mardi 14 décembre 2010

Michael Jackson - Michael

On y est. Le premier des sept albums posthumes qui sortiront ces dix prochaines années, après une demi-douzaine de sorties depuis l'assassinat suicide accidentel de la plus grande pop star de tous les temps. Seulement, la plus grande pop star de tous les temps, elle n'avait plus sorti grand chose de valable depuis la fin de la décennie précédente. HiStory marquait le début de la fin, Blood on the Dancefloor comprenait quelques chouettes choses, mais Invicible était juste mauvais. Qu'attendre de ces "inédits"? Probablement pas grand chose sur un plan artistique, mais beaucoup sur celui de la controverse.


Quand Will.I.Am des Black Eyed Peas vous fait un speech sur le manque d'intégrité, ça veut quand même dire que vous êtes vachement dans la merde. Rappelant fort justement le perfectionnisme de MJ, il mit en évidence le fait qu'il n'aurait jamais voulu que ces morceaux sortent, pire, qu'il ne les a simplement pas finis. Ce qui laisse les coudées franches à quelques producteurs peu scrupuleux pour autotuner le bazar, commander une pochette hideuse, et encaisser la monnaie. Passe encore : les inédits des Beatles fin des années 90 ont aussi été fort retravaillés a posteriori. Mais la controverse n'allait pas s'arrêter là : quelques voix concordantes, notamment issues de la famille du défunt, s'accordent à dire que ce n'est simplement pas lui qui chante à certains moments. Et force est de constater que parfois, la voix ne ressemble pas à ce qu'on connaît d'un homme au style vocal éclectique mais toujours reconnaissable. On ne connaîtra peut-être jamais la vérité, mais ce qu'on peut toujours faire, c'est écouter et juger Michael selon ses mérites. Ce qui n'est vraiment pas terrible non plus.


Michael n'est évidemment pas un album cohérent : deux morceaux sortiraient des sessions de Thriller alors qu'un autre aurait été le tout dernier enregistrement de MJ avant sa mort. Ce qui est cohérent, par contre, c'est une production lourdingue : Teddy Riley était à la mode en 1987, et encore. On ne compte plus les tics vocaux encore plus irritants que d'habitude, les choeurs démultipliés et les nappes de synthés dégoulinants de pas si bonnes intentions. Certains morceaux sont tellement pauvres mélodiquement qu'on n'a rien trouvé de mieux que répéter le refrain ad nauseam, histoire de, quand même, tenter (en vain) de le retenir. I Like The Way You Love Me (insert pedo joke here) commence avec MJ qui téléphone la mélodie : on aurait du laisser l'enregistrement d'origine.


Les trois morceaux qui ne seraient pas entièrement chantés par Jackson peuvent effectivement (partiellement) prêter à confusion : soit Jackson a changé de voix pour on ne sait quelle raison, en plein milieu du même morceau, soit Sony n'a pas été foutu de trouver un bon imitateur. On s'en fiche un peu, tant ils sont insipides et anecdotiques. Breaking News pousse même le vice jusqu'à reprendre des extraits sonores de bulletins infos qui relatent quelques scandales ayant impliqué MJ. Original, non? Michael Jackson parle de lui à la troisième personne, mais il semble vraiment probable que ce ne soit pas lui. Sony prend vraiment, vraiment ses fans pour des cons.


Bizarrement, les trois morceaux les plus intéressants clôturent l'album : I Can't Make It Another Day a été écrit par Lenny Kravitz et utilisé sur son album Baptism. La version orginale apparaît ici, et contiendrait une performance à la batterie d'un certain Dave Grohl (qui sonne comme une boîte à rythme). Pas le meilleur morceau rock de Jackson, mais un break salvateur dans cette bouillie sonore. Michael se clôture avec deux outtakes de Thriller, album déjà ressorti deux fois auparavant, mais sans ces inédits : on pouvait décemment douter de leur qualité. Behind the Mask est pourtant facilement le meilleur morceau ici, une réinterprétation des japonais Yellow Magic Orchestra qui prouve que Jackson était (était) un performer vocal exceptionnel. Le solo de saxophone rappelle le mauvais goût de l'époque, mais bon, on restera indulgent. Le McCartnesque Much Too Soon sombre un peu trop dans la saccharose, mais est tout aussi superbement chanté. Faut juste supporter l'accordéon.


Michael est donc un album inégal au mieux, comprenant un ou deux morceaux décents et d'autres qui n'auraient pas passé le cap d'Invincible. Mais malheureusement, il marque le début d'une période de surexploitation commercial de l'artiste le plus exploité de tous les temps. Si les morceaux ici sont les meilleurs du lot, le pire reste à venir.


Si vous aimez Michael Jackson, ou la musique en général, n'achetez pas ceci. Ne le volez même pas, ça lui donnerait une justification imméritée. Allez écouter Off the Wall à la place.


Spotify : Michael Jackson - Michael

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