samedi 25 juillet 2009

Dinosaur Jr. - Farm

Quand j'ai correctement écouté pour la première fois le nouvel album de Dinosaur Jr. (en vinyl!), j'ai commencé par une petite angoisse : et si c'était mauvais? Et si Beyond n'était qu'une exception? Parce qu'il faut bien le souligner : les groupes qui se reforment, quand ils arrivent à pondre un nouvel album (Pixies, je vous regarde), ce n'est généralement pas terrible. Par contre, Beyond (2007), premier album du lineup classique de Dinosaur Jr. depuis 1988 arrivait sans problème au sommet de leur discographie, avec Bug et You're Living All Over Me, effaçant ainsi 20 ans d'égarements de J Mascis.

Version courte : pas besoin de s'inquièter,
Farm est fantastique. Vraiment fantastique. Il est, de plus, assez différent de Beyond tout en restant totalement inimitable. Inimitable, parce que tout est là, une fois de plus : la batterie puissante de Murph, la basse rageuse de Lou Barlow, et forcément le duo indifférenciable guitare/voix de J Mascis. L'album est classique d'un bout à l'autre, dès le remier morceau, Pieces. Tout y est, et on n'arrive pas à faire mieux que ça. Farm est parfois puissant et lourd, souvent calme, mais toujours très inspiré.


Farm, encore plus que d'habitude, est un album de guitare. Celle de J Mascis, un des meilleurs guitaristes de tous les temps, simplement. Pas seulement un des plus doués techniquement, mais surtout, surtout, il l'est grâce à la manière dont il arrive à s'exprimer à travers elle. Au risque de paraître cliché, c'est l'âme et le coeur de l'artiste qui transpirent de chaque accord, de chaque note, de chaque solo. Peu de monde, dans l'histoire du rock, y est parvenu à ce point. Les solos de J Mascis (et il y en a partout, parfois avec sa voix dessus, parfois dépassant les quatre minutes) sont autant de poèmes récités par un homme qui n'a jamais apprécié sa voix. Mais il a tort : aussi techniquement limitée puisse-t-elle être, sa voix est un parfait complément au romantisme extrême de ses compositions, ajoutant une note aigre-douce parfois déchirante.


Il suffit d'écouter Ocean In The Way : arrivé au refrain, il n'a rien d'autre à dire qu'un "mamamamamama" qui est juste parfait, au bon endroit, au bon moment. Et tant qu'à faire, il le fait suivre d'un double solo de guitare simultané fabuleux.
Farm, parfois, semble surnaturel. J'ai du mal à comprendre comment il est possible d'écrire des morceaux aussi beaux, simplement beaux, que Plans, ou See You. Mais il semble que Mascis peut le faire, car Farm est un album moins agressif, moins rentre-dedans : There's No Here commence assez fort, mais se calme après, tout comme un Said The People entraîné par un Murph au sommet de sa forme. Over It est l'ovni de l'album, single au gimmick assez marrant, mais il a l'avantage de détendre un peu une atmosphère éthérée, lyrique. Lou Barlow a écrit deux morceaux, dont l'excellent Your Weather et Imagination Blind, bizarrement claqué en toute fin d'album. Le meilleur restant pour la fin, avec I Don't Wanna Go There. Neuf minutes, dont quatre de solo, et pas une seconde ne semble superflue. Dommage qu'il ne clôture donc pas l'album.

Je pourrais parler de chaque morceau en termes extrêmement élogieux, mais une fois de plus, la musique doit parler d'elle-même. Farm étant un des meilleurs albums du vingt-et-unième siècle, il serait criminel de passer à côté. Et le son sortant de J Mascis est un de mes sons préférés sur terre.

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