samedi 31 octobre 2009

Idlewild - Post Electric Blues

A chaque nouvel album d'Idlewild, la même rengaine. On attend, espère, une sorte de retour, non pas spécialement aux tout débuts punkoïdes, mais au moins à quelque chose d'aussi bon que le fantastique 100 Broken Windows, un des meilleurs albums UK de la décennie. Mais bien sûr, cela n'arrive jamais. Pour deux probables raisons : d'abord, parce que le groupe n'a pas la moindre envie de retourner dans le passé, et préfère explorer d'autres voies. Ensuite, malheureusement, parce que les nouveaux morceaux sont simplement moins pertinents. Et donc, à chaque fois, c'est la même chose. On écoute, sans être vraiment déçu : ce n'est jamais mauvais. Mais on se demande pourquoi on se remettrait à écouter l'album plus que les trois-quatre écoutes juste après sa sortie.

Ce qui est parfois dommage : Younger Than America voit une fois de plus Roddy Woomble adopter son ton de Michael Stipe des Highlands, cette fois aidé par un violon subtil et la voix de Heidi Talbot alors que Readers and Writers ajoute une trompette et un glockenspiel pour en faire un morceau au rythme étonnant. Un peu de nouveauté, mais rien de vraiment phénoménal. City Hall reste dans le registre alt-rock (trop) habituel, alors que quelques morceaux révèlent le côté plus folk du groupe.

Hélas, le milieu de l'album est franchement dispensable, ce qui réduit Post Electric Blues à quelques morceaux sympathiques, mais qui n'essaient même pas d'atteindre la brillance passée. Une fois de plus. Un album à écouter quelques fois, et puis à oublier. 100 Broken Windows, Hope is Important et même The Remote Part restent, quant à eux, indispensables.

Idlewild - Post Electric Blues

A chaque nouvel album d'Idlewild, la même rengaine. On attend, espère, une sorte de retour, non pas spécialement aux tout débuts punkoïdes, mais au moins à quelque chose d'aussi bon que le fantastique 100 Broken Windows, un des meilleurs albums UK de la décennie. Mais bien sûr, cela n'arrive jamais. Pour deux probables raisons : d'abord, parce que le groupe n'a pas la moindre envie de retourner dans le passé, et préfère explorer d'autres voies. Ensuite, malheureusement, parce que les nouveaux morceaux sont simplement moins pertinents. Et donc, à chaque fois, c'est la même chose. On écoute, sans être vraiment déçu : ce n'est jamais mauvais. Mais on se demande pourquoi on se remettrait à écouter l'album plus que les trois-quatre écoutes juste après sa sortie.

Ce qui est parfois dommage : Younger Than America voit une fois de plus Roddy Woomble adopter son ton de Michael Stipe des Highlands, cette fois aidé par un violon subtil et la voix de Heidi Talbot alors que Readers and Writers ajoute une trompette et un glockenspiel pour en faire un morceau au rythme étonnant. Un peu de nouveauté, mais rien de vraiment phénoménal. City Hall reste dans le registre alt-rock (trop) habituel, alors que quelques morceaux révèlent le côté plus folk du groupe.

Hélas, le milieu de l'album est franchement dispensable, ce qui réduit Post Electric Blues à quelques morceaux sympathiques, mais qui n'essaient même pas d'atteindre la brillance passée. Une fois de plus. Un album à écouter quelques fois, et puis à oublier. 100 Broken Windows, Hope is Important et même The Remote Part restent, quant à eux, indispensables.

mercredi 28 octobre 2009

R.E.M. – Live at the Olympia

Alors que R.E.M. travaillait sur leur dernier album, , ils ont eu l'excellente idée de passer cinq jours à l'Olympia de Dublin, pour tester les nouveaux morceaux. Ce double album (2h30) reprend l'intégralité (dans un ordre relativement aléatoire) des morceaux joués lors des cinq dates, et est un énorme cadeau aux fans qui suivent le groupe de 1982 à nos jours. Il est fort différent des concerts "classiques" du groupe : quasi aucun hit, aucun single. A part (et encore!) Drive ou Electrolite, on peut parier que ceux qui ne connaissent R.E.M. que via les singles, vidéos et best of n'auront aucune idée de ce qui se passe ici. Le groupe a joué 39 morceaux différents en 5 dates, morceaux qui se répartissent sur toute leur carrière avec notamment quatre des cinq extraits de leur premier EP, Chronic Town. Entendre ces morceaux en live est une expérience unique et intéressante : certainement pour le fan, qui n'a que rarement eu l'occasion de la vivre, mais aussi pour ceux qui connaissent moins R.E.M. : comme c'est souvent le cas chez les grands groupes, les morceaux connus (très connus) sont rarement les meilleurs.

En ce qui concerne les nouveaux morceaux, presque tout Accelerate a été joué, et les commentaires de Michael Stipe indiquent qu'ils étaient toujours en plein travail : Man-Sized Wreath est introduit comme un morceau "qui ne sera pas sur l'album" (il le sera) alors que On The Fly, un des préférés de Stipe, ne le sera pas. On the Fly est d'ailleurs un des deux inédits de l'album, l'autre étant le sympathique Staring Down The Barrel of the Middle Distance.

Long et parfois obscur, Live at the Olympia est une excellent album live, et surtout un concept fantastique qui donne vraiment, vraiment envie d'être fan du groupe. Quelle bouffée d'air frais par rapport à ces groupes à la setlist quasi inchangée et aux tournées mégalostupides.

R.E.M. - Live at the Olympia

Alors que R.E.M. travaillait sur leur dernier album, , ils ont eu l'excellente idée de passer cinq jours à l'Olympia de Dublin, pour tester les nouveaux morceaux. Ce double album (2h30) reprend l'intégralité (dans un ordre relativement aléatoire) des morceaux joués lors des cinq dates, et est un énorme cadeau aux fans qui suivent le groupe de 1982 à nos jours. Il est fort différent des concerts "classiques" du groupe : quasi aucun hit, aucun single. A part (et encore!) Drive ou Electrolite, on peut parier que ceux qui ne connaissent R.E.M. que via les singles, vidéos et best of n'auront aucune idée de ce qui se passe ici. Le groupe a joué 39 morceaux différents en 5 dates, morceaux qui se répartissent sur toute leur carrière avec notamment quatre des cinq extraits de leur premier EP, Chronic Town. Entendre ces morceaux en live est une expérience unique et intéressante : certainement pour le fan, qui n'a que rarement eu l'occasion de la vivre, mais aussi pour ceux qui connaissent moins R.E.M. : comme c'est souvent le cas chez les grands groupes, les morceaux connus (très connus) sont rarement les meilleurs.

En ce qui concerne les nouveaux morceaux, presque tout Accelerate a été joué, et les commentaires de Michael Stipe indiquent qu'ils étaient toujours en plein travail : Man-Sized Wreath est introduit comme un morceau "qui ne sera pas sur l'album" (il le sera) alors que On The Fly, un des préférés de Stipe, ne le sera pas. On the Fly est d'ailleurs un des deux inédits de l'album, l'autre étant le sympathique Staring Down The Barrel of the Middle Distance.

Long et parfois obscur, Live at the Olympia est une excellent album live, et surtout un concept fantastique qui donne vraiment, vraiment envie d'être fan du groupe. Quelle bouffée d'air frais par rapport à ces groupes à la setlist quasi inchangée et aux tournées mégalostupides.

dimanche 25 octobre 2009

The Beatles Remasters : Stereo Vs Mono

En 2009, on ne se pose pas de questions. Á l'époque du Blu-Ray, du 7.1 et de Pro-Tools, il semble totalement évident que le son stéréo est préférable. Figurez-vous qu'en 1963, c'était exactement le contraire. Dans les cas des Beatles, le Fab Four et George Martin eux-mêmes supervisaient le mixage mono, et laissaient le stéréo aux ingénieurs du son anonymes. Le stéréo, a l'époque, était un marché de niche pour la musique pop, et n'intéressait pas grand monde. En fait, les quatre premiers albums n'étaient carrément jamais sortis en stéréo.

Les années passent, et l'équipement stéréo des acheteurs de disques s'améliore très rapidement. Vers la fin de la carrière des Beatles, c'est carrément le contraire qui se passa : Abbey Road et Let It Be n'ont pas de version mono, et celle de Yellow Submarine est juste la stéréo mal trafiquée pour répondre au peu de demande qu'il restait à l'époque. Entre ces deux extrêmes, deux versions de chaque album sortaient plus ou moins systématiquement. Ce n'est donc pas toujours facile de s'y retrouver, surtout que les deux cd de 87 (Help! et Rubber Soul) ont bénéficié (?) d'un nouveau mix stéréo par George Martin.

Heureusement, les remasters permettent d'y voir plus clair, vu que deux sets comprennent les albums mono d'une part (avec les deux mix stéréo originaux des deux albums précités et une compilation, Mono Masters, des morceaux mono hors albums) et stéréo d'autre part. Comme évoqué plus tôt, les quatre premiers albums font leur début en stéréo, alors que les autres existaient déjà, sans l'extraordinaire travail de remasterisation, bien sûr. Enfin, les albums vendus individuellement sont les versions stéréo.




Le box set stereo




Donc, c'est assez simple. Oui, mais non. On peut se poser la question : mais alors, à quoi servent les mono? Un indice rend cette question vraiment intrigante : même si le boxset mono comprend trois albums de moins, il coûte une quarantaine d'euros de plus. Ce qui est justifié par le travail supplémentaire qu'ont nécéssité ces versions. Mais pourquoi, en 2009, accorder tant d'importance à un système sonore suranné?

Deux raisons : non seulement les Beatles eux-même préconisaient la version mono (pour les dix premiers albums), mais en plus, elle est dite meilleure. Comme je l'évoque dans le premier paragraphe, les versions stéréo ne bénéficiaient pas du même soin que les mono. Vu que la remasterisation n'est pas (heureusement) un remixage, cet aspect-là est toujours présent dans les remasters. Certains morceaux sont même difficiles à écouter en stéréo, car la voix, ou parfois un instrument, passe de droite à gauche sans prévenir, ou disparaît pendant deux minutes avant de revenir, sans raison apparente. Lors d'une écoute attentive au casque, par exemple, les stéréo peuvent carrément être assourdissantes.


Et le mono




Mais attention : le "problème" ne concerne pas tous les albums, et plus le temps passe, plus le mixage stéréo s'améliore. De même, une écoute plus passive, ou dans un contexte ouvert (voiture, chaîne hi-fi) reste tout à fait satisfaisante. De même, le mix stéréo est souvent plus précis, surtout au niveau de la basse : les fans de Macca s'en délecteront. On regrettera toutefois qu'EMI n'ait pas laissé le choix, vu que les albums mono ne sont disponible qu'en boxset chérot, et limité de surcroît. Le marketing garde les pleins pouvoirs, et une fois de plus, on s'étonnera des téléchargements illégaux, surtout que le catalogue des Beatles n'est toujours pas disponible online, ni à la vente, ni en streaming.

Memoria - A Tribute to the Alternative 90s

Memoria - A Tribute to the Alternative 90s

vendredi 16 octobre 2009

Les paroles de Backspacer (Pearl Jam)

En presque vingt ans de carrière, il semble évident de dire que les paroles de Pearl Jam sont généralement lourdes de sens. Pour ne reprendre qu'un exemple par album, Pearl Jam (principalement son chanteur Eddie Vedder) a évoqué l'inceste (Alive), les armes aux USA (Glorified G), une réflexion sur la mort (Immortality), sur la célébrité et son refus (In My Tree), la théorie de l'évolution (Do The Evolution), la tuerie de l'école de Columbine (Rival), l'avidité de notre société (Green Disease) ou encore les réservistes de l'armée US (Army Reserve). Bien sûr, certains de leurs morceaux sont différents, mais PJ n'est pas connu pour sa légèreté, et cela ne s'est pas arrangé avec le temps : Riot Act était le premier album majeur parlant avec un certain recul du 11-Septembre alors que les morceaux de Pearl Jam avaient souvent un titre qui parlait de lui-même, comme Worldwide Suicide, Life Wasted, Comatose, Severed Hand. Leur nouvel opus, Backspacer, est leur album le plus court et, dit-on, le plus optimiste. Eddie Vedder, qui a écrit l'entièreté des paroles, s'est concentré sur quelques thèmes qui lui sont chers, et qui apparaissent souvent de manière récurrente ici, ce qui n'empêche pas quelques surprises.





Vedder a commencé par raconter des histoires assez glauques, parsemées de malheurs et tristesses en tout genre. On retiendra évidemment la trilogie Mamasan, racontant l'histoire d'un garçon se faisant abuser sexuellement par sa mère (Alive), avant de devenir un tueur (Once) et d'attendre la fin dans le couloir de la mort (Footsteps). Jeremy tente de décrire ce qui est passé par la tête d'un gosse qui s'est suicidé en classe alors que Black est une chanson d'amour contrarié de plus, mais quelle chanson. Au fur et à mesure, Vedder élargira ses horizons, en étant notamment plus personnel (Animal, Rearviewmirror, Blood) ou justement plus général (Indifference, Leash). Il se lancera aussi dans l'engagement politique (Dissident, W.M.A) et attirera l'attention de critiques féministes par son étonnante capacité à se mettre dans la peau du sexe opposé (Daughter, Betterman). Enfin, on ne peut pas parler des textes de Vedder sans évoquer la mer. Surfeur avide, Vedder parsème ses textes de références aux vagues, notamment comme source de changement (Oceans) ou comme motivation (Release).

Le succès immense que connaîtra Pearl Jam va aussi lui inspirer quelques réflexions, la majorité se trouvant sur ce qui est sans doute leur album le plus radical, Vitalogy. On a souvent tendance à tracer une ligne entre cet album et le suivant, No Code. Même s'il n'y a pas vraiment de cassure, No Code marque le moment où Pearl Jam a pris conscience du concept de liberté artistique, et a pu sortir des albums sans trop s'inquiéter de leurs chiffres de vente (le but de cet article n'est pas de se demander si cela a changé ou pas). De même, les textes sont peut-être aussi moins marquants, Vedder ne ressentant peut-être plus le besoin de marquer les esprits. C'est aussi à partir de No Code qu'il laissa ses bandmates écrire quelques textes, parfois avec brio (Rival, Gods Dice, Nothing As It Seems, Inside Job).

Comme évoqué plus tôt, Riot Act et Pearl Jam sont sombres, tout comme les textes de Vedder. Paradoxalement (ou pas?) c'est aussi dans ces deux albums qu'il osa parler d'amour, comme s'il se sentait libéré de certaines contraintes. Etre lui-même amoureux a sans doute aussi aidé. Et comme les premiers pas d'un amoureux, Vedder a parfois pêché par maladresse. Un sujet si grave que la mort de neuf fans pendant un concert (Roskilde 2000) méritait un autre titre que Love Boat Captain, et des métaphores un peu plus légères (un bateau n'a pas de rênes). L'important était toutefois là : l'amour comme force qui guide l'être humain dans la tempête. Ce thème allait devenir récurrent chez Vedder, et empreindre virtuellement chaque morceau de Backspacer. Un autre thème récurrent, lié à l'amour, est celui du carpe diem. Le premier single de Riot Act, I Am Mine, l'explicite très bien : "I know I am born, and I know that I'll die / The in between is mine".

Pearl Jam, dit "Avocado", est aussi assez chargé en thèmes sombres, comme déjà évoqué plus haut. Hélas, ces idées sont parfois évoquées de manière peu subtile, comme sur l'assez lourdaud Come Back. Mais les rayons de soleil viennent surtout de Parachutes ("What a difference had I not found this love with you", de Big Wave (au texte aussi explicite que le titre) ou de Inside Job, dont le texte motivant est écrit par le guitariste Mike McCready, une première pour le groupe.

Ce qui nous amène à Backspacer. Effectivement concis, l'album est une photographie précise de l'état d'esprit actuel du groupe, et donc, bien sûr, de son parolier. Gonna See My Friends introduit le thème principal des textes de Backspacer : la mort. Ou plutôt la conscience de la mortalité. C'est véritablement une obsession : Gonna See My Friends est ponctué de images s'y référant. "I wanna shake this pain before I retire", "won't be long before we all walk off the wire" et surtout "wanna leave it all, wanna give it up, wanna see it, gone once and for all." Faire une interprétation définitive d'une oeuvre artistique est aussi dangereux qu'inutile, mais il n'est pas impossible que le morceau parle de suicide. Mais l'autre face de la même pièce indiquerait plutôt l'envie de faire le plus possible, de saisir sa vie au maximum avant qu'elle se termine. Carpe diem, donc.

Les deux morceaux suivants partagent une caractéristique déjà vue auparavant : on pense rapidement qu'elles parlent de drogue, mais ce n'est pas (directement) le cas. Voyez-vous, au début de Vitalogy, on a Spin The Black Circle, un des morceaux les plus hard du groupe, qui leur a d'ailleurs valu un Grammy pour meilleure performance hard rock. Spin The Black Circle, comme son nom l'indique, est une ode au vinyl, mais écrite à l'aide de métaphores qu'on pourrait retrouver dans un morceau parlant d'héroïne. "See this needle, see my hand... drop, drop dropping it down" ou encore "You're so warm, the ritual, when I lay down your crooked arm". Franchement évident, mais quelques mois après le suicide de Kurt Cobain, on cherchait des indices un peu partout.

Got Some et The Fixer rentrent dans cette catégorie, et on le sait rien qu'en lisant les titres. Gonna See My Friends pourrait peut-être s'y retrouver aussi, d'ailleurs. Mais Got Some est clairement une métaphore "drogue", même si ce que le héros du texte veut offrir est tout autre : il semble offrir l'espoir et l'encouragement. Cependant, le texte est plutôt écrit de manière rythmique, ce qui permet à Vedder d'exceller dans la diction d'un morceau rapide et enlevé, un des meilleurs de l'album. The Fixer pourrait aussi être celui qui apporte la seringue, mais non, c'est celui qui règle les problèmes. Le texte est écrit sous une structure figée, et sans refrain. Le fixer en question pourrait être Vedder lui-même, ou une personnalité hors du commun qui a le pouvoir d'améliorer la vie des gens. Bien sûr, ce pourrait être aussi l'omniprésent Barack Obama. Ici non plus, la mort n'est pas loin : les trois derniers vers sont "I'll dig your grave, we'll dance and sing, what say, could be our last lifetime". J'ai parlé de carpe diem auparavant?

Heureusement, Pearl Jam (et le producteur Brendan O'Brien) ont la bonne idée de varier les plaisirs. Johnny Guitar en est un, de plaisir. Vedder raconte l'histoire, avec un phrasé assez original, d'un amoureux transi qui n'arrivera jamais a conquérir sa belle, car elle est elle-même énamourée du beau Johnny Guitar. Vedder n'a jamais été aussi coquin, lorsqu'il parle d'une chaleur qu'il (le héros) aimerait apercevoir en dessous d'une robe rouge... Interlude de taille dans un album nettement plus chargé que prévu, Johnny Guitar cède sa place au premier des deux morceaux (presque) solo Vedder, Just Breathe.

Clairement inspiré de son travail pour le film Into The Wild, Just Breathe est, selon lui sans aucune honte, sa première vraie chanson d'amour. Ses sentiments sont là ("I'm a lucky man, to count on both hands, the ones I love") mais sont parfois retranscrits de manière décevante ("some folks just have one, others they got none"). Cependant, il est difficile de nier la puissance romantique du morceau, avec un refrain autoflagellant mais rédempteur. La grande faucheuse plane aussi sur Just Breathe, au début ("Yes I understand that every life must end") et à la fin ("Hold me till I die, see you on the other side"). Pas la peine d'enfoncer le clou, si vous êtes toujours en train de lire, vous avez compris.

Mais quand on y pense, Backspacer n'a pas encore parlé de vagues. Amongst The Waves est là pour le rappeler, même si le morceau ne parle pas ouvertement de surf, comme on aurait pu le croire. Vedder ne s'est pas vraiment surpassé sur le début du texte ("reservoir", "undertow", déjà vu), mais réussit forcément à caler une référence "qui tue" ("I can feel like I put away my early grave", carpe machin) tout en mentionnant la théorie de l'évolution. L'amour sauve encore ("if not for love, I would be drowning") mais c'est surtout l'hommage aux grandes gueules qui est touchant : "Gotta say it now, better loud, than too late". Sans doute un des meilleurs jeux de mots écrits par EV. Unthought Known est plus abstrait, mais tourne aussi autour de l'idée de l'amour comme force positive.

Comme Johnny Guitar auparavant, Supersonic est placé pour un peu détendre l'atmosphère. Rapide et simple, le morceau est très positif et continue le thème du carpe diem : "I wanna live my life with the volume full". Mais ce n'est évidemment pas là-dessus qu'on doit s'attendre à quelques fulgurances de Vedder. Le trio de clôture est intéressant à plus d'un titre. Speed of Sound est une réflexion sur le passé (le titre Backspacer en est d'ailleurs une référence directe) mais cette fois, empreinte de négativité : "waiting on a sun that just don't come", "can I forgive what I can't forget and live a lie", "waiting on a word that just don't come". Totalement à l'opposé du positivisme du reste de l'album, Speed of Sound surprend, mais devient nettement plus logique à l'écoute du dernier morceau ; nous y reviendrons. Force of Nature est fidèle a son titre, et voit Vedder aligner une série d'images et de métaphores sur, évidemment, le thème de l'eau. Plus précisément, il compare la femme à un bateau (en anglais, on parle d'un bateau au féminin, "one man stands alone, waiting for her to come home"), attendu patiemment par l'homme (qui lui, est un phare). Il est possible que les images de vents puissants ("gale force shaking windows in the storm") soient liés à des troubles dans une relation. "Somewhere there's a siren singing a song only he hears," la question est de savoir qui est cette sirène... Mais l'homme semble têtu, et toujours amoureux : "Is it so wrong to think that love can keep us safe". Ambigu, et très intéressant dans le contexte de Speed of Sound, et surtout du morceau de clôture, The End.

The End est un morceau à part dans la discographie du groupe, car Vedder semble être le seul membre du groupe à jouer dessus. Pourtant, ce n'est pas son Yesterday, bien que là aussi, on parle d'une histoire d'amour (peut-être la suite de Speed of Sound, voire de Force of Nature) qui finit mal. Comme toujours, il est dangereux de vouloir disséquer un texte à outrance, et celui-ci est assez explicite, je ne m'y attarderai donc pas en détail. Mais c'est peut-être le morceau le plus triste du catalogue du groupe, et il détruit totalement les thèmes d'amour, d'espoir et de vie qui dominaient jusque là Backspacer. On regrettera que Vedder utilise la même image que sur Just Breathe ("I'm just a human being"), mais la fin, poignante, se suffit à elle-même : "My dear, the end is near, I'm here, but not much longer". Et le morceau se termine sur cette dernière syllabe, terriblement accompagnée d'une profonde inspiration. Mort, suicide, départ, je vous laisse juge.

Backspacer est un album obsédé par la mort, et donc par la vie, et la conscience de sa propre mortalité. On pourrait facilement faire de la psychologie du dimanche et, par exemple, dire que Vedder écrit de manière plus réflexive depuis qu'il est (double) père de famille, mais je ne prétends pas suffisamment connaître sa personnalité pour le faire. Il semble clair, après quelques écoutes attentives, que ce n'est pas du tout l'album stupidement optimiste qu'on aurait pu penser, même si le début de l'album abonde dans ce sens. Mais les trois derniers morceaux montrent que Vedder ne peut pas vraiment s'empêcher de broyer du noir, et finalement, tant mieux : c'est lui qui écrit, et il écrit ce qu'il veut. On pourra (et on l'a fait) disserter sans fin sur la qualité de l'album "complet", avec les musiques, mais les textes sont, comme toujours chez Pearl Jam/Vedder, suffisamment riches pour mériter qu'on en parle longuement.

vendredi 9 octobre 2009

The Beatles – Past Masters Vol. 1 (1988)

Histoire de terminer ce qu'on a souvent tendant à appeler la première moitié de la carrière des Beatles, j'ai choisi de couper en deux le double Past Masters, qui était d'ailleurs disponible pré-remaster en deux volumes. Le concept Past Masters est simple : ce sont tous les morceaux des Beatles sortis en face B de single, ou en EP, mais pas en album. Ils ont été compilés pour la sortie cd de 1988, et sont donc évidemment remastérisés ici. Comme toute compilation de face B, on retrouve du dispensable, mais comme, à l'époque, les singles (45 tours) se retrouvaient rarement sur album, on a des très gros morceaux de choix.

Love Me Do commence la compilation, une version différente avec Ringo Starr derrière les fûts, et une basse plus puissante. Cette version est nettement plus dynamique que celle du premier album, dès leur premier single, les Beatles ont réussi à faire ce que personne n'avait fait avant eux. From Me To You, sympathique, leur offre leur tout premier numéro 1, mais montre clairement les limites du remaster stéréo : les voix ne sont audibles que du côté droit, ce qui donne une impression vraiment dérangeante. Comme c'est généralement le cas pour les premiers albums (au moins les quatre premiers), on préférera les monos, tout en regrettant qu'ils ne soient disponibles que dans un boxset très limité et assez cher.


Les deux morceaux de bravoure de l'album sont She Loves You et I Wanna Hold Your Hand, deux popsongs inouïes de perfection sonore. Les "yeah yeah yeah" de She Loves You auront probablement toujours une implication dans les chansons pop de l'année 2115, et le rythme imprimé par le duo McCartney/Starr est toujours impressionnant aujourd'hui. Ces deux extraits exceptionnels sont aussi repris en allemand, ce qui fait sourire une fois ou deux. Le reste de l'album n'est pas désagréable, bien sûr, mais n'arrive plus à ce niveau, même si le riff dantesque (et les expériences de feedback) de I Feel Fine et le rock n roll pied au plancher de I'm Down s'y rapprochent. Forcément indispensable, cette demi-compile clôture donc une époque, même si la transition avec
Rubber Soul pouvait déjà se faire sentir.

jeudi 8 octobre 2009

The Raveonettes - In And Out Of Control


Avec My Bloody Valentine qui revient en force et de nouveaux groupes comme A Place To Bury Strangers pour renouveler la flamme, le shoegaze ne se porte pas trop mal, pour un mouvement mort. Lust Lust Lust, le précédent album des Raveonettes était plus fuzzy qu'une usine de Big Muff, mais arrivait à y allier une recherche mélodique quasi surannée. Il était aussi surpuissant et sans concession, à un point tel qu'il était impossible pour le duo Danois de continuer dans cette veine. Alors, ils ont allégé la musique, repris les habitudes des albums précédents, et poli la production : l'aiguille est maintenant plutôt dans la zone pop.

Pop with a twist, évidemment. Parfois des gros beats un peu bourrins (Bang, Suicide) mais souvent une jolie recherche mélodique, qui va de pair avec la voix de Sharin Foo. Bien sûr, le bruit et le feedback ne sont jamais bien loin (Gone Forever), mais ils ne sont plus la caractéristique principale de leur son. Last Dance renoue même avec les tubes à la Attack of The Ghost Riders. Mais que dire des paroles... Je ne l'ai remarqué que vers la fin : In and Out of Control est une sorte d'album-concept sur la violence, notamment la violence conjugale. Quand on s'y attache, c'est vraiment bizarre, surtout que les thèmes sont en contrepoids total avec la musique éthérée et aérienne. Il est par exemple quasi impossible de ne pas avoir en tête le refrain-titre de ... Boys Who Rape (Should All Be Destroyed). Franchement embarassant. Autre exemple, Oh I Buried You Today fait penser à la pop des 50s, à Nancy Sinatra (et son Bang Bang) mais est empreint d'un malaise prégnant.

On perd d'ailleurs assez facilement le fil de cet album, qui ressemble plus à une collections de morceaux pas très soignés, alors que le but (producteur + studio alors que Lust Lust Lust était autoproduit at home) était sans doute différent. On retiendra toute fois le fantastique Heart of Stone, même si son riff lorgne un peu trop vers le Lateralus de Tool et Break Up Girls, seul morceau où Sune Rose Wagner se lâche enfin un peu sur les pédales. Sinon, In and Out of Control reste un bon album, mais trop impersonnel, et bien trop loin du précédent. Il fallait peut-être cela pour repartir de l'avant, reculer pour mieux sauter. On le verra dans deux ans.

The Raveonettes - In And Out Of Control


Avec My Bloody Valentine qui revient en force et de nouveaux groupes comme A Place To Bury Strangers pour renouveler la flamme, le shoegaze ne se porte pas trop mal, pour un mouvement mort. Lust Lust Lust, le précédent album des Raveonettes était plus fuzzy qu'une usine de Big Muff, mais arrivait à y allier une recherche mélodique quasi surannée. Il était aussi surpuissant et sans concession, à un point tel qu'il était impossible pour le duo Danois de continuer dans cette veine. Alors, ils ont allégé la musique, repris les habitudes des albums précédents, et poli la production : l'aiguille est maintenant plutôt dans la zone pop.

Pop with a twist, évidemment. Parfois des gros beats un peu bourrins (Bang, Suicide) mais souvent une jolie recherche mélodique, qui va de pair avec la voix de Sharin Foo. Bien sûr, le bruit et le feedback ne sont jamais bien loin (Gone Forever), mais ils ne sont plus la caractéristique principale de leur son. Last Dance renoue même avec les tubes à la Attack of The Ghost Riders. Mais que dire des paroles... Je ne l'ai remarqué que vers la fin : In and Out of Control est une sorte d'album-concept sur la violence, notamment la violence conjugale. Quand on s'y attache, c'est vraiment bizarre, surtout que les thèmes sont en contrepoids total avec la musique éthérée et aérienne. Il est par exemple quasi impossible de ne pas avoir en tête le refrain-titre de ... Boys Who Rape (Should All Be Destroyed). Franchement embarassant. Autre exemple, Oh I Buried You Today fait penser à la pop des 50s, à Nancy Sinatra (et son Bang Bang) mais est empreint d'un malaise prégnant.

On perd d'ailleurs assez facilement le fil de cet album, qui ressemble plus à une collections de morceaux pas très soignés, alors que le but (producteur + studio alors que Lust Lust Lust était autoproduit at home) était sans doute différent. On retiendra toute fois le fantastique Heart of Stone, même si son riff lorgne un peu trop vers le Lateralus de Tool et Break Up Girls, seul morceau où Sune Rose Wagner se lâche enfin un peu sur les pédales. Sinon, In and Out of Control reste un bon album, mais trop impersonnel, et bien trop loin du précédent. Il fallait peut-être cela pour repartir de l'avant, reculer pour mieux sauter. On le verra dans deux ans.

mardi 6 octobre 2009

Ash (suite) et Smashing Pumpkins, hors du circuit traditionnel

Je vous parlais il y quelques semaines de l'initiative d'Ash, qui, au lieu de créer classiquement un album, va sortir un morceau différent toutes les deux semaines pendant un an.

Leur plan est maintenant détaillé, et a un prix.

Si vous voulez recevoir les 26 vinyls 7" (face A enregistrée, face B dessinée), avec leur belle boîte, il vous en coûtera un total 176 livres sterling, ce qui nous fait 190€. Ce qui fait quand même 7€ le vinyl, on a quand même intérêt d'être fan, surtout que, forcément, 25 des 26 morceaux sont inédits à ce jour.

De plus, les disques seront envoyés par paquet de six, ce qui diminue les frais d'envoi et l'impact environnemental, mais cela diminue aussi l'excitation éventuelle d'en recevoir un chaque quinzaine. Néanmoins, chaque acheteur bénéficiera du téléchargement digital (disponible séparément pour 20 dollars, soit 13€), histoire d'avoir le morceau assez vite.

C'est donc clairement une option pour les fans, si possible avec une platine vinyl. Et qui ne vont pas trop s'en faire que l'artwork est toujours similaire... Mon avis? Si un de mes groupes préférés avait eu cette idée, j'aurais été assez déçu de son application.

Mais bon, on verra pour la musique, en attendant, voici une photo de la boîte.



Les Smashing Pumpkins... On a rigolé maintes fois quand Billy Corgan a décidé de reformer son groupe, avec comme seul membre d'origine Jimmy Chamberlain. L'album en découlant, Zeitgeist, n'était pas terrible du tout, et maintenant, Jimmy est (de nouveau) parti.

Pourtant, Billy persiste, signe, et continue dans l'invraisemblance mégalo, mais, quand même, un poil intéressante, surtout en ce qui concerne cette rubrique qui parle des nouveaux modes de distribution de musique.

Le nouvel album s'appellera Teargarden by Kaleidyscope (sic), comptera 44 morceaux (resic) et s'inspire d'un bazar de Tarot auquel je n'ai rien compris.
Mellon Collie 2? Not quite.


Parce que Corgan va sortir totalement gratuitement cet album, morceau par morceau, à partir de Halloween (on ne se refait pas), et jusqu'à ce que ce soit fini, pas de date précise. Et c'est seulement après tout ça que l'album sortira en forme classique (même si des EP devraient précéder). Ce n'est pas la première fois que Corgan balance un album gratuitement (Machina 2 était un précurseur du genre), mais ici, le concept se rapproche étrangement de celui d'Ash.

Là aussi, on verra à l'usage, mais si cette phrase est seulement à moitié vraie, on peut espérer (un peu) : "The music of 'Teargarden by Kaleidyscope' harkens back to the original psychedelic roots of The Smashing Pumpkins: atmospheric, melodic, heavy, and pretty. "

Mais bon, c'est Billy, aussi...