mardi 15 juillet 2008

Beck - Modern Guilt


On peut ne pas l'apprécier, pour son oeuvre ou ses liens avec l'église de tomcruisologie, il est impossible ne ne pas admirer le fait que Beck Hansen semble totalement incapable de se répéter. Hits alternatifs (Loser, Sexxlaws), album acoustique mélancolique (Sea Change), bizarreries diverses et variées : Beck se renouvelle sans cesse, avec les risques et (demi-)échecs que cela provoque nécessairement.

Cette fois, il s'associe avec Danger Mouse, sommité underground derrière Dangerdoom (avec MC Doom) le Grey Album et Gnarls Barkley, entre maintes autres choses, pour un album assez morning after, sobre et très bien fichu. On retrouve les gimmicks propres à DM : des rythmes surf-rock, un beat caractéristique, du piano et une certaine brièveté : une trentaine de minutes et l'album est déjà fini : encore une fois, on ne peut que s'incliner devant Beck, qui a osé lui confier son son pour une mutation dont il a le secret.

Modern Guilt est sans doute l'album le plus discret de sa discographie. Il n'a jamais vraiment donné dans la superproduction, mais là on se trouve dans une lo-fi assez lo. On parlait de morceaux courts, mais dans leurs trois minutes respectives se passent plus de choses que dans un album habituel. Chemtrails est emmené par un sentiment psyché médicamenteux très sixties avant de se finir dans un solo de guitare trafiqué, Soul Of A Man possède une ligne de basse extrême et des guitares très crunchy, Youthless des violons qui agissent comme une basse, et on peut retrouver des discrets bidouillages electro un peu partout.

Parfois, la sous-production de Danger Mouse atteint l'excès : Walls est un morceau fabuleux, mais il est enterré sous des couches de filtres. De même, Profanity Prayers aurait pu être le plus gros hit de Beck depuis longtemps, mais l'élement le moins audible est... sa voix.

Malgré – ou grâce à – tout cela, Modern Guilt est un album fort intéressant, qui prend systématiquement la tangente, le chemin détourné, le réseau de mobilité douce. Beck prouve, si besoin était, qu'il reste un artiste à part entière, à la discographie peut-être inégale mais jamais répétitive.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire