samedi 28 juin 2008

The Music - Strength In Numbers


Hype. Expression aussi vide de sens qu'impitoyable. Peu de groupes considérés comme « les nouveaux Beatles/Stones/Nirvana/etc) ont pu confirmer sur la longueur, et ceux qui l'ont fait ont du évoluer ou du moins diminuer d'intensité. Oasis est pour cela un cas d'école : comment faire quand on atteint la quasi perfection dès le début. On en reparlera sans doute l'an prochain, quand Arctic Monkeys sortiront leur potentiel Be Here Now. The Music était à fond dans le hype, à l'époque : le premier album les propulsèrent comme nouveaux Stone Roses, Tony Wilson ayant exprimé à l'époque son regret de ne pas avoir pu leur faire signer un contrat.

Il est vrai que le disque était fort bon, malheureusement, comme souvent, le second ne fut pas à la hauteur. Longue pause, séjour en désintox, les clichés ont défilé, ce qui fait qu'on ne mourait pas spécialement d'impatience d'entendre le nouvel album du quatuor de Leeds.

Tant mieux : l'effet de surprise est d'autant plus grand. Parce que Strength In Numbers, même s'il n'inversera pas le réchauffement climatique, est un album tout à fait décent, avec quelques morceaux brillants.

Le morceau-titre entame l'album avec un rythme infernal et un refrain à soulever le Stade de Wembley. La voix de Robert Harvey fonctionne très bien, et a évolué en diversité, tout en gardant ce caractère fédérateur. Quand la machine tourne, The Music sonne comme une über-version des Chemical Brothers (l'album est coproduit par l'ex-Orbital Paul Hartnoll) avec une douzaine de John Squires, le tout scandé par Richard Ashcroft. On trouvera pire, comme comparaison. Fire est carrément immense, Get Through It irrésistible, et Drugs commence par la ligne de basse de Heart Of Glass, ce qui leur apporte directement toute ma sympathie.

Restons réalistes, tous les morceaux ne sont pas du même niveau, et clairement, les chansons lentes n'arrivent pas à décoller. De plus, les paroles de Harvey gagneraient à être un peu plus imagées. Un titre comme « Drugs » ne va pas inspirer grand monde. Il n'empêche, le mur du son mis en place est d'une efficacité redoutable, et serait totalement dévastateur dans une plaine de festival. De plus, malgré un sentiment d'homogénéité, les morceaux possèdent généralement un petit quelque chose, un élément individuel qui les rendent intéressants : parfois c'est le jeu de guitare (No Weapon Sharper Than Will) ou l'utilisation de l'électronique (The Last One).

Et même si Cold Blooded sonne vraiment comme une version 2008 des Stone Roses (ce qui n'est après tout pas une mauvaise chose), on ne boudera pas son plaisir : non seulement Strength In Numbers est un chouette album, mais il relance ses concepteurs dans le paysage musical contemporain, leur rendant une place qu'ils n'auraient pas du quitter.

The Music - Strength In Numbers


Hype. Expression aussi vide de sens qu'impitoyable. Peu de groupes considérés comme « les nouveaux Beatles/Stones/Nirvana/etc) ont pu confirmer sur la longueur, et ceux qui l'ont fait ont du évoluer ou du moins diminuer d'intensité. Oasis est pour cela un cas d'école : comment faire quand on atteint la quasi perfection dès le début. On en reparlera sans doute l'an prochain, quand Arctic Monkeys sortiront leur potentiel Be Here Now. The Music était à fond dans le hype, à l'époque : le premier album les propulsèrent comme nouveaux Stone Roses, Tony Wilson ayant exprimé à l'époque son regret de ne pas avoir pu leur faire signer un contrat.

Il est vrai que le disque était fort bon, malheureusement, comme souvent, le second ne fut pas à la hauteur. Longue pause, séjour en désintox, les clichés ont défilé, ce qui fait qu'on ne mourait pas spécialement d'impatience d'entendre le nouvel album du quatuor de Leeds.

Tant mieux : l'effet de surprise est d'autant plus grand. Parce que Strength In Numbers, même s'il n'inversera pas le réchauffement climatique, est un album tout à fait décent, avec quelques morceaux brillants.

Le morceau-titre entame l'album avec un rythme infernal et un refrain à soulever le Stade de Wembley. La voix de Robert Harvey fonctionne très bien, et a évolué en diversité, tout en gardant ce caractère fédérateur. Quand la machine tourne, The Music sonne comme une über-version des Chemical Brothers (l'album est coproduit par l'ex-Orbital Paul Hartnoll) avec une douzaine de John Squires, le tout scandé par Richard Ashcroft. On trouvera pire, comme comparaison. Fire est carrément immense, Get Through It irrésistible, et Drugs commence par la ligne de basse de Heart Of Glass, ce qui leur apporte directement toute ma sympathie.

Restons réalistes, tous les morceaux ne sont pas du même niveau, et clairement, les chansons lentes n'arrivent pas à décoller. De plus, les paroles de Harvey gagneraient à être un peu plus imagées. Un titre comme « Drugs » ne va pas inspirer grand monde. Il n'empêche, le mur du son mis en place est d'une efficacité redoutable, et serait totalement dévastateur dans une plaine de festival. De plus, malgré un sentiment d'homogénéité, les morceaux possèdent généralement un petit quelque chose, un élément individuel qui les rendent intéressants : parfois c'est le jeu de guitare (No Weapon Sharper Than Will) ou l'utilisation de l'électronique (The Last One).

Et même si Cold Blooded sonne vraiment comme une version 2008 des Stone Roses (ce qui n'est après tout pas une mauvaise chose), on ne boudera pas son plaisir : non seulement Strength In Numbers est un chouette album, mais il relance ses concepteurs dans le paysage musical contemporain, leur rendant une place qu'ils n'auraient pas du quitter.

mardi 24 juin 2008

Sigur Rós – Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust

Ecrire sur Sigur Rós, c'est souvent un exercice de style que n'aurait pas renié Raymond Queneau : comment éviter les clichés, les lutins, geysers et glaciers qu'évoquent forcément la musique des islandais? Contre toute attente, Sigur Rós eux-même nous fournissent la réponse : le nouvel album est assez différent des précédents, et n'évoque plus vraiment les mêmes images.

Le premier morceau, Gobbledigook (?) choque, parce qu'il ne ressemble absolument pas à la production connue du groupe, mais plutôt à Animal Collective reprenant The Yeah Yeah Yeah Song des Flaming Lips, en Islandais (quand même). L'espèce de drone lancinant caractéristique du groupe est, sinon totalement absent, nettement plus discret tout au long de l'album, comme s'ils avaient voulu marquer distinctement le changement. Bien leur en a pris : c'est leur meilleur depuis un petit bout de temps.

Le début de l'album est constitué de morceaux relativement courts, aérés, avec une impression générale de légèreté estivale, de bien-être. Si seulement ils chantaient en anglais, ils connaîtraient un succès à la Arcade Fire, voire plus. (Góðan Daginn, Vid Spilum Endalaust) . Mais il ne le font pas, ils ont raison, et transcendent toute comparaison. Festival, pierre d'achoppement de l'album, est formidable, tout. au long de ses neuf minutes divisées en deux parties : émotionnel d'abord, nettement plus rythmé ensuite, un chef d'oeuvre. Dans le genre épique, Ára Bátur fait encore plus fort, avec un final monumental, fait de choeurs, de percussions puissantes et d'une orchestration qui rappelle d'un coup tous les clichés repoussés ci-dessus.

Mais le point fort de l'album, ce qui leur a manqué ces dernières années, c'est la variété des ambiances. Með Suð Í Eyrum débute avec une magnifique intro au piano, rappelant à quel point les débuts du groupe (le superbe Agaetis Byrjun) a inspiré Thom Yorke. Illgresi est quant à lui emmené par une simple guitare folk et la voix inspirée de Jón Birgirsson. En passant de la multi-instrumentation à la simplicité, Sigur Rós se rapproche du sublime.

Le relatif dynamisme du début de l'album se dilue assez rapidement, et au final, on retrouve nettement plus de morceaux « typiques » que de Gobbledigooks. On pourrait regretter que la volonté de changement n'ait pas été plus prégnante, mais quand on se retrouve face à des morceaux de cette qualité, on peut plus facilement le comprendre. Fljótavik mériterait d'avoir un film écrit pour elle, rien que pour qu'on puisse utiliser visuellement son énorme potentiel émotionnel.

Même si l'album n'est finalement pas si surprenant que ça, il se conclut par une grande première, qui sera peut-être interprété comme un indice sur le futur du groupe. Oui, All Alright est bien en anglais, et oui, c'est la première fois.

Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust est un album important, qui tend aussi bien vers le passé (il surpasse () et Takk, en retrouvant le sublime des débuts) que le futur (les expérimentations sonores, le titre en anglais). On peut donc s'interroger sur l'avenir d'un groupe qui a commis la petite faute de s'être un peu endormi, mais le réveil aura été aussi efficace qu'impressionnant. Mais avant de se poser trop de questions sur le futur, profitons du présent, et d'un album splendide.

Sigur Rós – Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust

Ecrire sur Sigur Rós, c'est souvent un exercice de style que n'aurait pas renié Raymond Queneau : comment éviter les clichés, les lutins, geysers et glaciers qu'évoquent forcément la musique des islandais? Contre toute attente, Sigur Rós eux-même nous fournissent la réponse : le nouvel album est assez différent des précédents, et n'évoque plus vraiment les mêmes images.

Le premier morceau, Gobbledigook (?) choque, parce qu'il ne ressemble absolument pas à la production connue du groupe, mais plutôt à Animal Collective reprenant The Yeah Yeah Yeah Song des Flaming Lips, en Islandais (quand même). L'espèce de drone lancinant caractéristique du groupe est, sinon totalement absent, nettement plus discret tout au long de l'album, comme s'ils avaient voulu marquer distinctement le changement. Bien leur en a pris : c'est leur meilleur depuis un petit bout de temps.

Le début de l'album est constitué de morceaux relativement courts, aérés, avec une impression générale de légèreté estivale, de bien-être. Si seulement ils chantaient en anglais, ils connaîtraient un succès à la Arcade Fire, voire plus. (Góðan Daginn, Vid Spilum Endalaust) . Mais il ne le font pas, ils ont raison, et transcendent toute comparaison. Festival, pierre d'achoppement de l'album, est formidable, tout. au long de ses neuf minutes divisées en deux parties : émotionnel d'abord, nettement plus rythmé ensuite, un chef d'oeuvre. Dans le genre épique, Ára Bátur fait encore plus fort, avec un final monumental, fait de choeurs, de percussions puissantes et d'une orchestration qui rappelle d'un coup tous les clichés repoussés ci-dessus.

Mais le point fort de l'album, ce qui leur a manqué ces dernières années, c'est la variété des ambiances. Með Suð Í Eyrum débute avec une magnifique intro au piano, rappelant à quel point les débuts du groupe (le superbe Agaetis Byrjun) a inspiré Thom Yorke. Illgresi est quant à lui emmené par une simple guitare folk et la voix inspirée de Jón Birgirsson. En passant de la multi-instrumentation à la simplicité, Sigur Rós se rapproche du sublime.

Le relatif dynamisme du début de l'album se dilue assez rapidement, et au final, on retrouve nettement plus de morceaux « typiques » que de Gobbledigooks. On pourrait regretter que la volonté de changement n'ait pas été plus prégnante, mais quand on se retrouve face à des morceaux de cette qualité, on peut plus facilement le comprendre. Fljótavik mériterait d'avoir un film écrit pour elle, rien que pour qu'on puisse utiliser visuellement son énorme potentiel émotionnel.

Même si l'album n'est finalement pas si surprenant que ça, il se conclut par une grande première, qui sera peut-être interprété comme un indice sur le futur du groupe. Oui, All Alright est bien en anglais, et oui, c'est la première fois.

Með Suð Í Eyrum Við Spilum Endalaust est un album important, qui tend aussi bien vers le passé (il surpasse () et Takk, en retrouvant le sublime des débuts) que le futur (les expérimentations sonores, le titre en anglais). On peut donc s'interroger sur l'avenir d'un groupe qui a commis la petite faute de s'être un peu endormi, mais le réveil aura été aussi efficace qu'impressionnant. Mais avant de se poser trop de questions sur le futur, profitons du présent, et d'un album splendide.

vendredi 20 juin 2008

The Offspring – Rise And Fall, Rage And Grace


Coup de vieux de l'année #65 : j'ai wikipédié Offspring, et ils ont allégrement dépassé la quarantaine... Smash a accompagné mon adolescence, et évidemment, je me suis écarté du groupe dès qu'ils ont commencé leur phase gimmicks stupides (Pretty Fly, Original Prankster). Ils s'en sont rendu compte : Rise and Fall, Rage and Grace, leur huitième album, est annoncé comme leur retour vers leurs racines punk californiennes.

En réalité, c'est plus ou moins le cas. On ne trouve pas de novelty songs, mais une majorité de morceaux punk classiques, qui auraient pu sortir de n'importe qui (Bad Religion, Rancid, ...) n'importe quand. Half-Truism, You're Gonna Go Far Kid, Hammerhead, Takes Me Nowhere et surtout Stuff Is Messed Up sont donc tout à fait acceptables. L'ennui, c'est qu'en essayant de revenir à une vieille formule, ils provoquent une inévitable comparaison, et niveau inspiration, on est loin de Smash ou de Ixnay On The Hombre. On fait peut-être les meilleurs plats dans les vieilles casseroles, mais les ingrédients (et les cuisiniers?) ne sont plus de première fraîcheur.

Mais il y a pire : les ballades. Offspring avait déjà commencé sur Ixnay, avec un Gone Away aux relents de Bon Jovi. On en trouve quelques unes ici, et on les zappera sans remords. Sinon, on sera indulgent, cette fois : ce n'est pas mauvais, juste un succédané du passé, une sorte d'anachronisme, là où Green Day s'est réinventé (avec des fortunes diverses).

Oubliable, loin d'être indispensable mais acceptable au vu des circonstances, Rise and Fall etc (c'est quoi cette tendance aux titres kilométriques?) se laisse écouter une fois ou deux, avant de ne plus sortir de l'armoire/du disque dur/de l'iPod.

The Offspring – Rise And Fall, Rage And Grace


Coup de vieux de l'année #65 : j'ai wikipédié Offspring, et ils ont allégrement dépassé la quarantaine... Smash a accompagné mon adolescence, et évidemment, je me suis écarté du groupe dès qu'ils ont commencé leur phase gimmicks stupides (Pretty Fly, Original Prankster). Ils s'en sont rendu compte : Rise and Fall, Rage and Grace, leur huitième album, est annoncé comme leur retour vers leurs racines punk californiennes.

En réalité, c'est plus ou moins le cas. On ne trouve pas de novelty songs, mais une majorité de morceaux punk classiques, qui auraient pu sortir de n'importe qui (Bad Religion, Rancid, ...) n'importe quand. Half-Truism, You're Gonna Go Far Kid, Hammerhead, Takes Me Nowhere et surtout Stuff Is Messed Up sont donc tout à fait acceptables. L'ennui, c'est qu'en essayant de revenir à une vieille formule, ils provoquent une inévitable comparaison, et niveau inspiration, on est loin de Smash ou de Ixnay On The Hombre. On fait peut-être les meilleurs plats dans les vieilles casseroles, mais les ingrédients (et les cuisiniers?) ne sont plus de première fraîcheur.

Mais il y a pire : les ballades. Offspring avait déjà commencé sur Ixnay, avec un Gone Away aux relents de Bon Jovi. On en trouve quelques unes ici, et on les zappera sans remords. Sinon, on sera indulgent, cette fois : ce n'est pas mauvais, juste un succédané du passé, une sorte d'anachronisme, là où Green Day s'est réinventé (avec des fortunes diverses).

Oubliable, loin d'être indispensable mais acceptable au vu des circonstances, Rise and Fall etc (c'est quoi cette tendance aux titres kilométriques?) se laisse écouter une fois ou deux, avant de ne plus sortir de l'armoire/du disque dur/de l'iPod.

mardi 17 juin 2008

Coldplay – Viva La Vida or Death and All His Friends

Ahhh, Coldplay... Quand on écrit du blabla sur des albums (« critique rock » c'est encore plus naze que « bloggeur » comme terme), on a forcément des a priori et des attentes. L'idée, et le but, est parfois de les transcender et de se remettre en question. Donc, j'essaie d'avoir l'esprit le plus vide possible avant d'écouter le quatrième album de Coldplay, groupe que j'appréciais un peu à l'époque du premier album, Parachutes (Don't Panic est toujours un bon morceau), nettement moins à la sortie du dernier, X&Y. De plus, les rumeurs étaient, si pas prometteuses, au moins intéressantes : on parle d'album expérimental, rompant avec la tradition Coldplayienne d'inoffensifs morceaux d'ascenseur. La présence à la production de Brian Eno est une autre inconnue (quoique, en parlant d'ascenseur...).

J'ai essayé. Essayé de ne pas détester Coldplay, et je recommence à chaque album. Mais c'est impossible. Totalement impossible de supporter une heure, qui paraît une éternité, de morceaux sans aucune inspiration, répétitifs en diable, chantés avec la passion d'un lecteur d'annuaire téléphonique.

Oh, oui, c'est expérimental : Coldplay utilise des instruments moins traditionnels, notamment dans l'excellente intro Life In Technicolor. De même, ils rompent avec la tradition couplet/refrain/couplet. Mais si peu, trop peu. De toute façon, il n'y a pas grand chose à sauver : Chris Martin ne chante pas mal, mais ne provoque aucune émotion, rien du tout. Et il écrit mal, très mal. On va sans doute dire que je ne ferais pas mieux (litanie classique de fans à l'orgueil blessé), mais écoutez Cemeteries of London, vague histoire de pirates, d'océan, de sorcières et de malédictions. Manque plus que Jack Sparrow. Et si c'est Brian Eno qui a décidé de rajouter des claquements de mains après une minute trente, il devrait se retirer au plus vite, à la Syd Barrett. Après deux minutes de morceau, on en a déjà marre, et c'est très souvent le cas ici.

Coldplay aime U2, et donc Lost! sera leur Where The Streets Have No Name. Je suis très loin d'être fan de Bono et compagnie, mais au moins ils servent à quelque chose, ils ont une certaine légitimité. Coldplay est le groupe le plus inutile de notre époque. Ca n'empêchera pas d'entendre ce morceau partout, de docus sur animaux en détresse aux pubs pour l'Unicef.

42, autre morceau choisi, à classer sous « ballade pour gsm ». Un bon point pour la référence à Douglas Adams dans le titre, sinon, voilà : Radiohead fait Videotape, Coldplay 42. « Those who are dead / Are not dead / They're just living in my head. » Si. Et pour finir, histoire de sonner, hmmm, rock, ils piquent aux Strokes le riff de Hard To Explain. Comme c'est malin. D'ailleurs, en parlant de piquer : Violet Hill ressemble tellement à Oasis que c'en est ironique. Au moins, pour The Scientist, ils piquaient aux morts (George Harrison). Mauvais, très mauvais, Viva machin est mauvais. Aussi mauvais que les titres, Lovers in Japan, Reign Of Love, I Love Gwyneth but We're Still Probably Gonna Divorce Next Year, etc etc. Et pour la fameuse expérimentation, ok, si on considère que les claviers amenés par Brian Eno et qui datent de vingt ans sont innovateurs, alors oui, c'est expérimental. Expérimental comme un vendeur de fish and chips qui change d'huile. Il y a deux ans, j'ai vécu l'exposition Frida Kahlo à la Tate Modern de Londres. Ce fut une des expériences les plus intenses de ma vie, une telle passion, vie et mort traduites sur toile. Coldplay qui emprunte à Kahlo le nom d'une de ses plus fameuses oeuvres est une insulte à la création artistique. Coldplay, c'est de la musique pour ceux qui n'écoutent pas de musique, le degré zéro de la culture. Tout, mais pas ça.

Coldplay – Viva La Vida or Death and All His Friends

Ahhh, Coldplay... Quand on écrit du blabla sur des albums (« critique rock » c'est encore plus naze que « bloggeur » comme terme), on a forcément des a priori et des attentes. L'idée, et le but, est parfois de les transcender et de se remettre en question. Donc, j'essaie d'avoir l'esprit le plus vide possible avant d'écouter le quatrième album de Coldplay, groupe que j'appréciais un peu à l'époque du premier album, Parachutes (Don't Panic est toujours un bon morceau), nettement moins à la sortie du dernier, X&Y. De plus, les rumeurs étaient, si pas prometteuses, au moins intéressantes : on parle d'album expérimental, rompant avec la tradition Coldplayienne d'inoffensifs morceaux d'ascenseur. La présence à la production de Brian Eno est une autre inconnue (quoique, en parlant d'ascenseur...).

J'ai essayé. Essayé de ne pas détester Coldplay, et je recommence à chaque album. Mais c'est impossible. Totalement impossible de supporter une heure, qui paraît une éternité, de morceaux sans aucune inspiration, répétitifs en diable, chantés avec la passion d'un lecteur d'annuaire téléphonique.

Oh, oui, c'est expérimental : Coldplay utilise des instruments moins traditionnels, notamment dans l'excellente intro Life In Technicolor. De même, ils rompent avec la tradition couplet/refrain/couplet. Mais si peu, trop peu. De toute façon, il n'y a pas grand chose à sauver : Chris Martin ne chante pas mal, mais ne provoque aucune émotion, rien du tout. Et il écrit mal, très mal. On va sans doute dire que je ne ferais pas mieux (litanie classique de fans à l'orgueil blessé), mais écoutez Cemeteries of London, vague histoire de pirates, d'océan, de sorcières et de malédictions. Manque plus que Jack Sparrow. Et si c'est Brian Eno qui a décidé de rajouter des claquements de mains après une minute trente, il devrait se retirer au plus vite, à la Syd Barrett. Après deux minutes de morceau, on en a déjà marre, et c'est très souvent le cas ici.

Coldplay aime U2, et donc Lost! sera leur Where The Streets Have No Name. Je suis très loin d'être fan de Bono et compagnie, mais au moins ils servent à quelque chose, ils ont une certaine légitimité. Coldplay est le groupe le plus inutile de notre époque. Ca n'empêchera pas d'entendre ce morceau partout, de docus sur animaux en détresse aux pubs pour l'Unicef.

42, autre morceau choisi, à classer sous « ballade pour gsm ». Un bon point pour la référence à Douglas Adams dans le titre, sinon, voilà : Radiohead fait Videotape, Coldplay 42. « Those who are dead / Are not dead / They're just living in my head. » Si. Et pour finir, histoire de sonner, hmmm, rock, ils piquent aux Strokes le riff de Hard To Explain. Comme c'est malin. D'ailleurs, en parlant de piquer : Violet Hill ressemble tellement à Oasis que c'en est ironique. Au moins, pour The Scientist, ils piquaient aux morts (George Harrison). Mauvais, très mauvais, Viva machin est mauvais. Aussi mauvais que les titres, Lovers in Japan, Reign Of Love, I Love Gwyneth but We're Still Probably Gonna Divorce Next Year, etc etc. Et pour la fameuse expérimentation, ok, si on considère que les claviers amenés par Brian Eno et qui datent de vingt ans sont innovateurs, alors oui, c'est expérimental. Expérimental comme un vendeur de fish and chips qui change d'huile. Il y a deux ans, j'ai vécu l'exposition Frida Kahlo à la Tate Modern de Londres. Ce fut une des expériences les plus intenses de ma vie, une telle passion, vie et mort traduites sur toile. Coldplay qui emprunte à Kahlo le nom d'une de ses plus fameuses oeuvres est une insulte à la création artistique. Coldplay, c'est de la musique pour ceux qui n'écoutent pas de musique, le degré zéro de la culture. Tout, mais pas ça.

vendredi 13 juin 2008

N.E.R.D. - Seeing Sounds


Tout le monde connaît Pharrell Williams. Il y a cinq ans, une étude montrait que plus de 40% du top radio US était passé entre ses mains, faisant de lui le Midas du hip-hop mondial. Depuis, Timbaland et Kanye West lui ont un peu volé la vedette, et son album solo n'a pas vraiment fait l'unanimité. Qu'à cela ne tienne, Pharrell a rappelé ses troupes (Chad Hugo, alias l'autre moitié de son duo de production The Neptunes et le rappeur Shay) pour ce troisième album de NERD, le « groupe » de Pharrell, entendons son projet avec des vrais instruments et des vrais gens derrière.

In Search Of était roots, Fly Or Die nettement plus étrange. Seeing Sounds est pile entre les deux. L'album commence par un Pharrell expliquant la synesthésie qui donne son nom à l'album avant qu'une ligne de basse monumentale montre la voie : celle du groove. Il ne faut plus grand chose d'autre qu'un ordinateur pour faire un album, Pharrell le sait, mais ici il fait exactement le contraire. Tous les sons auraient pu être obtenus autrement, mais non, les beats sont réels, ainsi que la basse et la guitare, souvent vicieuse. On retrouve également d'autres trouvailles neptuniennes, comme des vieux synthés limite space rock, une disto dans la voix et un soupçon de folie.

Pharrell chante au-dessus de tout cela, et se débrouille pas mal, en ne forçant pas trop sur son falsetto. Mais c'est un album de groove, et quelques beats sont affolants : Everyone Nose, Spaz, Laugh About It rendraient dingue n'importe quel dancefloor.

Vers la moitié de l'album, on peut observer un virage vers des morceaux plus lents, mais on ne parle pas de (argh) R'n'B, plutôt de soul et de funk: les répères sont Michael Jackson (Yeah You) ou Prince. Malgré tout cela, et des influences qu'on entend sans trop savoir les situer, Seeing Sounds n'est pas un album-plagiat et comprend suffisamment d'originalité, comme Anti Matter et son riff rappellant (si!) Mudhoney. Enfin, Chad et Pharrell ont eu l'intelligence de ne pas trop marquer l'album niveau zeitgeist, lui conférant une impression générale d'éternité : Kill You fait penser à Run-DMC ET aux Beatles.

Tout n'est pas parfait, ni aussi percutant (la seconde moitié s'essoufle), mais le bon domine le reste, et prouve que Pharrell n'a rien perdu de son talent. Seeing Sounds est un excellent album, versatile et intelligent.

N.E.R.D. - Seeing Sounds


Tout le monde connaît Pharrell Williams. Il y a cinq ans, une étude montrait que plus de 40% du top radio US était passé entre ses mains, faisant de lui le Midas du hip-hop mondial. Depuis, Timbaland et Kanye West lui ont un peu volé la vedette, et son album solo n'a pas vraiment fait l'unanimité. Qu'à cela ne tienne, Pharrell a rappelé ses troupes (Chad Hugo, alias l'autre moitié de son duo de production The Neptunes et le rappeur Shay) pour ce troisième album de NERD, le « groupe » de Pharrell, entendons son projet avec des vrais instruments et des vrais gens derrière.

In Search Of était roots, Fly Or Die nettement plus étrange. Seeing Sounds est pile entre les deux. L'album commence par un Pharrell expliquant la synesthésie qui donne son nom à l'album avant qu'une ligne de basse monumentale montre la voie : celle du groove. Il ne faut plus grand chose d'autre qu'un ordinateur pour faire un album, Pharrell le sait, mais ici il fait exactement le contraire. Tous les sons auraient pu être obtenus autrement, mais non, les beats sont réels, ainsi que la basse et la guitare, souvent vicieuse. On retrouve également d'autres trouvailles neptuniennes, comme des vieux synthés limite space rock, une disto dans la voix et un soupçon de folie.

Pharrell chante au-dessus de tout cela, et se débrouille pas mal, en ne forçant pas trop sur son falsetto. Mais c'est un album de groove, et quelques beats sont affolants : Everyone Nose, Spaz, Laugh About It rendraient dingue n'importe quel dancefloor.

Vers la moitié de l'album, on peut observer un virage vers des morceaux plus lents, mais on ne parle pas de (argh) R'n'B, plutôt de soul et de funk: les répères sont Michael Jackson (Yeah You) ou Prince. Malgré tout cela, et des influences qu'on entend sans trop savoir les situer, Seeing Sounds n'est pas un album-plagiat et comprend suffisamment d'originalité, comme Anti Matter et son riff rappellant (si!) Mudhoney. Enfin, Chad et Pharrell ont eu l'intelligence de ne pas trop marquer l'album niveau zeitgeist, lui conférant une impression générale d'éternité : Kill You fait penser à Run-DMC ET aux Beatles.

Tout n'est pas parfait, ni aussi percutant (la seconde moitié s'essoufle), mais le bon domine le reste, et prouve que Pharrell n'a rien perdu de son talent. Seeing Sounds est un excellent album, versatile et intelligent.

vendredi 6 juin 2008

Weezer - Weezer


Un nouvel album de Weezer, c'est avant tout un plongeon dans le psyché de Rivers Cuomo, auteur/compositeur/geek en chef, qui a décidé de ne pas donner de nom à l'album, pour la troisième fois. Après le bleu, le vert, voici donc le rouge. Ensuite, c'est aussi une interrogation après les relatives (et moins relatives) déceptions des précédents. On n'a pas spécialement envie que Weezer revienne au style des débuts, mais faire mieux que Beverly Hills, ça serait bien quand même.

Troublemaker, annoncé erronément comme premier single, sera sans doute le second : sympa mais sans grand intérêt, ce qui n'augure rien de bon pour la suite. Mais en parlant de suite, Rivers en a dans les idées : The Greatest Man That Ever Lived est de loin le morceau le plus complexe du groupe, et ferait passer Bohemian Rhapsody pour un morceau des Ramones. Petit résumé : intro au piano / grime avec sirène et Cuomo qui rappe (mal) / guitare sèche / un choeur big band / un falsetto à la Mercury avec la guitare de Brian May / un couplet punky / j'en passe et des meilleures / un spoken word sur un solo de basse / une polyphonie à la (encore) Bohemian Rhapsody / encore d'autres trucs, et un final tout en riffs metal.

C'est étrange, mais assez bien réussi. On peut regretter que certaines idées n'ont pas été développée en chansons entières, mais on est surpris, ce qui est toujours agréable. Pork and Beans suit, et est sans doute le meilleur single de Weezer depuis Hash Pipe, voire même avant. On peut se moquer des paroles de Cuomo, mais le morceau n'est pas mal du tout.

Problème : l'album ne garde pas du tout le même niveau. Heart Songs, une ballade (évidemment) est sauvée par son thème, à savoir une liste des artistes et chansons qui ont influencé Cuomo, dont un couplet entier sur un extrait d'un album sorti en 1991 avec un bébé nu sur la pochette (réponse sur carte postale à l'adresse habituelle). C'est bien parce que ça parle personnellement à beaucoup de monde, sinon, délit de kitscherie intense. Que dire d'Everybody Get Dangerous, alors? Rivers rappe encore, les paroles sont pourries et le middle eight me rappelle Papa Roach. Papa Roach! Evidemment, comme souvent avec Rivers Cuomo, il est difficile de savoir s'il faut prendre tout cela au premier degré, mais si je voulais de la parodie, j'irais écouter Weird Al.

La suite et fin de l'album est assez oubliable et fort peu inspirée. Rivers cède le micro sur deux morceaux, mais il n'aurait pas du. Ok, quasi chaque morceau possède au moins un bon plan, mais cela reste assez médiocre. Ceci dit, comparé à l'innommable Make Believe, c'est un mieux indéniable. Mais c'était mieux avant, ma ptite dame.

Weezer - Weezer


Un nouvel album de Weezer, c'est avant tout un plongeon dans le psyché de Rivers Cuomo, auteur/compositeur/geek en chef, qui a décidé de ne pas donner de nom à l'album, pour la troisième fois. Après le bleu, le vert, voici donc le rouge. Ensuite, c'est aussi une interrogation après les relatives (et moins relatives) déceptions des précédents. On n'a pas spécialement envie que Weezer revienne au style des débuts, mais faire mieux que Beverly Hills, ça serait bien quand même.

Troublemaker, annoncé erronément comme premier single, sera sans doute le second : sympa mais sans grand intérêt, ce qui n'augure rien de bon pour la suite. Mais en parlant de suite, Rivers en a dans les idées : The Greatest Man That Ever Lived est de loin le morceau le plus complexe du groupe, et ferait passer Bohemian Rhapsody pour un morceau des Ramones. Petit résumé : intro au piano / grime avec sirène et Cuomo qui rappe (mal) / guitare sèche / un choeur big band / un falsetto à la Mercury avec la guitare de Brian May / un couplet punky / j'en passe et des meilleures / un spoken word sur un solo de basse / une polyphonie à la (encore) Bohemian Rhapsody / encore d'autres trucs, et un final tout en riffs metal.

C'est étrange, mais assez bien réussi. On peut regretter que certaines idées n'ont pas été développée en chansons entières, mais on est surpris, ce qui est toujours agréable. Pork and Beans suit, et est sans doute le meilleur single de Weezer depuis Hash Pipe, voire même avant. On peut se moquer des paroles de Cuomo, mais le morceau n'est pas mal du tout.

Problème : l'album ne garde pas du tout le même niveau. Heart Songs, une ballade (évidemment) est sauvée par son thème, à savoir une liste des artistes et chansons qui ont influencé Cuomo, dont un couplet entier sur un extrait d'un album sorti en 1991 avec un bébé nu sur la pochette (réponse sur carte postale à l'adresse habituelle). C'est bien parce que ça parle personnellement à beaucoup de monde, sinon, délit de kitscherie intense. Que dire d'Everybody Get Dangerous, alors? Rivers rappe encore, les paroles sont pourries et le middle eight me rappelle Papa Roach. Papa Roach! Evidemment, comme souvent avec Rivers Cuomo, il est difficile de savoir s'il faut prendre tout cela au premier degré, mais si je voulais de la parodie, j'irais écouter Weird Al.

La suite et fin de l'album est assez oubliable et fort peu inspirée. Rivers cède le micro sur deux morceaux, mais il n'aurait pas du. Ok, quasi chaque morceau possède au moins un bon plan, mais cela reste assez médiocre. Ceci dit, comparé à l'innommable Make Believe, c'est un mieux indéniable. Mais c'était mieux avant, ma ptite dame.

lundi 2 juin 2008

Panic At The Disco - Pretty. Odd.

Je sais, je ne suis pas censé écrire sur Panic At The Disco, mais j'ai une bonne raison : depuis qu'ils ont supprimé le point d'exclamation dans le nom, la police du bon goût nous autorise officiellement à en parler. Ben non, c'est juste que 1) l'album n'a plus rien à voir avec ces falloutboyeries emo auxquelles le groupe été accolé et 2) il n'est pas mal du tout.

Il débute par une référence métatextuelle : « We're sorry we've been gone / We were busy writing songs for you / ... / You don't have to worry / We're still the same band. » We're So Starving est non seulement un avertissement pertinent, mais une référence évidente à Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band, intro de l'album du même titre, lui-même nouvelle référence étonnante du groupe.

En effet, non seulement Brendon Urie peut chanter comme Paul McCartney dans un bon jour, mais les références beatlesiennes période Sgt Pepper's sont légion : trompettes, rythmes ou parfois une certaine complexité de structure. Il suffit d'écouter le début de The Piano Knows Something I Don't Know pour s'en persuader, et quand la référence vient d'ailleurs, c'est de la britpop anglaise des années 90 (That Green Gentleman).

Mais l'album n'est ni un pastiche ni une copie sans âme : Nine In The Afternoon est terriblement catchy, She's An Handsome Woman plein de vie, Do You Know What I'm Seeing arrive à sonner classique mais pas (trop) kitsch. On pourrait être un peu fatigué par le caractère baroque de l'ensemble, et par une certaine longueur, mais l'effort fourni est suffisamment important pour être remarqué. De plus, le bon submerge largement le reste, comme le très Beach Boys Behind The Sea fait oublier I Have Friends In Holy Spaces : trompette et ukulélé = un peu too much quand même. On est toutefois surpris par la qualité de l'écriture, qu'on attendait pas de leur part : She Had The World est vraiment bon, et c'est loin d'être le seul.

En fait, le gros point positif, c'est la folie ambiante : ils ne font rien d'attendu, de prévisible, surtout quand on pense à leurs antécédents. Behind The Sea mute en plein milieu et est suivi par un « intéressant » mais apparemment ironique Folkin' Around. Cependant, Pretty. Odd. est long, et pas facile à digérer du premier coup, comme si (et c'est sans doute le cas) le groupe avait voulu caser le plus d'éléments possible : ça déborde un peu de partout. On ressent aussi un effet de dents de scie : le très bon cotoie l'oubliable.

Pretty. Odd. n'est pas l'album de l'année, mais, pour emprunter un terme de sport US, Panic At The Disco est clairement le Most Improved Player de la saison 2008, à défaut de son MVP.

Panic At The Disco - Pretty. Odd.

Je sais, je ne suis pas censé écrire sur Panic At The Disco, mais j'ai une bonne raison : depuis qu'ils ont supprimé le point d'exclamation dans le nom, la police du bon goût nous autorise officiellement à en parler. Ben non, c'est juste que 1) l'album n'a plus rien à voir avec ces falloutboyeries emo auxquelles le groupe été accolé et 2) il n'est pas mal du tout.

Il débute par une référence métatextuelle : « We're sorry we've been gone / We were busy writing songs for you / ... / You don't have to worry / We're still the same band. » We're So Starving est non seulement un avertissement pertinent, mais une référence évidente à Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band, intro de l'album du même titre, lui-même nouvelle référence étonnante du groupe.

En effet, non seulement Brendon Urie peut chanter comme Paul McCartney dans un bon jour, mais les références beatlesiennes période Sgt Pepper's sont légion : trompettes, rythmes ou parfois une certaine complexité de structure. Il suffit d'écouter le début de The Piano Knows Something I Don't Know pour s'en persuader, et quand la référence vient d'ailleurs, c'est de la britpop anglaise des années 90 (That Green Gentleman).

Mais l'album n'est ni un pastiche ni une copie sans âme : Nine In The Afternoon est terriblement catchy, She's An Handsome Woman plein de vie, Do You Know What I'm Seeing arrive à sonner classique mais pas (trop) kitsch. On pourrait être un peu fatigué par le caractère baroque de l'ensemble, et par une certaine longueur, mais l'effort fourni est suffisamment important pour être remarqué. De plus, le bon submerge largement le reste, comme le très Beach Boys Behind The Sea fait oublier I Have Friends In Holy Spaces : trompette et ukulélé = un peu too much quand même. On est toutefois surpris par la qualité de l'écriture, qu'on attendait pas de leur part : She Had The World est vraiment bon, et c'est loin d'être le seul.

En fait, le gros point positif, c'est la folie ambiante : ils ne font rien d'attendu, de prévisible, surtout quand on pense à leurs antécédents. Behind The Sea mute en plein milieu et est suivi par un « intéressant » mais apparemment ironique Folkin' Around. Cependant, Pretty. Odd. est long, et pas facile à digérer du premier coup, comme si (et c'est sans doute le cas) le groupe avait voulu caser le plus d'éléments possible : ça déborde un peu de partout. On ressent aussi un effet de dents de scie : le très bon cotoie l'oubliable.

Pretty. Odd. n'est pas l'album de l'année, mais, pour emprunter un terme de sport US, Panic At The Disco est clairement le Most Improved Player de la saison 2008, à défaut de son MVP.

dimanche 1 juin 2008

Faith No More – The Works

Faith_No_More_The_WorksCela fait déjà dix ans que Faith No More s'est séparé. Unanimement considéré comme un des groupes les plus influents des 90s, ils ont eu la décence de ne jamais se reformer, malgré les énormes sommes d'argent qui doivent leur être proposées. The Works est déjà la cinquième compilation du groupe, mais contrairement aux précédentes, ce n'est pas un best of, mais une anthologie : par définition, elle est donc plus complète, et s'étend effectivement sur trois disques, ce qui est bien un minimum pour cerner un groupe majeur à la discographie somme toute limitée.

Dès le départ, Faith No More était inclassable. incorporant des élements de funk, de metal, de rap d'une manière inédite à l'époque, ils ont influencé tout ce qui est passé après eux, dont le nu-metal. Mais je préfère blâmer les Red Hot, c'est plus marrant.

C'est avec l'arrivée du nouveau vocaliste, remplaçant Chuck Mosely (présent ici sur trois morceaux), que FNM va prendre une autre dimension. Mike Patton apportera sa voix exceptionnellement modulable et sa folie certaine et contribuera en faire un groupe majeur : les albums The Real Thing et Angel Dust sont unanimement reconnus comme deux des meilleurs disques des années 90 ; le second est coutumier des listes d'albums influents. Mais plus que Patton, c'est la formule qui fait le génie. From Out Of Nowhere et son clavier lifté au black metal, Epic emmené par une ligne de basse monstrueuse, le rap de Patton et un refrain fédérateur : en fait, il se passe tellement de choses dans ces morceaux qu'il faudrait un article pour chacun.

Encore plus impressionnant : quinze ans après, on est toujours stupéfait par l'inventivité de morceaux qui n'ont pas pris une ride, qui sonnent aussi bien qu'au premier jour. il est vrai que lorsqu'on voit la trajectoire post-FNM de Patton, on comprend que ce mec est un malade de la musique, un génie compulsif sans équivalent. Je me mettrais presque à espérer une reformation, juste pour une tournée, comme ça, pour montrer au monde ce qu'ils étaient. Mais il vaut sans doute mieux ne pas tenter le diable.

Pour revenir à The Works, le premier disque est donc centré sur The Real Thing, et est donc, par pur truisme, parfait. Parce que malgré les bizarreries et innovations visionnaires, FNM savait écrire de très bonnes chansons pop. Falling To Pieces en est un autre exemple. Et quand le groupe écrit une ballade acoustique, c'est pour l'appeler Zombie Eaters. Enfin, juste l'intro est acoustique, après ça dégénère, forcément.

L'autre album fortement représenté est Angel Dust, moins direct mais plus expérimental, et sans aucun doute une influence majeure de plus ou moins n'importe qui qui a tenu ue guitare dans la seconde partie des années 90. Tous ses morceaux s'y retrouvent, comme le phénoménal et schizophrène Caffeine, l'implacable Malpractice. l'irrésistile poésie de Be Aggressive ou encore A Small Victory, qui débute de manière disons accessible avant de partir en tangentes. En fait, on devrait parler de chaque chanson individuellement, mais il serait bien plus simple de se procurer Angel Dust de toute urgence, un des meilleurs albums de tous les temps, voilà.

La suite de l'anthologie reprend les meilleurs moments des deux derniers albums, King For A Day, Fool For A Lifetime et Album Of The Year. Il y en a un paquet, donc l'énorme Digging The Grave ou les plus conventionnels (façon de parler) Ashes To Ashes ou The Lost Art Of Murder. Il n'empêche : le départ de Jim Martin, après Angel Dust, est clairement un point de rupture pour un groupe qui n'atteindra plus jamais le (très haut) niveau où ils se trouvaient.

Enfin, le troisième disque fait la part belle aux extraits live et autres raretés : on peut réentendre la légendaire reprise de War Pigs live à Londres ou quelques reprises. Dans ces dernières, on se souviendra d'Easy, version fidèlement ironique du hit de Lionel Richie qui offrira au groupe un succès commercial étonnant et sans aucun rapport avec le reste de sa production.

La voix de Mike Patton marque les esprits. Il est vraiment capable de tout, rappeur, crooner, hurleur : tout y est. Tout, ou presque : la myriade de projets entrepris par notre homme après la séparation de FNM y ajoutera les chapitres éructations death metal et onomatopées (Fantomas, General Patton, Moonchild, et j'en passe allégrement). Faith No More était un groupe, ceci dit, et les innovations en matière de jeu de guitare et de rythmes valent aussi le déplacement. Le guitariste Jim Martin a apparemment disparu de la circulation, mais le batteur Mike Bordin s'est fait un nom, accompagnant Jerry Cantrell et Ozzy Osbourne, entre autres.

On pourrait encore en parler pendant des heures, de la confusion des genres, par exemple : Crack Hitler incorpore du hip-hop, du metal, du funk, et des trucs qui n'ont sans doute pas encore été inventés. Faith No More est un des groupes les plus important des années 90, et ils continuent à influencer aujourd'hui. The Works démontre pourquoi, et pour cela, est une des écoutes obligatoires de 2008.