dimanche 24 avril 2011

Foo Fighters - Wasting Light

Et le Grammy de meilleure promotion de l'année va aux... Foo Fighters! Parce que franchement, il fallait le faire. On commence, typiquement, avec Dave Grohl qui raconte que ce sera l'album le plus heavy de l'histoire du groupe, et on ne demande qu'à le croire, surtout qu'avec le retour de Pat Smear, les FF comptent dorénavant trois guitaristes. Ensuite, on apprend que l'album sera enregistré dans son garage, en analogique, par Butch Vig, et que Krist Novoselic et Bob Mould viendront donner un coup de main. Puis vient le moment des shows secrets, annoncés le jour même sur Twitter, où le groupe joue l'album (encore sans nom) intégralement, histoire de pousser (mais pas trop) aux fuites sur Youtube. Au même moment est diffusée une vidéo pour l'effectivement très heavy White Limo, qui voit le groupe en full mode déconne se faire conduire (en limousine blanche, forcément) par Lemmy. Enfin, ils leakent eux-même l'album sur leur page Soundcloud (il y est d'ailleurs toujours dispo), et on peut effectivement se rendre compte que oui, c'est l'album le plus heavy du groupe jusque maintenant. Et ce pouvoir du marketing leur offre un numéro un partout dans le monde, avec un album qui est donc écoutable légalement et gratuitement. L'incitant à l'achat? Rien de moins qu'un morceau de la bande magnétique originale sur lequel a été enregistré l'album.


L'album, donc, Wasting Light. Pas une guitare acoustique, disait le batteur de Tenacious D. Effectivement. Le premier morceau, Bridge Burning, est une démonstration de force. Une guitare, puis deux, puis trois, puis une attaque de batterie surpuissante, et Dave Grohl qui hurle pour la première fois du disque. Bam dans les dents. Oh, évidemment, ce sont les Foo Fighters, et le reste du morceau (et de l'album) restera mélodique, mais on a déjà l'impression que le quintet est totalement libéré. Des riffs dans tous les sens, des fills de batterie qui prouvent s'il le fallait encore que Taylor Hawkins n'est pas juste un batteur de figuration, et surtout la construction du morceau qui semble enchaîner pré-refrains, refrains, post-refrains, bref, Dave a mis le paquet.


La suite est du même acabit : même si presque chaque morceau offre ses moments de répit (ces passages typiquement FF où Grohl, le groupe, et le public reprennent leur respration avant que tout explose, encore), l'album file à très grande vitesse, puissant, rapide, mais toujours facile d'accès. Dave Grohl continue la tradition de rendre une musique relativement heavy accessible au plus grand nombre, comme son ancien chanteur l'avait fait il y a presque vingt ans. Mais dire que Wasting Light, c'est juste des morceaux heavy bourrés de riffs et de vieux solos serait une insulte au talent réel d'auteur de Grohl : Dear Rosemary, Arlandria, Walk ou encore le stupéfiant I Should Have Known comptent parmi les meilleurs morceaux composés par un type qui a quand même écrit Everlong. Et même si Dear Rosemary ressemble parfois un peu trop à Steady As She Goes des Raconteurs, ça reste un très grand morceau, vraiment.


Wasting Light n'est pas un album parfait. Dave Grohl est très généreux, et sa bonne volonté le force parfois à en faire un peu trop. Comme, justement, les trois refrains différents par morceau, une dynamique quiet/loud/very loud/encore plus loud ou un niveau de testostérone que le jeune Eddie Vedder n'aurait pas renié. Butch Vig a peut-être aussi surmixé sa voix, mais c'est un avis personnel. D'ailleurs, garage ou pas, Vig a quand même emballé le tout dans une production expansive qui fait nettement plus Wembley Stadium que CBGB.


L'album offre relativement peu de variété : outre les brûlots rock comme Bridge Burning ou le single Rope, on a aussi des compos un peu plus pop comme These Days, Miss the Misery (avec des whoohoo très Bon Jovi, il ne manque plus que l'effet à la Sambora déjà entendu sur Generator) ou Walk qui commencerait presque comme Kings of ColdMuse, des morceaux plus sombres (I Should Have Known) ou totalement débridés (White Limo, donc), le template reste identique (ah, cette guitare rythmique...). Mais quand les morceaux sont si bien écrits, quand les musiciens frôlent l'excellence, pourquoi changer?


Wasting Light est un album concept, en somme, et le concept était de réaliser le meilleur album de rock 'n roll possible en 2011. Probablement anachronique, certainement futile, mais absolument réussi, Wasting Light est non seulement le meilleur album d'un groupe pas assez pris au sérieux, mais aussi la place assurée de Dave Grohl au Panthéon des compositeurs contemporains. Surtout, Wasting Light est fun, agréable, et appréciable. Pas d'artiste torturé et incompris, pas de complexité à deux balles pour décrocher un BNM chez Pitchfork, pas de poses mystérieuses pour être rebloggé sur Tumblr. It's only rock 'n roll and you should like it.


Spotify : Wasting Light et Wasting Light deluxe edition (avec un remix de Rope par Deadmau5 et l'inédit Better Off). Et tant qu'on y est, ma playlist Foo Fighters.

Et si vous n'avez pas (encore?) Spotify, le groupe a le bon goût de nous laisser le stream Soundcloud jusqu'à nouvel ordre.

jeudi 21 avril 2011

Playlist Spotify : Foo Fighters

Tout le monde s'accorde à dire que Wasting Light est un grand retour en puissance pour les Foo Fighters, et sans doute leur meilleur album depuis The Colour and The Shape.


En attendant la chronique, j'ai compilé une playlist Spotify de trente-quatre morceaux, résumant en deux heures l'ensemble de leur carrière. J'ai sélectionné la plus grande partie de leurs hits, mais aussi des extraits d'albums et quelques faces B, comme le morceau-titre de The Colour and the Shape ainsi que des reprises des Wings et d'Arcade Fire.


Naturellement, la playlist se conclut avec des extraits de Wasting Light et une version acoustique d'Everlong.


La playlist se trouve ici, et pour vous abonner à mon profil Spotify, il suffit de cliquer sur le logo Spotify dans la colonne de droite.


La suite des chroniques (Wasting Light, Angles et bien d'autres) arrive "bientôt"...

samedi 9 avril 2011

Radiohead - The King of Limbs

En 2007, la sortie de In Rainbows avait lancé l'ère des méthodes dites alternatives de vente de musique, ouvrant la voie à Bandcamp et Topspin. Cette fois, The King of Limbs aura popularisé la chronique-twitter : tout le monde ayant reçu l'album en même temps, on s'est pressé pour savoir qui allait être le premier à écrire une bafouille sur "le nouveau Radiohead". On ne saura jamais si le groupe s'en est amusé, mais force est de constater la futilité d'un tel exercice lorsqu'on parle de l'album le moins immédiat de la carrière du groupe, et qui continue à dévoiler certains secrets après plusieurs dizaines d'écoutes.


L'album, bien qu'étonnamment court (huit morceaux, trente-sept minutes) semble séparé en deux parties. La première, obscure et extrêmement manipulée, ressemble nettement plus à ce que fait Thom Yorke en solo qu'aux successives versions de Radiohead, y compris celle de Kid A. Bloom commence avec un piano rappelant Philip Glass, mais trafiqué par le traitement sonore du groupe et de Nigel Godrich. On ne pige évidemment rien à ce que Yorke raconte, mais le tout tient, comme toujours, sur les programmations de batterie audacieuses de Phil Selway et la basse proéminente de Colin Greenwood. Oh, et il n'y a pas de guitare?


C'est d'ailleurs, comme à chaque fois, le premier élément qui ressort de l'écoute initiale "du nouveau Radiohead". In Rainbows était un album à guitares, The King of Limbs, non. Cependant, après quelques écoutes, on se rend compte que, contrairement à ce qu'on pensait au départ, des guitares, on en a à presque chaque morceau, elles font juste partie du paysage sonore. Par exemple, elles forment la base de Morning Mr Magpie, vieux morceau totalement remis à neuf. Ironiquement, Yorke s'interroge sur le vol de sa mélodie, et implore qu'on lui rende au plus vite : un peu de métatexte pour ceux qui aiment trop lire entre les lignes. Quelque part, bien cachée, se trouve une vraie chanson, c'est juste que Radiohead n'a pas envie (?) de la livrer.


The King of Limbs aime se dévoiler progressivement, et se révèle souvent assez frustrant : que serait devenu Little By Little et son intro imaginative (Morricone via OK Computer) si Radiohead avait eu envie d'en faire quelque chose vaguement user-friendly? Mais on garde un certain espoir, on a un vrai refrain, après tout. Evidemment, c'était trop simple, et Feral est peut-être le morceau le plus étrange de tous les albums de Radiohead (et on a des adversaires de valeur). Effets fantômatiques sur la voix coupée/collée de Yorke, programmation de batterie hoquetante, trucs bizarres et variés un peu partout, et pas l'ombre d'une mélodie accrocheuse. Nigel Godrich est vraiment le sixième membre du groupe, son mixage est ici l'élément le plus important, surtout si on écoute le morceau au casque : on en aurait presque peur.


J'évoquais plus haut la séparation de l'album en deux parties : effectivement, la seconde est un peu plus, disons, accessible. Lotus Flower est peut-être plus célèbre grâce à la vidéo d'un Thom Yorke danseur étoile hyperactif que grâce au morceau lui-même, mais c'est un tort : la mélodie (oui!) monte crescendo, s'enroulant autour d'une basse hypnotique et poussant Yorke dans ses retranchements les plus aigus. Simple et efficace, il prouve que Radiohead aime les extrêmes. Surtout que Codex se la joue encore plus dépouillé, avec un piano pour accompagner une ballade apocalyptique. Evidemment, après quelques minutes, les choses se compliquent, mais le morceau conserve une change émotionnelle bienvenue dans un album qui reste quand même fort synthétique. Les chants d'oiseau (!) créent l'enchaînement avec Giving Up the Ghost, sorte de chanson de feu de camp post-cataclysmique, avec une voix de fond qui répète, pendant tout le morceau, un effrayant "Don't hurt me". On n'oserait pas. Probablement le morceau le plus bipolaire de TKOL, il aurait pu être un hit, il restera un étrange oxymore.


Enfin, Separator conclut ("Wake me up, wake me up") un album court mais très intense avec une terrible intro basse/batterie et une guitare ensolellée inattendue après deux minutes trente. Dire qu'il requiert plusieurs écoutes dépasse la vérité, The King of Limbs ne se laisse pas apprivoiser facilement. Est-ce une bonne chose? Est-il trop complexe, gratuitement obscur? Est-ce que Radiohead se la joue "artiste" parce qu'ils ne sont plus foutus d'écrire un Karma Police? Est-ce qu'ils sont simplement là où ils veulent être, sans accorder aucune autre importance aux avis, positifs et négatifs? Est-ce leur pire album depuis Pablo Honey? Toutes ces questions resteront sans réponse : The King of Limbs est un de ces rares albums qui doit être (ré)écouté pour être apprécié. Même si l'appréciation peut être négative, elle a besoin d'arguments. Et Radiohead ne nous laissera jamais à court d'arguments.


 

vendredi 8 avril 2011

Spotify, Flattr, Tumblr et autres petites choses

Cela fait déjà un petit bout de temps que je n'avais plus écrit de billet sur l'état de Music Box. C'est chose faite, et ce sera relativement court ;-)


Une fois de plus, je regrette de ne pas poster beaucoup, j'essaie toujours de faire ce que je peux dans le temps disponible, mais ce n'est point facile... Logiquement, dans les jours/semaines à venir, outre les futures sorties, j'aimerais parler des albums de Jonah Matranga, Radiohead, Rival Schools, Kurt Vile, Frankie and the Heartstrings, Tres Mts., The Pains of Being Pure at Heart, J Mascis, The Vaccines, The Strokes, Soundgarden, The Kills, Foo Fighters ainsi que les remasters de Queen et Pearl Jam.


Sinon, j'ai créé un profil Spotify pour Music Box, avec les playlists 2010 et une nouvelle pour cette année, là aussi, je vais essayer d'en faire régulièrement. Clic clic ici.


En ce qui concerne Music Box on ze web 2.0, les liens sont à droite (je rajouterai une icône Spotify un de ces jours), et je vous invite de vous servir de tout cela, j'essaie de ne pas dupliquer les contenus, histoire d'avoir des choses différentes un peu partout, par exemple, le Tumblr est utilisé pour poster rapidement des vidéos ou de l'audio très frais, comme le nouveau single d'Eddie Vedder que j'étais, apparemment, le premier à poster. J'ai aussi un autre Tumblr destiné aux artistes indés ou non signés, qui peuvent m'envoyer leur musique via Soundcloud, notamment. J'écoute tout ce que je reçois, mais là aussi, quand je peux.


Enfin, Flattr. Je suis toujours persuadé du potentiel de Flattr, mais jusqu'à présent, je constate que le système reste méconnu, notamment dans la blogosphère francophone. Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas non plus à lire mon post explicatif, et puis, cliquer les boutons Flattr si vous le désirez.


Voilà, une fois de plus, merci de me lire et de me suivre ici et ailleurs.

lundi 4 avril 2011

R.E.M. - Collapse Into Now

Retour en forme, renaissance, etc etc. Dès qu'un groupe d'un certain âge (trente ans, quand même) se rappelle à notre souvenir, on ressort toujours les mêmes métaphores ou allusions sorties de scribes en manque d'inspiration. En parlant d'inspiration, est-ce que R.E.M. en a jamais manqué? Sans doute, au début des années 2000, par exemple. Mais Accelerate, sorti en 2008, était ce retour en grâce, sous la forme d'un album à 200 à l'heure, dont l'énergie palliait sans problème à un certain manque de variété. On attendait donc, une fois de plus, le quinzième album du trio d'Athens avec un mélange de curiosité et, peut-être d'excitation. Force est de constater que même si R.E.M. ne livrera probablement plus de chefs d'oeuvre, Collapse Into Now est de très bonne facture, et peut facilement prendre place dans la première partie de leur discographie.


Tout R.E.M. est là : les guitares parfois crunchy, parfois simplement mélodiques, la voix chaude et incomparable de Michael Stipe, et même la mandoline, qui vient refaire un tour sur la classique mais émouvante ballade Oh My Heart. Oui, une ballade, celles qui manquaient parfois à AccelerateCollapse Into Now est plus varié, alternant donc de brûlots rock (Discoverer et All The Best qui entament l'album), de passages mid-tempo plutôt introspectifs (Überlin, It Happened Today qui bénéficie des choeurs très Into the Wild d'Eddie Vedder) et de morceaux tendres et/ou poignants (Oh My Heart donc, ou l'introspectif Blue, où Patti Smith vient reprendre le rôle qu'elle tenait sur E-Bow The Letter).


Chiche en remplissage, Collapse Into Now ne s'écroule (désolé) jamais : les morceaux plus anecdotiques ont toujours quelque chose de remarquable, comme la brievété de That Someone Is You, le refrain classique du premier single Mine Smell Like Honey (mais de quoi parle-t-il?) ou le primitivisme bienvenu d'Alligator Aviator Autopilot Antimatter, sur lequel Peaches apporte un peu de bordel bienvenu. Les esprits chagrins diront que les morceaux sont peut-être trop moyens pour que l'album connaisse une chute de niveau. On ne les écoutera pas plus que ça. De plus, l'excellente séquence de l'album fait qu'on ne s'embête jamais. Enfin, Blue, comme évoqué plus haut, conclut très brillamment un album relativement simple et immédiat par cinq minutes sombres, durant lesquelles Stipe parle et inquiète, Smith chante sur un (oui, un) Cendrillon qui a perdu ses chaussures, avant que Mike Mills reprenne le thème du premier morceau de l'album, Discoverer, histoire de boucler la boucle.


Alors, non, Collapse Into Now ne sera pas le meilleur album de 2011, ni le plus aventureux. Mais R.E.M., en refusant d'être mauvais, continue sa troisième (au moins) renaissance, et reste un des groupes dont on ne veut jamais qu'il se sépare, un de ces groupes pour qui il y aura toujours une place. Cette place est n'est peut-être aussi importante qu'en 1984, 1991 ou 1996, mais elle est toujours là, et y restera. Dans ces temps troublés, cela fait le plus grand bien.


Spotify : R.E.M. - Collapse Into Now (avec deux morceaux live en bonus)