si vous désirez flatter un contenu qui ne possède pas encore de bouton Flattr, vous pouvez le mentionner, et Flattr tentera de contacter l'auteur du contenu.

dimanche 31 octobre 2010

Neil Young - Le Noise

Aussi cliché que cela puisse paraître, Neil Young, soixante-quatre ans, fait ce qu'il veut, et ce depuis un paquet d'années. Il suffit de jeter un oeil à ses dernières sorties. Un album-concept sur la vie rurale Américaine, accompagné d'une tournée aux tarifs prohibitifs durant laquelle Neil n'a rien joué d'autre que cet album? Un album tout aussi concept sur sa voiture électrique? Une suite à un album jamais sorti? Last but not least, un monumental projet d'archives s'étalant sur plusieurs dizaines de disques, dont seuls quelques uns ont vu le jour jusqu'ici? Neil Young a fait tout ça, et bien plus encore.


La dernière sortie du plus Américain des Canadiens est un album solo, au sens strict du terme : Neil Young est le seul musicien de l'album. Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit pas du tout d'un album acoustique : la majorité des morceaux est effectivement très électrique. Alors, c'est quoi le truc? Le truc, c'est le mec qui donne son nom à l'album, Daniel Lanois. Surtout connu comme producteur de U2 avant que U2 ne sombre, son importance ici est telle qu'il aurait du avoir son nom à côté de celui de Young (mais c'est le cas, en fait). Lanois a pris la voix et la guitare de Young et a tout passé sous quantité de filtres, d'effets, de délais, de distortion, histoire qu'un processus censé être organique devienne bizarrement artificiel. Le résultat, intéressant, est pourtant mitigé.


Walk With Me et Sign of Love montre Young dans son côté le plus grunge, celui qui aura tant influencé ses fils spirituels de Seattle. Les guitares sont abrasives et denses. Lanois plonge le tout dans un bain de formol, transformant l'immédiateté des accords en expérimentation vaguement électro, comme s'ils (Lanois et Young) avaient voulu expressément détruire la simplicité des chansons, leur ajoutant des effets saugrenus et rallongeant certains passages à l'extrême, parfois à l'aide de drones, comme à la fin de Sign of Love.


La technique employée par Lanois montre vite ses limites, vu que, finalement, il fait toujours la même chose. Prendre un accord, appuyer sur trois boutons de son pro-tools (notamment le bouton "The Edge"), et répéter le tout pendant six minutes. On attendait donc les deux morceaux acoustiques, pour voir ce que ça donnerait. Peaceful Valley Boulevard est en fait traité de la même manière, et n'en finit pas, avec ses histoires d'ours polaires qui voguent sur des morceaux de glace détachés de la banquise, mais Love and War montre un Young plus pur, plus direct, en proie avec une autocritique assez tranchante de ses propres paroles ("When I sing about love and war / I don't really know what i'm singing / I've been in love and I've seen a lot of wars"). Mais cela reste Neil Young acoustique, et il faudrait sans doute être mort pour ne pas être affecté.


Angry World commence comme Kid A, mais Everything In Its Right Place se voit remplacé par un morceau politique sur la crise économique, parce que, voilà, quoi. Heureusement, Hitchhiker rappelle brutalement l'intensité dont peut faire preuve Young, qui revisite ici ses jeunes années et les drogues qui se succédèrent au sein de son organisme. Rumblin' clôture un album court (huit morceaux) et sonne exactement comme son titre.


Alors, qu'en dire? Oui, les trucs employés par Lanois sont assez répétitifs, et même si l'idée de départ pouvait sembler intéressante, on reste dubitatif quant à sa pertinence, surtout quand on se rend compte que les morceaux sont les plus immédiats écrits par Young depuis un petit bout de temps. Néanmoins, certains passages sont fascinants, quand on oppose la voix rustique du vieux Young, et sa guitare simple mais ô combien expressive à certains trucs de studio, sinon d'avant-garde au moins relativement modernes.


Le Noise est donc loin d'être un échec, mais pourrait être considéré comme un point de départ. Le week-end dernier, lors du concert annuel de charité Bridge School Benefit, organisé par Neil Young, Pearl Jam a repris Walk With Me, avec Young à la guitare. Et si on se mettait à imaginer une nouvelle collaboration (Young et Pearl Jam ayant enregistré deux disques ensemble, en 1995), voire une tournée? Les morceaux de Le Noise se doivent de sortir du studio : ils ont besoin d'air.


Spotify : Neil Young - Le Noise

samedi 30 octobre 2010

Playlist Spotify - Music Box 2010, deuxième partie

En attendant (oui, toujours) la suite des chroniques, voici une nouvelle playlist Spotify reprenant un extrait par album chroniqué cette année, à partir du moment où la précédente playlist se terminait. J'y ai également ajouté quelques morceaux sympas d'albums que je ne chroniquerai pas, pour différentes raisons.


En vrac : Queens of the Stone Age, Soundgarden, Weezer, Cypress Hill & Daron Malakian, Best Coast, Korn, Die Antwoord, The Walkmen, et huit autres, seize morceaux, une heure.


Music Box 2010, deuxième partie, sur Spotify.

dimanche 24 octobre 2010

Soundgarden - Telephantasm

L'information a peu circulé, mais elle est pourtant authentique. Quand Chris Cornell a tweeté, le 1er janvier 2010, que "The Knights of the Sound Table ride again", la réunion de Soundgarden n'avait pas dépassé le stade embryonnaire. La déclaration était très prématurée, le groupe s'était juste réuni pour discuter sortie d'un album de raretés, voire d'un coffret. Cornell, dont la carrière était devenue la risée de tous, aura pourtant atteint son but : tout le monde a pris la déclaration comme officielle (Cornell s'est défendu en assurant qu'il parlait juste du fan club de Soundgarden), et petit à petit, le groupe s'est laissé convaincre par l'intérêt d'une reformation.


Soundgarden n'est jamais que, grosso modo, le 137e groupe des nineties à se reformer. Mais presque un an après l'autoscoop de Cornell, la situation de Soundgarden est bien différente de, disons, Stone Temple Pilots ou Faith No More. Trois concerts et rien de concret de prévu, ni sur scène, ni sur disque. La faute au batteur Matt Cameron, qui a rejoint Pearl Jam en 1999 et a prévenu dès le départ qu'il jouerait avec Soundgarden entre les tournées et sessions de Pearl Jam, ce qui laissait donc une douzaine de jours par an. A moins que Pearl Jam entame une longue pause dans leur carrière (ce qui n'est jamais arrivé en vingt ans), il est donc probable que Soundgarden ne se relance pas vraiment. Telephantasm, leur première compilation représentative, est censée nous dire si on doit le regretter. Contrairement à A-Sides (1997), disque hâtivement compilé suite à leur séparation, Telephantasm tend à être un aperçu complet de la carrière d'un des quatre titans de Seattle. Exactement comme A-Sides, Telephantasm n'y arrive que par moments, laissant au final un sentiment de gâchis et de travail mal fait.


Pourtant, ça commence bien, avec carrément un morceau d'histoire : All Your Lies est extrait de ce qui est une de deux compilations fondatrices du grunge (il fallait bien que je sorte "le" mot), Deep Six, sortie en 1986. Le premier morceau de bravoure est Beyond the Wheel : Kim Thayil réinvente Black Sabbath, alors que Chris Cornell sort une performance vocale absolument époustouflante. Beyond the Wheel, comme la majorité des deux premiers albums du groupe (Ultramega OK et Louder Than Love) est résolument anti-commercial, lourd, puissant et terriblement impressionnant. C'est simple : personne n'a jamais chanté comme ça. Malheureusement, Telephantasm n'inclut que quelques morceaux de cette époque, dont le parodique Big Dumb Sex et une version live assez pourrie de Get on the Snake. Ce sont là les deux défauts de la compile, on en parlera.


Badmotorfinger sort en 1991, et là, évidemment, on rigole moins. 1991, c'est en même temps le début du grunge, et sa mort. En quelques mois, outre Badmotorfinger, sort Ten (Pearl Jam) et Nevermind (Nirvana), le grunge passe à la tv, Vedder se suspend aux échafaudages, Cobain devient le symbole d'une génération, Staley attend son heure et Weiland affute sa VHS. Pour Soundgarden, c'était le début de la seconde étape, celle de l'accessibilité. Les deux premiers albums étaient bien trop tordus pour pouvoir se vendre, et Badmotorfinger, probablement leur chef d'oeuvre, allait commencer à changer ça. Room A Thousand Years Wide montre le ton, un son moins brutal, plus mélogique, plus "écrit". La voix de Cornell devient plus enragée, mais le groupe ne quitte pas la bizarrerie pour autant, avec un coda de trompette et saxo, qui fait que, comme souvent, le morceau se traîne en longueur.


Rusty Cage sera le premier hit du groupe, et a même connu les honneurs d'une reprise par Johnny Cash. Thayil n'en avait évidemment pas besoin, lui qui maîtrisait, à ce moment, la science du riff et du son parfait, aussi exprimé dans le sec Outshined et le flamboyant Slaves and Bulldozers. C'est lourd, mais totalement écoutable. C'est aussi fantastique. Malheureusement, Jesus Christ Pose est présent en version live, à son détriment. Pour différentes raisons, Soundgarden n'a jamais sonné aussi bien live qu'en studio, à l'exception possible de Matt Cameron. L'époque Badmotorfinger se termine avec le quasi hardcore Birth Ritual, présent sur la légendaire BO de Singles, et l'"inédit" passable Black Rain, qui clôture le second disque.


On peut donc passer à l'explosion commerciale. MTV, à l'époque, était le media de base pour vendre du disque, il fallait donc faire de beaux clips. Voici donc Black Hole Sun, qu'on ne présente plus. En plein dans la période obsessionnelle Beatles de Cornell, BHS est un morceau passable mais qui décroche la lune à ses auteurs, et leur plus gros hit, leur "belle" chanson. Les autres extraits de Superunknown sont moins soft, mais aussi moins aventureux que ce qui précède, tout en restant tout à fait appréciables, surtout My Wave et Spoonman. On peut quand même se demander pourquoi Let Me Drown a été omis de la compile, mais il faut toujours faire des choix. Comme celui d'avoir pris l'inférieure version vidéo de Fell On Black Days.


Et puis, la merde a atteint le ventilateur. On pouvait déjà le pressentir : le talent de Soundgarden, ce qui les rendait unique (en gros, un guitariste qui faisait passer Tony Iommi pour un jazzman et un chanteur qui pouvait surpavarotter Pavarotti), se diluait petit à petit. Et alors que leurs contemporains connaissaient des fortunes diverses, Soundgarden s'est mis dans le soft rock chiant, avec un chanteur plus proche de Céline Dion que de Robert Plant. Down on the Upside est un chant du cygne indigne de la légende du groupe, et Telephantasm aggrave encore le cas, en choisissant des versions live boîteuses, dont un Pretty Noose carrément horrible. La séparation du groupe était aussi logique qu'inévitable.


Telephantasm donne une impression mitigée, limite désagréable. Oh, les morceaux sont bons (surtout le premier disque), mais les deux gros défauts de la compile (surreprésentation de la seconde période, présence de versions live foireuses) pourraient faire croire que Soundgarden était le groupe surestimé du Big Four de Seattle. Pendant ce temps, Alice in Chains nous a fait le coup du phénix, Pearl Jam vieillit avec grâce et Nevermind n'a pas pris une ride.


Spotify : Telephantasm

dimanche 17 octobre 2010

Weezer - Hurley

Un album par an, c'est la moyenne actuelle de Weezer. Et encore, c'est sans compter les compiles de démos du leader Rivers Cuomo (deux, avec une troisième à venir), les ressorties deluxe d'anciens albums (le bleu est déjà sorti, Pinkerton arrive début novembre) et même une collection d'inédits (Death To False Metal, le même jour). Tout cela sans doute pour faire oublier un fait : Weezer n'est plus que l'ombre de lui-même, et ce depuis déjà bien longtemps. Oh, à chaque fois, on fait semblant d'y croire. Hash Pipe n'était "pas si mal", Island In The Sun "quand même catchy". Beverly Hills, c'était juste un incident de parcours, et le rouge avait un ou deux trucs chouettes. Mais non. On se leurre, trompé et retrompé par l'espoir, vain, que le groupe retrouve un jour son niveau d'antan. On peut même rester réaliste : on se contenterait aisément d'album corrects, sans génie (comme le vert et Maladroit), mais Weezer a été bien trop loin, atteignant un embarrassant paroxysme avec Raditude, un album tellement mauvais que l'apparition de Lil Wayne en était un highlight. En bon masochiste, Cuomo n'a pas manqué de nous fournir un autre bâton : alors qu'il racontait en interview que le titre de l'album est inspiré par le sympathique personnage de Lost joué par Jorge Garcia, le guitariste Brian Bell a maladroitement avoué qu'il s'agissait en fait d'une référence au sponsor (!) de l'album, une marque de vêtements de skate. Tout était en place pour une démolition en règle de Hurley. Tout? Non, j'oubliais : Cuomo, qui a composé en solo les premiers albums, s'est cette fois adjoint les services de compositeurs extérieurs, on y reviendra. Bref, ça va chier, quoi.


Finalement, on est presque soulagé, un peu surpris : Hurley, grande nouvelle, roulement de tambours, est moins mauvais que Raditude! Comme quoi, signer avec Epitaph (gros lol quand même) aura peut-être servi à quelque chose, comme par exemple, ressortir les geeeetarz. Attention, pas des guitares à la prod lo-fi, non, on a mis plein de gloss dessus pour que le tout saute aux oreilles comme un album de Metallica mal masterisé (oui, je sais). Memories, premier morceau et single envoie du très lourd dans un refrain tout aussi lourd de sous-entendus pas sous du tout, en fait : "memories make me want to go back there, back there". Nous aussi, Rivers, nous aussi. C'est donc bourrin, lourd (oui, encore, mais c'est pour bien enfoncer le clou), pas mélodique pour un sou, et comprend des paroles, euh... disons que Cuomo parle d'une époque "when Audioslave was still Rage". Ce qui est déjà très laid, mais en plus, est-ce que quelqu'un se souvient encore d'Audioslave? Non? Tant mieux.


Memories est assez représentatif de l'album : survitaminé, pas malin du tout, mais quand même assez catchy. Parce que s'il ne fallait retenir qu'une seule chose de la carrière post-Pinkerton de Cuomo, c'est bien ça : 80% des trucs qu'il écrit, aussi douteux soient-ils, restent quand même sérieusement accrocheurs. Hey, j'ai même cru à un moment que (If You're Wondering If I Want You To) I Want You To était décent, c'est dire. Trainwrecks suit le même schéma : progression d'accords de fête foraine, paroles d'ado en détresse parce qu'il ne se retrouve pas dans le nouveau Linkin Park ("we don't update our blogs, we are traaaaaaaaaaaaiiiinwrecks") avec en extrabonus un crédit de composition de Monsieur Desmond Childs, alias le mec qui a écrit plein de morceaux pour Bon Jovi, mais qui n'arrivait pas à conserver une permanente décente. En parlant de crédits de compositions, on retrouve ailleurs Dan Wilson de Semisonic (remember Semisonic? Closing Time? Pas grave.), Ryan Adams en mode non-metal, Tony Kanal de No Doubt (le forcément lourdaud Smart Girls) ou l'évidente et navrante Linda Perry. Tout cela ne vaut franchement pas grand chose, tout comme Where's My Sex : 3 minutes 28 d'un Rivers Cuomo qui trouve absolument hilarant que "socks" et "sex" se ressemblent presque. Qu'est-ce qu'on se marre.


On sortira quand même du lot Unspoken, un des rares morceaux écrits en solo par Cuomo, dont l'intro acoustique touchante fait regretter la tournure bourrine qui n'aurait pas du être imposée au morceau, ainsi que Hang On, toujours aussi bêtement vulgaire, mais vraiment, vraiment entraînant. Mais bizarrement, c'est le dernier morceau de l'album qui en est le plus intéressant. Co-écrit par le chanteur country Mac Davis, Time Flies reprend la formule classique des morceaux de Weezer, mais en version folk/country/lofi rappelant Led Zeppelin mis à jour par Jack White. Malheureusement, Time Flies n'est qu'un rappel cruel de ce dont Cuomo est capable, et on ne sait toujours pas pourquoi il semble - consciemment! - gâcher son talent. Malgré tout, on reviendra donc dans deux semaines (trois albums en un mois, ce mec est vraiment cinglé), pour la version deluxe de ce qui est sans doute son chef d'oeuvre, Pinkerton, et  l'album de chutes de studio provenant de toute la carrière du groupe : l'espoir de trouver quelques perles est donc là, espérons qu'il ne sera pas, une nouvelle fois, déçu. En ce qui concerne Hurley, c'est donc juste un album de Weezer de plus : pas le pire, certes, mais bien loin de ce qu'on pouvait espérer. En vain.


Spotify : Weezer - Hurley (version spéciale avec reprise de Coldplay, rien ne nous est épargné)

jeudi 14 octobre 2010

Single : Miles Kane - Inhaler

En vitesse, en attendant la suite (Weezer, Linkin Park, Kings of Leon, plein d'autres choses encore, mais si), voici le premier single solo de Miles Kane.


Miles Kane, c'était le chanteur des Rascals mais aussi (et surtout) le Last Shadow Puppet qui n'est pas Alex Turner.


Inhaler sort le 22 novembre, avec la reprise de Rainbow Woman de Lee Hazelwood en face B, et c'est très bien, voilà.


Miles Kane - Inhaler by Miles Kane

dimanche 10 octobre 2010

Arcade Fire - The Suburbs

Quel phénomène, Arcade Fire. Un jour, ils seront peut-être dans la liste des plus grands artistes indie de tous les temps. Cette année, ils ont fait la quasi tête d'affiche de très gros festivals en Europe alors que l'album n'était même pas encore sorti, et quand il l'a été, il s'est directement retrouvé n°1 des ventes US. On pourra arguer sans cesse sur les raisons de ce succès, notamment sur le fait que le téléchargement de The Suburbs était très bon marché, cela ne change pas le fait : Arcade Fire, c'est du costaud. Comme souvent, le hype précède l'album, et il est difficile de garder un esprit ouvert après avoir lu quelques critiques dithyrambiques et souvent stupides, du genre "meilleur qu'OK Computer" (Mike Diver, BBC). On peut toujours essayer.


Seize pistes, soixante-quatre minutes pour un album qu'on peut vraiment qualifier de conceptuel : les Canadiens ne font pas dans la dentelle. Et commencent l'album indé le plus attendu de l'année par deux morceaux qui les placent exactement là où on pensait qu'ils seraient. Excellent refrain, montées en puissance, voix inimitable de Win Butler : The Suburbs et Ready to Start comptent directement parmi les plus grands morceaux du groupe, et on se met à espérer : et si le groupe pouvait retrouver le niveau inouï atteint sur les meilleurs moments de Funeral?


The Suburbs est effectivement un album concept, explicité dès le titre. Mais un album concept fin et intelligent, ce n'est pas American Idiot, non plus. C'est un voyage dans les faubourgs, mais aussi dans le passé. Un passé vu de manière mélancolique, à travers des yeux d'enfants : Ready to Start comprend le vers "all the kids have always known", qui renvoie directement au premier EP du groupe, Us Kids Know. Modern Man parle de gosses qui vont au centre-ville (hors des Suburbs, donc) et qui observent, un peu plus tard, les gens "modernes" (Rococo). Suburban War porte le concept à son paroxysme, exhortant une guerre contre les faubourgs, parce que, de toute façon, "the past won't last". Et puis, dans le passé (idéalisé), pas de crise financière, pas de businessmen qui boivent notre sang (Ready to Start). C'était donc mieux avant.


Tout cela est délivré avec la puissance d'un groupe à dix têtes (ou plus) comme peut parfois l'être Arcade Fire. Percussions et guitares multiples, les arrangements de cordes d'Owen Pallett et les voix de Butler et de Régine Chassagne, généralement assez discrète mais qui prend le surprenant Sprawl II (alias Arcade Fire goes Blondie) à son compte. Comme concept, cela marche du tonnerre, et certains morceaux sont effectivement grandioses sans être grandiloquents. Butler raconte des histoires, ce qui est assez rare, de nos jours. Mais comme on pouvait le craindre, l'album est trop long, et donc inégal. Pour un superbe We Used to Wait à la vidéo extraordinairement innovante, on a un morceau qui parle de simulateur de jeu d'échecs (Deep Blue), pour un très Springsteenesque City with No Children une face B de Queens of the Stone Age dont on se demande vraiment ce qu'elle y fait (Month of May). Qui aime bien châtie bien (c'est vraiment très, très con, comme proverbe, mais soit), mais il fallait quand même garder un minimum de raison et de bon sens, sinon l'album finira comme Be Here Now (Oasis, 1997 : critiques fabuleuses à sa sortie, nettement moins quelques mois après).


The Suburbs est très ambitieux, et n'arrive que partiellement à ses fins, surtout à cause d'une relative lourdeur d'exécution. Mais quand Arcade Fire décolle, ils volent plus haut que quiconque. Même si Funeral ne sera sans doute jamais égalé, ils restent un des groupes les plus passionnants du paysage musical contemporain, et occupent une place étonnante : celle de groupe indépendant de stade.

Spotify : malheureusement, Arcade Fire n'a pas licencié ses morceaux pour l'écoute sur Spotify.

samedi 9 octobre 2010

Playlist Spotify – Manic Street Preachers

Je n'ai pas encore, loin de là, utilisé le potentiel de Spotify sur Music Box. Un jour, que j'espère proche, tout le monde pourra profiter des services de Spotify, gratuitement ou pour un montant mensuel qui sera modique par rapport aux services rendus par cette application totalement révolutionnaire. En attendant, il faut parfois bricoler pour en profiter : Spotify, même en version payante, n'est pas disponible en Belgique. Je vais essayer de concocter régulièrement des playlists sur différents thèmes, et voici le second, centré sur un groupe qui va bientôt fêter ses vingt ans de carrière et vient de sortir un excellent dernier album : Manic Street Preachers.


La playlist (ou le? j'écrirais bien liste d'écoute, mais ça fait trop québecois), en ordre chronologique, comporte quelques incontournables (Motown Junk, You Love Us, Design For Life) mais pas systématiquement leurs singles, histoire de peut-être faire découvrir d'autres choses, qui ne sont pas les morceaux les plus connus du groupe. J'y ai donc ajouté quelques morceaux d'album de choix (Sleepflower, Die In The Summertime, Nobody Loved You, ou encore le mégatube disco Miss Europa Disco Dancer), des faces B et raretés (Donkeys, 4Ever Delayed, Judge Yrself) ou des reprises, comme la version slide guitar de Been a Son, fascinante, ou, euh, Umbrella.


J'essaierai d'en refaire régulièrement, enjoy this one.


Playlist Spotify : Manic Street Preachers.

samedi 2 octobre 2010

Flattr après un mois

Il y a environ un mois, j'ai rejoint le programme Flattr, sorte de mix entre les boutons de type Twitter/Facebook Like et les donations à la Paypal. Le post explicatif avec vidéo se trouve ici, mais maintenant qu'on a basculé en octobre, j'ai le bilan des quelques clics faits sur mes articles en septembre.


Bien entendu, il ne faut pas s'attendre à une grosse somme d'argent : non seulement Flattr n'est encore qu'à ses débuts (il est toujours officiellement en bêta), mais de toute façon, le concept de donner de l'argent pour des articles sur internet est bien trop récent pour vraiment donner de gros résultats. Cependant, je suis assez satisfait : les quatorze clics effectués sur Music Box en trois semaines m'ont rapporté 5,14€, avec une valeur/clic allant de 0,70€ à 0,01€ (0,37€ de moyenne).


Je suppose que beaucoup de monde pensera que 5,14€ est un montant ridicule, et de fait, je ne saurais pas en faire grand chose. Mais pour moi, qui écrit depuis une bonne douzaine d'années, avec un blog actif depuis septembre 2003, c'est assez étonnant et très positif de me dire qu'on me donne de l'argent parce qu'on apprécie ce que je fais.


Je continue évidemment l'aventure, même si j'ai conscience que les premiers jours de Flattr ont été les meilleurs : certains utilisateurs m'ont "flatté" pour m'encourager, cette période-là est maintenant révolue. Qu'importe de quoi le futur sera fait, je continuerai à supporter Flattr, et vous encourage à faire de même.

dimanche 26 septembre 2010

Manic Street Preachers - Postcards from a Young Man

Nicholas Jones, alias Nicky Wire, est le bassiste des Manic Street Preachers et leur principal auteur. Il en est aussi le porte-parole, et depuis que le groupe existe, elle a été très bien portée, la parole. On pourrait écrire un bouquin rien qu'avec des extraits d'interviews, ou ses éclats de voix sur scène. Il avait déclaré, lors de la sortie de l'excellent Journal for Plague Lovers, que ce n'était pas vraiment le nouveau Manics, vu qu'il était entièrement construit à partir de paroles écrites par Richey Edwards, disparu il y a maintenant quinze ans. Postcards from a Young Man, par contre, est bien la suite de Send Away the Tigers. C'est aussi, et surtout, "leur dernière tentative de communication de masse".


C'est tout Wire, ça : un côté sombre, farouchement indie et contestataire, et un autre populaire sans jamais être populiste. Leur ambition de départ, il est vrai, était de vendre le plus d'exemplaires possible de leur début Generation Terrorists (1992) avant de se séparer. Les Manics ont toujours fonctionné par réaction : le nihilisme de The Holy Bible suivi du rock ample de Everything Must Go, le gros succès commercial de This Is My Truth Tell Me Yours suivi de l'incohérent Know Your Enemy, lui-même suivi de l'insipide et impersonnel Lifeblood. Postcards, quant à lui, fait donc suite au sec Journal for Plague Lovers : on remplace Albini par un orchestre, en gros.


Et ils y ont mis le paquet : l'album est truffé de hits en puissance, de cordes, de choeurs gospels, et même de guest stars, avec John Cale (Velvet Underground et héros gallois), Duff McKagan (Guns 'N Roses), et Ian McCulloch (Echo & The Bunnymen). Le plus fou, dans tout cela, c'est que les Manics sont probablement le seul groupe au monde à pouvoir y arriver tout en restant crédibles artistiquement, parce que, l'effet de surprise passé, Postcards est un bien bon album.


Evidemment, comme toujours avec les Gallois, il faut garder quelques clés d'écoute en tête. Par exemple, on ne doit pas être trop sarcastique en écoutant l'ouverture de l'album, qui est aussi le premier single : It's Not War (Just The End of Love) est tellement catchy qu'il en est proche du pastiche, surtout quand James Dean Bradfield fait rimer "love" et "enough". Le morceau-titre suit, hurle "hit single" et balance un choeur gospel, des cordes, une batterie militaire, du piano, et j'en passe. Bradfield est dans son élément, donnant libre cours à sa voix de ténor, qui, cette fois, n'est plus bridée par les mots avec plein de syllabes écrits par Edwards. Je me moque, certes, mais il faut le faire, pour écrire et jouer des trucs aussi bien foutus. Si U2 essayait seulement Some Kind of Nothingness, on leur balancerait à la gueule des shoes fair trade faites par des gosses chinois, mais ici, ça marche. Bradfield, McCulloch, et un choeur gospel? Il fallait le trouver, et c'est fait.


Hazelton Avenue, nommé d'après une artère de Toronto, aurait, selon Wire, le meilleur riff du groupe depuis Motorcycle Emptiness. Il est effectivement ultra-catchy, tant que personne ne remarque qu'il ressemble à It Ain't Over Til It's Over, en quand même plus classe. Une fois de plus, et c'est le cas de quasi chaque morceau de l'album, le refrain rentre dans la tête, ne semble pas faire beaucoup d'effet, jusqu'à ce qu'on se surprenne à le fredonner des heures après. Tout cela est très bien, mais est-ce que tout cela ne manque pas un peu de... rock? Parce que bon, ok, Bradfield sort quelques solos sympas de sa bonne vieille Gibson Les Paul blanche, mais on garde quasi le même tempo partout. Effectivement, ce n'est pas Lifeblood, mais Postcards est le second album le plus tranquille du groupe. Il faut attendre le sixième morceau, Auto-Intoxication, pour avoir un peu de menace, un peu de crasse dans un album fort propre. Dommage que le refrain assez faible en fait un des moments les moins mémorables de l'album, malgré une seconde moitié rappelant carrément les débuts du groupe.


La face B de l'album continue le thème hyper-mélodique qui avait juste été mis de côté pendant trois minutes : Golden Platitudes commence comme une ballade au piano et évolue vers... une ballade avec orchestre et choeurs, encore. Je n'ose même pas imaginer à combien de millions d'exemplaires l'album se serait vendu quand on achetait encore des disques. Mais comme les Manics n'ont jamais voulu faire simple, ils varient un peu les choses quand même : le tellement mélodique que ça fait peur I Think I Found It semble comprendre une mandole, alors que All We Make Is Entertainment est en même temps un aveu de force/faiblesse de la part du groupe et une critique féroce de la lente et pathétique mort du gouvernement Labour ("clearing house for hell", soit le gouvernement Cameron). Encore un gros hit potentiel, il allie riff puissant (cette fois, c'est vraiment leur meilleur riff depuis Motorcycle Emptiness), double voix, batterie experte, refrain immense et un solo comme Slash n'en fait plus. En parlant de Slash, Duff McKagan fait une apparition sur le très bon A Billion Balconies Facing The Sun, et si c'est pour cela que Bradfield sort le grand jeu, merci à lui.


Wire prend une fois de plus un morceau à son compte, l'assez anecdotique The Future Has Been Here 4 Ever avec en guest la trompette de Sean Moore, qui n'avait plus été entendue depuis Kevin Carter. Elle ne manquait pas trop, mais bon, vu qu'il fallait mettre un peu de tout sur l'album, pourquoi pas, surtout que Wire chante de mieux en mieux (oui, bon, ok). La suite, et fin, est nettement meilleure. Don't Be Evil, qui partage son titre avec le slogan de Google, aurait mérité sa place sur Journal for Plague Lovers, grâce au venin dans la voix de Bradfield, et aux guitares abrasives sans pareil sur l'album. De plus, pas de choeur en vue, ou l'ombre d'un violon : le morceau fait plutôt penser à l'outtake de The Holy Bible Judge Yrself. L'album se termine donc bizarrement sur cette note différente, et pour une fois, sans morceau caché. Une fois de plus, les Manics font ce qu'ils veulent, quand ils veulent : on repassera pour la cohérence, mais on ne se plaindra pas non plus.


Postcards from a Young Man est d'abord un tour de force : rares sont les groupes aussi relevants et aussi percutants après dix albums, vingt ans et une carrière très, très mouvementées. Comme pour chacune des leurs sorties, on pourra gloser sans limite sur leurs choix artistiques, mais ils sont, une fois de plus, parfaitement assumés. On recommandera l'édition spéciale de l'album, qui comprend un second cd de démos sans orchestration, histoire d'être persuadé, si besoin en est, que les morceaux se suffisent à eux-même. Mais les Manic Street Preachers ont voulu assumer ce "last shot at mass communication", et il a atteint son but, triomphalement. Chapeau bas.


Spotify : Postcards from a Young Man (Special Edition)


vendredi 24 septembre 2010

Brandon Boyd - The Wild Trapeze

It's evolution baby. Mouais, mais parfois, les groupes qui changent leur son le font juste par manque d'inspiration, ou par facilité commerciale. Incubus a commencé comme groupe funk-rock-punk-metal-tordu, avec Fungus Amongus (1995) et le juste un peu moins bizarre S.C.I.E.N.C.E. (1997). Leur dernier album, Light Grenades (2006), ne ressemblait absolument plus à ça, entre morceaux rock ramollis, pastiches de Police et ballades saccharinées pour séries TV d'ados mormons. Entre les deux, on peut voir une réelle évolution, et quelques très bon moments, dont le fantastique Make Yourself (1999).


Brandon Boyd a suivi le même chemin, de l'ado troublé aux dreads peu fraîches au trentenaire sex symbol pas trop malgré lui. Son album solo aurait pu être un truc produit par Timbaland, histoire de larguer définitivement ses copains de fumette pour connaître la gloire, la vraie, celle de Gwen Stefani quand elle a viré son groupe ska. Ben non, bizarrement. Brandon a tout fait tout seul, joué de tout, rameuté le producteur des Flaming Lips Dave Fridmann et monté la distortion à 11. Pas que l'album est le retour au "nu-metal" des débuts, juste qu'il a ce feeling lo-fi, comme si Boyd l'avait monté tout seul, dans sa chambre, avec des boîtes à oeufs mal collées au mur. Résultat : son meilleur album depuis Make Yourself.


L'album est tellement bizarrement enregistré qu'on a cru, lors de la sortie digitale, qu'il y avait eu un problème de mastering, à la Death Magnetic. Boyd a lui-même réagi et confirmé que ce son tordu était intentionnel, car il avait voulu arriver à l'opposé d'un album trop (bien) produit. Etonnant, mais cela marche, surtout que les mélodies ne sont jamais gratuitement détruites par ce procédé, le but n'était pas nécessairement de faire un album difficile d'accès. D'ailleurs, quelques unes des meilleures mélodies pondues par Boyd se trouvent ici : les refrains de Revenge of the Spectral Tiger ou A Night Without Cars auraient pu, dans un autre contexte, faire un plus gros tube que Drive. Mais non, Boyd les garde pour un album discret, et en profite pour taper des solos de guitare franchements tordus, histoire de ne pas faire si accessible que ça. Même chose pour le premier single, Runaway Train, qui part après une minute dans un trip tribal accompagné d'instruments bizarres probablement trouvés dans un fond de grenier quelque part à LA.


Reste que Courage and Control pourrait bien l'être quand même, ce tube, avec une mélodie parfaite et une voix à arracher des larmes au plus cynique de ses critiques. En fait, il y a plus d'accroches mélodiques dans ces 3"52 que dans les deux derniers albums d'Incubus. Brandon est peut-être le vrai talent du groupe, qui l'eût cru? Enfin All Eyes Avow est le truc le plus bordélique sorti du cerveau marijuané de Boyd depuis Take Me To Your Leader, et ça, c'est quand même quelque chose.


The Wild Trapeze fourmille d'idées, on pourrait même trouver que certains morceaux en ont trop : Boyd donne parfois l'impression d'être Michael Jackson chez Hamley's, et veut toucher un peu à tout. De même, comme tout album solo, premier de surcroît, tout n'est pas du même niveau. Mais c'est son album, il en fait ce qu'il veut, et il a bien raison. Grâce à ça, le prochain album d'Incubus pourrait bien être excitant, et ça, c'est une sacrée surprise.

dimanche 19 septembre 2010

The Beatles - Revolver (1966)

Oui, bon, je suis un peu en retard. Les remasters sont sortis il y a maintenant plus d'un an, et je ne suis qu'à la moitié de la série. Qu'importe, parce que maintenant, on arrive à ce qui est peut-être la plus exceptionnelle série de quatre albums de l'histoire de la musique enregistrée. Depuis leurs débuts, les Beatles ont sans cesse progressé, passant de reprises aux compositions persos, de mélodies pop aux expériences bien plus complexes, de chansons d'amour à ... autre chose. Revolver représente le moment précis où les Beatles détruisent sans aucune hésitation les canons pop de l'époque pour faire non seulement un des meilleurs albums de tous les temps, mais aussi un des plus importants. Pour preuve : l'organe officiel du Saint Siège, L'Osservatore Romano, l'a nommé meilleur album pop de tous le temps, en février 2010. Beat THAT, Radiohead.


Comme de coutume à l'époque, l'album fut précédé d'un 45 tours. On reparlera des morceaux lors de la chronique de Past Masters 2, mais il s'agissait peut-être du 7" le plus important du groupe (bien que Strawberry Fields Forever/Penny Lane lui dispute l'honneur) : Paperback Writer, son riff acéré et sa basse puissante annonce le heavy metal, alors que Rain est souvent cité comme meilleure face B ever.


Revolver est un album très varié, sans réelle cohérence entre les morceaux. Il faut dire que les albums concepts n'existaient pas encore, et vu la vitesse à laquelle il fallait sortir des disques, à l'époque, la cohésion n'était pas vraiment la première préoccupation de musiciens et producteurs. Cependant, on peut dire que si Rubber Soul était plutôt ancré dans le folk, Revolver est résolument rock. Les compositions de John Lennon sont généralement emmenées par des guitares mises en avant comme jamais auparavant : She Said She Said et And Your Bird Can Sing préfigurent, avec Paperback Writer, un combo plus rock, par exemple celui de Revolution. Mais les Beatles n'ont de toute façon jamais été un simple groupe rock, il y en avait déjà assez sur le marché. Revolver n'est pas l'album de John Lennon, malgré ses excellentes contributions : outre les deux morceaux précités, on peut aussi parler de l'explicite Dr Robert (le Dr Greenthumb de Cypress Hill, trente-cinq ans avant, et pour des drogues nettement plus efficaces) ou I'm Only Sleeping, complainte probablement liée aux substances récréatives en question.


C'est par contre l'album où George Harrison embrasse un rôle proéminent de compositeur, à tel point qu'on lui offre le premier morceau de l'album, le sarcastique Taxman. Le ton Harrison était né : des influences indiennes plus ou moins marquées (comme sur le très hippie Love You To), et des paroles mettant en évidence la confusion de son auteur (I Want to Tell You) ou son engagement politique, avec donc ce Taxman critiquant très directement les impôts anglais qui, il est vrai, empochaient 90% des bénéfices du groupe. Taxman est emmené par un riff vicieux et un McCartney au four et au moulin (lead guitar, basse, terrible solo). Car oui, cette fois, c'est Paul McCartney qui est la star de l'album. Son premier morceau, Eleanor Rigby, est juste somptueux. Comme son hit précédent, Yesterday, il est le seul Beatle présent sur l'enregistrement, la musique étant fournie par deux quatuors à cordes. Musicalement, Eleanor Rigby est un fantastique exemple de la transformation (progressive, mais effective) de simple groupe pop en entité expérimentale. Cela se ressent aussi au niveau des paroles. Les deux protagonistes de l'histoire se sentent seuls : Eleanor assiste à un mariage qui ne sera jamais le sien, et meurt dans l'indifférence, alors que le Père MacKenzie donne son sermon, chaque semaine, dans une église vide. Le célèbre refrain n'apporte aucune résolution heureuse : "Ah, look at all the lonely people, where do they all belong". Pourtant, le 45 tours se retrouvera quand même au sommet des charts anglais, devenant le hit single le plus sombre de l'époque.


Quand McCartney veut faire dans le marrant, il écrit une pure chanson pour enfants, la donne à Ringo, et ça fait Yellow Submarine. Comme gimmick, elle est très bien, mais c'est de loin le morceau le moins intéressant de l'album, destiné à faire chanter des enfants de 6 ans pour les 36 générations à venir. Mais quand McCartney veut faire autre chose, son génie explose. For No One, une chanson baroque poignante sur la fin d'une relation ("She no longer needs you"), aux antipodes des mélodies d'amour des débuts du Fab Four. Good Day Sunshine, l'archétype du tube estival, enjoué, positif, et qui ne comporte même pas de guitare. Got to Get You Into My Life, avec l'incorporation d'une section de cuivres sur un morceau qui parle, évidemment, de marijuana. Ou encore, et surtout, Here There and Everywhere, une des plus belles mélodies jamais écrites et qui est, quant à elle, une pure chanson d'amour. Et dont la magnificence dépasse les mots.


Mais si une création dépasse les mots, c'est bel et bien le dernier morceau de l'album, Tomorrow Never Knows. On est en 1966, et le groupe qui représente encore la quintessence du groupe pop pond trois minutes de bruit magnifique, fait de samples, de drones, de la voix de Lennon passée à travers un cabinet Leslie, de guitares inversées, d'une batterie irrégulière totalement barrée, de paroles qui ne laissent aucun doute sur les substances consommées par ses créateurs. Tomorrow Never Knows est un coup d'oeil dans le futur, un cas excessivement rare dans l'histoire. Les Beatles ont posé les jalons de la house, du hip-hop, et que sais-je encore. Il suffit d'écouter Setting Sun des Chemical Brothers : la batterie est exactement la même. Dans les mois à venir, le groupe sortira ce qui reste encore leur album le plus célèbre, puis pétera complètement un plomb, avant de sortir... leur meilleur album. Quelle folie.

samedi 18 septembre 2010

Video : Soundgarden - Black Rain

Non seulement Soundgarden revient (bien que leur réunion ne semble pas aller très loin), mais en plus ils nous rappellent la tradition des vidéos, qui nous ramène à une époque où MTV en diffusait. Réalisé par le créateur de Dethklok Brendon Smalls, le clip de Black Rain, outtake de Badmotorfinger et inédit de la compile Telephantasm (on en reparlera) est assez over the top et montre une version cartoon de Soundgarden qui défend le monde contre des méchants et gros aliens. La bataille se termine avec le groupe qui conduit une sorte d'hybride Iron Man/Goldorak, pourquoi pas.


Bon, la promo pour Guitar Hero (les exemplaires initiaux de la prochaine itération du jeu offriront Telephantasm) est assez naze, mais non seulement ça fait bizarre d'écouter un "nouveau" Soundgarden en 2010, mais encore plus de voir une bonne vieille vidéo.


Voici la madeleine.



samedi 11 septembre 2010

Jonah Matranga feat. Everyone

J'ai déjà parlé quelques fois de Jonah Matranga, que ce soit pour son excellent album solo And ou pour le premier album de Far en douze ans. J'aurais pu aussi, dans le cadre de la série "marketing 2.0", mentionner la vente directe de son art et produits dérivés, à prix maîtrisé par l'acheteur, grâce à un système d'échelle qui propose quatre prix différents pour le même objet, selon les moyens dont l'acheteur dispose. Pour la petite histoire, il l'avait fait avant Radiohead et Trent Reznor.


Jonah a cette fois été encore un peu plus loin avec son nouvel album solo, You're All Those Things and Then You're None.


Les versions de l'album sont relativement classiques, du moins depuis que les artistes ajoutent plus ou moins n'importe quoi pour vendre leur brol, de la classique édition limitée/DVD/machin à la boîte en forme de Texas avec flasque (Pantera, qui d'autre) en passant par le Golden Ticket pour toute une tournée (Helmet) ou encore un peu tout et n'importe quoi, merci Josh Freese.



Matranga propose donc une demi-douzaine de packages, allant du cd/download avec ou sans vinyl/tshirt, avec les éditions plus chères ajoutant un enregistrement unique par Matranga d'un de ses morceaux au choix , la co-composition et enregistrement d'un album voire carrément un concert privé n'importe où sur Terre (4100$ quand même + 1000$ hors Amérique du Nord).


Mais plus que les moyens trouvés par un inventif Matranga, c'est le concept de l'album qui intrigue, en effet, YATTATYN sortira en plusieurs versions évolutives, comme le serait un programme informatique.


La version 1.0 est sortie, et se compose juste de dix morceaux chantés et joués acoustiquement par Matranga. A partir de là, Matranga a demandé à ses fans et suiveurs d'en faire plus ou moins n'importe quoi. Voix, parties de guitares, basse, cordes, percussions, en gros, on peut lui envoyer ce qu'on veut, selon quelques indications se trouvant sur son site. Matranga peut alors habiller les squelettes de ses morceaux de musiques envoyées par plus ou moins n'importe qui dans le monde. Lorsque les morceaux seront plus complets, il sortira une version 2.0, qui pourra aussi évoluer par la suite, selon les contributions futures.


Comme concept original, c'est assez bien trouvé. Pour en savoir plus, acheter l'album et savoir comment participer (il est toujours temps), allez jeter un coup d'oeil sur son site. Je reparlerai de l'album lorsque la version 2.0 sera sortie, vu que les morceaux dispo à ce jour ne sont finalement que des démos. Dont certaines sont très prometteuses, et déjà excellentes telles quelles.

vendredi 10 septembre 2010

Mercury Prize 2010 : The XX

Le (Barclaycard) Mercury Prize est attribué chaque année au meilleur album provenant du Royaume-Uni ou d'Irlande. Il est aussi connu pour apporter très souvent son lot de surprises depuis sa création en 1992. Quelques exemples parmi d'autres : Coldplay a été nominé trois fois et Oasis deux, pour leurs premiers (et meilleurs) albums, ils n'ont jamais gagné. En 1994, en pleine Britpop, M People a battu Blur, Pulp, Paul Weller et Prodigy, en 1997 Roni Size/Reprazent a battu OK Computer de Radiohead, qui n'a jamais décroché le prix malgré quatre nominations,  alors que l'an dernier, le prix a été attribué à Speech Debelle. Moi non plus.




Cette année, pourtant, le vainqueur n'est pas surprenant : même si les bookmakers attendaient Paul Weller, c'est The XX qui a triomphé.  Tout et son contraire a déjà été dit sur le quatuor devenu trio, et même s'il est vrai que la compétition n'était pas d'un niveau très élevé cette année, leur premier album reste un des meilleurs de l'année écoulée, et possède cette qualité rare qui fait qu'on risque de l'écouter avec autant de plaisir ces prochaines années.


J'avais parlé de l'album lors de sa sortie, et on peut également l'écouter sur Spotify.


Et voici une vidéo reprenant quelques temps forts d'un récent concert à Munich, le mois dernier.




I am yours now
So now I don't ever have to leave
I've been found out
So now I'll never explore

jeudi 9 septembre 2010

Best Coast - Crazy for You

Best new album chez Pitchfork, best new artist of the year pour le NME : Best Coast est définitivement la sensation indie de 2010, probablement aidé par la pochette d'album la plus cinglée d'une année qui en aura pourtant vu, des pochettes cinglées.


Alors, Best Coast, génie ou imposteur? Comme d'habitude, ni l'un ni l'autre... Best Coast, c'est l'oeuvre de Bethany Cosentino (qui n'a donc pas été bien loin pour nommer le groupe) et Bobb Bruno, rejoints par l'ex-batteuse de Vivian Girls Ali Koehler. Leur truc, c'est de l'indie pop assez lo fi, avec des influences surf plus ou moins marquées. Lo fi et assez simple, un beat stable, plein de fuzz dans les guitares et la voix claire, très claire, de Cosentino. Simple, aussi comme les paroles, qui sont plus ou moins toutes des variations sur l'adolescence, avec des rimes fabuleuses de type miss/kiss, crazy/lazy, home/phone, vous voyez le genre. Bethany semble passer ses journées à ne rien foutre, sauf fumer et caresser son chat, ce que son twitter semble confirmer.


Tout cela semble tellement naze, mais non, en fait. Pour une raison ou une autre, ça marche. Tout au long d'un album assez court, on se plaît à écouter Cosentino raconter candidement ses histoires dont tout le monde devrait se foutre ("I wish my cat could talk"?) en se gavant de cette pop sucrée trempée dans un bain de reverb. Inoffensif, certes (quoique, Honey fait presque peur, en étant deux fois plus lent que le reste de l'album), mais assez irrésistible. On retiendra, oh, presque tous les morceaux, de l'intro Nirvanesque de The End aux choeurs girl band 60s de When The Sun Don't Shine en passant par les power chords crunchy de I Want To.


Crazy For You n'est peut-être pas une oeuvre de génie, et Pitchfork pousse probablement la hype trop loin en assurant que l'album de sera pas oublié pour des années à venir. Plus prosaïquement, je pense que Cosentino et consorts sont juste là au bon moment, et on n'avait pas besoin d'autre chose, là, maintenant. Crazy for You est juste un fantastique album pop.


Spotify : Best Coast - Crazy for You

mercredi 8 septembre 2010

Les Ardentes, Liège, 8 juillet 2010

Mise à jour : deux vidéos de Pavement au pied de l'article.


Cet article a d'abord été publié sur Visual Music, mi-juillet.


Les Ardentes, c'est un festival assez récent mais qui a déjà fait pas mal parler de lui en Belgique et ailleurs, et qui est facilement devenu un incontournable de la saison, entre le supermarché du rock conditionné Rock Werchter, les prétentieuses Francofolies de Spa et le légendairement sale (ou salement légendaire) Festival de Dour. Les Ardentes, c'est très clean, comme festival. On y mange les évidents hamburgers/frites, mais aussi toute une série de plats de cuisine du monde. On y boit des chopes, mais aussi du Get 27 et William Lawson. Quand on est habitué à la boue et aux bourrins des festivals classiques, cela surprend. L'affiche est à l'avenant : pas grand chose ne pourrait choquer le grand public, attiré par des têtes d'affiches bien sous toutes coutures, comme Ben Harper ou Charlotte Gainsbourg. Parce qu'à part le rock un peu plus dur, toujours absent, le festival bouffe à tous les râteliers : rap, techno, chanson, rock, pop, indie, un peu de tout, en somme, sans réel fil rouge ou recherche d'identité. Soit, ne faisons pas la fine bouche, pour une bonne raison : c'est la seule possibilité de voir Pavement en Belgique depuis leur reformation, si l'on excepte un concert à l'AB bruxelloise pour lequel il fallait tuer pour avoir une place.


Chaleur de plomb (non, sérieux, c'était le weekend le plus chaud de l'année) expliquant cela, je ne me suis pointé qu'en fin d'après-midi sur le site, mais à part des Plastiscines que j'aurais aimé voir entendre de près (je me suis rattrapé backstage, rassurez-vous), je ne pense pas avoir raté grand chose, tant l'affiche du premier jour était rassemblée en soirée. Petit tour dans la scène couverte, où un public clairsemé (on le verra plus tard, le public des Ardentes ne brille pas par sa clairvoyance) assistait à la prestation intense et mouvementée de Broken Social Scene. C'est là que j'ai eu la drôle d'idée de partir pour ne pas rater le début de Julian Casablancas. Que voulez-vous, je suis assez vieux pour me souvenir d'un certain album d'un certain groupe, et conserver quelques naïves illusions.


Le set de "JC" (rien que ça) a commencé avec un bon quart d'heure de retard, et surprend d'entrée : alors que son "autre" groupe est quand même assez stylé, ses musiciens ne ressemblent à rien, genre camionneur redneck, mauvais sosie de Fab Moretti et encore plus mauvais sosie de Zia des Dandy Warhols, sans ses légendaires attributs. Casablancas, quant à lui, arbore un t-shirt Ozzy, une veste en cuir rouge, un pantalon en velours tout aussi rouge et une mèche blonde. Grande classe. Heureusement, Jules s'est apparemment rendu compte que son album solo ne valait pas grand chose, et entame sur "Hard to Explain", carrément. Ce qui marche très bien, jusqu'à ce qu'il se mette, quand même, à jouer des extraits de "Phrazes for the Young", intercalés par un autre Strokes, "Automatic Stop". Et puis, c'est fini. Après 30 minutes, Casablancas se casse, histoire de forcer un rappel. On aurait du lui dire qu'à 19h30, en festival, devant un public "mitigé", ça se fait pas trop. Bon, c'était "The Modern Age", alors, on pardonne, mais le pire c'est qu'il refait ça juste après, il se barre, revient, marmonne, chante un truc pourri et repart pour de bon. Strokes = bien. Casablancas solo = pas bien. Mais Missy Elliott aura fait mieux en soirée, après avoir sorti de son chapeau les pires trucs du hip-hop live : retard, fin 30 minutes avant l'heure, "come on Brussels" à Liège, set DJ interminable, "guests", etc etc.


Cypress Hill était la véritable tête d'affiche du jour. En 2008, ils avaient retourné la seconde scène, et reviennent cette année sur le main stage, avec un nouvel album ("Rise Up") à défendre, et une horde de fans prêts à avaler chaque volute de fumée provenant de la scène (ils étaient aux Pays-Bas la veille...). Cypress live, c'est souvent carré et efficace. B-Real et Sen Dog au micro, le toujours fantastique Eric Bobo aux percus et un certain Julio G comme DJ, remplaçant Muggs dont on se demande s'il fait encore partie du groupe. Concert sans surprise, mais on n'en attendait pas non plus : hits à gogo, fumette, morceaux du dernier album qui tomberont vite à la trappe, et final sur "Rock Superstar". Tout le monde était content, et tout le monde se casse : soit vers la sortie, soit vers la seconde scène, où Missy Elliott commençait 30 minutes après. Tant mieux, ça fait de la place. De la place pour Pavement.


Parce que le public du festival, sans vouloir généraliser à outrance, s'en fiche pas mal de la (bonne) musique, en fait. Trois jours plus tard, il restait un millier de personnes (sur 16 000!) pour la clôture du festival, avec Public Image Limited, qui est quand même (avec Pavement) le groupe le plus culte que Les Ardentes pouvaient s'offrir. C'est donc devant une assistance très clairsemée (et de plus en plus au fur et à mesure des nonante minutes de concert, oui, je parle wallon) que Malkmus et compagnie ont montré une fois de plus qu'on pouvait (donner l'air de) s'en foutre royalement et être magique. Malkmus balance ses accords sans médiator du haut de sa grande carcasse, Spiral Stairs porte un béret, Steve West un chapeau Jupiler très camping, Mark Ibold occupe le centre de la scène et se balade de droite à gauche comme le bassiste le plus classieusement nonchalant de l'histoire du rock, et derrière, Bob Nastanovich fait n'importe quoi. De "Silence Kid" à "Here" en passant par "Stereo", "Date w/ Ikea", "Range Life", "Conduit for Sale", plusieurs interventions de Broken Social Scene, et une quinzaine d'autres morceaux qui auraient du être autant de hits dans un univers parallèle et utopique, les cinq branleurs californiens ont séduit ceux qui étaient restés, mais de toute façon, les absents ont toujours tort. J'étais là, et je ne l'oublierai pas de sitôt. Putain de groupe.


Mise à jour :


Voici deux vidéos amateur de la prestation de Pavement, d'abord Unfair/Kennel District (avec Calum de Broken Social Scene) puis le final Range Life, avec aussi des membres de BSS. Merci aux uploaders Youtube.





dimanche 5 septembre 2010

Flattez-moi!

Un jour, un lecteur m'écrit en me disant que je devrais être payé pour ce que je fais. C'est assez flatteur, je suppose, mais évidemment, la réalité est toute autre : à moins de se faire corrompre (et encore, ça marche beaucoup moins bien qu'avant) ou de truffer son site de pubs (même remarque), un bloggeur/chroniqueur ne touche pas le moindre sou, sauf si un généreux donateur décide de lui verser une obole.


Vous avez peut-être déjà eu envie de le faire, après avoir téléchargé (légalement ou pas) un mp3, ou un programme informatique, après avoir vu une vidéo ou simplement lu un article. On peut trouver des boutons Paypal un peu partout (j'en avais un sur l'ancienne version de Music Box, suite au message du lecteur en question), mais les frais demandés par Paypal sont tels que le don d'un petit montant coûterait deux fois plus cher au donateur. C'est en se basant sur ces principes que Flattr fut créé, il y a seulement quelques mois.


Le principe est simple, comme toutes les idées géniales. On verse un montant fixe mensuel (le paiement est évidemment sécurisé), qui peut-être aussi bas que 2€, et ensuite, à chaque fois qu'on voit quelque chose (article, musique, vidéo, software, etc, Flattr appelle tout cela "things") pour lequel on a envie de donner de l'argent, on clique sur le bouton, celui qui se trouve en haut à gauche de cet article, et aussi dans la barre latérale. À la fin du mois, Flattr divise le montant versé (moins 10% de frais de fonctionnement) par le nombre de clics, et verse le montant aux auteurs des "choses".


Exemple : vous versez 10€ par mois, Flattr prend 10%, il en reste donc 9 (les banques prennent quelque frais aussi lors du versement, mais on va faire simple). Vous cliquez sur cinq boutons lors du mois, chaque clic vaut donc 1,8€, qui est versé sur le compte Flattr de l'auteur de contenu, qui peut à son tour "flatter" quelque chose ou transférer l'argent acquis sur son compte en banque.


C'est donc une manière directe, simple et efficace de montrer son soutien à un auteur, soutien qui prend cette fois la forme d'argent, et non plus de retweet, share, ou autre like.


Flattr est à ses débuts, et il est assez intéressant de voir comment tout cela va évoluer, et si les internautes seront prêts à payer du véritable argent, sur base totalement volontaire, vu que le fait de ne pas "flatter" ne change pas le contenu disponible.


Personnellement, je trouve que c'est une excellente initiative, et je peux vous assurer que recevoir quelque chose, même si ce n'est que - littéralement - quelques cents fera extrêmement plaisir à un auteur de contenu, qui ne fait pas ça pour le fric, clairement, mais apprécierait certainement le geste. Je me suis inscrit hier, et j'ai cliqué trois fois : d'abord pour un article qui m'a fait découvrir le concept, ensuite pour l'auteur du plugin Wordpress que j'utilise, et enfin pour le lecteur audio que j'utilise depuis des années (et qui reste inégalé) Foobar 2000. Même si mes clics ne valent que 60 centimes, je suis certain que les auteurs apprécieront.


C'est pour cela que je vais, à partir de maintenant, ajouter un bouton Flattr sur mes posts, mais je répète : les donations se font sur base volontaire, après publication du contenu. En gros, cliquer sur le bouton veut dire que vous appréciez ce que je fais, au point de me donner un peu d'argent. Et une fois de plus, il n'y a pas de petit montant.


Alors, inscrivez-vous, c'est simple, sécurisé, et ne demande qu'un paiement de 2€ : si d'aventure l'idée ne vous intéresse pas, c'est tout ce que vous paierez, et vous pourrez récompenser les auteurs de contenu que vous aimez depuis que l'internet libre existe.


Mise à jour du 25 novembre : il est maintenant possible de flatter automatiquement, tous les mois, via un système d'abonnemement. Il suffit de flatter une première fois, et ensuite de cliquer sur le même bouton Flattr. Il est possible de s'abonner pour trois, six ou douze mois, et d'annuler les abonnements via le dashboard flattr.com


Mise à jour du 6 janvier : on peut maintenant aussi faire une donation d'un montant précis : le système Flattr divise toujours le montant mensuel par le nombre de clics, mais on peut dorénavant donner un montant fixe, choisi, qui sera soustrait du solde Flattr. Pour ce faire, il faut cliquer sur le bouton "donate" qui se trouve sur chaque profil Flattr, dont le mien.


Mise à jour du 28 avril : on peut maintenant utiliser Flattr sans nécessairement soi-même donner de l'argent, même si c'est bien entendu toujours possible. J'imagine que ce changement permettra au bouton Flattr d'être incorporé chez AddThis et les autres, et être nettement plus présent, probablement à un niveau juste en dessous de Facebook et Twitter, mais au dessus du reste. Enfin, à terme.


Je réécrirai cet article ultérieurement pour qu'il soit plus clair.


Gorillaz - Plastic Beach

Depuis leurs débuts, en 2000, Gorillaz est passé du statut de projet parallèle de Damon Albarn à celui de mégastar internationale, tout ça en trois albums. Mieux que ça : Gorillaz aura finalement connu plus de succès que Blur, ce qui et assez incroyable, quand on y pense. En dix ans, le "groupe" aura aussi évolué, vers une sorte d'electro-hip-pop ultra-produit parsemé d'apparitions d'invités célèbres, ce qui contraste pas mal avec l'aspect relativement amateur du premier album.


Plastic Beach est l'album de la consécration pour Gorillaz, celui qui les emmène dans leur première tournée mondiale, celui qui réussit à caser sur une même plaque Lou Reed, Snoop Dogg, Bobby Womack ou encore les deux Clash survivants. C'est aussi leur plus synthétique, leur moins organique, mais il reste tout à fait intéressant et recommandable, même si un peu long et inégal. Censé être un album concept vaguement écolo, Plastic Beach (les déchets, c'pas bien) commence par une intro symphonique suivie d'un Snoop Dogg en roue libre, sans grand génie, comme un peu tout ce qu'il fait depuis dix ans, en somme. Albarn s'est mis aux beats minimalistes, et il arrive parfois à émuler les Neptunes dans leur grande période, qui commence elle aussi à dater. On le comprend bien vite, Plastic Beach sera très varié, limite fourre tout : le morceau suivant allie flute, cordes orientales (d'un orchestre libanais) et les rappeurs grime UK Kano et Bashy. White Flag est assez représentatif du concept, un morceau qui commence tranquille avant de muter en bête technoïde puissante, Empire Ants fera la même chose un peu plus loin. Mais le coup de génie d'Albarn, c'est un refrain instrumental à la flute, vraiment très cool.


Sinon, ça part dans tous les sens, surtout la première moitié de l'album. On retrouve des trucs assez commerciaux, comme Rhinestone Eyes (quatrième morceau de l'album, et seulement première intervention vocale majeure d'Albarn), Stylo, où Bobby Womack sort de sa retraite pour un refrain très soul, ou encore l'hyperpop mais quand même vraiment très bon On Melancholy Hill. Mais Albarn sait qu'il a toute liberté pour ajouter des bizarreries fulgurantes, comme Superfast Jellyfish avec De La Soul et le Super Furry Animal Gruff Rhys, un Lou Reed égal à lui-même (pensez ce que vous voulez) ou un excellent Mos Def. Mark E. Smith, quant à lui, se demande sans doute encore ce qu'il fout là, mais ça, il le fait depuis 80 ans. La découverte, c'est peut-être le groupe électropop suédois Little Dragon, emmené par une chanteuse d'origine japonaise, Yukimi Nagano. Ils apparaissent sur deux des meilleurs morceaux, la ballade-Beatles-qui-devient-truc-electro-énorme Empire Ants et le tranquille To Binge, où Nagano chante un superbe duo avec Albarn.


Seulement, on ne peut pas s'empêcher de penser que c'est un peu trop. Trop long, trop synthétique, trop d'invités, et surtout, trop peu de personnalité. Comme évoqué plus haut, le morceau avec Mark E. Smith est franchement dispensable, mais ce n'est pas le pire. Albarn a réussi à réunir Paul Simonon et Mick Jones... et on ne les entend quasiment pas. De plus, le morceau en question est juste sympa, sans plus, et est finalement une grosse occasion gâchée. Enfin, l'album se termine avec deux morceaux dispensables, ce qui amplifie le sentiment de dilution d'un album qui aurait vraiment gagné à être plus concis.


Damon Albarn n'a pas raté grand chose dans sa carrière, et Plastic Beach est très loin d'être un mauvais album. Cependant, il semble qu'il pêche par un excès généralisé, même si le talent de songwriter d'Albarn réussit toujours à sauver chaque morceau de la médiocrité à laquelle il aurait du être promis. On dira donc que Gorillaz est la facette très grand publc d'Albarn, mais avec un twist toujours très intéressant. Et maintenant, que va-t'il faire? Blur? Mali Music 2? The Good, The Bad and The Queen? Un album solo? Quoiqu'il en soit, ce sera probablement passionnant.


En écoute sur Spotify : Gorillaz - Plastic Beach