mardi 30 octobre 2007

R.E.M. – Live

Étrangement, R.E.M. n'avait pas encore sorti d'album live officiel. Il était donc évident qu'en choisissant un concert (deux même) récent, de la tournée 05 Around The Sun, que le setlist allait créer quelques critiques. Mais R.E.M. l'a fait quand même, en sachant qu'on ne peut satisfaire tout le monde.

D'ailleurs, ils prennent tout le monde par surprise en commençant par I Took Your Name, extrait du malheureux et fort critiqué Monster, avant d'envoyer Everybody Hurts tôt dans le show. Michael Stipe vole la vedette, évidemment, et encore, on ne le voit pas. Par contre, il est dommage de voir les autres musiciens en retrait, surtout au niveau batterie. On sait que Bill Berry a quitté le groupe et n'a jamais été remplacé, mais une boîte à rythmes, ce n'est pas génial. Sinon, malgré ce côté parfois pilote automatique qui fait que R.E.M. ne sera jamais considéré comme une bête de scène, les morceaux tiennent tous seuls, même les récents comme Ascent Of Man ou Walk Unafraid. Sinon c'est évidemment hit sur hit, comme on peut le voir sur le setlist.

Losing My Religion finit le concert avant les rappels, et est assez embarassant, vu la réaction d'un public pas si connaisseur, qui n'a pas trop réagi à l'écoute des trois morceaux pré-Warner, dont l'immense The One I Love. Avant un final mémorable sur Man On The Moon, le groupe nous gratifie d'un chouette nouveau morceau, qui pourrait se retrouver sur le prochain album, attendu pour l'an prochain. Somme toute, Live est de bonne facture, mais est assez dispensable. Les fans ont déjà bien plus qu'un concert à écouter, les autres pourraient être modéréments intéressés. On prendra juste ça comme une raison de ne pas oublier le trio d'Athens avant son retour.

R.E.M. - Live

Étrangement, R.E.M. n'avait pas encore sorti d'album live officiel. Il était donc évident qu'en choisissant un concert (deux même) récent, de la tournée 05 Around The Sun, que le setlist allait créer quelques critiques. Mais R.E.M. l'a fait quand même, en sachant qu'on ne peut satisfaire tout le monde.

D'ailleurs, ils prennent tout le monde par surprise en commençant par I Took Your Name, extrait du malheureux et fort critiqué Monster, avant d'envoyer Everybody Hurts tôt dans le show. Michael Stipe vole la vedette, évidemment, et encore, on ne le voit pas. Par contre, il est dommage de voir les autres musiciens en retrait, surtout au niveau batterie. On sait que Bill Berry a quitté le groupe et n'a jamais été remplacé, mais une boîte à rythmes, ce n'est pas génial. Sinon, malgré ce côté parfois pilote automatique qui fait que R.E.M. ne sera jamais considéré comme une bête de scène, les morceaux tiennent tous seuls, même les récents comme Ascent Of Man ou Walk Unafraid. Sinon c'est évidemment hit sur hit, comme on peut le voir sur le setlist.

Losing My Religion finit le concert avant les rappels, et est assez embarassant, vu la réaction d'un public pas si connaisseur, qui n'a pas trop réagi à l'écoute des trois morceaux pré-Warner, dont l'immense The One I Love. Avant un final mémorable sur Man On The Moon, le groupe nous gratifie d'un chouette nouveau morceau, qui pourrait se retrouver sur le prochain album, attendu pour l'an prochain. Somme toute, Live est de bonne facture, mais est assez dispensable. Les fans ont déjà bien plus qu'un concert à écouter, les autres pourraient être modéréments intéressés. On prendra juste ça comme une raison de ne pas oublier le trio d'Athens avant son retour.

lundi 29 octobre 2007

Radiohead – Kid A (2000)

Radiohead.kida.albumartDepuis que je m'intéresse au rock (au sens très large), ce qui doit faire une bonne douzaine d'années, j'ai pu en connaître, des groupes venir, partir, apparaître et disparaître. Des petits concerts qui allaient devenir grands (Muse devant 150 personnes), des grands qui ne l'auraient pas du (je ne sais pas ce que je foutais devant Jamiroquai au Flanders Expo, Saint Jimi, pardonne-moi), des albums de référence, des déceptions. Et Kid A. Replaçons-nous un peu dans le contexte.

On avait quitté Radiohead en 1997, suite à deux événements majeurs : OK Computer, et, dans la tournée qui a suivi un concert mémorable à Rock Werchter. Puis, secret et silence, jusqu'à l'annonce d'une tournée non sponsorisée, sans aucun album à vendre. Ils sont venus de nouveau à Werchter, mais sous chapiteau, pour ce qui fut une des expériences les plus surréelles de ma vie. Lors de ce concert, on a pu entendre quantité d'inédits, qui ne ressemblaient absolument pas à ce qu'on connaissait du groupe. Quelques semaines plus tard, la première partie de ces enregistrements voyait le jour.

Everything In Its Right Place avait déjà frappé tous les esprits lors des concerts, avec son intro traînante à l'orgue, et une fin qui part dans tous les sens : Jonny Greenwood samplant et manipulant en temps réel la voix de Thom Yorke. Déjà, après quelques minutes, on se retrouve déjà face à un des plus grands morceaux du groupe. Kid A, la "chanson" suit, est en fait une sorte de collage musical étrange, influencé par quelques terroristes des circuits imprimés à la Aphex Twin ou Squarepusher. Voix complètement sous acide, basse puissante, mais absence complète de structure reconnaissable, et de guitares. C'est ce qui avait choqué à l'époque : on savait Radiohead de nature expérimentale, mais de là à quasi virer les guitares, il fallait le faire...

The National Anthem tient debout grâce, comme souvent, à la basse de Colin Greenwood, et alors que le morceau semble somme toute assez classique, il se finit en free jazz complètement à la masse, avant que le cousin d'Exit Music (For A Film), How To Disappear Completely, montre pour la première fois qua la technologie peut aussi transporter des émotions. Optimistic foule un terrain déjà plus connu, avec, il semble, une guitare quelque part derrière. Mais le morceau en lui-même, et les percussions tribales font vite comprendre qu'on n'est plus vraiment avec le groupe de Creep...

Et que dire d'Idioteque, le morceau qui avait scotché tout le monde sur place en concert. Un immense beat techno, une manipulation sonore grandiose, des paroles typiquement parano et un autre grand moment. Le sombre Motion Picture Soundtrack clôt un album choquant, peut-être moins maintenant quand on connaît les trois albums qui ont suivi, mais Kid A reste toujours un monument, et LA référence en matière de réinvention sonore. Alors que des tonnes de groupes se revendiquaient de Radiohead, ils ont décidé de se réinventer, s'attirant un immense respect et élargissant leur audience.
 
Ceci dit, ce n'est pas tout. Car les sessions d'enregistrement ont été tellement fécondes, qu'un autre album allait très vite voir le jour. Radiohead n'a pas sorti un double album, pour bien marquer le coup entre les deux bêtes, et il est vrai que même si, comme de coutume, on peut trouver des points communs, Amnesiac ne ressemble à aucun autre album du groupe. Ce sera la prochaine étape.


Everything In Its Right Place


Idioteque

vendredi 26 octobre 2007

Radiohead – OK Computer (1997)

Radiohead.okcomputer.albumartOK Computer a tout juste dix ans, et plutôt que de perdre son temps en rééditions, Radiohead a préféré sorti un nouvel album, ce qui est une très bonne idée. D'ailleurs, pas besoin de réédition pour parler d'un des albums les plus importants, impressionants et influents des années 90. On ne le savait pas encore à l'époque, mais OK Computer marquait la transition entre le Radiohead post-grunge de Pablo Honey et The Bends vers le groupe aventureux de Kid A.

Fortement influencé par des artistes électro comme DJ Shadow, les morceaux de l'album comprennent tous des touches électroniques, parfois discrètes mais parfois cruciales, comme pour l'ouverture d'album Airbag, ou Paranoid Android, qui le suit. Á l'époque, on l'a comparé à Bohemian Rhapsody, par rapport aux différentes parties qui le composent. Mais la comparaison est faible, Paranoid Android est bien plus important, mais une fois de plus, les mots ne suffisent pas, il faut l'écouter, comme tout l'album, en fait.

Exit Music (For A Film) est un des morceaux les plus poignants jamais composés : le début nous empêcher de respirer, puis à 2"50, une basse vrombissante soulève le morceau avant que le final ne l'envoie dans des cieux rarement atteints. Une pure merveille alliant technique et émotion, comme l'etouffant Climbing Up The Walls, ou l'étourdissant No Surprises. Karma Police est un morceau simple, mais qui se termine par des bruitages étranges, comme un avant-goût de ce qui allait arriver ; de même, Electioneering rappelle les vieilles guitares en les mettant à jour.

C'est assez étrange d'évoquer OK Computer aujourd'hui. À l'époque, on louait son caractère innovant, mais maintenant, quand on voit l'oeuvre dans son ensemble, on voit que c'était une étape cruciale dans l'évolution de Radiohead. Pour réussir à réunir le meilleur des deux mondes, il sera peut-être toujours considéré comme leur meilleur, mais Radiohead est un groupe pour lequel la hiérarchie des albums n'a que très peu d'importance.

L'étape la plus importante restait à venir, et une des plus grandes surprises du rock contemporain. Kid A.

 

Paranoid Android

 

Exit Music (For A Film) 

Serj Tankian - Elect The Dead

Quand un musicien célèbre sort un album solo, c'est souvent pour faire autre chose quand dans son groupe, ou alors pour se faire plus de fric. Dans le cas de Serj Tankian, vocaliste et agitateur en chef de System Of A Down, c'est ni l'un ni l'autre. Il est peu probable que l'album se vendra par millions - même si certains morceaux sont très catchy - et il est bien plus proche de SOAD qu'il devrait. Ceci dit, il vaut largement la peine de s'y attarder.

Effectivement, au départ, on reconnaît bien le style : c'est du pur quiet/LOUD à la SOAD avec influences d'Europe de l'est, mais sans Daron Malakian, le guitariste/co-frontman. Ce qui a deux conséquences : d'abord, on ne l'entend plus chanter, ce qui avait (selon moi) sérieusement pourri le dernier double album du groupe ; mais malheureusement, on n'a plus son sens du riff et son jeu de guitare original qui avait justement fait de SOAD un groupe si intéressant.

En partant de ce double principe, on sait ce qu'on va avoir dans Elect The Dead, surtout si on imagine que Tankian en profite pour exprimer ses habituelles opinions politiques (The Unthinking Majority). On s'attendait peut-être à plus de surprise, comme un morceau calme de bout en bout (on aura juste le morceau final), et pas seulement le cabaret bizarre Lie Lie Lie.

Elect The Dead est un bon album, ceci dit. Brillamment exécuté (Tankian joue de tout, mais assisté de John Dolmayan, Brain Mantia et Ler LaLonde), il ne dépareille pas du tout à côté de la discographie de System Of A Down. On aurait peut-être simplement aimé un peu plus de nouveauté, mais on ne peut pas toujours être trop exigeant.

Serj Tankian - Elect The Dead

Quand un musicien célèbre sort un album solo, c'est souvent pour faire autre chose quand dans son groupe, ou alors pour se faire plus de fric. Dans le cas de Serj Tankian, vocaliste et agitateur en chef de System Of A Down, c'est ni l'un ni l'autre. Il est peu probable que l'album se vendra par millions - même si certains morceaux sont très catchy - et il est bien plus proche de SOAD qu'il devrait. Ceci dit, il vaut largement la peine de s'y attarder.

Effectivement, au départ, on reconnaît bien le style : c'est du pur quiet/LOUD à la SOAD avec influences d'Europe de l'est, mais sans Daron Malakian, le guitariste/co-frontman. Ce qui a deux conséquences : d'abord, on ne l'entend plus chanter, ce qui avait (selon moi) sérieusement pourri le dernier double album du groupe ; mais malheureusement, on n'a plus son sens du riff et son jeu de guitare original qui avait justement fait de SOAD un groupe si intéressant.

En partant de ce double principe, on sait ce qu'on va avoir dans Elect The Dead, surtout si on imagine que Tankian en profite pour exprimer ses habituelles opinions politiques (The Unthinking Majority). On s'attendait peut-être à plus de surprise, comme un morceau calme de bout en bout (on aura juste le morceau final), et pas seulement le cabaret bizarre Lie Lie Lie.

Elect The Dead est un bon album, ceci dit. Brillamment exécuté (Tankian joue de tout, mais assisté de John Dolmayan, Brain Mantia et Ler LaLonde), il ne dépareille pas du tout à côté de la discographie de System Of A Down. On aurait peut-être simplement aimé un peu plus de nouveauté, mais on ne peut pas toujours être trop exigeant.

mercredi 24 octobre 2007

The Hives - The Black and White Album

Contrairement à d'autres groupes issus de la mouvance nu-rock du début des 00's, The Hives prennent leur temps entre deux albums, et tentent de se diversifier sans complètement changer leur son. Le nouvel album y arrive, comme le précédent (au titre encore plus mauvais, d'ailleurs). Le début est assez traditionnel : Tick Tick Boom est très gimmick, mais terriblement efficace, exactement comme les cinq Suèdois.

Les tentatives de nouveautés ont entre autres été aidées par Pharrell Williams, qui a produit l'exubérant Well All Right ainsi que T.H.E.H.I.V.E.S., nettement plus dans le style Pharrell, avec falsetto et tout. Cela ne marche pas trop, mais au moins ils auront essayé, et ces morceaux ne représentent qu'une petite partie d'un album majoritairement composé de rock qui fait taper du pied.

Et mis à part quelques fillers, c'est exactement ce que The Black And White Album fait, rien de révolutionnaire, mais un album qui fait du bien par ou il passe. Mention spéciale au chanteur Howlin' Pelle Almquist, dont la voix a bien évolué et est nettement moins irritante que dans le passé. It Won't Be Long pourrait par ailleurs être un fameux tube. Un bon disque, pas le son du futur, mais on peut l'avoir ailleurs, donc ce n'est pas grave.

The Hives - The Black and White Album

Contrairement à d'autres groupes issus de la mouvance nu-rock du début des 00's, The Hives prennent leur temps entre deux albums, et tentent de se diversifier sans complètement changer leur son. Le nouvel album y arrive, comme le précédent (au titre encore plus mauvais, d'ailleurs). Le début est assez traditionnel : Tick Tick Boom est très gimmick, mais terriblement efficace, exactement comme les cinq Suèdois.

Les tentatives de nouveautés ont entre autres été aidées par Pharrell Williams, qui a produit l'exubérant Well All Right ainsi que T.H.E.H.I.V.E.S., nettement plus dans le style Pharrell, avec falsetto et tout. Cela ne marche pas trop, mais au moins ils auront essayé, et ces morceaux ne représentent qu'une petite partie d'un album majoritairement composé de rock qui fait taper du pied.

Et mis à part quelques fillers, c'est exactement ce que The Black And White Album fait, rien de révolutionnaire, mais un album qui fait du bien par ou il passe. Mention spéciale au chanteur Howlin' Pelle Almquist, dont la voix a bien évolué et est nettement moins irritante que dans le passé. It Won't Be Long pourrait par ailleurs être un fameux tube. Un bon disque, pas le son du futur, mais on peut l'avoir ailleurs, donc ce n'est pas grave.

jeudi 18 octobre 2007

Thrice - The Alchemy Index (Volumes 1 & 2 : Fire And Water)

On avait quitté Thrice il y a deux ans, dans une drôle de position. Après deux albums discrets mais très bon, le groupe avait explosé avec l'énorme The Artist In The Ambulance, monument de ce que certains magazines en quête d'étiquettes ont appelé extremo. Et donc, en 2005, ils ont sorti Vheissu, étrange album complexe et difficile à appréhender. Rien n'était simple sur cet album, et on pouvait se demander vers quelle direction allait se diriger le groupe. On a maintenant un début de réponse : pas une, mais quatre directions. The Alchemy Index est en effet un quadruple album, même si rien qu'en parler, c'est déjà complexe.

The Alchemy Index
est un album concept centré sur les quatre élements. Chaque élément aura ses 6 morceaux réunis sur son propre disque, qui sera donc relativement court : on pourrait plutôt parler de quadruple EP. Pour compliquer les choses, le nouveau label du groupe a décidé de séparer la sortie : les volumes 1 et 2 maintenant, les 3 et 4 en avril 2008. Comme c'était le cas pour le dernier System Of A Down (Mezmerize/Hypnotize), il faudra attendre pour pouvoir apprécier l'album dans son entièreté, même si les quatre parties sont clairement séparées. Quand je vous parlais de complexité...


On va donc s'intéresser au feu en premier, et connaissant la puissance sonore et la violence dont le groupe peut faire preuve, on s'attendait à quelques déflagrations, qui manquaient d'ailleurs à Vheissu. Il est frai que The Messenger et The Arsonist sont très solides, flirtant carrément avec le hardcore. Mais Burn The Fleet est presque emo, Backdraft mou, Firebreather trop générique. Flame Deluge est le plus étrange du lot, avec des dynamiques schizophrènes effrayantes. On remarquera, à la seule lecture des titres, que le concept est profond, ce n'était pas simplement monter les amplis pour Fire et chanter dans un baignoire pour Water.


Water, donc, est encore plus étonnant, puisque Thrice montre un visage neuf, utilisant des touches électro qui vont fatalement ouvrir une comparaison avec Radiohead, surtout au niveau du mur du son remplissant l'espace. En fait, on y retrouve six morceaux franchement ennuyeux, malgré de nets efforts d'instrumentation, dont un piano souvent dominant. On sauvera l'instrumental dense Night Diving du lot.


Jusqu'ici, ce n'est pas vraiment terrible. Le concept est bien réalisé, mais pour faire un album, il faut des bons morceaux. On attendra donc la suite, mais vu qu'il est probable que Earth soit acoustique et Air atmosphérique, on peut avoir des doutes. Mais patience, on ne vend pas la peau de l'ours, et tout ça.

Thrice - The Alchemy Index (Volumes 1 & 2 : Fire And Water)

On avait quitté Thrice il y a deux ans, dans une drôle de position. Après deux albums discrets mais très bon, le groupe avait explosé avec l'énorme The Artist In The Ambulance, monument de ce que certains magazines en quête d'étiquettes ont appelé extremo. Et donc, en 2005, ils ont sorti Vheissu, étrange album complexe et difficile à appréhender. Rien n'était simple sur cet album, et on pouvait se demander vers quelle direction allait se diriger le groupe. On a maintenant un début de réponse : pas une, mais quatre directions. The Alchemy Index est en effet un quadruple album, même si rien qu'en parler, c'est déjà complexe.

The Alchemy Index
est un album concept centré sur les quatre élements. Chaque élément aura ses 6 morceaux réunis sur son propre disque, qui sera donc relativement court : on pourrait plutôt parler de quadruple EP. Pour compliquer les choses, le nouveau label du groupe a décidé de séparer la sortie : les volumes 1 et 2 maintenant, les 3 et 4 en avril 2008. Comme c'était le cas pour le dernier System Of A Down (Mezmerize/Hypnotize), il faudra attendre pour pouvoir apprécier l'album dans son entièreté, même si les quatre parties sont clairement séparées. Quand je vous parlais de complexité...


On va donc s'intéresser au feu en premier, et connaissant la puissance sonore et la violence dont le groupe peut faire preuve, on s'attendait à quelques déflagrations, qui manquaient d'ailleurs à Vheissu. Il est frai que The Messenger et The Arsonist sont très solides, flirtant carrément avec le hardcore. Mais Burn The Fleet est presque emo, Backdraft mou, Firebreather trop générique. Flame Deluge est le plus étrange du lot, avec des dynamiques schizophrènes effrayantes. On remarquera, à la seule lecture des titres, que le concept est profond, ce n'était pas simplement monter les amplis pour Fire et chanter dans un baignoire pour Water.


Water, donc, est encore plus étonnant, puisque Thrice montre un visage neuf, utilisant des touches électro qui vont fatalement ouvrir une comparaison avec Radiohead, surtout au niveau du mur du son remplissant l'espace. En fait, on y retrouve six morceaux franchement ennuyeux, malgré de nets efforts d'instrumentation, dont un piano souvent dominant. On sauvera l'instrumental dense Night Diving du lot.


Jusqu'ici, ce n'est pas vraiment terrible. Le concept est bien réalisé, mais pour faire un album, il faut des bons morceaux. On attendra donc la suite, mais vu qu'il est probable que Earth soit acoustique et Air atmosphérique, on peut avoir des doutes. Mais patience, on ne vend pas la peau de l'ours, et tout ça.

mardi 16 octobre 2007

Radiohead – The Bends (1995)

Radiohead.bends.albumart

Radiohead est l'archétype même de l'artiste qui évolue constamment. Peu de groupes, peut-être aucun, ne l'a fait autant et aussi bien. En quatre articles, je vais tenter de décrire ce qu'ils ont fait en une dizaine d'années, pendant lesquelles ils sont devenus l'artiste le plus inspirateur depuis que Robert Johnson a rencontré Satan.

On passera le premier album, Pablo Honey. Il n'est certes pas du tout dénué de qualités, mais il pâtit de la présence de Creep, morceau emblématique et rejeté maintes fois par ses concepteurs. De plus, l'album suivant, The Bends est peut-être le plus grand album à guitares jamais réalisé. C'est d'ailleurs difficile à comprendre, quand on sait que le groupe a quasi eliminé toute guitare de l'album Kid A, mais il faut dire qu'après The Bends, il n'auraient pas pu continuer dans ce style : la perfection ne peut pas être améliorée.

L'album commence doucement, avec Planet Telex tout en délai de guitares, comme un Edge sous stéroïdes, et des couches de claviers, qui ne sont que la première étape de processus de mutation. Comme tous les morceaux de Radiohead, la base basse/guitare est très importante. Versatile, la paire Colin Greenwood/Phil Selway n'a que très peu d'égal, il faut chercher loin pour en trouver (Chancellor/Carey, peut-être). Mais ce sont les guitares qui fount tomber tout le monde. Thom Yorke, Ed O'Brien et Jonny Greenwood y participent tous trois, avec des talents et des rôles différents, Greenwood étant le manipulateur en chef, rôle qui ne fera que s'accroître avec le temps. The Bends, le morceau titre est simplement parfait, et plus loin, les différentes guitares de Just sont admirables, y compris un solo injouable et complètement étrange. Ces deux morceaux, avec le post-grunge Bones, forment l'épine dorsale bruyante de l'album, et en fait les derniers gros morceaux rock jamais composés par le groupe. Comme évoqué plus loin, ils en avaient fait le tour.

Le reste de l'album est remarquable : des morceaux d'une pureté totale comme High And Dry, (Nice Dream) ou Street Spirit (Fade Out) ont forcé la création de trois millions de groupes, dont Coldplay. Merci, les gars... My Iron Lung, qui est en fait sorti en EP pile entre les deux albums, se moque ouvertement du succès de Creep, en reprenant sa base mélodique et en ajoutant des paroles comme "This is the new song / Just like the old one / A total waste of time. Parce que Yorke fait dans l'humour noir, quand on arrive à percer le mystère de textes qui, c'est vrai, sont encore compréhensibles. De même, il chante très bien, et arrive à transporter tout un spectre d'émotions dans un seul couplet. Tout cela va aussi évoluer, on le verra.
 
On parlait de Coldplay tout à l'heure, mais Black Star, vers la fin de l'album, a crée Muse, exactement comme Tomorrow Never Knows a crée la musique électronique. Enfin, Street Spirit (Fade Out), qui clôture l'album, est une des plus belles ballades jamais écrites. Immerse your soul in love... Il faudra attendre douze ans, et le tout nouveau In Rainbows, pour que Radiohead retrouve ce type d'ambiance. Ce qui ne veut pas dire que les quatre albums suivants ne valent rien, bien au contraire : OK Computer sera encore plus important que celui-ci.

The Bends reste un album exceptionnel, d'un groupe exceptionnel. Même si on ne comprend pas, ou si on n'adhère pas à leurs changements de style à venir, la perfection (oui, perfection) de l'album est difficile à nier. C'est un des meilleurs albums jamais réalisés, surtout au point de vue guitaristique.


The Bends

Street Spirit (Fade Out)

dimanche 14 octobre 2007

Radiohead - In Rainbows

On va passer très vite au dessus du contexte qui entoure l'album, pour deux raisons : d'abord, parce qu'on a déjà entendu tout ce qu'il faut savoir, sur Music Box Off et ailleurs, ensuite, et surtout, on parle ici du nouvel album de Radiohead, le premier en quatre ans, et c'est tout ce qui compte maintenant. Première remarque : seulement dix morceaux. On en aura une dizaine de plus lors de la sortie du discbox, début décembre, mais en attendant, on peut trouver ça court, surtout que huit des dix morceaux ont déjà été joués en concerts, et sont donc largement disponibles.

15 Step ouvre l'album, et nous emmène en terrain connu, pour une fois, avec une intro toute en beats. Thom Yorke murmure des paroles cryptiques, mais les premières notes de guitares nous transportent très vite : même si il a fallu passer par Kid A pour arriver là, il n'aurait pas pu s'y trouver. Radiohead est de retour, et avec lui un son inimitable, difficile à décrire : Nigel Godrich et les cinq d'Oxford ont truffé les morceaux de bidouillages sonores en tous genres, sans négliger le silence et l'atmosphère générale, ce qui sépare Radiohead du reste du monde. Bodysnatchers est sans doute le morceau le plus "guitares" depuis OK Computer, évidemment sans y ressembler. sorte de cousin bruyant de The National Anthem (pour la basse), Bodysnatcher rocke, et Thom chante clairement, ce qui manquait, franchement. La batterie de Phil Selway est toujours aussi exceptionnelle de précision, et conduit le morceau vers un final apocalyptique ("I see they're coming!") en passant par un duel de guitares jouissif entre Ed O'Brien et Jonny Greenwood. Enfin, probablement, car avant de les voir en concert, il est difficile de savoir qui fait quoi.

Le premier morceau de magnificence totale arrive juste après. Nude, un vieux morceau prédatant OK Computer et joué quelques fois en concert sous d'autres appellations, dont Big Ideas (Don't Get Any), est tout simplement beau. Beau comme le groupe n'a plus voulu en faire depuis Street Spirit (Fade Out). C'est d'ailleurs une des caractéristiques de bien nommé in Rainbows, peut-être l'album le plus positif du groupe depuis, depuis toujours, en fait. Certains passages sont assez sombres, mais l'impression générale est plus détendue. Surprenant, mais agréable. Nude est gentiment emmené par une basse chantonnante, et des guitares minimalistes avant que des cordes fassent envoler le morceau vers le milieu. Simplement, parfaitement, magnifique, y compris dans la voix : on l'avait oublié, mais Yorke est un très bon chanteur.

On pourrait écrire un paragraphe par morceau, car aussi cohérent puisse-t-il être, No Rainbows peut aussi s'écouter à petites doses. Weird Fishes/Arpeggi exemplifie Radiohead : beats de batterie, basse, guitares légères mais cette fois avec un espace aéré, qui permet au morceau de respirer. Forcément, un album comme ça, ça ne s'enregistre pas en trois minutes dans un garage, mais faut-il encore réussir dans la complexité. Ici, rien à redire.
All I Need est un autre bon exemple du retour de Thom Yorke chanteur, sa voix en crescendo faisant merveille sur une nappe de claviers et une basse qui pulse (Colin Greenwood est, avec son compère Selway, la base de Radiohead, c'est indéniable). Le milieu de l'album est assez posé, comme on l'entend sur Reckoner, ancien morceau complètement retravaillé avec, notamment, l'ajout de percussions. House Of Cards change la donne, et étonne avec son rythme limite reggae, ce qui fait que le morceau est étrangement détendu, et sonne encore moins comme le Radiohead qu'on pensait connaître. Videotape conclut l'album de manière phénoménale, quatre notes de piano qui ont le potentiel de hanter l'esprit de quiconque y prêtera une oreille distraite.

In Rainbows est un grand album. Il n'a pas le potentiel d'innovation de OK Computer ou Kid A, mais il occupe, comme les autres, une place à part dans la discographie du groupe : on ne peut pas dire qu'ils reviennent à un style, ils sont juste Radiohead, poussant encore plus loin leur créativité, après un Hail To The Thief peut-être un poil décevant. On appréciera l'étonnante ambiance positive de l'album, tout en attendant avec impatience les quelques nouveaux morceaux qui restent à entendre. Mais il est peu probable qu'un album surpassera In Rainbows cette année.

Radiohead - In Rainbows

On va passer très vite au dessus du contexte qui entoure l'album, pour deux raisons : d'abord, parce qu'on a déjà entendu tout ce qu'il faut savoir, sur Music Box Off et ailleurs, ensuite, et surtout, on parle ici du nouvel album de Radiohead, le premier en quatre ans, et c'est tout ce qui compte maintenant. Première remarque : seulement dix morceaux. On en aura une dizaine de plus lors de la sortie du discbox, début décembre, mais en attendant, on peut trouver ça court, surtout que huit des dix morceaux ont déjà été joués en concerts, et sont donc largement disponibles.

15 Step ouvre l'album, et nous emmène en terrain connu, pour une fois, avec une intro toute en beats. Thom Yorke murmure des paroles cryptiques, mais les premières notes de guitares nous transportent très vite : même si il a fallu passer par Kid A pour arriver là, il n'aurait pas pu s'y trouver. Radiohead est de retour, et avec lui un son inimitable, difficile à décrire : Nigel Godrich et les cinq d'Oxford ont truffé les morceaux de bidouillages sonores en tous genres, sans négliger le silence et l'atmosphère générale, ce qui sépare Radiohead du reste du monde. Bodysnatchers est sans doute le morceau le plus "guitares" depuis OK Computer, évidemment sans y ressembler. sorte de cousin bruyant de The National Anthem (pour la basse), Bodysnatcher rocke, et Thom chante clairement, ce qui manquait, franchement. La batterie de Phil Selway est toujours aussi exceptionnelle de précision, et conduit le morceau vers un final apocalyptique ("I see they're coming!") en passant par un duel de guitares jouissif entre Ed O'Brien et Jonny Greenwood. Enfin, probablement, car avant de les voir en concert, il est difficile de savoir qui fait quoi.

Le premier morceau de magnificence totale arrive juste après. Nude, un vieux morceau prédatant OK Computer et joué quelques fois en concert sous d'autres appellations, dont Big Ideas (Don't Get Any), est tout simplement beau. Beau comme le groupe n'a plus voulu en faire depuis Street Spirit (Fade Out). C'est d'ailleurs une des caractéristiques de bien nommé in Rainbows, peut-être l'album le plus positif du groupe depuis, depuis toujours, en fait. Certains passages sont assez sombres, mais l'impression générale est plus détendue. Surprenant, mais agréable. Nude est gentiment emmené par une basse chantonnante, et des guitares minimalistes avant que des cordes fassent envoler le morceau vers le milieu. Simplement, parfaitement, magnifique, y compris dans la voix : on l'avait oublié, mais Yorke est un très bon chanteur.

On pourrait écrire un paragraphe par morceau, car aussi cohérent puisse-t-il être, No Rainbows peut aussi s'écouter à petites doses. Weird Fishes/Arpeggi exemplifie Radiohead : beats de batterie, basse, guitares légères mais cette fois avec un espace aéré, qui permet au morceau de respirer. Forcément, un album comme ça, ça ne s'enregistre pas en trois minutes dans un garage, mais faut-il encore réussir dans la complexité. Ici, rien à redire.
All I Need est un autre bon exemple du retour de Thom Yorke chanteur, sa voix en crescendo faisant merveille sur une nappe de claviers et une basse qui pulse (Colin Greenwood est, avec son compère Selway, la base de Radiohead, c'est indéniable). Le milieu de l'album est assez posé, comme on l'entend sur Reckoner, ancien morceau complètement retravaillé avec, notamment, l'ajout de percussions. House Of Cards change la donne, et étonne avec son rythme limite reggae, ce qui fait que le morceau est étrangement détendu, et sonne encore moins comme le Radiohead qu'on pensait connaître. Videotape conclut l'album de manière phénoménale, quatre notes de piano qui ont le potentiel de hanter l'esprit de quiconque y prêtera une oreille distraite.

In Rainbows est un grand album. Il n'a pas le potentiel d'innovation de OK Computer ou Kid A, mais il occupe, comme les autres, une place à part dans la discographie du groupe : on ne peut pas dire qu'ils reviennent à un style, ils sont juste Radiohead, poussant encore plus loin leur créativité, après un Hail To The Thief peut-être un poil décevant. On appréciera l'étonnante ambiance positive de l'album, tout en attendant avec impatience les quelques nouveaux morceaux qui restent à entendre. Mais il est peu probable qu'un album surpassera In Rainbows cette année.

vendredi 12 octobre 2007

Dylan – Dylan

Dylan_album_coverRobert Allen Zimmerman chante depuis plus de quarante-cinq ans. Dans ce laps de temps, il est devenu l'un des artistes le plus importants de la musique contemporaine (oui, c'est vague), et un des plus repris. Qui pense à Dylan en écoutant All Along the Watchtower, voire (horreur) Knockin' On Heaven's Door? Ces deux morceaux, et quarante-neuf autres, sont repris sur cette énorme compilation, au titre adéquat. Attention toutefois : l'album est disponible en plusieurs versions, dont une risible édition dix-huit morceaux. Tant qu'à faire, autant prendre la totale.

Arrangée chronologiquement, la compilation laisse évidemment la part belle au début de carrière du Dylan : le premier disque couvre la période entre 1962 et 67, le second 67-85 et le dernier 85-2006, le but étant de reprendre le plus possible de morceaux importants. De toute façon, le but d'un tel album, et dans une moindre mesure de cet article, n'est pas de résumer Dylan, mais plutôt de faire une sorte d'introduction générale.

Le début est évidemment folk : Dylan, une guitare acoustique et un harmonica. L'album The Freewheelin' Bob Dylan est très bien representé, avec trois morceaux dont l'immense Masters Of War, sans doute la protest song la plus violente jamais écrite. Il faut l'entendre se clôturer avec ces mots terribles "And I'll stand on your grave / Till I'm sure that you're dead" pour tenter de comprendre ce qui animait son auteur, qui, sur A Hard Rain's A-Gonna Fall décrit de manière pittoresque un paysage post-apocalyptique.

Puis, le ton devient plus électrique, et on se souvient de ce très célèbre épisode où, lors d'un concert à Manchester en 1966, un fan cria "Judas" à Dylan, coupable d'avoir échangé son acoustique contre une Strat. Il joua ensuite une version monstrueuse de Like A Rolling Stone, et le rock n roll trouvait une raison d'être supplémentaire. Dylan, constamment à la recherche d'innovation, rajouta sans cesse de nouveaux thèmes et instruments, tout en restant généralement un poète de grand niveau, quand on ne le surprend pas coupable de sexisme primaire.

Ensuite, alors qu'on peut trouver moins d'importance à son oeuvre, et même s'il passe logiquement par quelques moments moins fertiles, Dylan réussit à sortir quelques albums de qualité, continuant seul son chemin vers la légende. Est-ce que cette dernière est en en fait supérieure à l'oeuvre? Peut-être, mais l'Histoire a décidé, et Dylan restera bien plus qu'un musicien.

Masters Of War

 

mercredi 10 octobre 2007

Robert Pollard - Coast To Coast Carpet Of Love & Standard Gargoyle Decisions

Robert Pollard ne peut pas s'empêcher de sortir des albums, mois après mois, années après années. On pouvait peut-être croire que sa décision d'enterrer Guided By Voices allait le calmer, mais non, bien au contraire, car il sort ici ses cinquième et sixième albums de l'année, sous différents alias. On savait qu'il était un adorateur des Who, mais ici, les deux albums sont dédiés à deux facettes de sa personnalité, à savoir ses côtés Beatles et Stones. Concept intéressant, surtout à la sauce Pollard.

Non seulement il est incapable de s'arrêter d'enregistrer, mais il ne sait pas non plus réduire le nombre de morceaux sur ses albums. 33 au total ici, dont peu dépassent, comme d'habitude, les trois minutes. C'est Pollard : on trouve une mélodie, un riff, un truc ou deux, puis on passe vite au suivant. Coast To Coast Carpet Of Love, le disque "Beatles" donc, est plus proche de GbV que l'autre : des pop songs simples, directes, efficaces et peu produites. Le caractère Beatles, comme le Stones du suivant, est à prendre très relativement : mis à part quelques ambiances, comme dans Exactly What Words Mean, on a du mal à vraiment trouver le rapprochement. Il s'agit donc plus d'un état d'esprit qu'une véritable inspiration.

Robert_Pollard_CD_cover
Ceci dit, on pourra sans doute préférer Standard Gargoyle Decisions, où Pollard n'hésite pas à sortir les guitares et les pédales, comme sur Psycho Inertia, par exemple. Il s'amuse aussi, en faisant un peu n'importe quoi avec sa voix, ou en expérimentant en distortions diverses et variées... Il arrive quand même à caler une ballade acoustique terriblement lo-fi à la fin, avant de finir avec sans doute le meilleur morceau du lot, Spider Eyes.

Sans édition, sans trop de réflexion, la logorrhée de Pollard ne semble pas vouloir s'arrêter. Même s'il faut parfois faire le tri, on préfèrera toujours ça à l'arrivée du jour où ce génie pop toujours méconnu se taira.

Robert Pollard - Coast To Coast Carpet Of Love & Standard Gargoyle Decisions

Robert Pollard ne peut pas s'empêcher de sortir des albums, mois après mois, années après années. On pouvait peut-être croire que sa décision d'enterrer Guided By Voices allait le calmer, mais non, bien au contraire, car il sort ici ses cinquième et sixième albums de l'année, sous différents alias. On savait qu'il était un adorateur des Who, mais ici, les deux albums sont dédiés à deux facettes de sa personnalité, à savoir ses côtés Beatles et Stones. Concept intéressant, surtout à la sauce Pollard.

Non seulement il est incapable de s'arrêter d'enregistrer, mais il ne sait pas non plus réduire le nombre de morceaux sur ses albums. 33 au total ici, dont peu dépassent, comme d'habitude, les trois minutes. C'est Pollard : on trouve une mélodie, un riff, un truc ou deux, puis on passe vite au suivant. Coast To Coast Carpet Of Love, le disque "Beatles" donc, est plus proche de GbV que l'autre : des pop songs simples, directes, efficaces et peu produites. Le caractère Beatles, comme le Stones du suivant, est à prendre très relativement : mis à part quelques ambiances, comme dans Exactly What Words Mean, on a du mal à vraiment trouver le rapprochement. Il s'agit donc plus d'un état d'esprit qu'une véritable inspiration.

Robert_Pollard_CD_cover
Ceci dit, on pourra sans doute préférer Standard Gargoyle Decisions, où Pollard n'hésite pas à sortir les guitares et les pédales, comme sur Psycho Inertia, par exemple. Il s'amuse aussi, en faisant un peu n'importe quoi avec sa voix, ou en expérimentant en distortions diverses et variées... Il arrive quand même à caler une ballade acoustique terriblement lo-fi à la fin, avant de finir avec sans doute le meilleur morceau du lot, Spider Eyes.

Sans édition, sans trop de réflexion, la logorrhée de Pollard ne semble pas vouloir s'arrêter. Même s'il faut parfois faire le tri, on préfèrera toujours ça à l'arrivée du jour où ce génie pop toujours méconnu se taira.

samedi 6 octobre 2007

Oceansize - Frames

Fait : Oceansize est un des meilleurs groupes rock du Royaume-Uni. Peut-être le meilleur, avec les autres Mancuniens d'Amplifier. Deux albums, un EP, tous excellents. C'est maintenant l'heure du troisième album, sans trop de pression commerciale. La musique d'Oceansize n'est pas à proprement parler anti-commerciale, mais les morceaux sont longs (de 6"32 à 10"40), sans recherche particulière de refrain. Mais c'est tellement bon. En fait, Frames est proche de la perfection dans ce qu'ils font. tout est extrêmement bien exécuté, chaque instrument prend une place importante, les voix sont bien chantées, et le ton reste poignant, malgré que la musique peut sembler fort technique.

Commemorative 9/11 T-Shirt entame l'album par un long motif guitare/piano, avec que chaque instrument rentre dans la danse, dont la voix, après 3 minutes 30. Difficile de faire mieux, et au moins aussi difficile de mettre des mots sur quelque chose qui doit être écouté, vécu. Si on soit trouver un point de comparaison, on peut penser à Mogwai. Comme les Écossais, Oceansize aime abuser des effets et des variations de volume ; mais eux le font de manière plus progressive, moins brusque, mais au final, tout aussi puissamment. Unfamiliar est là pour le prouver. Oceansize accorde aussi beaucoup d'importance au chant : Only Twin en est d'autant plus chargée émotionnellement; ainsi qu'aux petits trucs musicaux qui font varier et évoluer les morceaux, comme le double bass drum à la fin de Trail Of Fire ou les cordes de Savant, qui lui confèrent un sentiment classique, presque intemporel.

La fin de l'album apporte encore plus de variété, avec l'instrumental expérimental An Old Friend Of The Christies, le schizophrène Sleeping Dogs And Dead Lions (batterie drum and bass, hurlements à la Deftones) ou enfin Frame, un des rares morceaux qui peut être qualifié non péjorativement d'emo.

Alors, que dire d'un tel album? Le groupe s'est peut-être enfermé dans un style musical très personnel, qui ne laisse que peu de place à l'accessibilité. Mais il est tellement bien fait, aussi bien techniquement qu'émotionnellement, qu'on ne peut que l'admirer.

Oceansize - Frames

Fait : Oceansize est un des meilleurs groupes rock du Royaume-Uni. Peut-être le meilleur, avec les autres Mancuniens d'Amplifier. Deux albums, un EP, tous excellents. C'est maintenant l'heure du troisième album, sans trop de pression commerciale. La musique d'Oceansize n'est pas à proprement parler anti-commerciale, mais les morceaux sont longs (de 6"32 à 10"40), sans recherche particulière de refrain. Mais c'est tellement bon. En fait, Frames est proche de la perfection dans ce qu'ils font. tout est extrêmement bien exécuté, chaque instrument prend une place importante, les voix sont bien chantées, et le ton reste poignant, malgré que la musique peut sembler fort technique.

Commemorative 9/11 T-Shirt entame l'album par un long motif guitare/piano, avec que chaque instrument rentre dans la danse, dont la voix, après 3 minutes 30. Difficile de faire mieux, et au moins aussi difficile de mettre des mots sur quelque chose qui doit être écouté, vécu. Si on soit trouver un point de comparaison, on peut penser à Mogwai. Comme les Écossais, Oceansize aime abuser des effets et des variations de volume ; mais eux le font de manière plus progressive, moins brusque, mais au final, tout aussi puissamment. Unfamiliar est là pour le prouver. Oceansize accorde aussi beaucoup d'importance au chant : Only Twin en est d'autant plus chargée émotionnellement; ainsi qu'aux petits trucs musicaux qui font varier et évoluer les morceaux, comme le double bass drum à la fin de Trail Of Fire ou les cordes de Savant, qui lui confèrent un sentiment classique, presque intemporel.

La fin de l'album apporte encore plus de variété, avec l'instrumental expérimental An Old Friend Of The Christies, le schizophrène Sleeping Dogs And Dead Lions (batterie drum and bass, hurlements à la Deftones) ou enfin Frame, un des rares morceaux qui peut être qualifié non péjorativement d'emo.

Alors, que dire d'un tel album? Le groupe s'est peut-être enfermé dans un style musical très personnel, qui ne laisse que peu de place à l'accessibilité. Mais il est tellement bien fait, aussi bien techniquement qu'émotionnellement, qu'on ne peut que l'admirer.

vendredi 5 octobre 2007

Joy Division – Unknown Pleasures (1979)

UnknownpleasuresAlors qu'on approche le trentième anniversaire du premier album de Joy Division, différents événements nous évoquent le groupe. La sortie du film Control, réalisé par Anton Corbijn, mais aussi la mort de Tony Wilson, le légendaire propriétaire de Factory Records et celui qui a découvert et popularisé Joy Division. Ces raisons sont amplement suffisantes pour se plonger dans un groupe exceptionnel, qui influence toujours des tonnes de groupes, notamment Interpol ou Editors.

Joy Division, c'est surtout Ian Curtis, génie disparu trop tôt, comme souvent. Il s'est pendu à 24 ans, d'une manière tristement prévisible. La musique, et les textes de Curtis n'étaient pas très marrants, et ont fini par être prophétiques. Unknown Pleasures, premier des deux albums du groupe, est sombre, glacial, romantique et mélancolique.

Ce n'est même pas la peine d'isoler un morceau, tant c'est l'ensemble qui est important, qui est impressionnant. La batterie métronymique et truffée de reverb, la basse lead de Peter Hook et les coups secs et brusques de la guitare de Bernard Sumner ont été fabuleusement mis en valeur par le producteur Martin Hannett, qui a créé une atmosphère tellement désagréable qu'elle en devient attirante. La voix de Curtis plane au dessus de tout cela, comme un Jim Morrison conscient de sa propre mortalité. Il suffit d'écouter la fin de Day Of The Lords, avec Curtis qui répète "Where will it end?" sans fin. Curtis, qui à une vingtaine d'années, était déjà capable d'écrire une terrible réflexion sur la vieillesse, le temps qui passe : Insight.

L'intensité ne diminue jamais, que dire de New Dawn Fades, de She's Lost Control (avec un intro électro en avance sur son temps), du caverneux Shadowplay. Le final enfonce le clou, si l'on peut dire : I Remember Nothing, 6 minutes puissantes, pleines de vie, de mort, de tout ce qu'il y a entre les deux. On dit souvent que certains albums peuvent changer une vie, ce qui est généralement ridicule, ou alors, ça prouve que la vie en question ne valait pas grand chose. Unknown Pleasures a changé des vies, et va encore continuer à le faire.


Interzone

mardi 2 octobre 2007

Babyshambles - Shotter's Nation

Pete Doherty est toujours là. Pour payer son crack, pour assurer sa légende, l'un ou/et l'autre. Shotter's Nation est vu comme son retour en force, sa première déclaration publique post-Kate Moss, post-30% de la surface totale des tabloïds. Il est vrai qu'il a cette fois opté pour un vrai producteur (Stephen Street remplaçant le navrant Mick Jones) et raccourci l'album : 20 minutes en moins que Down In Albion, et 100% en moins de reggaeman taulard.

De fait, le son est très différent. Le groupe joue en même temps, et en rythme, rien de moins. Bon, Doherty ne sait toujours pas trop chanter, mais cela n'a pas empêché le grand frère Gallagher de sortir quelques hits. De plus, j'aimerais vous y voir, chanter avec la capacité pulmonaire de Doherty. Delivery, single et premier grand moment de l'album, sort tout droit de l'héritage pop anglais, avec une intro très Jam, et des paroles explicitant l'optique prise par Doherty ("This song might deliver me / From the harshness of misery"). Shotter's Nation permet aussi d'enfin prouver le fait qu'il est capable d'écrire de grandes et belles mélodies, comme Unbilotitled ou Unstookietitled.

Maintenant, même si l'album est amplement supérieur à son prédécesseur, on peu quand même froncer les sourcils à quelques reprises : les paroles de Doherty ressemblent plus au journal intime d'un trentenaire râleur qu'à la poésie dont il nous avait habitué, et son groupe, même si Street le maîtrise bien, n'est pas aussi bon que The Libertines, où la section rythmique était impeccable. Heureusement, Doherty a soigné ses compositions, ce qui permet de ne pas trop s'ennuyer : le sentiment de similitude craint n'arrive pas, grâce notamment à quelques éclairs de génie. Dans cette catégorie, on peut retrouver les passages pied au plancher de Side Of The Road, le très serré Crumb Begging, le jazzy There She Goes ou la ligne de basse Motown funky de French Dog Blues, malheureusement à la recherche du morceau qui va avec, problème récurrent d'un disque encore trop égocentrique.

Bert Jansch contribue au dernier morceau, superbe complainte acoustique qui conclut un album encourageant, même si encore clairement imparfait. Alors, qu'attendre de Doherty? Si on tient cet album en compte, difficile à dire. Il a prouvé qu'il savait faire mieux que Down In Albion, mais pas beaucoup mieux, en tout cas pas au point de justifier sa réputation. Il faut se rendre à l'évidence : le premier album des Libertines ne sera pas égalé, ni par Doherty, ni par Dirty Pretty Things. Une reformation, sans doute tôt ou tard inévitable, fera peut-être l'affaire, mais on peut en douter. Allez, did you see the stylish kids in the riot...

Babyshambles - Shotter's Nation

Pete Doherty est toujours là. Pour payer son crack, pour assurer sa légende, l'un ou/et l'autre. Shotter's Nation est vu comme son retour en force, sa première déclaration publique post-Kate Moss, post-30% de la surface totale des tabloïds. Il est vrai qu'il a cette fois opté pour un vrai producteur (Stephen Street remplaçant le navrant Mick Jones) et raccourci l'album : 20 minutes en moins que Down In Albion, et 100% en moins de reggaeman taulard.

De fait, le son est très différent. Le groupe joue en même temps, et en rythme, rien de moins. Bon, Doherty ne sait toujours pas trop chanter, mais cela n'a pas empêché le grand frère Gallagher de sortir quelques hits. De plus, j'aimerais vous y voir, chanter avec la capacité pulmonaire de Doherty. Delivery, single et premier grand moment de l'album, sort tout droit de l'héritage pop anglais, avec une intro très Jam, et des paroles explicitant l'optique prise par Doherty ("This song might deliver me / From the harshness of misery"). Shotter's Nation permet aussi d'enfin prouver le fait qu'il est capable d'écrire de grandes et belles mélodies, comme Unbilotitled ou Unstookietitled.

Maintenant, même si l'album est amplement supérieur à son prédécesseur, on peu quand même froncer les sourcils à quelques reprises : les paroles de Doherty ressemblent plus au journal intime d'un trentenaire râleur qu'à la poésie dont il nous avait habitué, et son groupe, même si Street le maîtrise bien, n'est pas aussi bon que The Libertines, où la section rythmique était impeccable. Heureusement, Doherty a soigné ses compositions, ce qui permet de ne pas trop s'ennuyer : le sentiment de similitude craint n'arrive pas, grâce notamment à quelques éclairs de génie. Dans cette catégorie, on peut retrouver les passages pied au plancher de Side Of The Road, le très serré Crumb Begging, le jazzy There She Goes ou la ligne de basse Motown funky de French Dog Blues, malheureusement à la recherche du morceau qui va avec, problème récurrent d'un disque encore trop égocentrique.

Bert Jansch contribue au dernier morceau, superbe complainte acoustique qui conclut un album encourageant, même si encore clairement imparfait. Alors, qu'attendre de Doherty? Si on tient cet album en compte, difficile à dire. Il a prouvé qu'il savait faire mieux que Down In Albion, mais pas beaucoup mieux, en tout cas pas au point de justifier sa réputation. Il faut se rendre à l'évidence : le premier album des Libertines ne sera pas égalé, ni par Doherty, ni par Dirty Pretty Things. Une reformation, sans doute tôt ou tard inévitable, fera peut-être l'affaire, mais on peut en douter. Allez, did you see the stylish kids in the riot...