vendredi 30 mars 2007

Kings of Leon - Because of the Times


2006 fut une année intéressante pour Kings of Leon : sans aucune actualité discographique, ils ont joué en première partie de Dylan, U2 et Pearl Jam, excusez du peu. Il faut dire que le groupe ne manque pas de qualité, et de culture musicale, comme le prouvent leurs deux excellents albums. Arrive maintenant le troisième, qui a la difficile tâche de repousser les limites fixées par le superbe Aha Shake Heartbreak.

De manière aussi flamboyante que surprenante, le défi est réalisé. Because Of The Times est, jusqu'ici, le meilleur album de 2007. Tout aussi surprenant est le premier morceau : combien de groupes commencent un album avec un morceau de sept minutes? Et surtout, combien réussissent à allier l'atmosphère guitaristique des premiers U2 avec une rythmique implacable, et surtout, surtout, la voix de Caleb Followill. Ce dernier sera un des chanteurs légendaires du rock, aux côtés des Eddie Vedder, Chris Cornell et Layne Staley, j'en prends les paris. Il possède un style bien à lui, alliant accent sudiste à envolées parfois difficilement compréhensibles, et totalement inimitable.

Moins inimitables sont les référence évidentes : Charmer est tellement Pixies qu'on attend presque des paroles en espagnol, mais le morceau est tellement bien foutu qu'on ne peut pas leur en tenir rigueur. On Call rappelle aussi la pédale de délai de The Edge, alors que les autres guitares sont parfois Stone Gossard, parfois Mike McCready. Mais une fois de plus, il s'agit plus d'inspiration que de pâle copie, tant le talent éclabousse l'auditeur. La première moitié de l'album est complètement in your face, rapide, grunge (oui!) et sans concession. Ensuite, les choses se calment, et l'ambiance devient plus introspective. De fait, les morceaux deviennent moins immédiatement mémorables, mais tout aussi bien construits et exécutés. Les choses se terminent avec le superbe et traînaillant Arizona, qui me rappelle très bizarrement Will You Be There de Michael Jackson. Mais c'est sûrement dans ma tête.

Because Of The Times est un grand album, d'un calibre rarement obtenu de nos jours. Avec lui, Kings Of Leon ont largement de quoi conquérir un public plus large, mais on préférerait certainement les garder pour nous, et ne pas laisser ces quatre gamins (ils n'ont encore jamais que 23 ans de moyenne d'âge) prendre des chemins plus faciles, plus commerciaux, moins intéressants. Mais quel album.

Kings of Leon - Because of the Times


2006 fut une année intéressante pour Kings of Leon : sans aucune actualité discographique, ils ont joué en première partie de Dylan, U2 et Pearl Jam, excusez du peu. Il faut dire que le groupe ne manque pas de qualité, et de culture musicale, comme le prouvent leurs deux excellents albums. Arrive maintenant le troisième, qui a la difficile tâche de repousser les limites fixées par le superbe Aha Shake Heartbreak.

De manière aussi flamboyante que surprenante, le défi est réalisé. Because Of The Times est, jusqu'ici, le meilleur album de 2007. Tout aussi surprenant est le premier morceau : combien de groupes commencent un album avec un morceau de sept minutes? Et surtout, combien réussissent à allier l'atmosphère guitaristique des premiers U2 avec une rythmique implacable, et surtout, surtout, la voix de Caleb Followill. Ce dernier sera un des chanteurs légendaires du rock, aux côtés des Eddie Vedder, Chris Cornell et Layne Staley, j'en prends les paris. Il possède un style bien à lui, alliant accent sudiste à envolées parfois difficilement compréhensibles, et totalement inimitable.

Moins inimitables sont les référence évidentes : Charmer est tellement Pixies qu'on attend presque des paroles en espagnol, mais le morceau est tellement bien foutu qu'on ne peut pas leur en tenir rigueur. On Call rappelle aussi la pédale de délai de The Edge, alors que les autres guitares sont parfois Stone Gossard, parfois Mike McCready. Mais une fois de plus, il s'agit plus d'inspiration que de pâle copie, tant le talent éclabousse l'auditeur. La première moitié de l'album est complètement in your face, rapide, grunge (oui!) et sans concession. Ensuite, les choses se calment, et l'ambiance devient plus introspective. De fait, les morceaux deviennent moins immédiatement mémorables, mais tout aussi bien construits et exécutés. Les choses se terminent avec le superbe et traînaillant Arizona, qui me rappelle très bizarrement Will You Be There de Michael Jackson. Mais c'est sûrement dans ma tête.

Because Of The Times est un grand album, d'un calibre rarement obtenu de nos jours. Avec lui, Kings Of Leon ont largement de quoi conquérir un public plus large, mais on préférerait certainement les garder pour nous, et ne pas laisser ces quatre gamins (ils n'ont encore jamais que 23 ans de moyenne d'âge) prendre des chemins plus faciles, plus commerciaux, moins intéressants. Mais quel album.

mercredi 28 mars 2007

The Hold Steady - Boys And Girls In America


Que fait-on quand cinq new yorkais munis de guitares et de recueils de beat poetry nous invitent à boire un verre ? On finit sous la table, et on en redemande.

Suite de l'article sur Pinkushion,
ici.

The Hold Steady - Boys And Girls In America


Que fait-on quand cinq new yorkais munis de guitares et de recueils de beat poetry nous invitent à boire un verre ? On finit sous la table, et on en redemande.

Suite de l'article sur Pinkushion,
ici.

Black Sabbath - Paranoid (1970)

paranoidJ'aurais pu choisir indifféremment n'importe quel des quatre premiers albums du groupe, tant ils approchent tous de la perfection. Il est d'ailleurs excessivement rare de trouver quatre albums successifs aussi bons. Paranoid est le second, et est celui qui comprend leurs morceaux les plus reconnaissables, dont celui d'ouverture, War Pigs. Morceau ouvertement anti-guerre, son intro jammée suivi de sirènes est devenue légendaire. Légendaire aussi, la voix d'Ozzy Osbourne (le vrai, pas le vieux monsieur malade), et le rythme Black Sabbath, très heavy mais rarement rapide : le stoner rock est né. Il suffit d'écouter Songs For The Deaf, de Queens Of The Stone Age, et on comprend très vite d'où ils viennent, et où Dave Grohl a appris à jouer de la batterie.


La suite est encore plus extraordinaire, avec le fameux Paranoid, pourtant très atypique, par sa vitesse et sa brièveté; et Planet Caravan, morceau psychotropico-psychédélique assez intense. Iron Man clôture la première moitié de l'album, et on défie quiconque de trouver quatre morceaux d'un même album autant repris par la suite. C'est peut-être Iron Man qui est le morceau le plus reconnaissable de Black Sabbath, grâce à un riff immense, et, si je ne l'ai pas encore dit, légendaire.


La seconde moitié, même si elle n'apparaîtra pas dans Guitar Hero III, vaut le déplacement : Electric Funeral a un des riffs les plus étranges jamais composés, alors que Hand of Doom a peut-être donné son nom au doom metal. Le groupe a inventé un son, le genre de son qui révolutionne le monde, et crée des dizaines de genres et sous-genres. Et tout cela par hasard : Tony Iommi a simplement diminué la tension des cordes de sa guitare, pour faciliter le jeu de sa main meurtrie. Voilà le résultat.


Paranoid n'est pas seulement un des albums les plus importants de l'histoire du metal, il est aussi et surtout étonnamment actuel. Contrairement à beaucoup de précurseurs, il ne sonne ni daté ni brouillon, et on peut facilement comprendre l'adoration dont il est objet. Le groupe sortira encore deux albums fabuleux, avant de commencer une longue descente, évidemment aux enfers, qui amènent les membres du groupe à toujours subsister bon gré mal gré, année après année, jusqu'aujourd'hui. Mention spéciale tout de même à Ozzy Osbourne, jadis Prince des Ténèbres et aujourd'hui pantin très désarticulé. Henry Rollins le dit mieux que quiconque, quand il déclara un jour que Katrina (l'ouragan qui dévasta New Orleans) aurait du s'appeller "The First Four Sabbath Albums".

vendredi 23 mars 2007

The Rakes - Ten New Messages


Bloc Party, Kaiser Chiefs, bientôt Arctic Monkeys, et maintenant The Rakes : c'est toute la nouvelle garde Britrock qui sort un second album en ce début d'année. Avec des résultats jusqu'ici mitigés : Kaiser Chiefs n'est pas fort terrible et le Bloc Party divise on ne peut plus la critique. Pour The Rakes, le but est différent, vu qu'on ne peut pas dire qu'ils appartiennent vraiment à la première division, malgré un très bon premier album de post-punk socialement intelligent. De plus, on remarque très vite qu'ils n'ont pas choisi la voie de la répétition, évoluant vers un indie-rock assez simple, voire léger.

L'album commence bien, avec The World Was A Mess But The World Was Perfect, écrit à l'origine pour un défilé Dior et repris ici en version plus courte, aux influences new wave plutôt que punk. Le ton est donné, plus Depeche Mode que Gang of Four, The Rakes sortent 10 morceaux de bonne facture, mais assez facilement oubliables et digérables, malgré leur parfaite exécution.

C'est bien le problème de l'album : on ne trouve rien grand chose à lui reprocher, mais on ne l'écoutera pas souvent, ce qui n'est jamais un bon signe. Alan Donohoe fait des efforts pour s'individualiser en tant que frontman, en murmurant ses paroles à la Michael Stipe des débuts, mais on finit vite par se lasser. On retiendra quelques bons riffs, comme Time to Stop Talking ou Down With Moonlight, mais on ressort avec une impression de gaspillage, tout en espérant que le groupe se remettra en question pour la suite. Peut beaucoup mieux faire.

jeudi 22 mars 2007

The Rakes - Ten New Messages


Bloc Party, Kaiser Chiefs, bientôt Arctic Monkeys, et maintenant The Rakes : c'est toute la nouvelle garde Britrock qui sort un second album en ce début d'année. Avec des résultats jusqu'ici mitigés : Kaiser Chiefs n'est pas fort terrible et le Bloc Party divise on ne peut plus la critique. Pour The Rakes, le but est différent, vu qu'on ne peut pas dire qu'ils appartiennent vraiment à la première division, malgré un très bon premier album de post-punk socialement intelligent. De plus, on remarque très vite qu'ils n'ont pas choisi la voie de la répétition, évoluant vers un indie-rock assez simple, voire léger.

L'album commence bien, avec The World Was A Mess But The World Was Perfect, écrit à l'origine pour un défilé Dior et repris ici en version plus courte, aux influences new wave plutôt que punk. Le ton est donné, plus Depeche Mode que Gang of Four, The Rakes sortent 10 morceaux de bonne facture, mais assez facilement oubliables et digérables, malgré leur parfaite exécution.

C'est bien le problème de l'album : on ne trouve rien grand chose à lui reprocher, mais on ne l'écoutera pas souvent, ce qui n'est jamais un bon signe. Alan Donohoe fait des efforts pour s'individualiser en tant que frontman, en murmurant ses paroles à la Michael Stipe des débuts, mais on finit vite par se lasser. On retiendra quelques bons riffs, comme Time to Stop Talking ou Down With Moonlight, mais on ressort avec une impression de gaspillage, tout en espérant que le groupe se remettra en question pour la suite. Peut beaucoup mieux faire.

mardi 20 mars 2007

Deftones - White Pony (2000)

WhiteponyUn des premiers groupes nu-metal (avec Korn, qui a débuté à la même époque), Deftones est considéré comme un des plus gros groupes metal actuel (ce qui sera le seul jeu de mot de l'article). Saturday Night Wrist, leur cinquième et dernier album à ce jour confirmait ce fait avec classe. Mais c'est avec White Pony que le groupe a pu passer du statut de groupe metal underground à potentiel vers celui de grand groupe populaire et intéressant. Les deux premiers ne sont pas mauvais, très loin de là, mais ne montrait pas encore ce dont ils étaient capable, ces variations atmosphériques qui sont leur force et particularité.


Feiticeira, le morceau d'ouverture, ne donne pas dans la dentelle, avec son superriff comprimé et un Chino Moreno (voix) qui alterne entre cri primal et chant habité, une schizophrénie qui ne le quittera jamais. Personne d'autre n'est Chino Moreno, personnalité imprévisible (YouTube est plein d'extraits de concerts montrant un Chino complètement bourré, et faisant littéralement n'importe quoi), mais génial. Si l'on excepte peut-être son comparse de douleur introspective Jonathan Davis, personne dans le metal ne chante mieux les tréfonds de l'âme humaine, la difficulté d'exister, le tout avec une pureté et une authenticité remarquables. Et c'est clairement le point fort du groupe : oui, Deftones est un groupe metal, mais qui doit autant à The Cure et aux Smiths qu'à Slayer et Black Sabbath.


La suite immédiate alterne entre calme provisoire et violence non dissimulée. On peut facilement remarquer des influences ambient et new wave, ce qui n'était pas très commun dans le metal de l'époque, peu enclin à être influencé par cette période que certains esprits étroits jugent peu recommendables. Les paroles sont aussi un voyage peu reposant dans l'esprit de Chino Moreno, ou du ses personnages, la différence étant sans doute ténue. Musicalement, aucun des membres n'est à proprement parler un virtuose, mais le but est de créer une atmosphère propre, et pas une simple collection de morceaux. Le but est évidemment atteint, en grande partie grâce aux bidouillages sonores de Frank Delgado.


Teenager pousse cette recherche d'ambiance jusqu'à éliminer complètement la guitare, alors que Korea expose un Chino plus bipolaire que jamais. En parlant de bipolaire, que dire de l'exceptionnel The Passenger, duo somptueux avec Maynard James Keenan, frontman d'un des autres groupes metal inventifs contemporains, Tool. Suit l'encore plus étrange Change (In The House of Flies) - exemple de paroles : "I watched you change / Into a fly" - et l'album peut se clôturer calmement avec Pink Maggit, qui créa assez rapidement une controverse.


En effet, leur label, se rendant compte que l'album ne comptait aucun single potentiel, leur demanda - força - d'écrire un 7 Words, ou un My Own Summer. Et de manière assez flamboyante, Moreno décida d'écrire le morceau le plus facilement commercial de leur carrière. Basé sur les accords de Pink Maggit, Back To School voit Chino rapper à la rap-metal classique, créant un hit alternatif dispensable mais terriblement efficace. Mais même s'il est présent sur certaines ressorties de l'album, Back To School ne fait pas partie de White Pony.


La suite ne sera pas une promenade de santé pour le groupe, confronté aux problèmes personnels de Chino Moreno, dont les différentes addictions le rendent complètement ingérables. Après un album (Deftones) moyen, une compile de faces B et le projet parallèle de Moreno, le groupe a très douloureusement accouché de l'excellent Saturday Night Wrist, et aux dernières nouvelles, la tournée 2007 se déroule très bien.


On ne peut qu'espérer que Chino aille mieux, car son groupe, qui a décroché une place dans la panthéon du metal, peut aller encore bien plus loin. White Pony, bien que très importante, n'est qu'une étape dans la mission de Deftones, rendre le monde tolérable, via une musique organique, personnelle et enivrante.

lundi 19 mars 2007

The Stooges - The Weirdness

Évidemment, le monde n'avait pas besoin d'un nouvel album des Stooges, un des groupes les plus importants de l'histoire du rock. Leur premier album est sorti en 1969, et est largement considéré comme un précuseur du punk, grâce aux classiques No Fun ou I Wanna Be Your Dog. Deux albums suivirent, et ensuite le chanteur partit vivre une des plus extraordinaires vies d'abus en tous genres. Iggy Pop, l'Iguane, légende vivante et mystère de la science aura 60 ans le mois prochain, mais a toujours été capable de livrer des prestations scéniques délirantes, malheureusement gâchées par des albums généralement indignes de son talent.

Skull Ring, son album de 2003, le vit collaborer avec ses héritiers Green Day et Sum 41, mais aussi avec les frères Asheton, bassiste et guitariste des Stooges, intéressés par une tentative de reformation. L'album ne restera pas dans les annales, mais une tournée "Iggy and The Stooges" fut mise sur pied, et petit à petit,on est arrivé à ceci, The Weirdness, le premier album du groupe en trente ans.

On ne peut plus attendre que l'album réinvente la roue, mais on peut aussi craindre qu'il éclate l'héritage du groupe, danger des albums de reformation (Pixies en savent quelque chose). Soyons rassurés, The Weirdness est un bon album de rock. Et il l'est grâce à la qualité des dramatis personae : Iggy, égal à lui-même, Ron Asheton et ses doubles guitares incisives et bruyantes, Scott "Rock Action" Asheton dont la batterie connaît une nouvelle vie; et les nouveaux comparses : Mike Watt à la (discrète) basse, et surtout Steve Albini a l'enregistrement.

Albini était la personne parfaite pour le job, lui seul sait comment obtenir la pleine puissance des instruments, la simplicité de l'enregistrement. Lui seul a pu gêrer l'énergie brute du groupe et la transformer en morceaux tout à fait écoutables, et réécoutables. The Weirdness est aussi son album. De plus, comme toujours avec Albini, l'album a été enregistré live, sans post-production, et on l'entend, jusqu'à quelques petites erreurs et sons accidentaux sortant des guitares. Mais c'est ça le rock n roll, un reptile mort-vivant croonant "My idea of fun is killing everyone" jusqu'à plus soif, et des vieux types qui sont plus punk qu'une armée de Green Days et de Good Charlottes.

On regrettera juste que personne n'ait osé faire comprendre à Iggy que ses paroles étaient ridicules (et je les comprends); mais à part ça, il faudra le faire pour sortir un album plus authentique que The Weirdness cette année. Même si cela implique un retour de 30 ans en arrière.

dimanche 18 mars 2007

The Stooges - The Weirdness

Évidemment, le monde n'avait pas besoin d'un nouvel album des Stooges, un des groupes les plus importants de l'histoire du rock. Leur premier album est sorti en 1969, et est largement considéré comme un précuseur du punk, grâce aux classiques No Fun ou I Wanna Be Your Dog. Deux albums suivirent, et ensuite le chanteur partit vivre une des plus extraordinaires vies d'abus en tous genres. Iggy Pop, l'Iguane, légende vivante et mystère de la science aura 60 ans le mois prochain, mais a toujours été capable de livrer des prestations scéniques délirantes, malheureusement gâchées par des albums généralement indignes de son talent.

Skull Ring, son album de 2003, le vit collaborer avec ses héritiers Green Day et Sum 41, mais aussi avec les frères Asheton, bassiste et guitariste des Stooges, intéressés par une tentative de reformation. L'album ne restera pas dans les annales, mais une tournée "Iggy and The Stooges" fut mise sur pied, et petit à petit,on est arrivé à ceci, The Weirdness, le premier album du groupe en trente ans.

On ne peut plus attendre que l'album réinvente la roue, mais on peut aussi craindre qu'il éclate l'héritage du groupe, danger des albums de reformation (Pixies en savent quelque chose). Soyons rassurés, The Weirdness est un bon album de rock. Et il l'est grâce à la qualité des dramatis personae : Iggy, égal à lui-même, Ron Asheton et ses doubles guitares incisives et bruyantes, Scott "Rock Action" Asheton dont la batterie connaît une nouvelle vie; et les nouveaux comparses : Mike Watt à la (discrète) basse, et surtout Steve Albini a l'enregistrement.

Albini était la personne parfaite pour le job, lui seul sait comment obtenir la pleine puissance des instruments, la simplicité de l'enregistrement. Lui seul a pu gêrer l'énergie brute du groupe et la transformer en morceaux tout à fait écoutables, et réécoutables. The Weirdness est aussi son album. De plus, comme toujours avec Albini, l'album a été enregistré live, sans post-production, et on l'entend, jusqu'à quelques petites erreurs et sons accidentaux sortant des guitares. Mais c'est ça le rock n roll, un reptile mort-vivant croonant "My idea of fun is killing everyone" jusqu'à plus soif, et des vieux types qui sont plus punk qu'une armée de Green Days et de Good Charlottes.

On regrettera juste que personne n'ait osé faire comprendre à Iggy que ses paroles étaient ridicules (et je les comprends); mais à part ça, il faudra le faire pour sortir un album plus authentique que The Weirdness cette année. Même si cela implique un retour de 30 ans en arrière.

jeudi 15 mars 2007

Iron Maiden - The Number of the Beast (1982)

Iron_Maiden_-_The_Number_Of_The_BeastQuand il faut discuter du plus gros groupe metal, la réponse générale semble évidente. Metallica est connu de tous, au moins de nom, et sans doute grâce à un des deux lents boulets du Black Album. Mais quand il faut parler du plus grand, du plus fort, du meilleur groupe du putain de heavy metal du monde, deux mots résonnent, avec autant de force que l'instrument de torture qui a leur donné un nom, et avec aussi peu de pitié que l'ex-Première ministre anglaise qui l'a également porté. IRON fucking MAIDEN.


Iron Maiden c'est d'abord Bruce Dickinson, phénoménal chanteur, frontman charismatique, homme charitable (en tant que pilote d'avion de ligne, il participe assez souvent à des missions humanitaires) et ennemi de Sharon Osbourne. Et quiconque est ennemi de Sharon Osbourne mérite qu'on lui paie un verre, ou du moins qu'on écoute un de ses albums.

Et cet album, c'est son premier avec le groupe, premier d'une longue série, et classique intemporel du heavy metal. Iron Maiden a débuté quelques années plus tôt, avec deux albums, chantés par Paul Di'Anno, aux accents plus punk (fin des 70s oblige), mais c'est avec The Number of The Beast que leur empreinte allait marquer l'histoire. Il est tellement influencé la suite du genre, qu'il est difficile de vraiment en parler, disons donc simplement que pas de NotB = pas de metal en 2007.

De plus, il est important de dire que tout au long de leur carrière (qui approche les trente ans), Maiden a beaucoup évolué, parfois dans des terrains marécageux et pas toujours très recommendables. Les synthés, les morceaux épiques de 15 minutes, et - pire - la période période Blaze Bayley gagneraient à être oubliés. Même si The Number of The Beast est loin d'être leur seul bon album, et que leurs dernières sorties sont toujours recommendables, il faut avouer qu'il s'agit de leur sommet de pur heavy metal.

Il suffit, pour en être convaincu, de plonger au beau milieu du disque, avec le doublé The Number of The Beast / Run To The Hills, deux des morceaux metal les plus impressionnants, deux classiques parfaits du genre. Un sommet de guitare rythmique, de riffage insensé et de batterie heavy, et surtout une prestation magistrale de Dickinson, un des meilleurs vocalistes metal de l'histoire. De plus, les autres morceaux restent d'un très bon niveau, si l'on exclut les paroles parfois assez cliché (mais c'est une des caractéristiques du groupe, à prendre ou à laisser). Hallowed Be Thy Name clôture, avec des parties de synthés jouées par des vraies guitares, ce qui ne restera hélas pas le cas longtemps.

Á classer parmi les classiques du genre, et à faire écouter à tout le monde qui pourrait avoir un intérêt mineur pour le metal : cet album a créé des dizaines de groupes, a changé la vie de milliers de personnes, et continuera à le faire.

Grinderman - Grinderman


Parfois, même les stars les plus aguerries, les plus connues, ont envie de retrouver l'anonymat d'un groupe, l'envie de retrouver les émotions des débuts. Bien sûr, Nick Cave n'est pas David Bowie, mais Grinderman, heureusement, n'est pas Tin Machine non plus. Composé de quatre Bad Seeds, mais animé d'intentions nettement plus organiques que leurs récents travaux (cependant excellents), Grinderman est direct, bruyant, habité, et tout à fait recommendable, nettement plus que la majorité des projets parallèles.

L'album commence avec une guitare pourrie à la Ron Asheton, et Nick Cave, dans son rôle de prophète du rock n roll. Get It On est puissant, totalement sous-produit, mais animé d'un énergie étonnante, surtout de la part de vétérans. Cave plonge ses paroles dans les tréfonds de l'âme humaine, voire dans ceux du pantalon (le très explicite No Pussy Blues). Ce même No Pussy Blues, qui après 90 secondes, se lance dans un solo de guitare fuzz à la J Mascis complètement déjanté, inattendu mais tellement rafraîchissant. Nick Cave, qui ne l'avait jamais fait auparavant, est lead guitariste ici, ce qui a causé la simplification des morceaux, pour se conformer à son style rudimentaire. Comme quoi, quelqu'un qui joue avec son coeur (et ses couilles, dirait-il sans doute) vaudra toujours mieux que 1000 Yngwie Malmsteen. Et Cave n'est pas le seul, la batterie de Jim Sclavunos et la basse de Martyn P. Casey sont le complément idéal à sa voix, et retournent les tripes dans tous les sens. Depth Charge Ethel et sa rythmique (et choeurs) très Rolling Stones peuvent le confirmer.

Iggyismes mis à part, la voix de crooner de Cave est toujours présente, comme sur l'inquiétant Electric Alice, probablement un morceau que Charles Manson analyserait dans tous les sens. La folie bruyante se calme vers le milieu de l'album, mais pas les imprécations de Nick Cave, qui peut vraiment parler de tout et de n'importe quoi, qui lirait le bottin et sonnerait très inquiétant. Honey Bee (Let's Fly To Mars) reprend le fuzz de Mudhoney, un des seuls groupes dont l'intensité viscérale peut se rapprocher de Grinderman. Mais ici, Nick Cave imite le bruit des abeilles. La fin est plus blues que punk, mais il faut bien revenir aux origines.

Parfois cacophonique, jamais gratuit, Grinderman est une surprise, parce qu'on n'imaginait pas que ces quatre types soient à ce point capables de se remettre en question. Si seulement le nouveau Stooges pouvait être aussi puissant... On le verra dans quelques jours, en attendant, voici un des albums de l'année.

mercredi 14 mars 2007

Grinderman - Grinderman


Parfois, même les stars les plus aguerries, les plus connues, ont envie de retrouver l'anonymat d'un groupe, l'envie de retrouver les émotions des débuts. Bien sûr, Nick Cave n'est pas David Bowie, mais Grinderman, heureusement, n'est pas Tin Machine non plus. Composé de quatre Bad Seeds, mais animé d'intentions nettement plus organiques que leurs récents travaux (cependant excellents), Grinderman est direct, bruyant, habité, et tout à fait recommendable, nettement plus que la majorité des projets parallèles.

L'album commence avec une guitare pourrie à la Ron Asheton, et Nick Cave, dans son rôle de prophète du rock n roll. Get It On est puissant, totalement sous-produit, mais animé d'un énergie étonnante, surtout de la part de vétérans. Cave plonge ses paroles dans les tréfonds de l'âme humaine, voire dans ceux du pantalon (le très explicite No Pussy Blues). Ce même No Pussy Blues, qui après 90 secondes, se lance dans un solo de guitare fuzz à la J Mascis complètement déjanté, inattendu mais tellement rafraîchissant. Nick Cave, qui ne l'avait jamais fait auparavant, est lead guitariste ici, ce qui a causé la simplification des morceaux, pour se conformer à son style rudimentaire. Comme quoi, quelqu'un qui joue avec son coeur (et ses couilles, dirait-il sans doute) vaudra toujours mieux que 1000 Yngwie Malmsteen. Et Cave n'est pas le seul, la batterie de Jim Sclavunos et la basse de Martyn P. Casey sont le complément idéal à sa voix, et retournent les tripes dans tous les sens. Depth Charge Ethel et sa rythmique (et choeurs) très Rolling Stones peuvent le confirmer.

Iggyismes mis à part, la voix de crooner de Cave est toujours présente, comme sur l'inquiétant Electric Alice, probablement un morceau que Charles Manson analyserait dans tous les sens. La folie bruyante se calme vers le milieu de l'album, mais pas les imprécations de Nick Cave, qui peut vraiment parler de tout et de n'importe quoi, qui lirait le bottin et sonnerait très inquiétant. Honey Bee (Let's Fly To Mars) reprend le fuzz de Mudhoney, un des seuls groupes dont l'intensité viscérale peut se rapprocher de Grinderman. Mais ici, Nick Cave imite le bruit des abeilles. La fin est plus blues que punk, mais il faut bien revenir aux origines.

Parfois cacophonique, jamais gratuit, Grinderman est une surprise, parce qu'on n'imaginait pas que ces quatre types soient à ce point capables de se remettre en question. Si seulement le nouveau Stooges pouvait être aussi puissant... On le verra dans quelques jours, en attendant, voici un des albums de l'année.

dimanche 11 mars 2007

Chimaira - Resurrection

Parfois, je me demande pourquoi je ne parle pas plus de metal sur le site. Et franchement, je n'en sais rien. Maintenant, il est vrai que ça fait déjà un petit temps qu'un album/group metal m'a marqué, même si j'ai honteusement oublié de chroniquer Lamb of God l'année passée. On pourrait dire que les années nu-metal ont affaibli le genre, ce qui est très discutable. Ce qu'il l'est déjà moins, est le fait que ces groupes douteux ont contribué à la perte de crédibilité du metal, dont le succès commercial est maintenant plus ou moins limité à Evanescence et Linkin Park. Chimaira, quant à eux, ont eu un parcours amusant, ou du moins atypique.

Ils ont en effet commencé comme un groupe nu-metal typique, avec guitares detunées, avant de virer vers le metalcore, voire carrément vers le death, comme le montre Resurrection. Dès le premier morceau, on comprend tout de suite qu'on n'est pas chez Limp Bizkit (remember?) : grosse, très grosse batterie et double bass drums, une voix typiquement death, et même des synthés et samples limite goth, pas Cradle of Filth (heureusement) mais quand même. Le tout est jouée à une allure folle, sans être très éloigné des canons du genre, mais exécuté à la perfection. Rapidement, après quatre morceaux, le ton change, avec l'épique Six (apparemment pas inspiré de Battlestar Galactica, quel dommage), et ses 9 minutes 45 qui bougent dans tous les sens, avec une intro prog et du riffage très compétent tout le long. On regrettera peut-être les thèmes fort classiques, et assez prétentieux, mais bon, on parlait de canons du genre...

Ceci dit, malgré quelques morceaux de bravoure, dont, surtout, la batterie implacable d'Andols Herrick, la suite de l'album se contente d'enfoncer des portes déjà ouvertes. Chimaira les enfonce avec des béliers fourrés à la poix incandescente, d'accord, mais les portes sont ouvertes quand même. Chimaira, et cet album en particulier, reste un excellent groupe, un bon niveau au dessus des infâmes Trivium. Cependant, maintenant qu'ils ont monté toute l'étendue de leur talent, passant d'un sous-genre à un autre avec aise, on aimerait qu'ils trouvent leur propre voie, et qu'ils fassent évoluer le metal moderne. Ils en sont sans doute capable, on peut encore leur laisser un peu de temps. Mais pas trop.

samedi 10 mars 2007

Chimaira - Resurrection

Parfois, je me demande pourquoi je ne parle pas plus de metal sur le site. Et franchement, je n'en sais rien. Maintenant, il est vrai que ça fait déjà un petit temps qu'un album/group metal m'a marqué, même si j'ai honteusement oublié de chroniquer Lamb of God l'année passée. On pourrait dire que les années nu-metal ont affaibli le genre, ce qui est très discutable. Ce qu'il l'est déjà moins, est le fait que ces groupes douteux ont contribué à la perte de crédibilité du metal, dont le succès commercial est maintenant plus ou moins limité à Evanescence et Linkin Park. Chimaira, quant à eux, ont eu un parcours amusant, ou du moins atypique.

Ils ont en effet commencé comme un groupe nu-metal typique, avec guitares detunées, avant de virer vers le metalcore, voire carrément vers le death, comme le montre Resurrection. Dès le premier morceau, on comprend tout de suite qu'on n'est pas chez Limp Bizkit (remember?) : grosse, très grosse batterie et double bass drums, une voix typiquement death, et même des synthés et samples limite goth, pas Cradle of Filth (heureusement) mais quand même. Le tout est jouée à une allure folle, sans être très éloigné des canons du genre, mais exécuté à la perfection. Rapidement, après quatre morceaux, le ton change, avec l'épique Six (apparemment pas inspiré de Battlestar Galactica, quel dommage), et ses 9 minutes 45 qui bougent dans tous les sens, avec une intro prog et du riffage très compétent tout le long. On regrettera peut-être les thèmes fort classiques, et assez prétentieux, mais bon, on parlait de canons du genre...

Ceci dit, malgré quelques morceaux de bravoure, dont, surtout, la batterie implacable d'Andols Herrick, la suite de l'album se contente d'enfoncer des portes déjà ouvertes. Chimaira les enfonce avec des béliers fourrés à la poix incandescente, d'accord, mais les portes sont ouvertes quand même. Chimaira, et cet album en particulier, reste un excellent groupe, un bon niveau au dessus des infâmes Trivium. Cependant, maintenant qu'ils ont monté toute l'étendue de leur talent, passant d'un sous-genre à un autre avec aise, on aimerait qu'ils trouvent leur propre voie, et qu'ils fassent évoluer le metal moderne. Ils en sont sans doute capable, on peut encore leur laisser un peu de temps. Mais pas trop.

mercredi 7 mars 2007

Therapy? - Troublegum (1994)

folderPour des raison parfois difficiles à comprendre, certains groupes connaissent un succès important dans certains pays, et pas dans d'autres. C'est, ou du moins c'était, le cas de Therapy?, groupe nord-irlandais qui a connu, entre les années 94-98 un grand succès en Belgique, qui s'est confirmé par un beau paquet d'apparitions en festival, et en concert au quatre coins du pays (et pas seulement aux typiques Werchter/Pukkelpop/Bruxelles).


Le succès commercial commença avec cet album, leur second album complet. Par chance, il sortit en même temps que la fin de la vague grunge, ce qui poussa les média à les voir comme sauveurs du rock et trucs de genre, ce qui peut toujours être utile pour vendre des disques. Le single majeur de Troublegum, Screamager, sortit un an plus tôt (Shortsharpshock EP) et se retrouve carrément dans le top 10 anglais. L'album connut aussi un grand succès, notamment grâce aux autres singles, Nowhere, Turn, Die Laughing et Isolation.


Tout cela est très bien, mais que vaut l'album? Et bien, il est très bon. Alliant le mal-être de la période grunge à des riffs punk rock, le tout emmené par une section rythmique assez exceptionnelle, la musique de Troublegum pouvait atteindre un maximum de personnes aux oreilles pas trop bouchées. Les morceaux sont accrocheurs (oserais-je dire pop?) tout comme la voix d'Andy Cairns (le type le plus sympathique du rock). Mais la puissance, et parfois la violence ne sont pas négligées, tout au long de quatorze morceaux d'apparence assez simples (Cairns était à l'époque le seul guitariste) mais marquants. Knives, par exemple, compresse en moins de deux minutes la puissance de Black Sabbath qui se fait bastonner par Bad Brains, alors que les singles déjà cités sont un mélange parfait entre mainstream radio (enfin, pour 1994, 13 ans après les choses ont hélas changé) et rock n roll. D'autres tracks, comme Hellbelly ou Stop It You're Killing Me apportent leur lot de riffing frénétique, et l'excellente reprise de Joy Division (Isolation) confirme les thèmes omniprésents : la solitude, le désespoir, le manque de confiance, voire la folie.


Vers la fin de l'album, Unrequited ajoute quelques accords de violon, qui seront longtemps présents dans la vie du groupe, grâce à Martin McCarrick, qui deviendra plus tard leur second guitariste. Car Therapy?, en 18 ans de carrière toujours en cours, n'aura jamais fait deux fois le même album. Troublegum n'est sans doute d'ailleurs même pas leur meilleur. Le succès commercial durera encore un album, Infernal Love, leur plus commercial (avec les singles Diane et Stories), avant que le très troublé Semi-Detached leur fasse vivre un No Code.

Korn – Unplugged


Dans le genre idées géniales, MTV a décidé de relancer sa célèbre série, qu'on ne présente plus. Celle-là même qui a permis à Alice In Chains, Pearl Jam et Nirvana d'enregistrer des sessions mémorables, et à Lauryn Hill de se ridiculiser totalement. Demander à Korn d'enregistrer un Unplugged, c'est un peu Damien Rice au Graspop, ou Jay-Z au festival national annuel du KKK. Mais bon, donnons-leur le bénéfice du doute, en sachant qu'ils ont un paquet de bons morceaux, et qu'on pourrait être surpris par l'inventivité des nouveaux arrangements.

Et tant qu'à faire dans la démesure, autant commencer par leur morceau le plus populaire, Blind, créateur de moshpit par excellence, ici arrangé en version flamenco. Jonathan Davis, le chanteur très habité, à l'habitude de chanter ses morceaux d'une manière assez particulière, qui leur convient très bien. Ici, il doit bien chanter, et on entend que des années d'excès n'ont pas fait beaucoup de bien à sa voix. Au moins, il essaie, mais le problème, c'est que le naturel revient bien vite au galop, et Davis se remet à hurler (avec un peu de retenue, quand même). Ce qui fait qu'on se retrouve devant le Korn qu'on connait, mais avec des guitares acoustiques et un piano. Pas bien. Même chose pour le choix des morceaux, qui reprend les plus gros hits du groupe, sans penser que leur traduction acoustique serait impossible. S'inspirer de Nirvana aurait été la bonne voie.

Encore moins bien, est la reprise de Creep (de Radiohead, hein, pas des Stone Temple Pilots). On se rend bien compte que le thème du morceau colle bien avec Jon "Caliméro" Davis, mais quand même, on l'a trop entendue et elle est impossible à reprendre correctement. Les surprises ne s'arrêtent as là, puisque Amy Lee, des très dispensables Evanescence vient pousser la chansonnette sur Freak On A Leash.

L'album se sauve de la poubelle vers la fin, quand Robert Smith et ses joyeux lurons viennent reprendre In Between Days, sandwichée avec Make Me Bad, avant qu'il ne se termine avec Throw Me Away, ou les percussions japonaises viennent apporter une nouvelle dimension bienvenue. Mais c'est déjà fini. L'album dure 44 minutes pour 11 morceaux, alors que 14 avaient été enregistrés. Il apparaît donc que 3 morceaux n'étaient même pas assez bons pour figurer sur le disque, qui restera à jamais classé comme mauvaise idée. Ceci dit, Korn reste un des groupes heavy les plus inventifs, et le prochain album (qui sort en juin) sera sans doute fort intéressant. Plus que ceci.

mardi 6 mars 2007

Korn - Unplugged


Dans le genre idées géniales, MTV a décidé de relancer sa célèbre série, qu'on ne présente plus. Celle-là même qui a permis à Alice In Chains, Pearl Jam et Nirvana d'enregistrer des sessions mémorables, et à Lauryn Hill de se ridiculiser totalement. Demander à Korn d'enregistrer un Unplugged, c'est un peu Damien Rice au Graspop, ou Jay-Z au festival national annuel du KKK. Mais bon, donnons-leur le bénéfice du doute, en sachant qu'ils ont un paquet de bons morceaux, et qu'on pourrait être surpris par l'inventivité des nouveaux arrangements.

Et tant qu'à faire dans la démesure, autant commencer par leur morceau le plus populaire, Blind, créateur de moshpit par excellence, ici arrangé en version flamenco. Jonathan Davis, le chanteur très habité, à l'habitude de chanter ses morceaux d'une manière assez particulière, qui leur convient très bien. Ici, il doit bien chanter, et on entend que des années d'excès n'ont pas fait beaucoup de bien à sa voix. Au moins, il essaie, mais le problème, c'est que le naturel revient bien vite au galop, et Davis se remet à hurler (avec un peu de retenue, quand même). Ce qui fait qu'on se retrouve devant le Korn qu'on connait, mais avec des guitares acoustiques et un piano. Pas bien. Même chose pour le choix des morceaux, qui reprend les plus gros hits du groupe, sans penser que leur traduction acoustique serait impossible. S'inspirer de Nirvana aurait été la bonne voie.

Encore moins bien, est la reprise de Creep (de Radiohead, hein, pas des Stone Temple Pilots). On se rend bien compte que le thème du morceau colle bien avec Jon "Caliméro" Davis, mais quand même, on l'a trop entendue et elle est impossible à reprendre correctement. Les surprises ne s'arrêtent as là, puisque Amy Lee, des très dispensables Evanescence vient pousser la chansonnette sur Freak On A Leash.

L'album se sauve de la poubelle vers la fin, quand Robert Smith et ses joyeux lurons viennent reprendre In Between Days, sandwichée avec Make Me Bad, avant qu'il ne se termine avec Throw Me Away, ou les percussions japonaises viennent apporter une nouvelle dimension bienvenue. Mais c'est déjà fini. L'album dure 44 minutes pour 11 morceaux, alors que 14 avaient été enregistrés. Il apparaît donc que 3 morceaux n'étaient même pas assez bons pour figurer sur le disque, qui restera à jamais classé comme mauvaise idée. Ceci dit, Korn reste un des groupes heavy les plus inventifs, et le prochain album (qui sort en juin) sera sans doute fort intéressant. Plus que ceci.

dimanche 4 mars 2007

Arcade Fire - Neon Bible


Totalement inconnus il y a trois ans, révélés grâce à la "blogosphère" (je jure que je n'utiliserai plus jamais ce mot), et potentiel mega-groupe à la U2/REM, la joyeuse troupe canadienne d'Arcade Fire arrive à l'heure de la confirmation, avec le fameux second album. Funeral était énorme, habité, original et passionné, on ne pouvait qu'espérer que Neon Bible puisse confirmer, et si possible pousser la formule plus loin encore.Que constate-t-on? Qu'Arcade Fire a bien compris ce qu'on attendait d'eux, et le produit.

Une instrumentation variée, ou la guitare est en retrait par rapport à la basse, au piano et au violon (Owen Pallett, alias Final Fantasy). La voix habitée de Win Butler, et les choeurs très Kim Deal de Régine Chassagne. L'ambiance, toujours particulière, parfois oppressante, parfois surannée, parfois angélique. Et la puissance générale, marquée dans l'instrumentation poids lourd de No Cars Go, ou dans le très très Springsteen Intervention.

Tout cela est très bien, mais. Quoi, mais? Mais reste une impression étrange, une impression d'une certaine impersonnalité (un comble!), voire pire, d'une sorte d'artificialité désagréable. Les paroles anti-guerre, anti-religion organisée et anti-USA, par exemple.

Comme si Arcade Fire avait compris ce qu'on attendait d'eux, et a produit ce disque comme on produit un Big Mac. On sait ce qu'on attend, et si on le demande, c'est qu'on aime, probablement. Mais il reste que c'est vachement difficile à digérer, et Neon Bible est lourd. Lourd, et limite indigeste, à force de nappes de claviers, couches de violons et voix pesantes.

Avec cet album, Arcade Fire prouve plusieurs choses : d'abord, qu'ils sont capables de bonnes choses; ensuite, que le chemin le plus court entre deux points reste la ligne droite. Mais les lignes droites, c'est bien, pour Coldplay, et d'autres groupes qui ne font que ce qu'on attend d'eux, sans surprendre, sans âme. Arcade Fire sera peut-être un jour aussi gros que U2, ou que Coldplay, justement. Et alors?

samedi 3 mars 2007

Arcade Fire - Neon Bible


Totalement inconnus il y a trois ans, révélés grâce à la "blogosphère" (je jure que je n'utiliserai plus jamais ce mot), et potentiel mega-groupe à la U2/REM, la joyeuse troupe canadienne d'Arcade Fire arrive à l'heure de la confirmation, avec le fameux second album. Funeral était énorme, habité, original et passionné, on ne pouvait qu'espérer que Neon Bible puisse confirmer, et si possible pousser la formule plus loin encore.Que constate-t-on? Qu'Arcade Fire a bien compris ce qu'on attendait d'eux, et le produit.

Une instrumentation variée, ou la guitare est en retrait par rapport à la basse, au piano et au violon (Owen Pallett, alias Final Fantasy). La voix habitée de Win Butler, et les choeurs très Kim Deal de Régine Chassagne. L'ambiance, toujours particulière, parfois oppressante, parfois surannée, parfois angélique. Et la puissance générale, marquée dans l'instrumentation poids lourd de No Cars Go, ou dans le très très Springsteen Intervention.

Tout cela est très bien, mais. Quoi, mais? Mais reste une impression étrange, une impression d'une certaine impersonnalité (un comble!), voire pire, d'une sorte d'artificialité désagréable. Les paroles anti-guerre, anti-religion organisée et anti-USA, par exemple.

Comme si Arcade Fire avait compris ce qu'on attendait d'eux, et a produit ce disque comme on produit un Big Mac. On sait ce qu'on attend, et si on le demande, c'est qu'on aime, probablement. Mais il reste que c'est vachement difficile à digérer, et Neon Bible est lourd. Lourd, et limite indigeste, à force de nappes de claviers, couches de violons et voix pesantes.

Avec cet album, Arcade Fire prouve plusieurs choses : d'abord, qu'ils sont capables de bonnes choses; ensuite, que le chemin le plus court entre deux points reste la ligne droite. Mais les lignes droites, c'est bien, pour Coldplay, et d'autres groupes qui ne font que ce qu'on attend d'eux, sans surprendre, sans âme. Arcade Fire sera peut-être un jour aussi gros que U2, ou que Coldplay, justement. Et alors?

jeudi 1 mars 2007

Kaiser Chiefs - Yours Truly, Angry Mob


2005, en Angleterre, c'était l'année de la mort des Libertines, et de l'avènement de Kaiser Chiefs, le groupe idéal car capable de plaire aux enfants, aux ados pas très rebelles, aux parents qui se souviennent de Madness et aux grand-parents, parce qu'ils sont bien habillés (le clavieriste a un chapeau). Leur premier album, Employment (indulgemment critiqué ici), s'est vendu par camions, a décroché quelques Brit Awards, mais se devait d'être bien suivi, sous peine d'un voyage vers l'oubli, à la Datsuns.

Les Kaiser Chiefs n'ayant pas l'intention de renouveler le genre (et n'en sont probablement pas capables, de toute façon), il était peu probable qu'ils changent de style, mais il fallait encore qu'ils ne s'auto-parodient pas, et qu'ils montrent (un peu) d'évolution musicale. Et sans vouloir être trop critique, c'est plus ou moins ce qu'on a ici. Ruby, le premier morceau et premier single, est excessivement catchy, tout à fait consommable, et fera chanter des hordes d'anglais assoiffés dans les festivals d'été (et pas qu'anglais d'ailleurs, KC étant confirmé pour une chouette journée à Werchter). La suite, sans grande surprise, allie morceaux rapides, faciles à digérer et ballades pas trop lourdes, faut pas exagérer non plus.

On notera juste une légère recherche d'amélioration, les morceaux sont moins clichés qu'avant (moins de ooh ooh), et le tout est un peu plus varié musicalement, avec cette fois des clins d'oeils vers leurs pairs plus sérieux, Franz Ferdinand (High Royds). Mais bon, tout cela reste assez facile, très inoffensif, et parfois irritant (Everything Is Average Nowadays, du pain bénit pour leurs détracteurs).

On ne peut pas dire que ceci soit un mauvais album, car il a trop peu de saveur pour être mauvais. Kaiser Chiefs a sa place dans le paysage musical contemporain, celui du groupe, en festival, qu'on utilise pour aller faire pipi. Il en faut.