lundi 25 janvier 2010

Lil Wayne - Rebirth

Bon... On va dire, et on n'aurait pas tort, que je ne parle pas beaucoup de rap/hip-hop sur Music Box. C'est vrai. La raison principale est simple : c'est juste un manque d'intérêt. Attention : je ne veux absolument pas porter un jugement de valeur, mais le fait est que le hip-hop ne m'a jamais beaucoup intéressé, et que là, maintenant, encore moins. Ce qui ne m'empêche pas d'écouter parfois quelques un de mes artistes du genre préférés (OutKast, Wu-Tang Clan, Cypress Hill, The Roots, POS, ...), mais j'ai beaucoup de mal à m'accrocher au hip-hop actuel, et cette putain de merde (pardon) de mode d'autotune n'est pas là pour aider non plus.

Tout ça pour dire que la carrière de Lil Wayne, je la connais mal. Pour tout dire, je la connais autant que ma voisine connaît celle de Pete Doherty, à savoir, uniquement ce qu'on peut en lire à droite et à gauche, forcément négativement déformé. Lil Wayne s'est, comme environ 370 de ses collègues, autoproclamé meilleur rappeur vivant, et d'après ce que j'ai lu, il a effectivement sorti quelques (futurs) classiques. Mais c'est sa connexion avec le milieu du rock qui m'intéresse ici. Lil Wayne, en businessman averti (son label, Young Money, a fait de lui un multimillionnaire), a bien remarqué que les albums se vendent moins, et que les artistes doivent maintenant gagner plus d'argent sur la route. Or, le rap en live, ce n'est pas aussi populaire, évidemment : rares sont les vrais groupes capables de tenir le coup et d'impressionner sur scène. Sans compter que généralement, pour faire un concert, il ne faut pas être tout le temps derrière les barreaux. Donc, Wayne, qui va justement passer une année en taule pour possession d'arme à feu, s'est mis au rock avec cet album, Rebirth, dont la date de sortie avait été reportée maintes fois jusqu'à ce qu'Amazon envoie "par erreur" des copies à 500 clients. Il a donc bien fallu sortir officiellement l'affaire (avec deux bonus tracks quand même), vu que le mal était fait. Et quel mal.

Rebirth est juste totalement extraordinaire. C'est tout simplement une des plus mauvaises idées de tous les temps, à rapprocher du trip RnB de Chris Cornell. Mais au moins, Cornell sait (encore) chanter. On commence par la pochette, qui montre Wayne mollement allongé sur un canapé, probablement mort pété (l'homme est notamment accro aux sirops pour la toux, ceux avec plein de codeïne dedans), guitare sur les genoux, Converse aux pieds. On a du lui dire que ça faisait rock 'n roll. Dire qu'à ce moment, on n'a pas encore écouté la moindre note...

La première note, justement, semble tout droit sortie d'un vieux Van Halen. Ouaip. Et puis, comme on dit in english, the shit hits the fan. Wayne, excellent rappeur, donc, chante quasi tout le long de l'album, comme Kanye West sur 808s & Heartbreak. Et comme l'autre cinglé égomaniaque, ses voix sont totalement enfouies sous un autotune réglé sur 11. Les conséquences sont dramatiques, mais comme un carambolage en pleine autoroute, difficile de ne pas regarder. Wayne est sûr de son coup, tellement sûr que juste avant un bridge affreux, il annonce : "bridge". Si. Et après ça, il nous sort un solo de guitare tellement inepte qu'on peut facilement le croire quand il dit qu'il a joué lui-même.

L'album est quand même relativement varié : parfois, ce sont des guitares assez funky à la NERD, parfois on joue dans le plus heavy (Prom Queen). On n'oublie évidemment pas la power ballad à l'intro soft Metallica, le truc à la Strokes (Knockout) ou, le meilleur pour la fin, le trip nu-metal Papa Roach The Price Is Wrong. C'est vraiment très mauvais, et on ne s'étonnera pas du tout que les meilleurs morceaux sont ceux où Wayne rappe, et reste un peu plus éloigné des trucs à six cordes qui lui veulent du mal. Même si les clichés à deux balles prédominent, avec des paroles qui parlent de fric, de sous-vêtements ou d'un président noir, le tout avec évidemment des refrains chantés par la pétasse de service (ça, ça n'a pas changé de l'époque où j'écoutais du hip-hop plus souvent). On a même un cameo peu inspiré d'un autre plus grand rappeur de tous le temps, et que tout le monde a plus ou moins oublié, Eminem.

Désolé pour ceux qui croient que je n'écris cette chronique que pour me foutre de la tronche de Wayne (qui n'a pas besoin de moi pour ça, je n'ai rien à dire sur un mec qui a FEAR GOD tatoué sur ses paupières), ou pour dénigrer le hip-hop en général, ce n'est pas le cas. Mais cette plaque est un attentat contre la musique enregistrée, et pour cela, il fallait en parler.

Lil Wayne - Rebirth

Bon... On va dire, et on n'aurait pas tort, que je ne parle pas beaucoup de rap/hip-hop sur Music Box. C'est vrai. La raison principale est simple : c'est juste un manque d'intérêt. Attention : je ne veux absolument pas porter un jugement de valeur, mais le fait est que le hip-hop ne m'a jamais beaucoup intéressé, et que là, maintenant, encore moins. Ce qui ne m'empêche pas d'écouter parfois quelques un de mes artistes du genre préférés (OutKast, Wu-Tang Clan, Cypress Hill, The Roots, POS, ...), mais j'ai beaucoup de mal à m'accrocher au hip-hop actuel, et cette putain de merde (pardon) de mode d'autotune n'est pas là pour aider non plus.

Tout ça pour dire que la carrière de Lil Wayne, je la connais mal. Pour tout dire, je la connais autant que ma voisine connaît celle de Pete Doherty, à savoir, uniquement ce qu'on peut en lire à droite et à gauche, forcément négativement déformé. Lil Wayne s'est, comme environ 370 de ses collègues, autoproclamé meilleur rappeur vivant, et d'après ce que j'ai lu, il a effectivement sorti quelques (futurs) classiques. Mais c'est sa connexion avec le milieu du rock qui m'intéresse ici. Lil Wayne, en businessman averti (son label, Young Money, a fait de lui un multimillionnaire), a bien remarqué que les albums se vendent moins, et que les artistes doivent maintenant gagner plus d'argent sur la route. Or, le rap en live, ce n'est pas aussi populaire, évidemment : rares sont les vrais groupes capables de tenir le coup et d'impressionner sur scène. Sans compter que généralement, pour faire un concert, il ne faut pas être tout le temps derrière les barreaux. Donc, Wayne, qui va justement passer une année en taule pour possession d'arme à feu, s'est mis au rock avec cet album, Rebirth, dont la date de sortie avait été reportée maintes fois jusqu'à ce qu'Amazon envoie "par erreur" des copies à 500 clients. Il a donc bien fallu sortir officiellement l'affaire (avec deux bonus tracks quand même), vu que le mal était fait. Et quel mal.

Rebirth est juste totalement extraordinaire. C'est tout simplement une des plus mauvaises idées de tous les temps, à rapprocher du trip RnB de Chris Cornell. Mais au moins, Cornell sait (encore) chanter. On commence par la pochette, qui montre Wayne mollement allongé sur un canapé, probablement mort pété (l'homme est notamment accro aux sirops pour la toux, ceux avec plein de codeïne dedans), guitare sur les genoux, Converse aux pieds. On a du lui dire que ça faisait rock 'n roll. Dire qu'à ce moment, on n'a pas encore écouté la moindre note...

La première note, justement, semble tout droit sortie d'un vieux Van Halen. Ouaip. Et puis, comme on dit in english, the shit hits the fan. Wayne, excellent rappeur, donc, chante quasi tout le long de l'album, comme Kanye West sur 808s & Heartbreak. Et comme l'autre cinglé égomaniaque, ses voix sont totalement enfouies sous un autotune réglé sur 11. Les conséquences sont dramatiques, mais comme un carambolage en pleine autoroute, difficile de ne pas regarder. Wayne est sûr de son coup, tellement sûr que juste avant un bridge affreux, il annonce : "bridge". Si. Et après ça, il nous sort un solo de guitare tellement inepte qu'on peut facilement le croire quand il dit qu'il a joué lui-même.

L'album est quand même relativement varié : parfois, ce sont des guitares assez funky à la NERD, parfois on joue dans le plus heavy (Prom Queen). On n'oublie évidemment pas la power ballad à l'intro soft Metallica, le truc à la Strokes (Knockout) ou, le meilleur pour la fin, le trip nu-metal Papa Roach The Price Is Wrong. C'est vraiment très mauvais, et on ne s'étonnera pas du tout que les meilleurs morceaux sont ceux où Wayne rappe, et reste un peu plus éloigné des trucs à six cordes qui lui veulent du mal. Même si les clichés à deux balles prédominent, avec des paroles qui parlent de fric, de sous-vêtements ou d'un président noir, le tout avec évidemment des refrains chantés par la pétasse de service (ça, ça n'a pas changé de l'époque où j'écoutais du hip-hop plus souvent). On a même un cameo peu inspiré d'un autre plus grand rappeur de tous le temps, et que tout le monde a plus ou moins oublié, Eminem.

Désolé pour ceux qui croient que je n'écris cette chronique que pour me foutre de la tronche de Wayne (qui n'a pas besoin de moi pour ça, je n'ai rien à dire sur un mec qui a FEAR GOD tatoué sur ses paupières), ou pour dénigrer le hip-hop en général, ce n'est pas le cas. Mais cette plaque est un attentat contre la musique enregistrée, et pour cela, il fallait en parler.

dimanche 17 janvier 2010

Vampire Weekend - Contra




Début 2008, Vampire Weekend sort son premier album, et secoue le petit monde du Pitchforkrock avec un ovni aux influences originales, ou en tout cas peu revendiquées. Malgré une sortie fort tôt dans l'année, l'album arrive sans peine à se hisser au sommet des listes de fin d'année, et c'est donc finalement sans trop de surprise que le quatuor new-yorkais nous envoie la suite de son oeuvre, après deux ans quasi jour pour jour.


On le sait, il n'existe pas trente-six manières de suivre un premier album, a fortiori quand il fut remarquable et remarqué. On peut faire comme le premier, mais forcément en moins bien : les exemples abondent, mais on cite souvent les Strokes comme cas d'école, même si Room On Fire n'est pas mauvais du tout. On peut aussi tenter de se réinventer, comme le Primary Colours des Horrors. Mais les groupes intelligents essaieront de tout avoir en même temps : renouveler leur son tout en gardant ce qui a fait le succès du début, leur identité. Arctic Monkeys l'aura fait (deux fois!) et Vampire Weekend est à ajouter à la liste. Car Contra, c'est ça : clairement le second album de Vampire Weekend, le seul groupe estival à sortir ses albums en janvier mais avec pas mal d'évolution sonore, notamment grâce à deux techniques souvent utilisées pour un second album, l'importance accrue de l'électronique et un ton plus posé, plus subtil.


Rostam Batmanglij, le producteur/guitariste/claviériste est la tête pensante du groupe, et c'est sous son influence que Vampire Weekend a remplacé pas mal de ses percussions organiques par des beats electro qui font tout de suite penser aux expériences de Radiohead sur Kid A. Assez froides, ces rythmes contrastent avec l'ambiance généralement estivale et optimiste qu'on associe avec le groupe, mais étonnamment, le mélange prend : Horchata, morceau d'entrée d'album, donne tout de suite le ton. La boîte à rythme ne remplace pas le métronomique Chris Thomson, mais le complète, et le fait assez bien, surtout que la mélodie au marimba est irrésistible.


De même, l'album est nettement moins immédiat que le premier, et aussi plus varié. Holiday et Cousins sont aussi rapides que n'importe quel ancien morceau, mais c'est plutôt le calme et l'atmosphère qui prédomine ici. Comme s'il ne fallait pas détourner l'attention du soin porté à la fabrication des morceaux, nettement plus subtils et produits qu'auparavant. Il faut en effet plusieurs écoutes pour percevoir des nuances qu'on aurait difficilement pu associer avec le Vampire Weekend première période. On a encore des cordes, mais elles sont juste un élément de plus dans la construction de California English, morceau basé sur les textes érudits (parfois à l'excès) d'Ezra Koenig et qui se permet même un passage à l'autotune. Mais on ne cherche pas à faire du bruit, on expose, on pousse l'auditeur à écouter soigneusement. Taxi Cab est un parfait exemple, avec une basse menaçante, un beat répétitif et différentes couches mélodiques qui se suivent et se superposent, le tout saupoudré par la voix de Koenig qui sonne plus Lou Reed que Paul Simon. Juste après, Run se la joue très synthétique, sans être impersonnel.


Pourtant, le groupe aime continuer à surprendre : aux deux tiers de l'album sont nichés les deux morceaux les plus évidents, le remuant Cousins et Giving Up The Gun, qui pourrait être le morceau qui leur ouvrira les portes du succès commercial, grâce à une production claire et une ambiance générale assez Strokes, sans la voix murmurée. Après cela, VW prend forcément la tangente, avec les six minutes de Diplomat's Son qui pourrait, quant à lui, être leur meilleur morceau, notamment grâce à la succession parfaite d'un break 8-bit suivi du même, mais exécuté au piano, le tout sous un sample hypnotique de MIA et une prestation vocale élastique. Enfin, le synthétique I Think Ur a Contra clôture calmement un album vraiment intrigant, avec une métaphore assez folle (l'opposition Sandinistes/Contras comme symbole d'une relation amoureuse tumultueuse).


Je n'étais pas conquis du tout après la première écoute, mais j'avais sans doute tort. Vampire Weekend, pour moi, était un groupe immédiat, à consommer immédiatement en cas de déprime, le temps d'esquisser un large sourire. Mais non, Vampire Weekend vaut plus, et mieux que ça. Contra est un album qui réussit quelque chose de très rare : il élargit tellement le son du groupe qu'il empêche toute comparaison avec leur début. Il n'est donc pas meilleur ou moins bon, mais par contre, le groupe, lui, est nettement meilleur qu'en 2008. Et réussira encore à se rappeler à notre souvenir dans onze mois. Impressionnant, une fois de plus.

Vampire Weekend - Contra




Début 2008, Vampire Weekend sort son premier album, et secoue le petit monde du Pitchforkrock avec un ovni aux influences originales, ou en tout cas peu revendiquées. Malgré une sortie fort tôt dans l'année, l'album arrive sans peine à se hisser au sommet des listes de fin d'année, et c'est donc finalement sans trop de surprise que le quatuor new-yorkais nous envoie la suite de son oeuvre, après deux ans quasi jour pour jour.


On le sait, il n'existe pas trente-six manières de suivre un premier album, a fortiori quand il fut remarquable et remarqué. On peut faire comme le premier, mais forcément en moins bien : les exemples abondent, mais on cite souvent les Strokes comme cas d'école, même si Room On Fire n'est pas mauvais du tout. On peut aussi tenter de se réinventer, comme le Primary Colours des Horrors. Mais les groupes intelligents essaieront de tout avoir en même temps : renouveler leur son tout en gardant ce qui a fait le succès du début, leur identité. Arctic Monkeys l'aura fait (deux fois!) et Vampire Weekend est à ajouter à la liste. Car Contra, c'est ça : clairement le second album de Vampire Weekend, le seul groupe estival à sortir ses albums en janvier mais avec pas mal d'évolution sonore, notamment grâce à deux techniques souvent utilisées pour un second album, l'importance accrue de l'électronique et un ton plus posé, plus subtil.


Rostam Batmanglij, le producteur/guitariste/claviériste est la tête pensante du groupe, et c'est sous son influence que Vampire Weekend a remplacé pas mal de ses percussions organiques par des beats electro qui font tout de suite penser aux expériences de Radiohead sur Kid A. Assez froides, ces rythmes contrastent avec l'ambiance généralement estivale et optimiste qu'on associe avec le groupe, mais étonnamment, le mélange prend : Horchata, morceau d'entrée d'album, donne tout de suite le ton. La boîte à rythme ne remplace pas le métronomique Chris Thomson, mais le complète, et le fait assez bien, surtout que la mélodie au marimba est irrésistible.


De même, l'album est nettement moins immédiat que le premier, et aussi plus varié. Holiday et Cousins sont aussi rapides que n'importe quel ancien morceau, mais c'est plutôt le calme et l'atmosphère qui prédomine ici. Comme s'il ne fallait pas détourner l'attention du soin porté à la fabrication des morceaux, nettement plus subtils et produits qu'auparavant. Il faut en effet plusieurs écoutes pour percevoir des nuances qu'on aurait difficilement pu associer avec le Vampire Weekend première période. On a encore des cordes, mais elles sont juste un élément de plus dans la construction de California English, morceau basé sur les textes érudits (parfois à l'excès) d'Ezra Koenig et qui se permet même un passage à l'autotune. Mais on ne cherche pas à faire du bruit, on expose, on pousse l'auditeur à écouter soigneusement. Taxi Cab est un parfait exemple, avec une basse menaçante, un beat répétitif et différentes couches mélodiques qui se suivent et se superposent, le tout saupoudré par la voix de Koenig qui sonne plus Lou Reed que Paul Simon. Juste après, Run se la joue très synthétique, sans être impersonnel.


Pourtant, le groupe aime continuer à surprendre : aux deux tiers de l'album sont nichés les deux morceaux les plus évidents, le remuant Cousins et Giving Up The Gun, qui pourrait être le morceau qui leur ouvrira les portes du succès commercial, grâce à une production claire et une ambiance générale assez Strokes, sans la voix murmurée. Après cela, VW prend forcément la tangente, avec les six minutes de Diplomat's Son qui pourrait, quant à lui, être leur meilleur morceau, notamment grâce à la succession parfaite d'un break 8-bit suivi du même, mais exécuté au piano, le tout sous un sample hypnotique de MIA et une prestation vocale élastique. Enfin, le synthétique I Think Ur a Contra clôture calmement un album vraiment intrigant, avec une métaphore assez folle (l'opposition Sandinistes/Contras comme symbole d'une relation amoureuse tumultueuse).


Je n'étais pas conquis du tout après la première écoute, mais j'avais sans doute tort. Vampire Weekend, pour moi, était un groupe immédiat, à consommer immédiatement en cas de déprime, le temps d'esquisser un large sourire. Mais non, Vampire Weekend vaut plus, et mieux que ça. Contra est un album qui réussit quelque chose de très rare : il élargit tellement le son du groupe qu'il empêche toute comparaison avec leur début. Il n'est donc pas meilleur ou moins bon, mais par contre, le groupe, lui, est nettement meilleur qu'en 2008. Et réussira encore à se rappeler à notre souvenir dans onze mois. Impressionnant, une fois de plus.

vendredi 8 janvier 2010

Le deuxième retour de début 2010 (ou pas?) : Hole (2)

Après Soundgarden, c'est une autre ancienne gloire des nineties qui revient sur le devant de la scène, avec concerts et album prévus. Mais attention : contrairement au groupe de Seattle, les circonstances de la "réunion" du groupe de Courtney Love sont légèrement différentes...


Hole, époque Celebrity Skin (Melissa Auf der Maur, Courtney Love, Eric Erlandson)


Courtney Love, est-ce la peine de le préciser, a eu, et a toujours une vie assez troublée. Le dernier album de Hole date de 1998, mais depuis, Courtney n'a sorti qu'un piteux album solo, en 2004. Pourtant, elle a rarement quitté les news de magazines peu réputés, notamment via les rumeurs persistantes de sa participation à la mort de Kurt Cobain ou, plus récemment, ses tweetssans queue ni tête. Plus grave, elle a récemment perdu la garde de sa fille, Frances Bean Cobain, et ne peut légalement plus l'approcher. On dit Courtney ruinée, c'était donc certainement le meilleur moment pour qu'elle revienne faire un peu de musique.

Car on dira ce qu'on veut, Courtney, c'est quand même une putain d'icône rock 'n roll. Les deux premiers albums de Hole étaient incendiaires à un tel point que les critiques misogynes ont forcément vu la patte de Cobain derrière tout cela. Mais comme beaucoup d'autres artistes avant elle, elle s'est perdue, s'est acoquinée avec pas mal de personnes fort douteuses, et maintenant, est devenue une sorte de mauvaise blague. Malheureusement, ce n'est pas cette "reformation" de Hole qui va améliorer sa réputation.

Est-ce à cause de la mauvaise réception de son album solo? Ou parce que "Hole" est plus vendeur que "Courtney Love"? Ou encore simplement une lubie de sa part? Reste que Nobody's Daughter, album annoncé depuis quelques années maintenant sortira bien sous le nom "Hole", comme la tournée l'accompagnant. Eric Erlandson, le guitariste du groupe, s'est opposé à l'idée d'un retour de Hole sans lui, expliquant qu'il possède au moins partiellement les droits du nom, mais Courtney semble s'en foutre pas mal : Hole version 2010 comprendra Courtney Love et trois nouveaux musiciens, les inconnus Stu Fisher et Shawn Dailey ainsi que sa nouvelle égérie, le jeune guitariste anglais Micko Larkin.



Courtney Love et Micko Larkin


Clairement, ça sent la catastrophe, mais quelque chose en moi a vraiment envie que ça fonctionne, j'ai toujours eu un faible pour Courtney Love, que j'ai toujours trouvé touchante, complètement paumée dans un monde qu'elle ne comprend absolument pas (ce qui réciproque). Puis, avec la vie dingue qui a toujours été la sienne, comment rester "normal"? Mais le plus important est que Violet reste un morceau emblématique des 90s, Live Through This un superbe album, et que si Nobody's Daughter est aussi bon, je me ficherai pas mal de qui est dans le groupe. Sans compter qu'en mars sortira le nouvel album de l'ex-bassiste de Hole, Melissa Auf der Maur. Celui-là, au moins, sera probablement excellent.

dimanche 3 janvier 2010

Deux de plus : reformation de Soundgarden et Hole (1)

Le but de ce blog n'a jamais été d'apporter des news, d'autres le font mieux et bien plus rapidement. J'aimerais toutefois apporter un commentaire aux deux nouvelles qui ont fait débuter 2010 sur les chapeaux de roues, à savoir le retour de deux groupes cultes du rock alternatif des 90s, Soundgarden et Hole.

Ce type de nouvelle parle forcément aux gens de la génération qui a grandi au son de tout ce qui sortait de Seattle. J'avoue que Soundgarden était sans doute le groupe que j'aimais le moins du "Big 4" (avec Alice in Chains, Nirvana et Pearl Jam), notamment parce qu'ils ont commencé un peu plus tôt (1984), et comme j'ai pris le train en marche, ils n'ont pas vraiment pu être "mon" groupe. De plus, j'ai souvent eu du mal à apprécier les acrobaties vocales parfois exagérées du frontman Chris Cornell. Soundgarden était toutefois un groupe fantastique, aux influences classic rock/metal/punk, avec un côté Led Zep fortement marqué.


Soundgarden a connu un certain succès commercial, surtout grâce à Black Hole Sun, dont la vidéo surréaliste fit les beaux jours de MTV. Puis, quelques années après, suite à un album flop et les classiques disputes internes (surtout entre Cornell et le guitariste Kim Thayil), Soundgarden est devenu le premier (et seul à ce jour) du Big 4 à se séparer. Thayil et le bassiste Ben Shepherd se sont fait discrets, par contre, le batteur Matt Cameron est devenu membre de Pearl Jam en 1999. Reste le cas Cornell...

On connaissait la propension du gars aux prouesses vocales parfois peu justifiées (dans le genre je fais ma Céline Dion quand je veux), mais il reste un excellent vocaliste et (surtout?) compositeur. Au cours des 10 dernières l'années, l'ami Cornell s'est un peu perdu. Le tout a commencé avec un album solo tiède (Euphoria Morning) puis par un nouveau groupe, Audioslave. L'idée pouvait être intéressante (Cornell + les trois musiciens de Rage Against The Machine) mais la collaboration a vite perdu tout intérêt, au point que pour le second album, ils jouaient autant de reprises (Soundgarden et RATM mais pas seulement) que d'originaux, et pour le troisième, ils n'ont même pas bougé de chez eux.

Un retour prévisible

Cornell s'est barré d'Audioslave avec fracas, a sorti un second album solo embarrassant et un thème de James Bond très oubliable, avant d'avoir l'idée farfelue de se la jouer RnB et de se faire produire par Timbaland. Le résultat, Scream, fut tellement ridicule qu'il n'avait plus qu'une seule option pour relancer sa carrière.

Les rumeurs se sont accentuées, notamment lorsque tout le groupe (sans Cornell) a rejoint un concert organisé par Tom Morello pour jouer trois morceaux de Soundgarden avec Tad Doyle au chant, ou lorsque Cornell a rejoint Pearl Jam pour chanter Hunger Strike (de Temple of the Dog, soit à l'époque deux Soundgarden et trois Pearl Jam), avec la présence backstage des deux autres membres. Officiellement, on ne parlait que d'un album de raretés, voire d'un boxset mais nous avons finalement droit à une véritable réunion.

Pas plus d'info en ce moment, si ce n'est un site internet (www.soundgardenworld.com) qui ne mentionne rien d'autre que la fin du "break" (tiens, il semble me souvenir que la réalité était autre...) du groupe, sans mentionner de plans, mais on sait que les festivals européens sont friands d'anciennes gloires qui reviennent, et ils offrent généralement un paquet de fric qui est, il faut l'accepter, la raison principale de cette vague de comebacks plus fracassants les un que les autres.

Matt Cameron et Pearl Jam

On aura l'occasion de reparler de tout cela. Une grande question demeure : quid de Matt Cameron? Une bonne année après la séparation de Soundgarden, Pearl Jam perd son batteur Jack Irons avant la tournée Yield de 1999. Cameron était évidemment proche du groupe (il était d'ailleurs le batteur de leur toute première démo, celle qui a été envoyée à un surfer de San Diego appelé Eddie Vedder pour qu'il y pose sa voix), et a accepté de faire la tournée.

Ce qui ne devait être qu'un interim s'est transformé en CDI, et Matt Cameron est maintenant membre de Pearl Jam depuis onze ans, ce qui est plus que le total de leurs trois premiers batteurs. Même si l'actualité de Pearl Jam devrait être relativement calme en 2010, ils ont une tournée européenne planifiée à un moment où Soundgarden aurait pu tourner, en plein été. Il n'y a forcément que trois solutions : Cameron quitte Pearl Jam pour rejoindre "son" groupe, et Pearl Jam trouve quelqu'un d'autre, avant ou après la tournée (peu probable, vu la place occupée par Cameron au sein de PJ), Cameron choisit de ne pas participer à la réunion de Soundgarden (aussi peu probable, même si l'annonce officielle de la reformation n'a pas précisé les membres du groupe) ou alors, Cameron trouve un moyen de s'organiser pour gérer les deux. Je pense que cette solution est la bonne : Pearl Jam n'a rien de prévu avant l'été (si ce n'est un concert one-off à New Orleans), ce qui laisse du temps à Cameron pour répéter avec Soundgarden, et après les deux semaines de PJ en Europe, il pourra y retourner.

Qu'en penser?

Cornell n'avait pas vraiment d'autre choix que de réactiver son ancien groupe, de plus, la mode actuelle des reformations des anciennes gloires des années 90 est toujours très lucrative, surtout en Europe. Musicalement, c'est une autre histoire. Cameron est bien ancré chez PJ, Thayil a, quant à lui, travaillé avec Sunn 0))). On sait que la voix de Chris Cornell n'est plus ce qu'elle était, mais soyons un minimum honnête : il est impossible qu'elle n'ait pas changé avec le temps, comme celle d'Eddie Vedder, par exemple. Cependant, il me semble peu probable que la réunion soit un échec, notamment parce qu'ils ont eu le temps de réfléchir du bien fondé de l'opération, et que les musiciens sont assez talentueux pour offrir une bonne performance. Sera-t-elle au niveau de Faith No More, dont les shows de réunion de l'an dernier furent souvent extraordinaires, cela reste à prouver. Mais on le saura dans le courant de cette année, peut-être lors des festivals européens de fin d'été.

Quant à l'éventuel nouvel album, je suis toujours partagé. D'un côté, on a la crainte légitime de sortir un album qui n'est pas du même niveau que les précédents (raison pour laquelle les Pixies, cinq ans après leur retour, n'ont toujours pas de nouveau matériel) mais de l'autre, un retour au but uniquement nostalgique perdrait vite de son intérêt artistique. Alice in Chains a réussi à revenir avec un nouvel album excellent, même si très profondément ancré dans "leur" époque.

Soundgarden en 1997


Mais chaque chose en son temps : maintenant, c'est simplement le moment de se réjouir du retour d'une des icônes des années 90, et/ou se plaindre du fait que tout ça, c'est juste une affaire de pognon.

En parlant de pognon, je vous parle de Hole la prochaine fois...

vendredi 1 janvier 2010

Rammstein - Liebe Ist Für Alle Da

On avait laissé Rammstein en relative mauvaise posture, proche de la séparation suite au peu spectaculaire Rosenrot (2005). C'est donc un Rammstein apparemment gonflé à bloc qui sort son sixième album, Liebe Ist Für Alle Da. Malheureusement, Rammstein est devenu un cirque. Juste un spectacle, un truc qu'on va voir pour pouvoir raconter qu'on l'a vu, un peu comme les larmes de Mylène Farmer ou l'ego de Bono. Rammstein avait donc besoin d'un nouvel album pour repartir (littéralement) enflamme salles et festivals du monde entier. On aurait juste espéré un peu plus d'effort.

Liebe Ist Für Alle Da est juste un album de Rammstein de plus, qui démontre hélas que les excellents trois premiers albums ne seront plus égalés. On a, comme toujours, les morceaux hard classiques (Rammleid, qui reprend des motifs éculés) ou encore Waidmanns Heil et les morceaux à forte influence Depeche Mode, comme Haifisch ou Pussy, dont je ne suis même plus trop certain du second degré, vu la caractère navrant de l'album. D'un cas comme dans l'autre, c'est du déjà vu, et les trompettes, cordes cinématographiques et autres effets sont simplement répétés d'anciennes occurrences.
Oh, on a quelques plans sympas, comme la rythmique de B******** (oui, ok, ça sonne comme un vieux Korn, mais les gens ont déjà oublié) ou les Edith Piafferies de Fruhling in Paris, mais on peut comprendre pourquoi Rammstein n'avait pas de meilleure idée qu'une vidéo classée X pour lancer le buzz : il n'y a rien grand chose de bien intéressant à entendre.

Vraiment dommage, car avant de sombrer dans le grand-guignol, Rammstein était un groupe tout à fait décent, avec innovations et talent. Maintenant, c'est juste feux d'artifice et faux pénis. Werchter 2010 va adorer.